Article ou demande de financements ?

  • stoprussophobie redaction
  • dimanche septembre 17, 2017
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Article ou demande de financements ?

L’automne sera-t-il chaud en Russie ?

En répondant résolument positivement à la question, M. Pierre Haffner, français qui vit en Russie, profite du blog de Mediapart pour caresser dans le sens du poil les voeux les plus chers des faucons américains et de leurs obligés dans l’UE. Leur espoir d’une “révolution” en Russie est constant depuis quelques années (et plus pour des obsédés comme Mac Kain). Des budgets assez importants ont déjà été votés ou vont l’être incessamment par les parlementaires américains pour s’immiscer ouvertement dans la campagne électorale de 2018 en Russie. Beaucoup de formations extra-parlementaires en Russie ou faisant profession de russophobie en Europe occidentale, sont très mobilisées pour obtenir un morceau de la manne : près de 250 millions de dollars, selon les chiffres cités par les rapports budgétaires américains. Il faut y ajouter le lancement récent de l’appareil de propagande anti-russe par l’Union européenne. Le tout sous couvert de “démocratie” bien sûr. 

C’est là un des mots clés. Indispensable pour tout formulaire de demande financement. Avec un certain nombre d’autres bien sûr, qu’on retrouve le plus souvent dans toute la littérature de la guerre d’information russophobe. Cet article en est un bon échantillon. En général, tout celà se caractérise par des affirmations peu étayées et surtout des références aux obsessions idéologiques ou sociétales des occidentaux, bailleurs de fonds à un moment donné et pas du tout sur les problèmes réels que connaissent les Russes.

 Ces derniers étant essentiellement sociaux, salariaux et micro-économiques (PME, éducation, santé), il est évident qu’il est beaucoup plus difficile d’y répondre que de hurler à la “dictature” en raison “des violations” des droits de jeunes filles se proclamant pussy riot ou d’homos, apparemment hypothètiques pour certains, en Tchétchénie ou d’un metteur en scène de théâtre, qui s’est emmêlé les pieds dans le tapis des subventions d’état avant de se proclamer pur dissident… ou un opposant “martyr” qui emmène sa manif dans des festivités populaires pour faire foule et créer le buzz. Avec des thèmes trop conformes à un agenda pour être spontanés et correspondre à une préoccupation des gens.

 Du reste, les protestations réellement spontanées, comme le mouvement des seaux bleus (contre l’abus des gyrophares), ou les limitations d’importation de voitures japonaises d’occasion avec volant à droite, ou le mouvement des routiers contre les hausses de taxe ou ceux des retraités maltraités (comme chez nous bientôt), ne trouvent pas d’écho ou très peu chez les “sociétés civiles” admiratrices de l’outre atlantique, où des problèmes très similaires existent. 

Quant aux attaques d’ordre géopolitiques, l’influence des financeurs est directe. Les médias soutenus et les associations auxquelles est donné un écho épousent carrèment la cause des rivaux ou des adversaires du point de vue russe et souvent des intérêts objectifs ou souverains de la Russie. 

C’est de ce point de vue que l’article publié sur médiapart est intéressant, en liaison avec la période de l’année et l’imminence de l’année électorale. Tous les thèmes chers aux organismes spécialisés occidentaux y sont développés avec un petit plus (celui qui peut remporter la décision) : en Russie, c’est toujours en automne, voire en hiver, que ce sont produites les révolutuions et les mouvements populaires. Et l’auteur de citer la révolte des décembristes (comme son nom l’indique) sous Nicolas Ier, le mouvement du pope Gapone et la révolution de 17 elle-même. Tous les espoirs sont permis, chuchote-t-on ainsi au décideur russophobe. Il ne reste qu’à choisir les bonnes personnes pour mener les foules…. 

L’article se trouve là : 

https://blogs.mediapart.fr/pierre-haffner/blog/030917/l-automne-sera-chaud-en-russie

Le papier n’est pas inintéressant du reste, une fois qu’on en a perçu l’objectif dans le contexte actuel. C’est une suite d’affirmations étayée sur des faits souvent rééls mais qui ne peuvent conduire aux conclusions présentées mécaniquement pour stimuler le lecteur qu’il faut. 

