Biélorussie / Géopolitique : Une révolution de couleur déterminante
Biélorussie : enjeux géopolitiques, stratégiques et énergétiques
Stoprussophobie vous livre une analyse et un choix d’articles avec des orientations un peu différentes mais tous bien informés et éloignés de la propagande du mainstream à laquelle nous sommes soumis dans nos médias majoritaires.
Ce qui se joue en Biélorussie (Bélarus est un terme choisi après 1991 par des journalistes puis des polticiens russophobes pour chasser le mot Russie, dont pourtant la Biélorussie est une composante historique avec la Velikorossia et la Malorossia) est déterminant pour l’avenir de l’Europe et important pour le monde.
Il est faux de nier le caractère géopolitique et l’ingérence occidentale de type « révolution de couleur » des événements en Biélorussie pour prétendre qu’il ne s’agirait que de défense de la liberté et de respect des électeurs abusés sans aucun projet politique. Ce n’est QUE l’enjeu géopolitique qui motive nos politiques et nos médias à s’intéresser et se mêler de ce qui se passe à Minsk.
Prétendre le contraire est au même niveau que l’organisation préparée de longue date des manifestations, après rejet des résultats de l’élection présidentielle.
Le précédent du Maidan
Ont précédé l’organisation intensifiée de stages et de formation depuis deux ans par l’intermédiaire d’ONG subventionnées, l’organisation de médias anti-Loukachenko en Pologne et en Lituanie, l’entraînement de groupes « sportifs »… Puis après l’élection, les tentative d’instaurer un cycle de protestations-répressions, grâce à des groupes entraînés entamant l’émeute et des complicités au plus haut niveau politique et policier sur le modèle ukrainien de 2014, une mobilisation de la presse complaisante avec jeunes filles en blanc, fleurs blanches et manifestants rémunérés. Puis interviews unilatérales de «manifestantes», «d’électeurs outrés» et de «victimes de la répression»… On y ajoute leur intox actuel sur le fait qu’ils ne sont “pas du tout anti-russes”. En fait, le drapeau de l’Ostland (blanc à bande rouge) ajouté au programme d’un «conseil de coordination», surgi d’on ne sait où, prévoit un rapprochement avec l’OTAN et l’interdiction progressive du russe, pourtant langue nationale. Le biélorusse est un patois moins élaboré que le galicien utilisé en Ukraine. Il s’agirait donc du polonais, ce qui correspond à l’implication polonaise. Les procédés sont maintenant bien connus et varient assez peu en dépit des particularités locales. Après tout ce qui vient d’être décrit arrive malheureusement l’épisode de l’effusion indispensable de sang pour relancer la mobilisation et justifier éventuellement le coup d’état. C’est ce qui s’est passé en Ukraine.
Et c’est justement, l’une des différences avec la Biélorussie. Les Biélorusses ont l’exemple du Maidan et de ses conséquences et sont peu désireux de subir la même chose, quoiqu’ils pensent du pouvoir actuel. Loukachenko a vraisemblablement gagné les élections malgré tout et surtout malgré le zèle à la soviétique de fonctionnaires voulant se faire bien voir qui en ont trop fait. Il aurait eu quelque 60 % des voix et non 80. A noter que les opposants ne réclament pas un recomptage des voix en présence d’observateurs.
Une lassitude réelle
Il n’est évidemment pas question de nier le véritable mécontentement qui existe en Biélorussie et de faire tomber uniquement sur l’immixtion étrangère l’importance des manifestations. Même s’il ne faut pas non plus exagérer ces dernières. Sur les 9 millions d’habitants de la Biélorussie, même une centaine de milliers de manifestants à Minsk, tout en étant très important, ne signifie pas que tout le peuple biélorusses soutient une opposition qui n’existe pas vraiment.
Mais il est vrai que le mouvement actuel en Biélorussie a un parfum de Mai 68 en France. Une jeunesse assez gâtée au milieu de ce qu’on appelle depuis les trente glorieuses, en pointe contre un chef d’État prestigieux, souverainiste mais vieux et ne parlant pas le langage en vogue et étranger aux évolutions morales et des mœurs de son époque et un niveau de vie ressenti comme stagnant dans des usines, où le patronat de droit divin assure ses profits sur la productivité humaine plus que sur l’investissement et la modernisation. Il est possible que Mai 68 a été une première révolution de couleur qui a permis de chasser un président qui contrariait outre-atlantique.
Loukachenko, directeur de sokhoze
En gros, le président Alexandre Loukachenko a conduit le pays depuis 26 ans comme un directeur de sovkhoze. Qu’il était. Plutôt bien du reste car son pays s’est redressé assez rapidement après l’effondrement général de 91 et le grand désordre d’après la chute de l’URSS, où le pillage et même la loi des bandits de grand chemin en Biélorussie était la règle. Il n’a pas perdu ses capacités de production industrielle et agricole, n’a pas laissé la place à des oligarques pilleurs des biens nationaux, ne connaît que modérément la corruption par rapport aux autres pays de l’ex-URSS, y compris la Russie, est d’une propreté exemplaire et d’une stabilité enviable. Le niveau de vie n’est pas suffisant et assez bas mais bien meilleur que dans les autres pays ex-soviétiques à l’exception de la Russie (et encore pas partout) et du Kazakhstan. Bref, Loukachenko a été un chef d’entreprise efficace et paternaliste que du reste on appelle «le petit père».
Mais entre une entreprise et un pays il y a des différences. L’autoritarisme du patron ne fait pas forcèement bon ménage avec les aspirations du citoyen. Sans être une dictature, comme l’écrivent nos médias, le pouvoir de Loukachenko est autoritaire, du type «dictatura blanda» dictature molle, comme on dit en Amérique latine, où les Etats-unis n’ont jamais rien trouvé à redire à ce genre de régimes.
Et pour une jeunesse travaillée au corps intensément par les tentations consuméristes et les propagandes occidentales en tout genre depuis des années, Loukachenko est évidemment terriblement ringard. Son souci de préserver une souveraineté biélorusse assez artificielle et en tout cas fragile au vu de l’histoire n’est pas vraiment compris par tout le monde.
La Biélorussie n’est pas en Australie
Comme aimait à dire Gomulka, le patron de la Pologne communiste, « la Pologne n’est pas en Australie ». Il en est de même avec la Biélorussie. Elle est entre la Russie et la Pologne.
Elle est liée à la première par l’histoire et plusieurs traités, dont un d’ «Etat unique », préfigurant une possible confédération.
A la seconde aussi, la Biélorussie est liée par l’histoire puisque une partie de son territoire fut rattaché à la Pologne après la défaite des bolchéviks en 1920. Et aujourd’hui, une partie de la classe politique polonaise ne cache pas ses ambitions et ses rêves de reconstituer ce qu’on a appelé le royaume des deux mers, qui faisait de la Pologne un empire allant de la mer Baltique à la mer noire.
Les nationalistes polonais y croient d’autant plus volontiers aujourd’hui que ce projet est défendu par certains tenants de l’État profond et des géopoliticiens américains héritiers de Zbigniew Brzezinski, conseiller de tous les présidents américains depuis Jimmy Carter. La Biélorussie y est évidemment un morceau de choix que pourrait suivre la Galicie ukrainienne, si l’Ukraine éclate comme cela semble possible. Restera la question moldave et la Transdniestrie.
Un pays martyr au XXème siècle
Sans s’y attarder, il est impossible d’ignorer l’histoire récente pour ce pays qui en porte tant de stigmates. Sans remonter à Napoléon qui a laissé un souvenir jusqu’à aujourd’hui dans ce pays où coule la Berezina, connue de tout Français sans qu’il sache où c’est, la Biélorussie a été l’épicentre de deux guerres mondiales au vingtième siècle. Et entre ces deux guerres, les massacres se sont succédés sur son territoire et pendant la seconde guerre. Les juifs qui n’avaient pas été massacrés par les Polonais ou les Ukrainiens, sans parler des collectivisés par les communistes soviétiques, l’ont été par les nazis, pas toujours allemands. La Biélorussie était le centre de ce qu’on appelait le Yiddishland.
Le pays a été détruit et reconstruit. On peut comprendre aujourd’hui son aspiration à la stabilité et à la paix. Et malgré l’influence de nostalgiques du nazisme, qui se manifestent notamment dans le choix du drapeau blanc à bande rouge, brandi par des manifestants, et qui fut celui de l’Ostland du temps de l’occupation allemande, leur force n’a rien à voir avec les détachement néo-nazis qui ont pu être utilisés en Ukraine pour le coup d’État de 2014 et qui sévissent dans le pays aujourd’hui et mènent la guerre contre les régions de l’est.
Les louvoiements de Loukachenko
C’est dans ce contexte, qu’il faut comprendre les louvoiements politiques et géopolitiques de Loukachenko. En paysan madré, il pensait pouvoir jouer la Russie et les occidentaux. Parfois avec succès. Et ces dernières années il est peut-être allé un peu trop loin et s’est laissé aller au piège dans lequel tombent tous les dirigeants qui font trop confiance aux Américains. En février 2020, il recevait Mike Pompeo, le secrétaire d’État américain, pour lui promettre de raffiner et d’acheter le pétrole américain au lieu du pétrole-gaz russe. Il cherchait à se mettre en meilleure position pour marchander avec les Russes, dont l‘économie de son pays dépend à 70 %. Mais il commettait une double erreur: il agaçait le Kremlin et renforçait auprès de ce dernier certains oligarques russes avec lesquels il était en délicatesse, sans doute à juste titre de son point de vue. Et pire, il encourageait les otaniens, qui par delà même les visées polonaises, cherchent à occuper le territoire biélorusse pour y disposer des missiles et être à deux minutes d’avions de Smolensk, à enfoncer le coin du différend perceptible avec Moscou. Et à se débarrasser de Loukachenko pour des compradores à eux, comme dans les pays baltes.
La Russie, partenaire indispensable
Pourtant, Loukachenko sait bien que s’il est parvenu à si bien maintenir la Biélorussie à flot c’est grâce à la Russie, y compris après les sanctions occidentales. De son coté, la Russie est liée totalement à la Biélorussie par la population mais aussi stratégiquement et partiellement économiquement.
Sur le territoire biélorusse, la Russie entretient au moins deux objectifs militaires stratégiques de premier plan. L’un d’eux permet de suivre les missiles hostiles au-dessus de toute l’Europe. Il y a aussi une nouvelle centrale nucléaire. La production industrielle de tracteurs, pneus et mécanique biélorusse trouve ses débouchés en Russie. C’est grâce aux prix bas du pétrole et du gaz russe que les deux raffineries biélorusses peuvent tourner et vendre des carburants aux pays voisins.
Plus anecdotique : depuis les sanctions anti-russes de l’UE et la réponse russe, la Biélorussie est devenue l’un des principaux producteurs de crevettes au monde… sans aucune mer! Il en est de même pour des fruits, des légumes, de la viande et des fromages… C’est Loukachenko lui-même qui vient de le reconnaître publiquement en répondant aux menaces de sanctions de la Pologne et de la Lituanie. Lui qui niait jusqu’à présent cette contrebande que les Russes faisaient semblant de ne pas voir, a menacé les deux voisins d’appliquer aussi des sanctions en arrêtant ce petit jeu.
Les agacements russes et les oligarques de Russie
Ses marchandages et réclamations permanents sur le gaz et le pétrole auprès des Russes ont agacé un Kremlin qui aimerait sans doute progresser dans la voie de la confédération pour assurer ses arrières stratégiques et peut-être favoriser des réformes et des privatisations. La majeure partie des industries biélorusses sont restées nationalisées. C’est ce qui les a sauvées et sauvé les emplois et le niveau de vie des salariés. Mais c’est intolérable pour les ultra-libéraux occidentaux et les «privatiseurs» oligarques russes.
Car des oligarques russes sont aussi à la manœuvre et certains d’entre eux soutiennent certainement des mécontents opposants, par ailleurs manipulés par les services occidentaux. Il y a par exemple des intérêts de Gazprom ou partenaires qui contrôlent les raffineries et par de savants montages vendent le pétrole russe à des sociétés écrans situées en Lituanie par exemple qui revendent à la Biélorussie, ce qui permet de faire filer de l’argent vers des paradis fiscaux, aux dépends de l’État russe. De même, des sources biélorusses parlent de la vente par Rosneft’ (compagnie russe) de pétrole aux Ukrainiens pour leurs matériels de guerre combattant les insurgés du Donbass…. Loukachenko a eu des velléités de mettre de l’ordre dans certaines de ces machinations et évidemment certains ont voulu se débarrasser de lui. Il doit en être de même dans la chimie, peut-être dans les contrebandes de produits frappés par les sanctions UE et russes… L’implication de certains oligarques russes contre Loukachenko, dont on ne connaît pas les relations avec le Kremlin, a permis à la propagande occidentale, via l’Ukraine, d’essayer de faire croire que ce sont les Russes qui ont organisé le mouvement contre Loukachenko.
Le piège kievien auquel Loukachenko a cru
Et ce dernier a failli y croire. Il est tombé dans un piège assez grossier tendu par les services secrets ukrainiens juste avant les élections du 9 août, en prévision des mouvements qui allaient être lancés après. C’est ce qu’on a appelé l’affaire des 33 bogatyrs (guerriers), en référence à un conte de Pouchkine. En fait, ils étaient 32 gaillards, anciens « agents de sécurité » ou mercenaires travaillant sous contrats avec des entreprises comme Wagner. L’un d’eux se voit proposer par téléphone en plein confinement un contrat de protection d’un gisement au Soudan ou en Libye ou au Vénézuela. Ca a varié. Il est invité à recruter des copains pour un contrat bien payé. Il faut passer par Minsk car les vols directs à ce moment là ne fonctionnent plus de Moscou et Loukachenko est le seul à ne pas avoir confiné ni rien annulé. Ca aussi il est possible qu’il le paie. Mais arrivés à Minsk, les 32 gaillards se retrouvent le bec dans l’eau car leurs billets, achetés à Kiev, ont été annulés… et une dénonciation les présentant comme des agents russes venus pour organiser des émeutes le soir des élections parvient à Loukachenko qui gobe ! Il les fait emprisonner, interroger énergiquement et donne une interview choc quasi anti-russe à l’un des journalistes vedettes du régime ukrainien. Pour les détails cf. l’article de Donbass insider ci-dessous. Heureusement, les services russes arrivent à démonter l’affaire et la révèlent dans la presse.
Quelles perspectives possibles ?
Loukachenko n’est pas Yanoukovitch. Il se défend et défend son pays et l’idée qu’il s’en fait. Il rassemble ses partisans (cf. l’un des discours ci-dessous), organise des manifestations avec le drapeau adopté par referendum en 1995 et va rencontrer les ouvriers dans les usines partiellement en grève. Il n’a pas peur et sait parler à ses partisans et au Biélorusse moyen. Beaucoup moins à la jeunesse qui écoute la radio polonaise et suit telegramme canal, émis de l’étranger. Il semble avoir compris qui sont ses vrais amis et ses coups de téléphone à Poutine pour lui demander d’appliquer les termes du pacte de l’État unique et de la communauté économique eurasiatique sont fructueux. Il est prévu une rencontre.
