Immobilier : les conséquences des sanctions occidentales
Conséquences des sanctions anti-russes sur le marché immobilier mondial
L’un des membres de stoprussophobie attire l’attention des lecteurs sur les conséquences des saisies immobilières de Russes par les occidentaux à l’occasion de la tenue à Paris du Congrès de La FIABCI, fédération immobilière internationale
Le congrès de la Fédération Internationale de l’Immobilier (FIABCI) s’est tenu à Paris du 7 au 10 juin. Un événement important dans le monde de l’immobilier qui donne l’occasion de s’interroger sur les conséquences dans ce domaine, déjà éprouvé lui aussi par le Covid et bientôt par la hausse à venir des taux d’intérêts pour les crédits, des sanctions et confiscations occidentales visant des Russes.
La FIABCI se positionne comme l’une des plus anciennes structures internationales dans le domaine de l’interaction des organisations immobilières, d’investissement et de développement dans le monde. Elle a fêté en 2021 ses 70 ans d’existence. Elle a des membres, des professionnels de l’immobilier, dans 49 états mais rayonne en fait sur 70 états, selon ses sites officiels.
Pour son congrès professionnel, l’organisation internationale qui a des consultations avec l’ONU, s’est penchée sur les façons de d’améliorer la vie par les innovations architecturales et bien sûr les questions liées à l’environnement.
Mais un des thèmes est financier et s’est penché sur les conséquences de la pandémie, des tensions inflationnistes à venir et de « la guerre ». Pour l’instant, et sans préjuger de rien de plus grave encore, il s’agit de l’opération militaire russe en Ukraine et surtout des conséquences sur les marchés des mesures prises par les pays occidentaux contre la Russie. Car elles vont immanquablement avoir des conséquences sur l’environnement juridique du marché immobilier et de la marge de confiance que peuvent avoir des acheteurs et plus encore des investisseurs.
Les taxes et les coûts d’entretien des propriétés augmentent dans toute l’Europe, ainsi qu’au Royaume-Uni et aux États-Unis. Et bien que le marché du logement secondaire montre quelques signes de vie, son offre se réduit en raison de la baisse de la demande effective. Le secteur hôtelier ne fait pas mieux. Le secteur hôtelier se remet lentement des conséquences de Covid-19, mais il vient d’avoir une surprise inattendue. Par exemple, la plupart des touristes russes, qui dépensent habituellement beaucoup d’argent, ne peuvent pas se rendre en Europe en raison des sanctions de l’UE, notamment le gel des liaisons aériennes.
Mais d’autres mesures, qui ne semblent pas affecter pour le moment l’économie russe, ont plus encore de conséquences à long terme parmi les investisseurs d’autres pays. Des investisseurs chinois se montrent plus rétifs.
Le marché de l’immobilier est une “marchandise” unique. Il ne peut être comparé à l’achat d’un bijou ou d’une voiture. Avec l’immobilier, c’est différent. Les questions de savoir où moi et mes enfants vivrons demain, et combien cela coûtera au budget familial, ne sont pas vaines, et concernent des millions de personnes en Europe et dans le monde.
Le marché immobilier mondial est gelé de facto, dans l’attente d’une clarification de la situation, qui, en Europe, n’est manifestement pas près de se produire. Ceux qui, à l’étranger, tentent de résoudre tous les problèmes urgents à la place des Européens ne seront probablement pas très concernés.
Il convient de noter que les dirigeants des marchés immobiliers de pays influents tels que l’Inde et la Chine, ainsi que de grands pays du Moyen-Orient, ne sont pas disposés à se plier à un programme prédéterminé. Cela montre clairement que le monde change et que les grands acteurs ne se satisfont pas des obstacles artificiellement créés à la coopération internationale sur les marchés de l’investissement immobilier. En fait, les pays occidentaux n’ont pas seulement isolé leurs marchés de la libre circulation des capitaux russes par les sanctions et des autres par méfiance car ils ont furtivement sapé la foi dans l’inviolabilité, auparavant absolue, de la propriété privée.
Comment la confiscation des biens des oligarques prétendument ou réellement proches de Poutine affecte-t-elle le marché de l’investissement immobilier par exemple en France, en Espagne, en Italie et peut-être au Monténégro et demain en Turquie ? Les clients et les investisseurs de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et de la Chine ne se mettent-ils pas à hésiter ?
C’est à ce niveau qu’une organisation représentative comme la FIABCI pourrait intervenir pour « arrêter les frais » et limiter les conséquences. Ce n’est pas ce qu’elle semble faire et certains en son sein ont même semblé approuver dans les faits l’atteinte au droit de propriété que constituent certaines saisies et confiscations de biens de Russes sur considération essentiellement ethnique, pas toujours bien masquée par des accusations politiques.
Il y a forcément de nombreux grands investisseurs, quelque soit l’origine de leur fortune sur laquelle on s’interroge beaucoup moins la plupart du temps, qui commencent à se rendre compte que demain, ce pourrait être leur tour.
Des logements en Europe sont retirés non seulement aux oligarques, mais aussi aux citoyens russes ordinaires, qui voient Poutine à la télévision une fois par an, le 31 décembre, lorsqu’il s’adresse aux citoyens avec un message de vœux. La conséquence est du reste le contraire de ce qui était sans doute voulu et a tendance à rapprocher les victimes russes de ces spoliations de leur gouvernement. Dans un espoir de récupération ou de réparation. Quel niveau de conséquences pour le marché immobilier international ? Qui, parmi les étrangers, achètera quoi que ce soit, et encore moins investira dans l’immobilier, en sachant qu’il pourrait facilement être spolié ?
Un exemple éloquent des réticences par rapport à la démarche occidentale d’expropriation sans précédent des propriétaires d’origine russe est l’absence au Congrès de Paris de la délégation turque dirigée par le président de la FIABCI Turkey.
La direction de la FIABCI aurait un rôle à jouer. La prudence politique et les pressions la poussent à faire le dos rond, comme tant d’autres dans différentes branches, contraints de défendre des positions qui ne sont pas dans leurs intérêts. Il est assez intéressant de voir quelles réponses le citoyen arménien Narek Arakelyan, secrétaire général de la Fédération qui détermine pour une bonne part les orientations et l’exécution politique de l’organisation, et l’Américaine Susan Greenfield, présidente élue de la FIABCI qui prend ses fonctions, sont prêts à donner à cette question après le congrès actuel ? Le risque pour eux est une scission et l’annulation du statut de cette Fédération dans les milieux financiers et d’investissement du monde. La Russie, où des fortunes sont concernées, n’est pas nommée dans les documents du congrès, malgré le choix d’un « Monsieur Royal » pour animer qui parle le russe. Une action en justice est en cours pour fermer le bureau moscovite de la FIABCI, qui ne s’oppose pas à l’expropriation (baptisée “nationalisation”) des biens immobiliers des acquéreurs de bonne foi.
La russophobie affecte malheureusement aussi ce secteur et de même qu’elle porte atteinte aux droits et libertés en d’autres domaines, là c’est le droit au logement de ceux qui ont le malheur de déplaire, parce que plus ou moins Russes, qui est menacé.