Ainsi, dès le début : 

“L’automne sera mouvementé en Russie.”après avoir titré qu’il serait “chaud” ! Ce qui après un été pourri était une once d’espoir pour les Russes. Ils ont cessé de croire la météo. Et encore plus ce genre de “prévisionnistes”. Même si on ne peut présager de rien, jusqu’à présent, la population russe semble plutôt calme et indifférente. 
Pour appuyer la conviction de début, on a droit à une succession d’affirmations, certaines étayées, d’autres plus douteuses, mais qui n’impliquent pas du tout, comme l’histoire l’a abondamment montré, que des situations de crise débouchent sur un mouvement populaire. Ces derniers surviennet souvent quand on ne s’y attend pas vraiment, en tout cas pas dans l’ampleur qu’ils prennent (en Russie et ailleurs). Comme l’espère l’auteur de l’article et ceux auxquels il s’adresse.  
 “Le régime a plongé le pays dans des crises: économiques, démographiques, diplomatiques. Les avoirs de l’oligarchie sont menacés par les sanctions. Plus de 25 millions de personnes vivent avec moins de 9.600 roubles par mois (135 euros). Le régime vantait sa stabilité. Actuellement, une majorité de la population souhaite un changement.”
Là c’est l’amalgame : crise économique bien sûr comme le reste du monde. Subie plus cruellement : sans doute. Mais précisèment; les derniers chiffres macroéconomiques semblent meilleurs, comme chez nous, aux USA et comme en Chine. 
Démographique ? C’est un thème obligé, un “mot clé” pour la demande. Mais rien n’est moins sûr et le rebondissement démographique a été sensible. Il est aidé par les primes et par la forte immigration, notamment ukrainienne (c’est bien connu les gens fuient toujours vers le pays qui les “agresse” soit-disant !). 
Pour ce qui est de la crise diplomatique, ce ne sont pas les Russes qui l’ont provoquée. Mais évidemment le son de telles affirmations est doux à ceux qui ont violé les traités diplomatiques séculaires et les résidences diplomatiques russes à San Francisco, dans le Maryland etc. 
Les avoirs de l’oligarchie sont menacés. C’est évidemment un des buts poursuivi par les Américains qui ont lancé la vague de sanctions de l’été, sans aucune raison nouvelle, sinon la comédie incroyable sur les “hackers russes”. Mais comme ces oligarques sont un peu de chez eux aussi et du même monde, les applications vont être difficiles. Et comme les sanctions s’attaquent aussi aux Européens, il n’est pas sûr que ces derniers se montrent aussi vassaux que d’habitude pour embêter des riches,  qu’on aime bien généralement sous forme d’émir ou de nouveau russe…
“On dit qu’en Russie l’hiver arrive chaque année d’une manière  inattendue. Cela signifie que l’on aurait souhaité qu’il arrive plus tard, une manière d’exprimer son regret pour la saison qui fuit. Les premières gelées mettent fin à la vie de datcha. On doit l’abandonner, non sans avoir barricadé la demeure jusqu’à la saison prochaine. On aimait encore se prélasser dans le jardin sous les faibles rayons de soleil de l’été indien. L’automne embrase la nature russe. Sa beauté rend encore plus douloureux le départ vers la ville.”, nous explique M. Haffner. C’est lyrique et surtout ça fait informé. “vu de l’intérieur”. C’est du fiable, on peut y aller… 
Tout ça pour arriver à l’essentiel de l’idée développée, sous-entendant une certaine urgence : 

“En Russie, les révoltes et révolutions se produisent avec le retour du froid. Elles sont aussi inopinées que la saison qui les porte. Elles surprennent toujours les pouvoirs, qu’ils soient renversés ou non. L’insurrection décabriste s’est produite le 26 décembre 1825, la Révolution de 1905 a eu lieu le 22 janvier, les Révolutions de 1917 en février et novembre. Les manifestations de masse de l’opposition unie contre le régime de Poutine ont atteint leur apogée le 10 décembre 2011. Plus de 100.000 personnes s’étaient alors rassemblées sur la place Bolotnaya. (J’y étais.)”

Eh bien nous y voilà. Encore quelques exemples. Avec ces quelques clés, la lecture peut se faire à tous les niveaux prévus.  “Évidemment, le froid n’est pas le seul facteur favorisant les soulèvements populaires en Russie. Sinon il y aurait des révolutions ou des révoltes tous les hivers. D’autres facteurs sont décisifs. Actuellement, leur apparition autorise des politologues à affirmer que l’automne 2017 sera turbulent en Russie. Il y aura des manifestations de masses et des bouleversements. Difficile de prévoir d’une manière plus détaillée l’ampleur de ces convulsions : révolution, révolte, émeutes, coup d’État du palais, ou coup de tabatière. Qui sait ?”   Eh oui qui sait ? Mais l’espoir, vous savez l’espoir que ça va aller mal, ça fait vivre… certains.  