Les déclarations de Poutine
Poutine a choisi le dernier week-end d’août pour faire une déclaration choc. Celà ne devait rien au hasard. Le mouvement d’opposition s’essouffle. Les erreurs des deux premiers jours où le gouvernement et Loukachenko sont tombés dans le piège manifestations-repression, soit par présence de traîtres dans l’entourage de Loukachenko, à l’instar de ce qui s’est passé chez Yanoukovitch à Kiev, soit par bêtise et réflexe autoritaire, ont cessé. La police qui avait violenté des citoyens, ce qui a beaucoup choqué à juste titre, s’est même excusée. Mais de ce fait, le risque de vouloir relancer la machine par une provocation sanglante, toujours à l’image ukrainienne, était à craindre pour la manifestation organisée le dimanche. Le risque existe toujours. C’est cette crainte qui explique d’ailleurs le retrait de certaines accréditations de journalistes occidentaux ou pro-otaniens, pièce indispensable dans la machine de provocation.
Le président russe a déclaré qu’il avait accédé à la demande de Loukachenko de respecter les termes de l’accord d’entr’aide et avait mobilisé en réserve des forces de maintien de l’ordre qui interviendraient au cas où des bâtiments administratifs ou autre étaient pris d’assaut. Encore une fois, sur le modèle de l’Ukraine occidentale avant même le coup d’état à Kiev.
Mais plus important, il a résumé le scénario qui semble souhaitable : une réforme constitutionnelle (dont Loukachenko parle depuis plus d’un an) et un referendum pour l’adopter, puis des élections législatives et enfin de nouvelles élections présidentielles sur la base de la nouvelle constitution. Sans qu’il puisse être question de laisser la rue s’emparer du pouvoir au profit de gens venus de nulle part, auto-désignés et cautionnés par un Bernard-Henri Levy, ce qui est une menace de taille pour le bien-être futur des Biélorusses !
L’UE paie mais ne suit pas ses excités
A noter quand même que l’Union européenne et même les Etats-unis sont beaucoup moins agressifs que par rapport à l’Ukraine. Malgré un financement important des structures oppositionnelles (on ne peut guère parler d’une opposition cohérente affichée) qui se monte à quelque 90 millions d’euros pour l’UE (nos impôts!) et beaucoup plus du coté états-unien. Est-ce dû au coronavirus et à l’imminence des élections américaines ? Peut-être.
Du coté de l’UE, il est possible que l’activisme polonais et leur frénésie devant la possibilité de s’emparer d’une partie de la Biélorussie ne réjouisse que modérément l’Allemagne. Cette dernière s’est vue privée de provinces orientales au profit de la Pologne à la fin de la guerre pour «compenser» les territoires russes récupérés par l’URSS. La fameuse ligne Oder-Neisse, dont on parlait tant à l’époque soviétique, se retrouverait donc remise en cause et la puissance polonaise acquise grâce à un rôle d’état tampon entre la Russie et l’Europe occidentale et des extensions territoriales cautionnées par l’oncle Sam peuvent inquiéter Berlin et peut-être les meilleurs géopoliticiens à Paris. C’est un facteur de tension et un danger pour nos approvisionnement gaziers et pétroliers de Russie, surtout si Washington parvient à saboter le projet de North stream2 et nous oblige à acheter ses gaz de schiste.
DK
Voici des textes pouvant enrichir la connaissance et la compréhension du dossier :
Nicolas DHUICQ
Le 13/8/2020
Ancien Président du groupe d’amitié avec la Biélorussie de l’assemblée nationale
je suis particulièrement triste de la voir en proie à des violences. Je n’oublie pas qu’elle a perdu 25% de sa population pendant la grande guerre patriotique, la deuxième guerre mondiale. Je pense aux derniers combattants de l’armée rouge retranchés dans la forteresse de Brest-Litovsk, qui m’évoquent ceux de Douaumont. Une place forte qui changea cinq fois de mains en moins de six années ! La Biélorussie fut le pays des partisans, car elle héberge les dernières forêts primaires de l’ouest de notre continent. Je me souviens du sentiment de respect face à chêne multiséculaire et du réveil, un matin, pour voir les habitants des bois.
Je n’oublie pas l’extrême gentillesse du peuple, l’accueil d’un ancien diplomate de grande culture, d’une vice-ministre qui voulait pratiquer la diplomatie affective, c’est à dire rappeler les liens entre nos destins dans une véritable Europe, mon ami Pavel ancien ministre de la culture.
Je n’oublie pas l’admiration pour l’Empereur et le respect pour l’épopée napoléonienne, oubliée ou méprisée dans une France qui s’efface. Il suffit de connaître l’histoire de la famille Radziwill pour comprendre les liens entre la Biélorussie et nous. Partout, l’amour de la France, partout ma rage et mes pleurs rentrés de ne pas pouvoir dignement rendre à nos hôtes la même affection par notre gouvernement.
Je n’oublie pas la hargne ridicule et grotesque de notre ambassadrice d’alors. Pourtant, le Bélarus a réalisé de grands investissements dans la haute technologie à Minsk, beaucoup des écrans d’iPhones sont fabriqués au Belarus, beaucoup de programmes informatiques.
Je n’oublie pas, que le pays a une place stratégique, car je sais qu’il pourrait jouer un rôle important dans le cadre des routes de la soie, si celles-ci passaient par le nord et non par les Balkans.
Je n’oublie pas surtout, que la Biélorussie est liée fraternellement à la Russie, vouloir l’en séparer serait une erreur morale et stratégique. Après la guerre, nombreux sont les Russes venus rejoindre un pays où la vie était plus douce, mais qui était aussi l’atelier de mécanique de l’URSS.
C’est aux Biélorusses de décider de leur destin, pas aux technocrates de l’Union Européenne, les idiots utiles d’une vision wilsonienne de l’Europe.
Pour toutes ces raisons je pense aux Biélorusses, et j’espère qu’ils n’auront pas une révolution de couleur, manipulée par des intérêts extérieurs, au service d’une stratégie portée par les intérêts seuls des descendants de l’amiral Mahan ou de Brzezinski.
Nicolas DHUICQ
Une analyse et des informations d’un politologue de Biélorussie
Le 13/8/2020Les promoteurs boivent du whisky…
Entretien avec Sergei Musienko – politologue biélorussien, Directeur du centre d’analyse EcooM. (traduit du polonais)
Sergei, nous nous connaissons depuis de nombreuses années et je sais que votre centre d’analyse EcooM mène, probablement comme seule enquête professionnelle avant les élections présidentielles de cette année.
– Les enquêtes reflètent dans une certaine mesure le cours actuel des événements. Avec l’aide de la sociologie, vous pouvez prévoir les événements futurs. En effet, les données actuellement présentées par la Commission électorale centrale confirment la plupart de nos prévisions. Par exemple, à Minsk, Alexandre Loukachenko a reçu 65% des voix des électeurs et Svetlana Tikhanovskaya – 15%. En effet, nous comptons quelques 35% d’opposants au président à Minsk, mais il a encore un avantage certain.
Si la différence était moindre, les protestations seraient encore plus intenses ?
– C’est une question de culture politique. Vous avez récemment organisé en Pologne des élections où, au second tour, la différence entre les candidats était d’environ 2 %. Et il n’y a pas eu de troubles. Si c’était le cas chez nous, ce serait bien pire qu’il ne l’est.
Mais il y a encore beaucoup de protestations.
– Comme je l’ai dit, quelques 35 % des habitants de Minsk sont des opposants au président. Et en effet, nous avons une situation où certains d’entre eux ont été utilisés avec des méthodes professionnelles, dont nous avons souvent discuté lors de conférences et que nous avons lues dans des livres. Ce sont des méthodes de remise en cause agressive des résultats des élections. Les appels à la violence ont retenti pendant toute la campagne électorale, ils ont été visibles dans les médias sociaux.
Tout était donc préparé depuis longtemps ?
– Oui, bien sûr. Jamais auparavant dans l’histoire du Belarus, des ressources humaines et financières aussi importantes n’ont été mobilisées. Cette échelle est vraiment choquante. Des spécialistes polonais, américains, ukrainiens et russes sont venus ici. D’énormes ressources ont également été impliquées.
De quels montants, selon vous, peut-on parler ?
– Avant les élections, on les estimait à environ 1,2 milliard de dollars. Et puis des sommes pratiquement illimitées ont été soudainement déversées. Cela se voit dans les médias sociaux, dans ces actions avec des fleurs, dans les gadgets, dans le nombre de spécialistes engagés dans la technologie politique. Cela se voit également dans les salaires versés aux participants des manifestations. Déjà lors des premiers rassemblements, où des signatures ont été recueillies, ils ont été très bien payés. Au début, cela n’a été fait que par ceux qui voulaient gagner de l’argent, plus tard, ceux qui étaient impliqués s’y sont directement impliqués. Il s’agit d’activités décrites dans les manuels de formation des professionnels des “révolutions colorées”.
Selon vous, qui était le principal commanditaire de ces activités ?
– Les sources étaient très différentes. Ils étaient constitués d’argent provenant de l’Ouest et du soutien de Gazprom.
Tous les groupes de l’élite russe ont-ils la même position sur la Biélorussie ?
– Bien sûr que non. Certaines personnes ont simplement leurs propres intérêts, qu’elles essaient de poursuivre de cette manière. Par exemple, récemment, le propriétaire de la société “Ouralchim”, Dmitri Mazepin, dont l’entreprise extrait du sel de potassium et qui est un concurrent de notre mine de sel à Soligorsk, a fait une déclaration publique. Il a appelé à la création d’une sorte de groupe de coordination avec sa participation. Nous avons pris cette information comme une révélation d’un des clients des événements actuels. Il s’agit d’une tentative d’éliminer ou de prendre le contrôle de concurrents. Il faut se souvenir d’une affaire d’il y a quelques années, lorsque le président de “Ouralkaliy”, Vladislav Baumgertner, a été détenu en Biélorussie, pour comprendre qu’il ne s’agit que d’un des projets purement commerciaux.
Il s’agit donc de prendre le contrôle de l’économie biélorussienne non privatisée jusqu’à présent ?
– Oui, il s’agit de prendre le contrôle de l’économie biélorussienne, qui n’a pas été privatisée jusqu’à présent. C’est à la fois pour nous une source de fierté et le sujet de nombreux problèmes. Il s’agit des usines encore en activité de l’État, dont la valeur totale est estimée à 120-150 milliards de dollars. Il y a longtemps que tout le monde n’a pas eu la main tendue pour tenter d’atteindre ces biens. Mais ce n’est bien sûr pas le seul facteur. D’une part, c’est vraiment important pour ceux qui sont maintenant prêts à investir des sommes énormes dans les manifestations, mais d’autre part, les intérêts géopolitiques jouent également leur rôle. Je pense que vous conviendrez qu’il serait difficile pour les militants ukrainiens qui sont passés par le Maïdan d’être transférés à Moscou. Il serait également difficile de le faire avec leurs collègues polonais ou lituaniens. Il serait en revanche plus facile de le faire avec nos compatriotes biélorussiens, il leur appartiendrait donc de s’y préparer. En tant que pays slave, nous étions considérés comme une bonne base de formation en direction de la Russie et de tout l’ex-URSS. Après tout, nous n’avons pas de frontière contrôlée avec la Russie. Même s’ils ne réussissent pas ici, la même expérience sera utilisée à l’avenir plus à l’Est. Nos services arrêtent régulièrement des anciens participants violents qui ont participé aux récents événements d’Ukraine, de Lituanie, de Pologne et de nombreux autres pays. Désormais, les Biélarussiens vont également acquérir une certaine expérience dans ce domaine, qui peut être facilement transférée à l’Est. Il s’agit donc de tester la technologie et de préparer la tête de pont.
Une technologie qui s’avère très efficace…
– Au début, l’État n’a pas du tout réagi dans le domaine de la technologie politique. Il s’est occupé de ses affaires et n’est pas intervenu. Et pourtant, nos amis d’Ukraine ou du Kirghizistan disent que tout se ressemblait à ce qu’ils ont connu chez eux. Il y a aussi des mouvements dont les soulèvements n’annonçaient rien. Et ici, nous avions encore un grand nombre de personnes impliquées, qui se préparaient à tout depuis longtemps.
Mais est-ce seulement une question de facteurs externes ?
– Non, de telles choses ne se produisent pas s’il n’y a pas de soutien de la part de l’élite locale. On se souvient qu’en Ukraine en 2014, le chef de l’administration de Viktor Ianoukovitch, Serguey Lievotskin, a affaibli la position du président pour prendre sa place. Bien qu’il n’ait pas réussi à prendre sa place, il s’est calmement rendu à son château en France dans un jet privé, et aujourd’hui, il arrive à Kiev en tant que parlementaire au soviet suprême. Il s’agit de personnes qui agissent délibérément dans les affaires étrangères. Il y a aussi ceux qui ont essayé d’interférer avec notre chef d’Etat et le développement économique du Belarus. Pendant de nombreuses années, ils sont restés assis tranquillement et, maintenant, ils s’habillent avec les plumes des opposants, qui ne sont pas brûlés auprès des autorités. Auparavant, ils avaient volé et créé de nombreux problèmes économiques, auxquels l’État est encore confronté aujourd’hui.
Y a-t-il des chiffres connus parmi eux ?
– Il s’agit de personnes célèbres, qui ont le plus souvent quitté le pays à un moment donné, se sont engagées dans quelque chose de complètement différent et essaient maintenant de revenir à la politique. D’une part, il est bon qu’ils se présentent maintenant, mais d’autre part, l’État devrait prendre des décisions rapides et fermes à leur égard.
Et le Belarus est-il vraiment menacé par une vague de grèves ?
