Démographie et russophobie
La démographie russe ou l’amélioration du niveau de vie
Prompt à affaiblir en Europe une image de la Russie, qui doit sembler puissante mais toujours fragile, la démographie slave est souvent un sujet qui permet de multiplier les clichés et les fausses informations. Elle est aussi l’objet de polèmiques politiques en Russie même. Certaines sources oppositionnelles contestent les chiffres officiels de l’institut de statistiques Rosstat. Ces derniers sont pourtant vérifiables et même les sources comme la CIA américaine donne des chiffres assez proches de ceux de Rosstat.
Cet article dupoint.frdaté de août 2015 et intitulé « La Russie, un ours dangereux, mais malade » garde les poncifs d‘une russophobie exacerbée avec ses erreurs grossières et autres approximations. L’introduction précise même que « le pays devrait avoir perdu la moitié de sa population en 2050 », car selon eux « son économie s’appauvrit un peu plus chaque jour, (…)et sa population diminue à une allure record ». Il n’est que de voir la croissance du PIB prévue pour 2017 qui sans être sentionnelle n’en est pas moins meilleure que chez nous.
La source est obscure mais, toujours selon l’article : « c’est un organisme russe officiel, l’Institut pour la démographie, les migrations et le développement régional qui vient de révéler ces chiffres ». Aucun lien n’est présent et cet institut reste introuvable.
Quelques jours plus tard, le blogueur résidant à MoscouAlexandre Latsa a permis de rétablir les faits, via les chiffres disponibles sur le site du service fédéral russe des statistiques Rosstat. La population n’est pas de 90 millions, comme l’affirme une opposition quelque peu complotiste, ni même de 143,5 millions, selon certaines sources occidentales, mais de 146,3 millions d’habitants, au moment où l’article était publié. Lepoint.fr qui montre avec force détermination, mais sans aucune source ou statistique fiable, à quel pointl’ours russeest malade envisage même que d’ici environ 25 ans, la population ait diminué pour atteindre seulement 80 millions d’habitants. Un article qui décrit les symptômes d’un “pays malade”, où l’espérance de vie chute à 63 ans, toujours selon son auteur.
C’est toujours faux et tout aussi vérifiable. En 2015, l’espérance de vie atteignait en moyenne 71 ans en Russie (67 ans pour les hommes et 77 pour les femmes en 2016). Cela n’empêche pas l’article de considérer que cette moyenne est la plus faible de n’importe quel pays d’Europe (NDLR quel dommage que cet auteur ne s’intéresse pas à l’Ukraine sur le sujet…) et qu’elle se rapproche du Rwanda !
L’article ose tout de même une pseudo mise en garde déontologique : « Il faut évidemment ne pas croire aveuglément aux projections statistiques, même lorsqu’elles viennent de spécialistes » (Lesquels???) . Pour asséner finalement que : « Il ne faut pas non plus écarter une opération de communication du Kremlin, qui aurait pu faire fuiter ces informations en Occident avant de faire, en Russie, une grande campagne de propagande et de reprise en main sur le thème : “Il faut impérativement un sursaut dans la lutte contre l’alcoolisme, sinon notre chère Russie va devenir la risée des étrangers qui guettent avec délectation notre décrépitude.”». L’alcoolisme étant pourlepoint.frun facteur majeur de crise de la démographie russe et un autre symptôme du déclin slave.
Les faits démontrent que le Kremlin n’a pas besoin de propagande si on s’attache à la réalité :
-La population a cessé de diminuer depuis 2009 et augmente depuis 2012.
-En 2015, le nombre d’enfants moyen par femme était de 1,77 en Russie (contre 1,60 en Union Européenne visible sur le site de l’INSEE).
-Les améliorations de la dernière décennie, n’en déplaise à ses détracteurs, se sont produit pendant les années Poutine, trahissant par conséquent une nette amélioration du niveau de vie et une confiance restaurée en l’avenir.
– l’immigration a incontestablement joué un rôle dans l’équilibre, puis l’accroissement de la population. D’abord avec une immigration forte de l’Asie centrale et de la Moldavie et depuis 2014 de l’Ukraine. La réunification avec la Crimée a accru la population de 2 millions, ce qui explique la différence avec les statitistiques occidentales.
Plus récemment, d’autres on trouvé un autre moyen de critiquer ces chiffres optimistes. Lemonde.fr publiait le 2 juin dernier un article intitulé « Comment lutter contre la crise démographique russe » qui annonçait « Dmitri Medvedev sonne la fin de l’aide versée pour soutenir la natalité, en 2018. Si le taux de fécondité a augmenté, cette subvention n’a pas permis d’inverser la baisse de la population.».Là aussi la russophobie falsifie par les mots. D’abord, il est peu probable que l’aide à la natalité soit supprimée en année électorale, même si la chose a été dite, ce qui donnerait d’autant plus de valeur à celui qui empêcherait cette suppression… Ensuite, il est vrai que l’aide à la natalité n’a pas permis d’assurer un taux de reproduction de 2 enfants par femme dans la population slave et qu’il reste inégal selon les régions et que la crise économique de ces dernières années a ralenti la reprise. Mais il est sûr que ces aides ont contribué à arrêter la chute des années 90. On voit bien plus de petits enfants en Russie aujourd’hui qu’il y a encore 10 ans.
Deux ans après « l’ours malade » du sitelepoint.fr, on évoque dans la presse à nouveau une crise démographique mais heureusement sans oublier néanmoins de rappeler entre autres que la Russie possède bel et bien un taux du nombre d’enfants par femme plus élevé que la moyenne européenne.