Après c’est le thème majeur qui doit aller droit au coeur du financeur d’outre Atlantique ou de Bruxelles : “Poutine le méchant” 

“On se souvient que l’empereur Paul I avait été tué d’un coup de tabatière sur la tête. Voilà un moyen très commode capable de mettre enfin un terme aux 17 ans de règne sans partage de Poutine. Après tant d’années au pouvoir, l’autocrate a perdu le sens des réalités. On ne sait pas comment sortir de tous les conflits dans lesquels il a empêtré la Russie. Un proverbe russe dit : « N’aie pas cent roubles, aie cent amis ». La Russie a aujourd’hui cent ennemis. Le fiasco diplomatique est total. À l’exception de quelques pays, dont la Syrie, Corée du Nord, Iran, le monde entier lui est adverse. La personnalité de Poutine est un obstacle à tout rétablissement diplomatique, en premier lieu avec les pays occidentaux. Le despote ne peut reconnaître ses erreurs sans perdre son trône. Sauver Poutine ou sauver la Russie ? Voilà le dilemme.”

Il est évident que ce n’est pas “sauver la Russie” qui préoccupe notre auteur. Là il déçoit par le manque d’innovation ou d’originalité. Mais ce sont les mots clés obligés pour le formulaire : le méchant dictateur, on sous-entend qu’il faudrait l’assassiner (pour d’autres chefs d’état un tel appel serait poursuivi mais contre un Russe bah ! ils ont essayé 53 fois avec Castro), il a tout le monde contre lui, comme on vous le répète à longueur de colonnes et d’émissions. On oublie seulement les Chinois, les Indiens, les Japonais récemment encore, les pays des BRICS, ceux d’Amérique latine et du Moyen-Orient, menacés par l’islamisme et même ceux qui ont trempé dans l’islamisme avec certains occidentaux, comme la Turquie. Alors, si isolé que ça ? Certes en PIB, pas en populations. C’est très mauvais pour le monde, en particulier pour nous Européens, mais ce n’est pas un fiasco de la Russie. Elle a arrêté les islamistes en Syrie. Et en Ukraine, elle a subi un revers indubitable mais ce n’est pas elle qui l’a provoqué. Alors dans quoi l’a-t-il “empêtrée” ? Il fait face à une offensive très dure et c’est comme ça qu’une majorité de Russes le perçoit aujourd’hui, malgré la propagande constante, en Russie même, contrairement à ce qu’on raconte sur l’absence de liberté de la presse, contre la politique extérieure russe. 

Puis, viennent des propos pour le moins mesurés sur l’oligarque Mikhail Khodorkovsky, pourtant exactement semblable aux oligarques que l’auteur dénonce ensuite, assez justement du reste. C’est qu’il faut ménager Khodorkovsky qui aujourd’hui encore tient des cordons de bourse. Et pour les autres (cordons), c’est le plan des faucons US, à l’endroit desquels l’auteur ne tarit pas d’éloge. Reprenant même les fables sur la pseudo immixion russe dans les élections américaines et ne se tenant plus de joie à l’évocation des sanctions votées en juillet 2017 ou sur l’extra-territorialité qu’imposent les Américains au monde, notamment à nous Européens… . “Sauver la Russie”, qu’il disait en se présentant comme français ?  Quelle blague !

 En revanche, dans la perspective de l’immixion américaine dans le processus électoral russe, se placer lui et ses amis au mieux. Ca oui. Il donne même des indications à l’opposition, roule ouvertement pour Navalny, comme sans doute la plupart des services occidentaux, et ébauche même une sorte de programme. Point nécessaire dans les formulaires de demandes. C’est pourquoi, cet article intelligent et bien fait est intéressant car il reprend plusieurs thèmes développés plus grossièrement pas la russophobie ordinaire. On les retrouvera dans les prochains agendas de notre presse contre la Russie et toute politique plus rationnelle de notre part à son égard. 

Le plus malheureux est qu’il trouvera peut-être des aspirants compradors, soucieux de placer leurs oeufs dans différents paniers “au bon beurre” à Londongrad, comme il l’écrit joliement. 

Stoprussophobie septembre 2017