– Les travailleurs ont exigé que des représentants des autorités les rencontrent et que de telles réunions aient lieu, ce qui se produit. Mais au cours de ces réunions, beaucoup de ceux qui exigent de négocier les quittent pour rejoindre des manifestations de rue, ce qui montre que que ce n’est pas le dialogue qui les intéressent. Nous savons tout cela grâce à la lecture d’ouvrages politiques, qui décrivent les méthodes de gestion des manifestations. L’idée derrière les actions de grève est de mener à la crise économique comme condition de la réussite de l’ensemble de l’opération. Il y a des preuves concrètes de cela. Des grèves ont été tentées dans des usines clés. La station de tracteurs de Minsk MZKT fournit la quasi-totalité de sa production aux forces armées russes. Belaruskali est l’un des plus grands producteurs d’engrais azotés au monde. La simple nouvelle qu’une grève pourrait y éclater a déjà entraîné une hausse des cours des actions du plus grand producteur mondial d’engrais, la société américaine Mosaic, de plus de 30 %, la LCI israélienne de 18 % et la société allemande K+S de 14 %. Les concurrents en ont donc profité immédiatement, leur valeur boursière a augmenté. Le biodiesel représente un tiers du marché mondial des camions géants. Des entreprises telles que Komatsu et Caterpillar vont donc profiter de nos problèmes politiques. MTZ représente 10% de la production mondiale de tracteurs et a également des concurrents étrangers. D’où l’impact et les technologies de protestation…
Cette technologie semble se répéter à différents endroits depuis de nombreuses années…
– Oui. Et c’est aussi ma faute si les gens ne s’en rendent pas compte plus largement, si je n’ai pas assez bien expliqué l’essence de ce genre d’activités. Après tout, il s’agit du fait qu’une agence de relations publiques est engagée sur le terrain en profitant de possibilités financières illimitées. Elle recrute, disons, une jeune fille. C’est elle qui appelle dix ou vingt de ses amies et leur offre des fleurs blanches, qu’ils offrent aux passants ou aux miliciens. Nous avons vu cette couleur blanche tant de fois, par exemple, les rubans blancs sur la place Blotnaya lors des manifestations à Moscou. Tout dépend ensuite du niveau de créativité de chaque belle ou beau manifestant/e.
Et quel a été le contexte des réactions assez brutales de la milice aux protestations ?
– Au début, les gens ont réagi de manière critique aux tentatives des manifestants qui ont lancé des pierres, des cocktails Molotov et ont tenté de provoquer des émeutes. Le premier jour, nous avions environ 2 000 manifestants bien préparés dans les rues, coordonnés – comme en Ukraine – dans le cadre de “sotnia”, de commandos. La milice n’a réagi à ces manifestations que le deuxième jour, mais sa brutalité, manifestement intentionnelle, était en fait injustifiée ; des personnes qui n’avaient rien à voir avec les violences préméditées ont été arrêtées. Peut-être qu’un jour nous découvrirons qui est derrière un tel changement de réaction au sein de la direction de la milice, mais c’était une décision qui a été clairement inspirée par quelqu’un au sein des forces de l’ordre et dont on essaie de remonter la chaine. Peut-être qu’avec le temps, nous entendrons parler d’un général qui apparaîtra à Monaco, ou dont le corps sera retrouvé dans un canal d’une quelconque ville. Du point de vue de la technologie politique, cela ne pouvait avoir qu’un seul effet chez nous : indigner encore plus les gens. Sans cela, les protestations se seraient éteintes lentement. Les gens ont donc commencé à descendre dans la rue et à se demander d’où venait cette brutalité.
Cela semble être un piège sans issue, car si les autorités se coupent maintenant de la milice en condamnant, tout le secteur de la sécurité peut se considérer comme trahi par les politiciens.
– Oui, c’est là le but de toute l’opération. Dans le cadre de l’attaque contre l’État, il est nécessaire de discréditer le bloc au pouvoir, car ce n’est qu’alors que l’on peut penser à occuper les bâtiments du gouvernement et finalement proclamer un gouvernement intérimaire de transition par un coup d’état. Le pire, c’est que, sachant comment ce mécanisme fonctionne, nous n’avons pas eu de réaction politique.
Vous avez parlé de soutenir les manifestations de rue de l’extérieur, ce qui semble devenir de plus en plus évident.
– Oui, des Lettons, Lituaniens, Ukrainiens et Polonais qui ne viennent pas au Belarus à des fins pacifiques sont identifiés en permanence à la frontière. La plupart d’entre eux ne sont pas autorisés à entrer dans le pays.
Quel est le rôle du côté polonais dans tout cela, par exemple Belsat ?
– Très grande. La radio/TV Belsat opère principalement par le biais du canal Nexta, qui fonctionne sous couvert d’une prétendue initiative d’un jeune biélorussien. Quoi qu’il en soit, les paroles de votre Premier ministre, qui a apprécié le rôle de Belsat et a annoncé une augmentation de son financement, en sont la confirmation. Soit dit en passant, notons que la Russie est accusée d’avoir exercé une certaine influence en coulisses sur les élections américaines, et dans ce cas, le chef du gouvernement en parle ouvertement et publiquement, alors que la Pologne le fait elle-même aussi depuis de nombreuses années. Et c’est la chaîne Nexta dans les médias sociaux qui a coordonné les mouvements des gens d’un quartier de Minsk à l’autre, ce qu’on appelle la “flashmob. Je suis vraiment désolé que tout cela soit fait par les mains de nos voisins – Polonais, Lituaniens, Lettons. Nous connaissons les actions de Bielsat depuis longtemps, mais nous n’y avons pas accordé une attention particulière. De toute façon, Bielsat en tant que chaîne n’avait pas beaucoup d’influence, ses actions sur l’Internet se sont révélées beaucoup plus importantes ici. Elle a touché des personnes qui ne regardent pas la télévision, n’écoutent pas la radio et ne lisent pas les journaux. Plus tard, il s’est avéré que dans les premiers jours, des adolescents, presque des enfants, âgés de 15-16 ans, qui ne participent même pas aux élections, sont descendus dans la rue. Nous n’avons pas interrogé ce groupe dans nos sondages, car nous n’avons analysé que les opinions des citoyens qui ont des droits électoraux. Eux, ils ont traité toutes ces protestations comme une sorte de carnaval.
Les pays d’Europe centrale et orientale, que vous avez mentionnés, sont généralement les exécutants de la politique américaine dans l’espace post-soviétique. Quel est le rôle de Washington dans les manifestations actuelles ?
– Réchauffer les relations avec les États-Unis signifie généralement que l’on doit devenir extrêmement prudent. Dès que vous commencez à vous faire amis avec eux, vous devez vous attendre au pire. C’est ce qui nous est arrivé.
Oui, nous avons déjà eu des cas de ce genre, en Libye par exemple. On peut donc dire que tout est préparé depuis un certain temps déjà ?
– Bien sûr. Ce n’est pas un hasard si le blogueur Sergei Tikhanovanovich est apparu à cette même période, qui a immédiatement commencé à créer une sorte de mouvement autour de lui, il y a déjà un an et demi.
Ainsi, tout l’espace virtuel d’information, les nouveaux médias ont été dominés par les organisateurs des manifestations actuelles ?
– Oui. Je me souviens qu’il y a plusieurs années, j’ai proposé des projets de sites web à diverses institutions publiques. Tout le monde a été surpris, ils n’ont pas compris la nécessité de ce que je proposais. Et cette fois aussi, l’État a pris du retard et a abandonné le terrain. Comme il n’y avait pas de canaux pro-gouvernementaux dans l’application Telegram, un vide a été créé, qui a été comblé par d’autres.
Après ces événements, les autorités biélorussiennes ont-elles compris la nécessité d’utiliser des technologies appropriées ?
– Je l’espère. Bien que je sois un optimiste de la vie, je suis parfois maintenant pessimiste. Pendant toutes ces années, tout cela semblait évident, nous nous sommes produits – également ensemble – lors de conférences, où nous avons prêté attention à ces questions. Nous avons analysé les expériences partagées avec nous par nos collègues ukrainiens et russes. Et pourtant, cela n’a pas suffit…
Comment pouvons-nous anticiper l’évolution des manifestations actuelles ?
– J’ai été témoin des manifestations de Minsk, qui ont rassemblé 120 000 personnes en 1996 et 1997. J’ai vu comment les autorités les ont alors traitées sans utiliser OMON. Mais leur mécanisme était différent. Les gens qui y participaient alors le faisaaient parce qu’ils n’avaient effectivement pas de travail, pas d’argent, pas de perspectives d’avenir. Plus tard, nous avons réussi à résoudre ces problèmes économiques et sociaux, et nous avons vécu une vie paisible pendant longtemps. Aujourd’hui, de nouveaux slogans et de nouvelles ressources doivent être lancées, car les manifestations actuelles n’ont rien à voir avec celles des années 1990 quand le pays était dans un état misérable. La révolte actuelle a été provoquée artificiellement, parce que aujourd’hui les gens reçoivent des salaires décents et ont des emplois. Dans de nombreuses usines, la production augmente régulièrement, malgré la crise. Récemment, par exemple, nous avons réussi à multiplier par six le niveau des exportations de produits alimentaires vers la Chine. Certains travailleurs sortent pour protester pendant leur pause déjeuner. Car il s’est avéré que l’inspiration extérieure est suffisamment efficace. Beaucoup dépend maintenant des nouvelles manifestations de déstabilisation et de leurs inspirateurs.
Comme nous l’avons entendu, Alexandre Loukachenko s’entretient régulièrement au téléphone avec Vladimir Poutine en ces temps de crise.
– Oui. Il lui parle beaucoup des technologies de révolutions colorées qui sont utilisées aujourd’hui, des groupes de provocateurs qui tentent d’infiltrer notre pays. Le Belarus n’a aucun problème de relations avec les dirigeants russes. Les personnes qui tentent de déstabiliser la situation dans notre pays aujourd’hui veulent également écarter Poutine du pouvoir.
On peut donc dire qu’on l’avertit ?
– Oui. Il dit sans détour que ce n’est qu’une question de temps avant que les mêmes mécanismes de la révolution des couleurs soient transférés en Russie. Il s’agit de créer ici une enclave qui mettra en œuvre le grand projet vers l’Est. C’est censé être un couloir vers Moscou. Je me suis souvent demandé pourquoi le “Grand échiquier” de Zbigniew Brzeziński ne mentionne pas une seule fois le Belarus. Je l’avais invité à une conférence à Rakov. Il n’est pas venu, bien qu’il y soit déjà allé lors d’une visite en Union soviétique avec Leonid Brejnev ; il y a là des tombes de certains de ses ancêtres. Brzeziński a tant écrit sur la Lituanie, la Pologne, l’Ukraine, et rien sur nous. A propos de ses projets pour nous – c’est le silence. Son ancien concept consiste à entourer la Russie d’un cordon de pays hostiles – Ukraine, Belarus, États baltes, Pologne ; l’isolant ainsi de l’Europe. Un certain rôle a également été joué par l’adoption par les autorités biélorussiennes d’une stratégie différente face à la pandémie de COVID-19.
Et comment se comportent les électeurs et les partisans du président biélorussien ?
– Ils ont été dans la confusion pendant un certain temps. Ils ont réagi quand ils ont vu la violence, la brutalité. En fait, les véritables protestations ont été provoquées par la brutalité de la milice. On peut voir que certaines personnes ont voulu faire un sacrifice rituel collectif. C’est pourquoi les provocateurs ont commencé à se comporter de manière suffisamment agressive pour provoquer une réponse décisive et l’implication de forces sérieuses, celles qui sont lourdement armées. Nos miliciens ne sont pas non plus habitués à de telles situations, au fait qu’on leur jette des pierres ou des cocktails Molotov. Nous avons également vu comment les voitures de simples agents de la route ont été délibérément enfoncées par des voitures aux mains de protestataires. Que peut faire son collègue dans une telle situation ? C’est évident : il va poursuivre les auteurs et arrêter tous les gens qui entourent le provocateur ou leur tirer dessus.
L’escalade est donc modélisée d’en haut ?
– Oui. Ses directeurs sont assis confortablement quelque part à Londres ou à New York, buvant du whisky et regardant ces photos avec satisfaction.
Autre analyse très censée, mettant en avant le scénario vénézuélien qui a été tenté avec l’ex candidate Svetlana Tikhanovskaya qui malgré tout le soutien de la presse occidentale ne se révèle vraiment pas à la hauteur. Elle s’adresse du reste au peuple biélorusse en anglais ! C’est bien pour les financeurs mais pas sûr d’être comprise dans les usines biélorusses ! Mais est-ce le principal ?
Guaido, président du Bélarus
Publié le 16/08/2020
https://plumenclume.org/blog/592-guaido-president-du-belarus
Par Israël Adam Shamir
Ce n’est pas encore fini, mais Loukachenko peut-il survivre à la tempête ? Depuis les élections présidentielles du 9 août 2020, le Bélarus a connu une vague de protestations en bonne et due forme. Les manifestants affirment que les élections ont été truquées, tout comme les dames aux chapeaux de chatte en accusaient Trump en 2016. Les protestations sont présentées au monde entier à travers la loupe de la machine à fake news mondiale. Il existe des douzaines de canaux médiatiques, qui traitent tous du thème du truquage des élections et de la répression des manifestations.
Mais la répression biélorusse n’est pas un sujet brûlant, sur place. La foule n’est pas nombreuse, car les Biélorusses sont des gens très civils et obéissants, ils attendent même que les feux passent au vert (une qualité rare à l’Est). Malgré les provocateurs et les révolutionnaires formés par Soros, il y a peu de blessés, bien moins que n’en fait la confrontation moyenne entre vos manifestants dans l’air du temps et la police locale, qu’ils s’appellent Gilets Jaunes ou Black Lives Matter.
Un manifestant a essayé de lancer une grenade à main dans les rangs de la police ; il a raté son coup, la grenade lui a explosé dans la main et il est mort de ses blessures. Cet incident est déjà présenté par les médias comme un “meurtre de masse” et même un “génocide”. Les ambassadeurs de l’UE sont venus déposer des fleurs sur le lieu de son martyre. Ce dernier héros médiatique est devenu le nouveau George Floyd, une comparaison pertinente car le malheureux artilleur bélarussien avait également un riche casier judiciaire. Ils sont en train de produire un autocollant BLM où le B désigne la Biélorussie. Faut-il parler de “détournement culturel” ou de “non respect des règles d’utilisation” ? YouTube pourrait leur taper sur les doigts automatiquement, pour le copyright.
Les présidents de Pologne et de Lituanie ont proposé leur médiation, impliquant que Loukachenko devrait se retirer. Cette offre n’est guère tentante. En 2014, le président ukrainien de l’époque avait accepté l’offre de médiation européenne et en quelques jours, il s’était vu contraint de fuir en Russie.
Loukachenko est d’une autre trempe ; ses policiers ont réussi à faire taire les protestations, qui n’étaient de toute façon pas si fortes. Il est encore trop tôt pour parier si la révolution de couleur va définitivement échouer ou gagner. Mais quelle donc est la cause des protestations, au-delà des plaintes commme quoi la vie est injuste ? Qui finance et organise ces manifestations ?
La Biélorussie, richement dotée, a un certain nombre de prétendants. Les ennemis de la Russie au sein de l’OTAN veulent déplacer leurs chars à portée de tir de Smolensk ; la Pologne veut retrouver son ancienne dépendance (la Biélorussie a été sujette des Polonais pendant des centaines d’années). La Russie veut avaler la Biélorussie, mais Papa Loukachenko est trop coriace pour leurs mâchoires.
