Accusations d’Ayrault : ignorance ou propagande ?
– Les Américains ne parvenaient pas à séparer les “rebelles” dits modérés des islamistes terroristes. Personne ne semblait y avoir intérêt. De plus, les choses se compliquaient car des groupes soutenus par la CIA entraient en concurrence avec des groupes soutenus par le Pentagone et que ni l’une ni l’autre de ces institutions américaines ne semblait faire grand cas de l’accord conclu par le Secrétariat d’Etat… (cf. sur ce sujet une interessante intervention israélienne https://www.youtube.com/watch?v=6_Rd4CttEvg#t=396 en russe). Le Quai d’Orsay ne pouvait pas ne pas savoir.
La trêve a été rompue par l’attaque aérienne américaine en quatre vagues et durant plus d’une heure contre l’armée syrienne assiégée à Deir ez Zhor par les forces de l’Etat Islamique qui ont pris d’assaut l’aéroport, qu’ils attaquaient après le bombardement américain. Les avions américains ont arrêté, une fois les islamistes dans la place). Les Américains se sont excusés. Mais cette action, qui pourrait bien refléter les désaccords entre les différentes agences US, a quand même coûté la vie à quelque 80 soldats syriens et a fait plus de cent blessés. Elle a convaincu l’armée syrienne que la trêve était un attrape-nigauds. Après l’attaque-erreur, contre l’armée syrienne, est venu le bombardement d’un convoi humanitaire à Alep. Les circonstances en sont troubles pour le moins : pas de check point rebelle installé sur la route, accusations d’abord d’une pseudo attaque aérienne russe, puis syrienne, puis simplement une “attaque” sans qu’on sache trop d’où. Les Russes font valoir qu’il n’y a pas de traces d’une attaque aérienne. Seulement des véhicules brûlés. Que en plus, selon eux, ces véhicules peuvent être tombés sous le feu des islamistes de An Nusra qui ont entamé une attaque contre les quartiers d’Alep contrôlés par les autorités. C’est contre cette offensive de forces rebelles, où les islamistes ne sont pas séparés des “rebelles légitimes” , que l’armée syrienne a lancé sa contre-offensive. Elle semble vouloir être définitive. D’où l’affolement des Américains de voir détruire leurs amis qu’ils ont formés et armés depuis des années. Peut-être pas seulement pour la Syrie….
Mais est-il utile pour nous Français, qui sommes victimes des tireurs, écraseurs et égorgeurs de daesh et al quaida de nous en prendre aussi violemment à ceux qui les combattent ? De telles accusations aideront-elles les populations civiles prises dans la bataille de la guerre civile ?
Parmi la propagande la plus communément propagée par nos médias officiels, le “régime” de Bachar al Assad est souvent accusé d’avoir tué 400.000 personnes depuis le début de la guerre civile en 2011. C’est là aussi une propagande absurde : le chiffre plus probable et néanmoins effrayant , selon des sources sérieuses d’opposition, est plus proche de 300.000 au total : c’est à dire dans les deux camps. Les civils tués seraient de l’ordre de 83.000 dont une majorité dans les zones tenues par les gouvernementaux, et le reste sont des combattants, dont quelque 75.000 militaires du “régime”. Chez les combattants rebelles islamistes modérés ou terroristes, il faut ajouter des mercenaires et gens venus d’autres pays.
Ces quelques mises au point sont utiles pour le commun des mortels, victimes de l’intox d’une presse par trop partisane. Mais il faut souhaiter que le Quai d’Orsay n’en n’est pas là !
Encore une fois, on a la sensation qu’on se trompe d’ennemi ! Pourtant : « Le régime de Bachar Al-Assad a manifestement fait le choix de l’escalade militaire, alors que chacun sait qu’il n’y aura pas d’autre solution au conflit en Syrie que politique. J’en appelle donc à ses soutiens, la Russie et l’Iran, à se ressaisir et à faire preuve de responsabilité en mettant un coup d’arrêt à cette stratégie qui conduit à l’impasse. Sinon la Russie et l’Iran seront complices des crimes de guerre commis à Alep».
De son côté, le secrétaire au Foreign Office, Boris Johnson, a estimé que la Russie était coupable de la prolongation de la guerre en Syrie et pourrait avoir commis des crimes de guerre en attaquant un convoi d’aide humanitaire à Alep cette semaine. Et voilà que ce bon Boris se réveille. Lui qui était injurié et accusé de tous les maux lors de la campagne du Brexit, trouve tout à coup grâce auprès de nos atlantistes patentés. Là aussi on reprend bien sûr le gros mensonge sur le convoi humanitaire qui décidément ressemble fort à une provocation du genre de celles qui ont été pratiquées lors de la guerre en Yougoslavie.