Un danger supplémentaire pour la souveraineté du Belarus, c’est l’entité opaque et puissante qui a organisé la réaction excessive du monde entier au coronavirus et a mis des milliards de personnes en détention. Loukachenko est le héros qui a rejeté toutes les injonctions au confinement ; le Belarus est resté calme et libre au milieu de l’hystérie mondiale. Les Bélarussiens ont pu applaudir leurs matchs de football tandis que le reste du monde battait en retraite et se terrait. À Pâques, les églises du Belarus sont restées ouvertes et la messe a été célébrée. Le 9 mai, jour de la Victoire en Europe, les Biélorusses ont eu leur défilé de la Victoire, tandis que même Poutine aux yeux d’acier était contraint d’annuler le sien. Une telle désobéissance au régime mondial devait être punie.
Comme Fidel Castro avant lui, Papa Loukachenko dirige son pays depuis des générations. Il a été réélu tous les cinq ans depuis 1994, année où lui, le plus jeune homme politique d’Europe, a battu le Premier ministre sortant lors d’une élection ouverte. Aujourd’hui encore, à 65 ans, sa stature n’est pas éclipsée. Ses résultats à Minsk, la capitale, ont dépassé les 60 % ; son principal concurrent a obtenu 15 %, tandis que pour l’ensemble du pays, il a obtenu environ 80 % des voix, un résultat impressionnant. Trop impressionnant, disent ses ennemis. En tout cas, il ne fait aucun doute qu’il a remporté la majorité des voix de ses compatriotes.
Le Belarus est un État mono-ethnique, avec très peu de diversité ; il n’y a pas de partis politiques forts, pas de médias puissants et indépendants, pas d’oligarques, pas de super-riches. Il est encore très soviétique, mais dans une version très élaborée, propre, moderne, bien remise à jour (l’URSS était assez misérable). Autre différence : pas de politique de parti. Alors que les Soviétiques ont toujours été dirigés par le parti communiste officiel, Loukachenko n’a pas de parti. Il n’aime pas les partis parce qu’ils séparent les gens. Il veut que les gens soient unis – et ça marche. Il n’y a pas de parti d’opposition important. L’opposition dit : “AGL [Alexander Grigoryevich Lukashenko], partez, vous avez gouverné pendant trop longtemps, nous en avons assez de vous”. Un citoyen sain d’esprit ne votera pas pour des gens qui n’ont pas d’autres objectifs que la convoitise du pouvoir. Être fatigué d’un président n’est pas vraiment un bon argument.
Après le premier sondage, les “élections truquées” sont devenues le cri de guerre de l’opposition. Comme les Clintoniens, qui ne pouvaient pas croire que quelqu’un voterait pour Trump, l’opposition en Biélorussie ne pouvait pas imaginer pourquoi les gens voteraient pour ce vieux fossile (65 ans). En effet, de telles revendications sont l’aliment de base de la politique moderne ; il n’y a guère de pays au monde où les résultats des élections ne soient pas contestés. On prétend toujours que les résultats ont été falsifiés, que le peuple a été induit en erreur, que le président élu ne méritait pas d’être élu, que ce sont des ploucs racistes qui ont voté pour lui ou que la Russie a fait basculer les sondages. Les raisons pour lesquelles les résultats des élections ne devraient pas être reconnus n’ont d’autre limite que celles de l’imagination humaine.
La dernière victoire électorale d’AGL a été officiellement reconnue par les pays du monde entier. Il a été félicité par les présidents de la Chine, de la Russie, de la Turquie ainsi que par le patriarche de Moscou Kyril (l’Église du Belarus fait partie intégrante de l’Église orthodoxe russe). L’opposition tente de stimuler l’intérêt pour un changement de régime en suivant les manuels de Gene Sharp : faire monter la température avec des attaques contre la police, puis la rafraîchir avec des filles vêtues de blanc distribuant des fleurs et posant avec ces mêmes flics. C’est la carotte et le bâton. Le point et le contrepoint. Le combattant de la liberté et le martyr. Cette technique a fonctionné avec succès dans de nombreux pays, et sera probablement mise en oeuvre en novembre aux États-Unis.
Le Belarus nous montre en quoi consiste vraiment “l’ingérence étrangère dans les élections”. On n’en est plus à placer quelques publicités sur Facebook. On forme des centaines de jeunes hommes aux arts obscurs de la guerre urbaine : la recette pour bien utiliser les cocktails Molotov, le braquage de voitures, l’infiltration transfrontalière, la contrebande d’argent, le recrutement et le paiement de mercenaires, comment gérer un centre de crise 24 heures sur 24 depuis l’étranger, où et comment attaquer la police, comment préparer et mener une révolution de couleur scénarisée – voilà comment l’ingérence étrangère influence les élections au Belarus.
Que veulent les manifestants au-delà de la suppression d’AGL ? Il s’avère qu’ils ont un programme : ils veulent faciliter l’embauche et le licenciement des travailleurs, mettre fin à la protection par les syndicats et à la législation sur le droit du travail, et mettre fin à la réglementation des prix. Ce sont les idées néolibérales habituelles, mais voici la plus importante : ils prévoient de privatiser et de vendre les actifs du pays. Seulement voilà, c’est là que leur front unifié s’effondre : l’opposition pro-occidentale veut vendre la Biélorussie à des investisseurs occidentaux, tandis que l’opposition pro-russe veut la vendre aux oligarques russes. Ces actifs sont appétissants et abondants, car 80 % de l’industrie et de l’agriculture restent dans le domaine public, plus que dans tout autre État européen.
La Biélorussie est le dernier vestige de l’Union soviétique, la dernière république socialiste soviétique. L’URSS était fondée sur la propriété de l’État sur les moyens de production, c’est-à-dire les usines, la recherche, l’industrie et l’agriculture. Dans la Fédération de Russie, ces biens nationaux ont été privatisés par Boris Eltsine et donnés à quelques oligarques. Ce n’est pas le cas en Biélorussie. Leur industrie est toujours un bien national ; leurs exploitations appartiennent toujours à des coopératives agricoles locales et non à des exploitations agricoles mondialistes.
Le Belarus est toujours assez riche ; son industrie a été modernisée, tout comme son agriculture. Ils produisent et exportent beaucoup de tout, principalement vers la Russie voisine. L’Europe s’intéresse peu aux camions et aux saucisses du Belarus parce qu’ils ont leurs propres camions et saucisses à vendre, mais la Russie les achète parce qu’elle les préfère et sait qu’ils offrent un bon rapport qualité-prix. Les produits laitiers, les meubles et la mode biélorusses continuent d’être populaires en Russie.
Le Belarus a hérité de deux énormes raffineries, l’une à Mozyr et l’autre à Novopolotsk, capables de transformer le pétrole brut et le gaz en produits prêts à l’emploi. La Russie produit du pétrole brut et du gaz, le Belarus raffine le tout ; ils devraient pouvoir faire de bons bénéfices en travaillant ensemble. Mais les oligarques russes derrière Gazprom ne se satisfont pas de leur part habituelle, ils ont donc créé une société intermédiaire basée en Lituanie ; la société “achète” le gaz russe et le “vend” ensuite au Belarus. Les paiements biélorusses sont redirigés à l’étranger vers les comptes bancaires off shore des oligarques. Une partie atteint finalement les caisses de l’État russe, mais beaucoup de versements s’égarent.
Gazprom a continué à augmenter le prix du pétrole livré aux raffineries biélorusses jusqu’à le facturer plus cher à ce pays ostensiblement allié que les États hostiles que sont l’Ukraine et l’Allemagne. En réaction, la Biélorussie s’est tournée vers le raffinage du pétrole norvégien et saoudien : il était moins cher que le pétrole russe. Maintenant, ils raffinent le pétrole américain. Depuis, la Biélorussie a décidé de couper les vivres à la société intermédiaire de Gazprom, et la police biélorusse enquête maintenant sur le détournement de fonds de l’État russe vers des comptes offshore. Les oligarques russes sont très mécontents de tout cela ; ils financent maintenant les manifestations biélorusses et une campagne bruyante contre AGL dans les médias et les réseaux sociaux russes.
Le président Poutine a un autre jeu en tête. Il aimerait voir la Biélorussie rejoindre la Russie en tant que république constitutive. Il ne tient pas particulièrement à AGL (qui a pourtant résisté à l’hystérie du coronavirus encore mieux que lui), mais il ne veut pas non plus être dirigé par ses oligarques. C’est pourquoi il a exprimé son soutien lors des élections et a félicité AGL pour sa victoire. Mais les médias russes continuent de jouer contre Loukachenko, que ce soit à la demande des patrons des médias ou en raison de leur désir de se faire l’écho de leurs frères occidentaux.
Tous les oligarques, à l’Est comme à l’Ouest, voudraient détruire le dernier vestige de l’URSS et effacer toute possibilité d’en tirer des leçons. C’est ce qui ressort des élections et de la tentative de changement de régime. Les succès de la Biélorussie d’AGL, ça les agace. Si vous pensez que le socialisme n’est pas une stratégie qui marche en matière d’économie, pensez au Belarus et réfléchissez-y à deux fois.
Pendant un certain temps, au moins jusqu’en 2015, l’économie du Belarus était celle qui connaissait la croissance la plus rapide en Europe ; son PIB augmentait de 10 % par an. Après le terrible effondrement de 1991, le Belarus a été le premier à rebondir (en 2002), tandis que la Russie est restée à la traîne jusqu’en 2006. Il suffit de regarder les faits : (1) la destruction totalement inutile de l’URSS a entraîné une reprise économique complète en 16 ans seulement pour la Russie partiellement privatisée ; (2) la Biélorussie, propriété de l’État, a pu rebondir en 12 ans ; (3) l’Ukraine, totalement privatisée, n’a jamais pu se redresser. Aujourd’hui encore, leur économie représente 65 % de ce qu’elle était au cours de la dernière année soviétique, en 1990.
Vous pouvez voir dans le graphique ci-dessous du PIB de la Russie (en gris clair) et du Belarus (la ligne continue) entre 1990 et 2018, que le bon vieux Belarus s’est plutôt bien débrouillé sous AGL. Là-bas, les salaires ont augmenté plus rapidement que la productivité du travail (contrairement, par exemple, aux États-Unis ou au Royaume-Uni où la productivité du travail a augmenté alors que les salaires ont stagné) ; il n’y avait (et n’y a) pratiquement pas de chômage au Belarus.
Après 2015, la Biélorussie a stagné, ce qui était étroitement lié à la stagnation de l’économie russe, mais ils se sont quand même bien débrouillés.
L’un des secrets de la réussite du Belarus c’est qu’il n’y a pratiquement pas de corruption. Nombre de sympathiques hommes d’affaires russes m’ont dit qu’il est presque impossible de corrompre un fonctionnaire biélorusse (contrairement à la Russie où les fonctionnaires sont légendairement corrompus). Ils m’ont dit que le KGB biélorusse (ils ont conservé le nom de la marque) est toujours vigilant, toujours en train de lutter contre la corruption. Ils ont un système bancaire transparent, et le soutien des citoyens bélarussiens moyens à l’éthique de la lutte contre la corruption fait qu’un fonctionnaire bélarussien est très, très réticent à accepter un pot-de-vin. (Il faut le verser dans une banque européenne à l’étranger, et ce n’est pas chose facile dans le climat actuel).
En tant qu’État post-soviétique, le Belarus est assez strict. Si le pays est tellement propre, c’est parce qu’AGL est connu pour faire des rondes personnellement dans les rues. S’il découvre des ordures qui traînent, il appelle le maire local et l’oblige à les nettoyer immédiatement. Il a plus qu’une touche de Lee Kuan Yew (LKY), le légendaire Premier ministre de Singapour de 1959 à 1990. Peut-être AGL tiendra-t-il aussi longtemps que LKY (31 ans !), alors qu’il a 26 ans d’ancienneté.
Une autre marque de rigueur c’est la taxe spéciale que les personnes sans emploi sont obligées de payer. C’est l’héritier de l’impôt soviétique sur les parasites. Une personne qui ne travaille pas peut même être jugée et condamnée. Le socialisme biélorusse n’est pas un refuge pour les fraudeurs à l’aide sociale.
L’impôt moyen en Biélorussie est de 30%, sauf si l’on travaille à distance dans l’industrie informatique. La Biélorussie, qui connaît bien l’informatique, compte 75 000 consultants, ingénieurs et techniciens en informatique qui travaillent pour des entreprises situées dans l’UE, en Russie et aux États-Unis. Si le salaire moyen au Belarus est d’environ 500 dollars par mois, les spécialistes en informatique gagnent plus de 2 500 dollars et ne paient que 7 % d’impôts. Je soupçonne AGL de vouloir faire en sorte que ça leur coûte moins cher de payer l’impôt que de l’éluder. On pourrait penser que ces gars seraient heureux, mais ils ne le sont pas. Beaucoup d’entre eux se sont joints aux protestations. Ils veulent une société plus libérale, et c’est naturel.
Les États-Unis veulent mettre Loukachenko de leur côté, et l’astucieux AGL est prêt à jouer le jeu. Il traite maintenant le pétrole américain dans ses raffineries. AGL veut rester ami avec tout le monde, et son nouvel ami proche, c’est la Chine. En Biélorussie, les hommes au pouvoir disent que leur pays va devenir la plaque tournante de la Chine en Europe. Le Belarus est très, très proche de la Russie, mais il a aussi peur d’être englouti et dévoré par ce géant ami. Si la pression sur AGL ne cesse de s’accroître, il pourrait devoir décider de passer par-dessus la barrière et de rejoindre la Russie. Les États-Unis le savent et essaient de ne pas trop le pousser à bout, mais les Russes sont assez intelligents pour encourager les protestations dans ce but précis.
Loukachenko va-t-il libéraliser son État ? Est-ce possible, sans pour autant renoncer à tous les acquis sociaux durement acquis ? Je n’en suis pas si sûr. Tant que les puissances impérialistes participeront aux échanges commerciaux, il n’y aura probablement aucun moyen de créer un État socialiste libéral. C’était la conclusion de Vladimir Lénine : il écrivait que le stade libéral serait atteint lorsqu’il n’y aurait plus de prédateurs à l’affût. Et il n’a pas traîné pour écraser la révolte de Cronstadt.
Les travailleurs du Belarus doivent comprendre ce qui leur arrivera si les rebelles remportent la victoire. Leurs industries seront vendues et démantelées afin qu’ils ne puissent pas concurrencer les vendeurs préférés des mondialistes, comme cela s’est déjà produit en Russie, en Pologne et en Lettonie. Le terrible exemple de l’Ukraine devrait les tenir à l’écart de la révolte. Mais cela suffira-t-il?
Ces différends devront peut-être être résolus par la force, si les manifestants n’acceptent pas le vote démocratique. Si les néolibéraux n’acceptent que la force, alors il faut employer la force. La force devra peut-être décider si le socialisme bélarussien survivra ou non. Après tout, les révolutions de couleur ne sont pas condamnées à réussir – elles ont échoué dans de nombreux pays. En cas de coup d’État pro-occidental, la Russie est susceptible d’intervenir, comme le lui permet le traité de l’OTSC. Mais la Russie n’est pas favorable au socialisme, que ce soit à Minsk ou ailleurs.
Mon conseil à l’administration américaine: il est temps de capitaliser vos succès au Venezuela. Lorsque les États-Unis n’étaient pas satisfaits du président du Venezuela, M. Maduro, ils ne se sont même pas soucié du résultat des élections, mais ils ont choisi (“reconnu”) un certain M. Juan Guaido, un membre plutôt jeunot de l’opposition. Ils lui ont attribué les actifs du Venezuela, y compris tout l’or que le pays gardait négligemment à la Banque d’Angleterre ; ils ont repris les ambassades vénézuéliennes et les ont données à M. Guaido, et l’homme a signé avec gratitude un contrat promettant des millions aux mercenaires basés aux États-Unis pour enlever le président actuel et introniser M. Guaido.
Aujourd’hui, l’Occident est mécontent des élections présidentielles en Biélorussie. Les Biélorusses se sont obstinés à reconfirmer leur président, M. Alexandre G. Loukachenko (AGL), dans ses fonctions, et c’est lui-même un homme têtu qui refuse de vendre les actifs de son pays et d’inviter les chars de l’OTAN. Mon conseil aux dirigeants américains est de réutiliser M. Guaido, de le reconnaître comme le nouveau président du Belarus et d’en finir avec AGL. Pourquoi prétendre que les trahisons sont différentes quand il s’agit de vendre des pays différents ? M. Guaido a prouvé son dévouement à l’Oncle Sam ; il a déjà l’expérience d’un président “reconnu” et non élu. Vive le président biélorusse Guaido !
P.S. Sur Beyrouth. Certaines personnes suggèrent qu’il y a eu des frappes “mini-nucléaires”. J’en doute, car ni Israël ni les Etats-Unis ne possèdent la technologie requise, comme me l’a dit un physicien russe. Seule l’URSS possédait la technologie des mini-nukes ; la Russie a hérité de quelques exemplaires ad hoc; depuis des années, il n’en a pas été fabriqué de nouveaux.
Le problème est que les mini-nukes sont fabriqués à partir de californium et d’isotopes similaires, et ne peuvent être produits que dans le cadre d’une production à grande échelle de plutonium de qualité militaire, comme sous-produit. Israël n’a jamais produit autant de plutonium, et les États-Unis utilisent un processus totalement différent. Je conseille donc de prendre les révélations sur les “mini-nukes” avec des pincettes.
Joindre l’auteur: adam@israelshamir.net
Traduction: Maria Poumier
Source: Unz.com et bientôt rendez-vous sur israelshamir.com (car Unz est bloqué sur Facebook)
Revue Méthode
http://www.revuemethode.org/m082010.html
Les révolutions sont un phénomène à la fois anti-démocratique et anti-politique. Anti-démocratique, car elles doivent permettre à une minorité de prendre le pouvoir contre une majorité. Et anti-politique, car, en conséquence de ce qui vient d’être écrit, elles impliquent obligatoirement le recours à la rue et à la force, en contournant les mécanismes politiques prévus de passation du pouvoir. La tentative de révolution en Biélorussie n’échappe pas à la règle. Mais elle intervient après le Maïdan ukrainien, les recettes ne prennent plus aussi facilement et la Russie a enfin exprimé sa position officielle, en soutien à Loukachenko.
Nous avions détaillé la préparation et la mise en scène de la rue dans notre texte précédent 1, la rue, cet élément fondamental qui doit permettre de contourner les urnes. C’est dans cette logique que la porte-parole2 de la candidate d’opposition, déjà en fuite, Svetlana Tikhanovskaya, a déclaré à la radio russe Les Echos de Moscou qu’ils ne demandent ni un recompte des voix, ni un deuxième tour.
C’est surprenant … Si tout le peuple biélorusse a voté contre Loukachenko pour elle et qu’ainsi elle a perdu les élections, du coup truquée, pourquoi pas ne pas demander un recompte ? Car, si tout le peuple biélorusse a voté pour elle, il doit bien en rester des traces … Soit, les traces ont été effacées … Alors pourquoi ne pas demander un deuxième tour ? Sous le feu des projecteurs occidentaux, elle devrait être certaine de gagner … Si tout le peuple biélorusse en a assez de Loukachenko et la soutient … paraît-il … A moins que justement, majoritairement, ces électeurs ne l’aient pas soutenu tant que ça et qu’elle est certaine de perdre dans les urnes. D’où l’importance de la rue, pour donner une illusion de masse. Il y a en 2020 en Biélorussie, 6 844 932 électeurs3 pour une population de près de 9,5 millions de personnes. Même s’il y a eu plusieurs milliers de manifestants dans les rues, nous sommes très très loin de “tout le peuple biélorusse”, qui tourne en boucle dans les médias main stream. Ainsi, la seule légitimité de cette opposition, qui doit compenser son déficit de légalité à gouverner, est purement … médiatique. Ensuite, les leçons du Maïdan ont été tirées. Principalement, trois. La première, qui provoque l’ire des Occidentaux, ire répercutée docilement par les médias “indépendants” donc alignés, est que les forces de l’ordre doivent intervenir immédiatement, pour ne pas laisser la situation pourrir et prendre les proportions que l’on a vues à Kiev. Et le fait que la petite Biélorussie tienne tête et tienne son pays face au monde global, qui a le monopole du cœur (qui parle encore de l’esprit ?) déstabilise l’ordre des choses – tel que voulu. La seconde leçon est de refuser les intermédiaires occidentaux dans d’éventuelles négociations avec l’opposition. En principe, ces négociations sont inutiles, car il ne peut y avoir de compromis : ceux qui ont perdu veulent le pouvoir sans prendre le risque électoral, soit on leur laisse le pouvoir, soit on ne leur laisse pas. Quel compromis ? L’UE4 a proposé son aide pour entrer en contact avec l’opposition, autrement dit pour conduire Loukachenko vers la sortie, puisque c’est la seule position acceptable pour le monde global. Comme ce fut le cas avec la trahison de Yanukovitch en Ukraine. Loukachenko5 a refusé a priori tout intermédiaire et refuse tout contact avec un « Gouvernement en exil » qui est annoncé en dehors des frontières biélorusses, puisqu’il existe un Gouvernement légitime prévu par la Constitution. La troisième leçon a été tirée par la Russie, qui après quelques jours de silence pesant et d’emballement politico-médiatique malgré les félicitations présentées par Poutine à Loukachenko, a précisé sa position officielle lors d’un appel6 téléphonique entre les deux Présidents qui ensemble ont déclaré être certains que la situation sera prochainement réglée et tout faire pour que les forces destructrices n’utilisent pas ces mouvements pour porter atteinte à la coopération entre la Russie et la Biélorussie. La Russie a non seulement condamné les manifestations, mais selon Loukachenko7, Poutine a promis son aide pour garantir la sécurité nationale si cela se trouve être nécessaire.
Sur le front médiatique, nous avons parlé du rôle joué par le média Nexta8, basé en Pologne, dans la construction médiatique et l’organisation des mouvements de foule en Biélorussie. Il y a deux jours, le ministère de l’Intérieur biélorusse a ouvert une enquête pénale contre son fondateur Stepan Putilo9 pour organisation de mouvement de masse. Hier, la Russie a officiellement lancé un mandat d’arrêt contre lui.
K. B-G.
NOTES ET RÉFÉRENCES
1. https://russiepolitics.blogspot.com/2020/08/les-manifestations-en-bielorussie-les.html
2. https://ukraina.ru/news/20200815/1028573849.html
4. https://regnum.ru/news/3037371
5. https://www.interfax.ru/world/721903
6. https://www.rbc.ru/politics/15/08/2020/5f37b6d19a7947ddcdd424d5
8. https://russiepolitics.blogspot.com/2020/08/les-manifestations-en-bielorussie-les.html
9. également connu sous le nom de Stepan Svetlov
Depuis plusieurs mois la Biélorussie est secouée par une crise profonde qui ébranle l’autorité du Président Alexandre Loukachenko. Ce dernier a gagné toutes les élections présidentielles depuis 26 ans et vient de remporter sa 6e victoire, le 9 août dernier, dès le premier tour avec un score de 80,08 %. Malgré ce score chiraquien, son nouveau mandat commence bien mal.
L’un des derniers dictateurs d’Europe
Loukachenko décrit sans ambages ses méthodes comme « autoritaires ». Des milliers de manifestants ont été arrêtés récemment et des opposants comme Viktar Babaryka et Syarhey Tsikhanouski qui voulaient se présenter aux élections ont tout simplement été incarcérés. La femme de Tsikhanouski l’a remplacé dans la campagne mais la veille de l’élection son chef de campagne et neuf de ses collaborateurs ont tous été arrêtés.
Avec Milo Djukanović au Monténégro, Loukachenko est clairement l’un des derniers dictateurs d’Europe. Depuis l’annonce des résultats manifestations et grèves contre le Président se multiplient. Même si ça n’est pas la première fois, on voit que les rangs des opposants s’étoffent. Le maître de Minsk, malgré sa longue expérience, paye aujourd’hui deux erreurs qui peuvent lui coûter sa présidence.
Loukachenko a tenté de poignarder la Russie dans le dos
La Biélorussie, et ses 9,5 millions habitants, est historiquement lié au monde russe. Elle partage l’héritage commun de la Rus’ de Kiev et a fait partie de la Russie impériale de la fin du XVIIIème siècle jusqu’à l’avènement de l’URSS.
Bien qu’il existe une langue biélorusse, la langue la plus parlée demeure le russe. L’économie biélorusse est dépendante de la Russie qui lui propose, entre autres, son pétrole à des prix très compétitifs que les Biélorusses vont ensuite raffiner. Cette dernière décennie, 70% des crédits et Investissements Directs Etrangers proviennent de Moscou ou de la Communauté Économique Eurasiatique. Sans l’aide russe l’économie biélorusse s’écroule. La Biélorussie et la Russie sont tellement proches qu’elles ont signé deux traités qui doivent progressivement les fusionner en une confédération unique. Lukashenko tarde dans la mise en place du projet et Moscou s’impatiente.
Pour montrer qu’elle ne compte pas subventionner Minsk ad vitam aeternam Moscou a augmenté ses prix de pétrole en 2019. Au lieu de montrer qu’il avait compris le message Loukachenko a commis sa première erreur et s’est tourné vers les Atlantistes. Il a ainsi exploré plusieurs partenariats avec des puissances étrangères et a reçu en grande pompe le secrétaire d’Etat US Mike Pompeo en février dernier qui a assuré que Washington pouvait fournir à la Biélorussie 100 % du pétrole dont elle a besoin.
Loukachenko se fait poignarder par les Atlantistes dans le ventre
En faisant cela Loukachenko a commis sa deuxième erreur, il a donné le signal au camp atlantiste qu’il y avait de l’eau dans le gaz avec Moscou. Loukachenko n’a pas calculé qu’il en serait la première victime. Washington et Bruxelles veulent bien mettre la main sur Minsk mais sans l’actuel Président.
Les opposants qu’il a en face de lui dans la rue aujourd’hui sont essentiellement des jeunes soutenus par le camp atlantiste à qui il a tenté de faire la cour.
L’Union européenne a rejeté les résultats des élections et débloqué 53 millions d’euros pour « aider » la Biélorussie, l’OTAN intime Minsk de respecter les libertés fondamentales et BHL s’est déjà précipité sur place pour se prendre en photo avec un chef de l’opposition. Et nous savons tous que quand BHL est dans le coin, un coup d’État n’est pas loin.
S’agit-il d’une révolte de type EuroMaïdan ?
Avant le coup d’État de l’Euromaïdan en Ukraine en 2014 les Atlantistes avaient travaillé le pays depuis plus de 20 ans ce qui n’est pas le cas de la Biélorussie où ces ONG étaient jusqu’à présent peu implantées. L’ONG américaine, National Endowment for Democracy, cache-sexe de la CIA, a dépensé 1,7 millions de dollars pour des actions de changement de régime en Biélorussie en 2019 mais on est loin des 5 milliards que les US avouent avoir dépensés pour renverser le président ukrainien. Contrairement à l’Ukraine, Loukachenko a écrasé les oligarques et n’a pas d’opposition organisée. Pour terminer, les Atlantistes se sont servis de groupuscules néonazis pour faire le coup de force et renverser physiquement Yanoukovitch en Ukraine. Même si des drapeaux biélorusses utilisés sous l’occupation du 3e Reich sont sortis dans les rues ces derniers jours il n’y a en Biélorussie ni le poids historique ni la force de tels mouvements. Les manifestants seront néanmoins aidés par un soutien massif des ONG et élites occidentales qui savent qu’elles ont une opportunité unique de récupérer la Biélorussie avant qu’elle ne fusionne complètement avec la Russie. Elles tenteront le tout pour le tout.
Un enjeu géopolitique majeur
Loukachenko a deux solutions : céder face aux Atlantistes ou demander pardon aux Russes. Il va vraisemblablement demander pardon aux Russes. Ça n’est pas la première fois qu’il joue avec eux mais c’est sûr que ça sera la dernière. Moscou a reconnu officiellement l’élection de Loukachenko mais ce soutien ne sera pas gratuit. Dans un premier temps Loukachenko devra adoucir son règne. L’ère du despote qui contrôle tout est révolu. Il ne peut plus mettre ses opposants en prison et tabasser les manifestants pacifiques. Les terribles images à Minsk de policiers fracassant les manifestants nous ont ramenés aux heures les plus sombres du tabassage de Gilets Jaunes en France. Moscou de son côté ne peut pas laisser tomber son encombrant voisin car l’union avec la Biélorussie est un axe stratégique qui garantit que la région ne tombera pas dans l’escarcelle de l’Otan. La fusion doit être achevée rapidement. De surcroît, la Biélorussie dispose de matériel militaire russe de dernière génération et d’une centrale nucléaire russe neuve à Astraviets que Moscou ne peut pas laisser entre les mains d’une puissance hostile. La Russie a besoin de pouvoir accéder au corridor terrestre entre le Dniepr et la Dvina passage stratégique pour le passage de ses hydrocarbures et axe majeur de la nouvelle route de la soie. Moscou doit enfin s’assurer d’être proche de la trouée de Suwalki qui sépare l’enclave russe de Kaliningrad de la Biélorussie de quelques 60 km. Moscou soutiendra donc le Président actuel et s’emploiera à apaiser la situation au plus vite, le temps que les Biélorusses lui trouvent un successeur qui ne sera pas la marionnette des Atlantistes. On s’orienterait alors vers un scénario similaire à celui qu’a connu l’Arménie en 2018.
Une leçon pour l’avenir
Les Atlantistes vont tout faire pour déstabiliser la Biélorussie et s’assurer que cela puisse avoir des répercussions négatives sur la finalisation du gazoduc Nordstream 2 qui changera la donne énergétique européenne. Ils veulent impérativement couper la Russie du reste de l’Europe. Leurs ingérences en Yougoslavie, en Géorgie ou en Ukraine ont pourtant toutes été catastrophiques pour les autochtones. Avec leurs économies en berne, l’élection présidentielle américaine qui arrive et la crise du Corona virus, Washington et Bruxelles auront-elles vraiment les moyens pour changer le régime à Minsk ? Les Biélorusses dans leur grande majorité ne sont intéressés ni par l’UE ni par l’Otan. Ils veulent plus de démocratie et un meilleur pouvoir d’achat, ce qui est légitime. Ils sont majoritairement pro-russes et savent très bien que le coup d’État de l’Euromaïdan a été catastrophique pour l’Ukraine qui se retrouve aujourd’hui au bord de la faillite et souffre d’une guerre civile au Donbass. Loukachenko a fait son temps et doit préparer son départ. Sa double erreur servira peut-être de triple-leçon pour la suite. Tout chef d’État (même despote) doit écouter son peuple, il ne faut jamais mordre la main qui vous nourrit et surtout : il ne faut jamais laisser rentrer le loup dans la bergerie.
N.M.
De Donbass insider, après les révélations du journal Moskovski Komsomolets sur la provocation organisée par les services ukrainiens (sur leur propre initiative ??) contre la Russie et la Biélorussie et qui a failli marcher auprès de Loukachenko. C’était bien joué mais heureusement raté.
Donbass Insider
L’Ukraine participe activement à la déstabilisation de la situation en Biélorussie
18/08/2020
Des informations concordantes sur l’implication de l’Ukraine dans l’arrestation de 33 Russes en Biélorussie, et dans la déstabilisation de la situation à Minsk apparaissent dans les médias, y compris ukrainiens. Certaines de ces informations confirment que c’est bien le SBU qui est à l’origine de l’opération qui a abouti à l’arrestation de plusieurs des Russes fin juillet 2020. D’autres montrent que le Corpus National, mais aussi d’anciens soldats ukrainiens sont envoyés en Biélorussie par l’Ukraine pour y organiser une révolution de couleur.
Le SBU impliqué dans l’arrestation des 33 Russes et soupçons de trahison au plus haut niveau de l’État
Rappel des faits. Dans la nuit du 29 juillet 2020, 33 Russes étaient arrêtés en Biélorussie, et accusés par les autorités de Minsk d’avoir voulu déstabiliser la situation pendant l’élection présidentielle. L’Ukraine avait alors demandé l’extradition d’un certain nombre d’entre eux, qui ont participé à la guerre dans le Donbass côté RPD-RPL (Républiques Populaires de Donetsk et de Lougansk) alors qu’ils avaient encore la nationalité ukrainienne.
Mais le 6 août, le média russe Komsomolskaya Prava révélait que c’est le SBU (Service de Sécurité de l’Ukraine) qui avait monté cette opération grâce à un faux recrutement de mercenaires pour aller protéger des installations pétrolières au Venezuela. Le but semblait être à la fois de semer la discorde entre la Russie et la Biélorussie, mais aussi, de récupérer des hommes que l’Ukraine pourrait accuser d’être impliqués dans le crash du MH17.
En effet, parmi les questions posées lors du « recrutement » bidon de ces mercenaires, il leur était demandé s’ils savaient manœuvrer un système BUK. Le même système de défense anti-aérienne que l’enquête officielle considère comme étant celui qui a abattu le MH17 !
Cette tentative d’amener de nouveaux accusés sur les bancs du tribunal néerlandais, est confirmée par les médias ukrainiens, qui ont révélé tous les détails de l’affaire, Censor.net en tête.
Dans un article publié aujourd’hui même, Iouri Boutoussov raconte par le menu le plan que le SBU avait mis sur pied pour mettre la main sur 28 des 33 Russes arrêtés, grâce à ses sources au sein des services de sécurité ukrainiens.
Le but était de récupérer 28 des hommes arrêtés, afin je cite « de rendre justice et de remplir à nouveau le « stock à échanger » pour l’échange de prisonniers », qui serait prétendument bloqué par la Russie. En clair, l’Ukraine cherchait, via cette opération menée en Biélorussie, à obtenir 28 otages qu’elle pourrait monnayer contre ses soldats, espions et terroristes détenus en RPD, en RPL et en Russie ! Pour rappel ce genre de méthode (prise d’otages) est typique des organisations terroristes, prouvant s’il en était encore besoin que l’Ukraine est bel et bien devenue un État terroriste !
Et sur les 28 recherchés par l’Ukraine, deux l’étaient pour leur prétendue implication dans le crash du MH17 ! Cette information publiée par Censor.net confirme mon intuition de début août. Si les « recruteurs » leur ont demandé s’ils savaient manœuvrer un système BUK c’était bien pour repérer ceux qu’ils pourraient accuser d’avoir abattu le MH17 !
Pourquoi chercher à amener de nouveaux accusés dans cette affaire ? Pour plusieurs raisons. La première est que l’enquête officielle prend l’eau par tous les côtés façon Titanic. Pire, la falsification des éléments de « preuve » fournis par l’Ukraine (et surtout le SBU) à l’équipe d’enquête et à la justice néerlandaise apparaît de plus en plus au grand jour grâce au travail de plusieurs journalistes et blogueurs comme Anatoly Chary, Max van der Werff, et l’équipe de Bonanza Media. Pareil pour les « preuves » apportées par le groupe Bellingcat.
Alors le SBU essaye de redorer son image passablement ternie par toutes ses falsifications en amenant de nouveau suspects, et de quoi faire un nouveau rebondissement anti-russe dans cette affaire déjà plus que saturée de russophobie maladive.
Mais ensuite le plan dévoilé par Censor.net diverge de celui exposé par KP. D’après les informations des sources de Boutoussov, le but n’était pas initialement d’obtenir une extradition depuis la Biélorussie, mais d’arrêter les Russes directement en Ukraine.
Comment ? Avec l’aide d’agents du SBU qui devaient prendre le même vol que les Russes le 25 juillet. L’un d’eux devait faire semblant d’avoir un problème de santé grave et urgent, et les autres devaient jouer les complices en se prétendant médecins ou autre membres du personnel médical, et assurer l’équipage qu’il fallait atterrir le plus rapidement possible, c’est-à-dire à Kiev ! Une fois que l’avion aurait atterri en Ukraine, les Russes auraient été arrêtés et sortis de force.
Sauf que le plan ne s’est pas déroulé comme prévu, si on en croit Boutoussov.
Le 24 juillet, la veille de la conclusion de l’opération, le chef du département principal de renseignement du ministère ukrainien de la Défense, Vassily Bourba (le même que celui cité par Prozorov dans l’affaire du MH17), et le premier vice-directeur du SBU, Rouslan Baranestki, viennent rendre compte à Volodymyr Zelensky, le Président ukrainien, du déroulement de la phase finale de l’opération.
Lors de la réunion, Andreï Ermak, le chef de cabinet de Zelensky, le premier vice-secrétaire du Conseil de Sécurité Nationale et de Défense (CSND), Rouslan Demtchenko, le chef adjoint du cabinet présidentiel en charge des affaires de Défense, Roman Machovets et la secrétaire de Zelensky, Maria Levtchenko, assistent aussi à la réunion.
Et lors de la réunion, patatras, Ermak annonce qu’il faut repousser l’opération, car il est en pleine négociation avec Dmitri Kozak, le conseiller de Vladimir Poutine concernant la mise en œuvre de la trêve renforcée le 27 juillet, et un futur échange de prisonniers (d’après Ukrainskaya Pravda).
Malgré les récriminations des chefs du renseignement, qui craignent que cela ne fasse totalement capoter l’opération, Zelensky soutient Ermak et donne l’ordre au SBU et au service de renseignement du ministère de la Défense de postposer l’opération jusqu’au 30 juillet, afin d’avoir le temps de mener les négociations avec la Russie.
La suite vous la connaissez, les Russes vont dans un sanatorium attendre leur nouveau vol vers Istanbul, mais dans la nuit du 29 juillet le KGB biélorusse les arrête. Le 31 juillet le procureur général ukrainien demande leur extradition, mais le 6 août le pot aux roses est découvert, et le 7 août, Vladimir Poutine s’entretient avec Alexandre Loukachenko par téléphone et règle la question. Une semaine plus tard, 32 des 33 Russes sont rapatriés en Russie. Le dernier ayant aussi un passeport biélorusse il est resté en Biélorussie.
Entre temps en Ukraine, cet échec provoque des remous. D’après Censor.net, le 3 août, Zelensky organise une nouvelle réunion avec les mêmes personnes que le 24 juillet. Bourba hurle à la trahison, disant que quelqu’un a fait fuiter des informations, ce qui a provoqué l’échec de l’opération. Il exige que toutes les personnes présentes soient vérifiées.
Une demande qui n’a pas été du goût de Zelensky qui le vire deux jours plus tard sans avertissement, par un simple décret, le remplaçant par Kirill Boudanov. Et aucune enquête sur les raisons de l’échec de cette coûteuse opération qui s’est étalée sur un an n’a été lancée.
Pour Boutoussov, la fuite d’information est bien venue d’Ukraine et non de la Russie (il se base pour cela sur les inexactitudes des informations qu’avait le FSB, et la réaction du KGB biélorusse), et que le but était d’attirer l’attention des services secrets de Minsk afin de faire capoter toute l’opération. Il estime même que cela vient des cercles proches de Zelensky, voire du Président ukrainien en personne.
Boutoussov exige que le SBU fasse passer le test du détecteur de mensonge à tous les proches de Zelensky et au Président lui-même, et qu’il ouvre une enquête pour haute trahison ! Il demande aussi que Demtchenko, accusé d’être trop « pro-russe » soit viré par Zelensky, et que la Rada lance une commission chargée de surveiller l’enquête du SBU sur les fuites d’information.
Dans sa conclusion, il en appelle même au peuple ukrainien à se mobiliser si Zelensky ne fait pas ce qu’il demande.
L’Ukraine est aussi impliquée dans la déstabilisation de la situation en Biélorussie
Le problème pour Boutoussov, c’est que les fuites d’information sont en fait légion, et montrent de plus en plus que l’Ukraine s’est lancée dans une vaste opération de déstabilisation de la Biélorussie.
D’abord, la présence d’Ukrainiens, et entre autre de néo-nazis ukrainiens a été prouvée, entre autre, par la découverte sur certaines personnes arrêtées, de cartes de visite à l’effigie de Stepan Bandera (le collaborateur ukrainien des nazis érigé en héros national en Ukraine), et de porte-cartes arborant le logo du SBU.
Carte Stepan Bandera
Slogan ukrainien
Mais aussi par les aveux mêmes de Dmitro Iaroch (ancien chef de Secteur Droit, une organisation néo-nazie), qui a écrit sur son mur Facebook, que depuis 2000 l’OUN (organisation qui avait collaboré avec les nazis) a travaillé en Biélorussie afin de « former » et conseiller les nationalistes (comprendre néo-nazis) biélorusses, avant de les encourager à renverser Loukachenko, comme les Ukrainiens l’ont fait avec Ianoukovitch. En clair, l’Ukraine a formé les néo-nazis biélorusses à l’organisation d’une révolution de couleur.
Et si pour vous cela ne semble pas assez officiel comme implication de l’Ukraine dans la déstabilisation de la Biélorussie, les informations obtenues par l’ancien député ukrainien Alexeï Jouravko sur l’implication directe du SBU dans l’arrivée d’activistes ukrainiens en Biélorussie devraient vous convaincre.
Jouravko a en effet publié les photos d’un document émanant du SBU (quand je vous disais qu’il y a des fuites d’information partout en Ukraine), dans lequel les services secrets ukrainiens ont aidé des activistes ukrainiens à se rendre en Biélorussie via la Pologne pour déstabiliser la situation à Minsk.
Rapport du SBU
Rapport du SBU
Dans ce document, le SBU explique qu’un groupe d’activistes ukrainiens (voyageant dans trois bus loués) a été bloqué plusieurs heures à la frontière avec la Pologne, qu’ils ont finalement pu passer, mais qu’ils n’ont toujours pas pu se rendre vers leur destination finale.
Le SBU déclare soutenir les activités de ce groupe d’activistes via leur agent surnommé « Moudrik », concernant ce qu’ils appellent l’objet « 900 » (qui semble bien être la Biélorussie au vu des activités mentionnées). Le SBU semble s’inquiéter du fait que pour l’instant les « organisateurs » finaux n’ont pas encore pris la décision du franchissement de la frontière entre la Pologne et le territoire de la Biélorussie, et que Varsovie pourrait ne pas être d’accord pour les laisser passer.
Jouravko a aussi confirmé une information publiée par la milice populaire de la RPD, selon laquelle le Corpus National (organisation néo-nazie ukrainienne issue du régiment Azov), recrute des soldats ou anciens soldats ukrainiens ayant entre 25 et 35 ans, une expérience des opérations militaires, et originaires du Nord de l’Ukraine ou qui parlent la langue biélorusse, pour les envoyer participer aux manifestations en Biélorussie ! Le salaire proposé est alléchant : entre 45 et 80 000 hryvnias (entre 1 380 et 2 450 euros).
En clair, l’Ukraine se transforme en supplétif de l’Occident pour mener une révolution de couleur en Biélorussie. L’implication de Kiev dans ce qui se passe à Minsk est désormais évidente, et Loukachenko ferait bien d’extrader tous les étrangers venus déstabiliser la situation en Biélorussie, s’il veut éviter que la situation ne dégénère encore plus.
L’approche « multi-vectorielle » du Président biélorusse vient de se fracasser sur la réalité. L’Occident ne veut pas aider la Biélorussie, il veut la détruire et la piller comme il l’a fait avec l’Ukraine, et cette dernière en bonne esclave servile n’hésite pas à prêter main forte à ses maîtres pour semer le chaos chez son voisin.
Christelle Néant
Discours de Alexandre Loukachenko
Biélorusses, pensez par vous même avant qu’il ne soit trop tard !
Alexandre Loukachenko
Traduction (perfectible) du discours du président Alexandre Loukashenko sur la place de l’Indépendance du Bélarus devant 60 000 participants.
illustration : http://2.bp.blogspot.com/-Vq_B2si0pVo/TYycLRcGNjI/AAAAAAAABd8/uWOTWj4H…
Traduction : Non ! La Biélorussie n’est pas à vendre.
Cher amis !
Merci d’être venus
Je vous remercie vous, les résidents de Gomel ! Nous avons vécu ensemble durant un quart de siècle difficile et jamais vous ne m’avez déçu.
Merci concitoyen de Moguilev et résidents de Vitebsk !
Merci, résidents de Brest et de la province de Brest où j’ai passé les années les plus difficiles de ma jeunesse, les années de mon service militaire.
Merci, résidents de Grodno !
C’était alors, au milieu de la décennie 1990 quand nous commencions notre campagne électorale avec vous, résident de Grodno.
Merci, habitants de Minsk !
Vous m’avez supporté durant un quart de siècle, moi, un personne qui vint à vous depuis la province.
Chers amis, je ne vous pas appelés ici pour me protéger, bien que ce soit pour cela aussi ! Vous êtes venus ici pour que pour la première fois en un quart de siècle vous puissiez défendre votre pays, l’indépendance, vos épouses, sœurs et enfants !
Je ne voulais pas vous inviter sur cette place. Premièrement parce que je sais que beaucoup ont des choses à faire chez eux. Ils sont en train de faire le pain. Je sais que bientôt commencera l’année scolaire. Et vous avez beaucoup de préoccupations pour préparer vous enfants et petits-enfants pour l’année scolaire. Et, le plus important, je me souviens des années 1990 : les gens se postaient ici, des travailleurs avec des casseroles et des biberons, et demandaient à manger, demandaient qu’on nourrisse les enfants. Et je le vis ici depuis cette fenêtre (le meeting se déroule près de l’édifice du gouvernement où Loukashenko travaillait comme député – note de BELTA, l’agence de presse de Biélorussie). Et depuis j’ai juré de les aider et de ne pas permettre des “places” dans le destin des biélorusses.
Je ne suis pas partisans des rues et des places, je ne suis pas partisan des meetings. mais par malheur ce n’est pas de ma faute si j’ai du vous appeler pour vous demander de l’aide.
Chers amis, alors au milieu de la décennie 1990, dans des meetings et sur des places, malheureusement, et ici au parlement, nous avons détruit ce que Dieu nous a donné : notre énorme et grand empire, sans lequel aucun problème au monde ne pouvait se résoudre.
Nous avons le moignon sanglant de cet empire. Que voulaient ces personnes alors ? Ils demandèrent un morceau de pain. Ils demandaient 20$ de salaire, ils demandaient d’ouvrir, de mettre en marche et de sauver des fabriques. Ils demandaient un tracteur, une moissonneuse pour sauver le village, pour qu’ils puissent travailler dans un village, pour qu’il y ait du lait, de la viande et du pain sur les étals de Minsk
A l’époque ils demandèrent de ne pas privatiser les fabriques et les usines. Vous demandiez de ne pas enlever la terre aux paysans. Vous demandiez de ne pas privatiser la médecine et l’éducation payante. Vous demandiez de rendre honneur à l’officier et au soldat qui avait peur de […]
En résumé, vous me demandiez à moi, une personne très jeunes et sans expérience, d’éloigner les gens de l’abîme. Nous l’avons fait ! Nous avons fait ce dont révèrent des millions de nos prédécesseurs. Nous avons construit un état souverain indépendant pour la première fois de notre histoire ! Le temps nous a élu alors et nous avons réussit à le faire !
De plus, je parlerai et m’adresserai à vous, mais pas seulement. En absolu je ne m’adresse pas à vous. Je veux m’adresser à ceux qui aujourd’hui sont perdus et désorientés. Et peut-être, à ceux qui ne sont pas sur cette place. Je veux leur demander : que voulez vous aujourd’hui ? Premièrement ils veulent la liberté ? Dites moi qu’elle liberté ? Ils veulent un changement ? Qu’allons nous changer ? Il veulent des réformes ? Dites lesquelles, nous commencerons demain ! Ils veulent de l’argent de l’hélicoptère ? Mais vous savez, vous qui vous trouvez sur la place, qu’il n’y a pas “d’argent de l’hélicoptère”, cet argent doit se gagner tous les jours. Et sur une place mais les champs, les fabriques et les usines.
Quelqu’un veut de nouvelles élections. Regardez par la fenêtre ! Des tanks et des avions à 15 minutes de vol de nos frontières ! Et cela n’est pas anodin. Les troupes de l’OTAN font claquer leurs semelles à nos portes. Il y a une accumulation de moyens militaires aux frontière occidentales de notre pays. Le Lituanie, la Lettonie, la Pologne et, malheureusement, notre chère Ukraine, leur dirigeant nous ordonnent de refaire de nouvelles élections.
Si seulement nous suivons leur exemple nous entrerons en chute libre et jamais nous en stabiliserons notre avion. Nous périrons comme Etat, comme peuple et comme nation.
Au lieu d’être la-bas, en manœuvre militaire, à l’ouest pour démontrer notre force, nous maintenons nos jeunes hommes dans le rues et les places pour les calmer (les manifestants, note de BELTA) Est-ce bien, soldats ?
Ils nous offrent un train (ils nous offrirent ceci) de Vilnius à Kiev. Nous mettrons plus de 300 milles de nos gens la-bas. Ce “train” est un cordon sanitaire que nous avons détruit au milieu de la décennie 1990. Et c’est pour cela qu’ils nous haïssent tant en occident. Nous ne devons pas nous convertir en cordon sanitaire en l’est et l’ouest ! Nous ne devons pas nous convertir en latrines pour l’Europe !
On nous offre un nouveau gouvernement. Il a déjà été créé à l’étranger. Et il y en a même deux. Ils ne savent pas qui viendra nous guider. Mais souvenons-nous de l’histoire. Il y avait une foule de ces gouvernements, et maintenant l’un d’eux ce trouve aux États-Unis. Il y en a trois de ce type. Nous n’avons pas besoin de gouvernement d’outre-mer ! Nous avons besoin de notre propre gouvernement, notre propre direction, et nous l’élirons !
On nous offre un nouveau pouvoir. On nous offre des soldats de l’OTAN. Ils veulent nous habiller de sandales et nous fouetter. Ne veulent il pas voir cela ? Si c’est ce que quelqu’un veut, ce sera sans moi ! Jamais je ne mettrai notre Etat à la poubelle. Jamais je ne détruirai ce qui fut créé par nos mains ! Cela n’arrivera pas !
Mais moi, comme vous tous et ceux qui nous écoutent, ont des enfants et de petits-enfants ! Et je veux qu’ils vivent, comme nous avons vécu durant un quart de siècle, sur notre terre, dans notre Etat ! Mal, moins mal, bon, meilleur, mais sur sa propre terre avec sa propre âme !
ET maintenant pas pour un meeting, mais je dois vous dire cela, car vous êtes venus ici depuis la lointaine citée de Braguin, vous êtes venu de Malorita, du nord de notre pays, de l’est, de l’ouest. Peut-être que je n’ai pas l’opportunité de tout vous raconter : oui nous suivions un chemin difficile, oui quelqu’un pourrait ne pas apprécier ma politique, le gouvernement n’est pas ainsi. Mais vous et moi avons approuvé ce pouvoir au milieu de la décennie 1990 par l’adoption d’une nouvelle constitution. Ensuite ils ont demandé qu’on mette les choses en ordre. Je l’ai fait ! Ils demandèrent d’éviter la corruption et l’apparition d’oligarques. Où sont les oligarques ?
Ils demandèrent de nettoyer les rues de Minsk et les routes des bandits. je lai fait pour vous !
Avec force, avec une volonté de fer, avec jeunes hommes qui aujourd’hui sont diffamés (avec leurs pères) nous avons pris les armes, nous étions peu et nos avons lutté contre eux (les bandits – note de BELTA). 32 bandes à Minsk ! Une quantité énorme sur l’autoroute de Brest, de voleurs et bandits qui tuèrent les nôtres ! Nous les avons tous éliminés en six mois.
Et je veux leur demander à ce petit groupe de jeunes de Minsk : avez-vous entendu parler de cela ? Avez-vous une fois écouté comment ces bandits se sont moqués de nos gens, comment ils ont volé jusqu’au dernier sou, comment ils ont tiré ici même quand j’étais assis dans cet édifice ? Savent-ils même combien cela nous à coûté ? Ils ne le savent pas exactement. Probablement leurs parents sont tombé malade et ont oublié et ne leur ont pas raconté. Alors je vais leur rappeler : 32 bandes que nous avons détruites avec ces types : Unités d’Intervention de la Police, policiers, soldats qui me suivirent.
Ils me demandèrent à moi, un homme jeune qui ne savait pas d’où sortir l’argent. Ils pleuraient eux et leurs épouses – “20 $ Alexander Grigorievich, il n’y a rien pour alimenter les enfants !” Nous avons donné plus ! Et seul un aveugle ne le voit pas ! Oui c’est sûr, nous ne sommes pas riche, mais les salaires ne sont pas de 20 $. (salaire du pays – note de BELTA) Nous vivons comme nous le pouvons, mais nous vivons sur notre propre terre !
Ils nous ont demandé d’enseigner aux enfants et de soigner les gens. Nous avons enseigné et soigné !
Et nous ne soignons pas pire que les autres, comme l’a démontré l’histoire récente. Que n’importe qui n’étant pas aveugle lève les bras au ciel. Professeurs, médecins, intellectuels créatifs regardez les données. Nous suivons notre propre chemin dans cette pandémie, nous n’arrêtons pas le pays, pas même une seul usine ou village ne fut fermé. Et aujourd’hui les gens nous remercient pour ceci !
Aujourd’hui encore on me reproche un mauvais choix, il n’y a pas de distanciation sociale … Mais regardez-les : se distancient-ils dans les meetings et sur les places (les opposants à l’actuel gouvernement – note de BELTA) quand on leur a donné un ordre depuis l’extérieur ? Entre eux ils ne portent pas de masques et ne respectent pas les distances. Que me reprochent-ils ? Le fait que durant six mois, quand arrivait cette terrible maladie, je me suis coupé en quatre pour que pas une seule personne ne tombe malade.
Avec toutes les difficultés, avec toutes les déficiences, nous avons construit un beau pays avec vous ! A qui décidèrent-ils de le livrer ? S’ils veulent renoncer au pays, même quand je serais mort, je ne les laisserai pas faire !
Cher amis ! Les élections ont eu lieu. Il ne peut y avoir 80% de falsification. Ce ne peut être !
Ils nous proposent de nouvelles élections. Je viens de le dire, si nous plongeons dans ce marécage nous n’en sortirons jamais ! Ils veulent nous détruire, nous affaiblir. Qui organisera ces élections ? Qui ira voter ? Bandits et délinquants !
Allons aux élection et qui travaillera ? Si nous allons aux urnes nous mourons et c’est ce qu’ils veulent là-bas à l’extérieur.
Ils disent que nous faisons preuve de dureté ou de cruauté dans les rues. Alors qui fit naître cette cruauté ? Nous ne la voulions pas ! J’aurais dû l’arrêter ! Si cela n’avait pas cessé vous ne seriez pas ici. Vous seriez courbés face à eux et eux diviseraient et détruiraient le pays. Allons aux élections et renversons le pays !
Aujourd’hui on entend des menaces aux familles des militaires, des fonctionnaires publics, à tous ceux qui ont été du côté de Loukachenko. Je les avertis : ils jouent avec le feu ! Soldats, fonctionnaires, travailleurs, paysans, médecins, maîtres d’école, nos intellectuels sont capable de défendre (et protéger) leurs familles !
Je vous demande maintenant : ne touchez pas aux professeurs, ils ont besoin de se préparer pour l’école ! Ne touchez pas aux médecins, il ne doit pas avoir de “zones rouges” (le COVID-19 n’a encore été à aucun endroit) nulle part et trouver des excuses ! ne touchez pas aux journalistes des médias publics et à leurs familles ! Que dieu ne permettra pas qu’arrive ceci, ils répondront de leurs actes !
Calmez-vous, ne poussez pas les gens vers une confrontation violente ! Ne déshonorez pas le pays : pacifique, prospère et tranquille, que tout le monde nous envie ! Pour ça nous n’avons pas d’ami de suivant. Ils veulent tous que nous nous agenouillions. Nous ne nous agenouillerons jamais !
Mais je suis réaliste. Ecoutez moi : ils ne nous laisseront pas une vie tranquille. Mais si eux (les opposants au gouvernement acutel- note de BELTA) ne se calment maintenant, dans quelques temps ils sortiront en se traînant tel des rats de leur trous. Ils sont déjà contrôlés par des étrangers, marionnettes. Ils voient les frontières de notre Biélorusse ici près de Minsk comme en 1939 et non près de Brest (NDT : la frontière de la RSS de Biélorussie passait près de Minsk suite à la guerre polono-soviétique de 1920 et fut déplacée près de Brest après l’effondrement de la Pologne suite à l’invasion nazie). Cela n’arrivera pas ! Tous nous convertirons en Forteresse de Brest ! (NDT : la Forteresse de Brest résista un mois en 1941 face aux nazis sans espoir de renforts, après guerre elle reçut le titre de forteresse héros, équivalent du tire de ville héros comme Stalingrad ou Leningrad). Nous n’abandonnerons pas le pays ! Biélorusses pensez-y aujourd’hui avant qu’il ne soit trop tard ! Ou demain d’autres y penseront pour nous. C’est pourquoi vous êtes venus m’appuyer, pas seulement moi, mais aussi protéger le pays ! Ne vous repentez pas du temps que vous avez passé pour venir ici, au centre de Minsk !
Cher amis, la valeur de cette action est qu’avec que cela démontre qui est le chef de la maison ! Écoutons leurs voix et entendons qu’ils sont une minorité. Mais eux aussi doivent prendre en compte l’opinion de l’immense majorité, notre opinion !
Eux (les opposants au gouvernement -note de BELTA) me crient : Va-t-en ! Aucun problème ! Écoutez cher amis, je ne suis pas là parce que j’ai un fort contrôle sur le pouvoir. Un quart de siècle, j’ai dédié toute ma jeunesse et les meilleures années pour vous servir vous et notre Patrie.
Il n’y pas de problème ! Les présidents vont et viennent. L’OMON s’en ira (NDT : police anti émeute), nous dissoudrons l’armée et reviendrons nous asseoir sur la place … Qu’attendrez-vous là-bas ? Qui alimenterez-vous demain ? Pour libérer les criminels et les bandits … Il n’y a aucun doute ! Mais ils nous tueront et nous escroqueront nous et nos enfants. Rappelez-vous de cela ! Ils luttent pour le pouvoir.
Nous sommes déjà passés par cela. Certains ne l’ont pas vu, d’autre l’ont oublié. Pourquoi recommencer ? Je vous le rappelle ! Cela ne peut se reproduire ! Arrêtez, ne tuez pas votre futur, le futur de vos enfants avec votre propre mains !
Nous sommes un morceau savoureux pour eux (opposants d’un état biélorusse tranquille et pacifique – note de BELTA) mais un petit morceau. Mangez et ne vous étouffez pas. Pensez ! Le moment est venu dites-vous. Je voudrais leur demander : que vous arrive-t-il Biélorusse ? Ils ont voulu “liudzmi zvatstsa/ s’appeler gens” (людзьмі звацца, note : une phrase d’un poème biélorusse) durant des siècles ! Et souvenez-vous : vous ruinez, pas Loukachenko, vous ruinez le premier président, cela sera le commencement de leur fin. Toujours, comme en Ukraine d’autres pays, il s’agenouilleront et prieront à un inconnu.
Et rappelez-vous, je fais un appel (aux opposants), et vous assurez-vous qu’ils n’allument pas ce feu, parce que, comme l’enseigne l’Histoire, on ne peut jamais construire et demander un morceau de pain, un futur, sur des cendres. Vous serez mendiants, vous marcherez avec la mains tendue et demanderez un morceau de pain alors qu’aujourd’hui nous pouvons nous réconcilier et croître. Nous savons comment le faire ! Nous ne demandons rien à personne. Nous ne voulons rentrer chez nous.
Nous nous occuperons de toutes les questions. Je l’ai prévu, les élections allaient être intéressantes et après les élections cela allait être encore plus intéressant. C’était clair comme de l’eau de roche.
Prenez soin de la Biélorussie ! Parce que déjà elle ne nous appartient plus, mais appartient à nos enfants et petits-enfants ! D’une manière ou d’une autre nous avons vécu à notre manière jusqu’à aujourd’hui. Et nous les laisserions tomber ? Les choses sont très sérieuses. Pour cela je les appelle ici pour qu’ils protègent le pays, qu’ils appuient les personnes qui aujourd’hui vont à la bataille pour vous, pour leur futur.
Prenez en compte que maintenant ils ont sorti un tas d’ordure de tout type : Loukachenko est ainsi, il a de l’argent quelque part, il a une maison … A tel endroit je suis tombé malade, en tel endroit je suis déjà mort … Mais je suis vivant et je vivrai !
Et rappelez-vous, je ne vous ai jamais trahis, jamais ! Et jamais je ne vous trahirai !
Je répète une fois de plus : merci beaucoup de démontrer qui sont les maîtres ; depuis Bragin, Volkovysk, Mogilev et Vitebsk, qui sont les maîtres de ce pays et de cette capitale. Eux (les opposants) se souviendront durant longtemps que nous nous sommes réunis ici. Merci beaucoup ! Je suis agenouillé devant vous pour la première fois de ma vie. Vous le méritez !
Merci, paysans, merci de laisser aujourd’hui votre travail et d’être venus ici. Nous travaillerons demain et terminerons de récolter.
Merci travailleurs ! Ne livrez les usines à personne, ne renoncez pas au travail parce qu’alors vous n’y retournerez pas . Là-bas rien ne fonctionne, jamais ils ne reconstruiront le pays.
Merci vétérans ! Pour votre appui, pour toujours me soutenir !
Merci, soldats de notre armée ! Pour la paix et la tranquillité !
Merci !
NDT : Ce discours a été publié sur le site cubain Cubadebate. Il y a également l’article : L’occident veut répéter le scénario ukrainien publié sur Granma. Comme les Cubains sont experts pour reconnaître les manigances de l’impérialisme, voilà qui devrait dissiper les doutes de ceux qui ont encore des doutes sur la situation biélorusse.
Vous pouvez voir des photos de la manifestation où le discours fut prononcé. Vous pourrez voir que des manifestants arborent des drapeaux soviétiques, le tout sur une statue de Lénine.
»» http://www.cubadebate.cu/opinion/2020/08/18/bielorrusos-piensen-con-su…
URL de cet article 36382
https://www.legrandsoir.info/bielorusses-pensez-par-vous-meme-avant-qu-il-ne-soit-trop-tard.html
Et voici pour compléter le dossier, un échange de points de vue sur la situation, Loukachenko et les exemples du passé. Et à la fin des images de Minsk et de la Biélorussie aujourd’hui, comme “Suisse de l’Europe de l’est” :
…On dirait que l’histoire se répète, que le know-how occidental pour les “regime change” s’affine. Mais cette fois ce n’est pas un oléoduc. Il s’agit du destin politique du dernier morceau pas encore tout à fait mondialisé d’Europe et qui osait conserver des traces d’un certain soviétisme de marché. Cela dit, réduire ce drame historique à l’interventionnisme de Soros et la CIA serait oublier la grave responsabilité de Loukachenko porteur aussi de ce virus dont la gauche n’est pas épargnée et qui fait que certains de ses responsables, se croyant indispensables, insubstituables, ne font que faciliter le boulot de l’ami Soros….”
Effectivement, il s’agit de cela, les ingérences organisées mondialement selon des méthodes de plus en plus affinées et qui exploitent les incontestables faiblesses ou erreurs des dirigeants locaux qui provoquent des mécontentements …Il est toujours tellement plus facile de s’en prendre à son dirigeant local que de se hisser au niveau de la planète pour comprendre qui sont les dirigeants du monde. La conscience internationale, et donc internationaliste, ne vient pas automatiquement …sans éducation politique, et s’il y a une erreur que l’on doit reprocher à Loukachenko (il n’est pas le seul !), c’est l’absence d’éducation politique. En ce sens là, la Biélorussie n’est pas très différente de nos sociétés quasi “normalisées” .
Je pense que s’il faut faire une approximation, ce serait plutôt avec la Géorgie des années 2000
En effet, début des années 2000 l’administration Bush décida de jeter son dévolu sur le Caucase ex-soviétique, plus exactement sur Bakou. Elle projette alors la construction du “plus grand oléoduc de l’histoire” censé lier Bakou (Azerbaïdjan) , Tbilissi (Géorgie) et Ceyhan (Turquie, sur la Méditerranée); oléoduc connu par ses sigles BTC. Il ne s’agissait pas seulement de prendre le contrôle du pétrole caucasien. Il s’agissait aussi, et peut être surtout, d’éloigner pour toujours la Russie de ces ressources.
Un petit problème subsiste : en Géorgie, le président Chevardnadze fait un peu le difficile; ses amis oligarques russes voudraient concurrencer le projet. C’est alors que les promoteurs du projet (pas très soucieux, à mon avis, de la notion “conflits d’intérêts’) Dick Cheney (Haliburton) , Condoleza Rice (Chevron), James Baker (Avocat de la BP-Amoco) et Tony Blair (dont un de ses proche, Lord Brown, était le PDG de la British Petroleum), décident limoger le pauvre Chevardnadze.
>
> Comment ? Organisant, avec l’immanquable G. Soros et autres ONG, une massive contestation des élections parlementaires qui eurent lieu en 2003; notamment parmi les jeunes (sous la direction des experts d’OTPOR, l’organisation de jeunes qui contestant aussi les élections yougoslaves avait animé la chute de Milosevic) (1). Une fois les démonstrations de masse bien réussies, le Conseil de l’Europe (tel que vient de le faire Charles Michel pour l’UE aujourd’hui..), décide ne pas reconnaitre le résultat des élections. La “révolte” monte encore, Chevardnadze démissionne et est remplacé ipso-facto par le filleul de Soros, Mikhail Saakashvili. L’autorisation du passage de l’oléoduc BTC par la Géorgie ne fait que suivre..
On dirait que l’histoire se répéte, que le know-how occidental pour les “regime change” s’affine. Mais cette fois ce n’est pas un oléoduc. Il s’agit du destin politique du dernier morceau pas encore tout à fait mondialisé d’Europe et qui osait conserver des traces d’un certain soviétisme de marché. Cela dit, réduire ce drame historique à l’interventionnisme de Soros et la CIA serait oublier la grave responsabilité de Loukachenko porteur aussi de ce virus dont la gauche n’est pas épargnée et qui fait que certains de ses responsables, se croyant indispensables, insubstituables, ne font que faciliter le boulot de l’ami Soros.
>
VC
(1)..Bush ne pouvait pas choisir mieux pour assurer la tâche. Il chargea le diplomate Richard Miles d’organiser le soft-putsch Chevardnadze; après avoir été ambassadeur à Bakou pour organier le coup d’état qui mit au pouvoir’ Aliyev; puis il fut l’ambassadeur à Belgrade lors de la chute de Milosevic (et le parrain du mouvement Otpor). Véritable diplomate “multi-couleur” (pour les révolutions) Miles fut nommé à Tbilisi pour assurer l’arrivé au pouvoir de Saakashvili)
Je voudrais insister sur le fait que nous manquons de connaissances des enjeux socio-économiques.
Et plus encore, d’informations sur les projets réformateurs en la matière. (Note de stoprussophobie : effectivement, les seuls éléments de programme connus des mécontents dits opposition est un rapprochement avec l’OTAN, l’UE et une politique d’élimination progressive de la langue russe)
Nous sommes, par la force des choses, focalisés sur la seule poersonnalité de Loukachenko.
Qui est déjà un « problème du passé », même s’il n’est pas encore réglé.
C’est pourquoi, il eut été intéressant de mieux connaître les personnalités que l’opposition a invitées dans son conseil. (Note de stoprussophobie : sans aucune légitimité et les seules connues sont souvent des multi-passeports plutôt atlantistes assez bien représentés par la chroniqueuse Alexeevitch, à laquelle les Atlantistes ont fait délivrer un prix Nobel et qui du temps soviétique chantait la gloire de Dzerjinski (fondateur de la Tchéka) et après la chute de l’URSS s’est mise au service des faucons occidentaux en appelant même à assassiner l’écrivain journaliste ukrainien Olessia Bouzina pour son opposition au coup d’état du Maidan de 2014. Alexeevitch a été exaucée et Bouzina assassiné et ses assassins laissés en liberté)
Et plus encore, les économistes qui, dans les coulisses, élaborent des plans pour le cas de « changement de régime ».
Des gens inspirés probablement aussi bien par le tout-libéral moscovite que par le nôtre. (par qui au fait ? En 1991, en URSS, on connaissait les noms des conseillers américains qui, à Moscou, aidaient les Russes à concocter les réformes radicales.
Or, nous sommes à une étape analogue: ce qui se passe au Belarus n’est pas un « Maïdan » ukrainien limité à
un conflit géopolitique et politique entre groupes d’oligarques et régions/langues rivales etc…
A Minsk maintenant, comme à Moscou en 1991, c’est un changement des rapports de propriété qui se prépare,
ce qu’on appellera, selon ses convictions, une « révolution » ou une « contre-révolution ».
C’est « la dernière république soviétique » qui s’en va…c’est le cycle 1917 qui s’achève, avec un peu de retard.
Quelqu’un me disait que ce qui se passe est comparable à la Pologne de 1980 avec « Solidarnosc ».
Evidemment, il n’y a pas de tel syndicat, ni d’Eglise catholique ou de Pape biélorusse…
Mais on peut se rappeller le chemin parcouru par Solidarnosc, depuis le syndicalisme « autogestionnaire »,
jusqu’à l’élaboration de la « thérapie de choc » néolibérale. (Et se souvenir de notre naïveté à gauche où l’on pensait
que le renversement du « régime bureaucratique » allait ouvrir la voie au « vrai socialisme »).
Naïveté aussi de ceux qui avaient pensé que ce « socialisme » était déjà réalisé !
Sans tirer de conclusion quant à ce qui pourrait se passer, dans un tout autre contexte, un monde globalisé, au Belarus,
dans un proche avenir.
JMC
Il n’a pas tort, mais hormis le fait qu’il ne reconnait qu’une partie de ses propres erreurs, il se place désormais sous la protection de Poutine, ce qui peut lui permettre de durer un peu, mais ce qui sur le plus long terme le place aussi sur un siège éjectable, lui, mais c’est peu important, mais surtout l’Etat le plus social et le plus indépendant existant sur le continent européen (à côté peut-être de l’Islande), et cela malgré toutes ses limites. Et ça c’est bien plus grave. …mais peut-être le madré paysan a-t-il encore dans sa besace quelques idées et quelques possibilités ignorées ? En tout cas, cela devient de plus en plus hasardeux.
Mais comme nous connaissons une accélération inouïe de l’histoire depuis quelques mois, bien malin celui qui est en état de décréter qui va s’écrouler le premier. …il n’y a qu’à entendre les discours d’une Nancy Pelosi, de Pompeo ou de Xi Jinping pour s’en convaincre, tout étant “mondialisé” par ailleurs.
Biélorussie: Alexander Loukachenko accuse les Occidentaux de “détourner l’attention” de leurs propres problèmes
D’après Lukachenko s’exprimant au Conseil de sécurité ce 19 août à Minsk, les Européens proposent des entretiens tout en continuant à financer les actions de rue. Le président a remercié les ouvriers qui ne se sont pas joints aux grèves. (Qui sait quelle est la proportion de grévistes ?)
Des slogans plus radicaux apparaissent… voir ci-contre : « Le LOUKAIZM (avec croix gammée) DOIT ETRE ANEANTI »<7145F2FF-E92A-47B2-B49E-08710EB3BBC3_w650_r0_s.jpg>
MOSCOU, par la voix du secrétaire de presse du président Dmitri Peskov, s’est dit opposé à toute ingérence dans les affaires intérieures du Belarus.
Cependant que les rumeurs persistent sur des préparatifs russes d’intervention et d’annexion…mais aussi de « mainmise » sur le changement de régime en cours
RIEN DE BIEN NEUF, MAIS LES MANŒUVRES POLITIQUES VONT BON TRAIN ET LES « PROJETS DE REFORMES » EN CAS DE CHANGEMENT DE REGIME COMMENCENT A ETRE MIEUX CONNUS.
L’EDITION RUSSE DE « FORBES » TITRE : « LE VENEZUELA DE L’EUROPE ». LA NECESSITE DE PRIVATISATIONS EST LARGEMENT RECONNUE DANS LES MILIEUX D’AFFAIRES, TANT BELARUSSIENS ET RUSSES QU’OCCIDENTAUX.
En attendant d’en savoir plus, et de reprendre le fil des informations et réflexions, voici un petit intermède touristique.
MAIS à QUOI RESSEMBLENT ORDINAIREMENT MINSK ET LE BELARUS ?
Des docus de promotion touristique montrent assez bien le centre-ville avec ses eaux et forêts, les quelques restes de la vieille ville détruite par la guerre, l’architecture de la nouvelle ville « horizontale » reconstruite après la guerre en style « stalinempire » et celle, de plus en plus « verticale » des nouveaux quartiers… On remarquera (pour peu de temps encore ?) une ville sans pub…mais une modernisation déjà galopante !
Minsk 2016. DroneLapse
https://www.youtube.com/watch?v=wvNvAW0C5_8
MINSK, ville du soleil
https://www.youtube.com/watch?v=yMiGjuCY0xE
BELARUS. One day in life
https://www.youtube.com/watch?v=hHy_uUnvkho
Le BELARUS (Biélorussie) vu par drone
https://www.youtube.com/watch?v=hVjHgzlhaYo
BELARUS: TOP FIVE SIGHTS
https://www.youtube.com/watch?v=qKlml6QVuko