GUERRE DE L’INFORMATION ET FORMATAGE DE L’OPINION

  • stoprussophobie redaction
  • vendredi août 19, 2022
  • 142
GUERRE DE L’INFORMATION ET FORMATAGE DE L’OPINION

3mv.ru

 
GUERRE DE L’INFORMATION ET FORMATAGE DE L’OPINION
 
Voici deux articles sur la guerre de l’information que nous subissons. l’un d’Eric Denecé de CF2R et l’autre du Saker francophone.
Les conséquences – en plus du fait qu’il devient impossible de regarder les TV françaises ou d’écouter les radios, surtout gouvernementales – sont évidemment une violation du droit à l’information et la pratique d’une censure systèmatique, l’absence d’une information fiable pour une vie citoyenne ou de décisions économiques et une déconsidération colossale des journalistes qui tous les jours bafouent tous les principes déontologiques pour lesquels la profession a tant combattu. Et bien sûr, un tel flot de mensonges et de haine sur toutes les ondes et dans la plupart des journaux est un encouragement à la russophobie, qui est une forme de racisme et de xénophobie. 
 
EDITORIAL N°60
À L’OCCASION DE LA GUERRE EN UKRAINE
https://twitter.com/CF2R_Officiel/status/1559600741114945542/photo/1
Éric Denécé

Le conflit ukrainien est de moins en moins lisible en raison du manichéisme qui
caractérise les positions des deux camps. Si nombreux sont ceux qui s’attachent à détecter et à
dénoncer la propagande russe – si nul ne la conteste, elle est finalement difficilement
mesurable pour l’opinion en raison de l’impossibilité d’accéder à ses médias et aux messages
qu’ils véhiculent
–, personne ne s’intéresse à celle pratiquée par les Ukrainiens et reprise
aveuglément par les médias occidentaux que les populations subissent quotidiennement
depuis cinq mois.
Aussi, il est important de mettre en lumière les techniques utilisées par les Spin
Doctors de Kiev, leurs conseillers américains et leurs relais médiatiques pour conditionner
l’opinion et imposer leur seule version de faits, faire porter l’entière responsabilité de ce
conflit à Moscou et neutraliser tout point de vue divergent.


1. Story Telling
Invention d’une histoire, construction d’une menace, annonce de ce qui va advenir1 – et qui a
été préparé –, mise au point d’un scénario riche en rebondissements afin de maintenir
l’opinion sous pression, création d’un « héros » – l’inénarrable Zelensky – et d’un abominable
dictateur – Vladimir Poutine – à la tête d’une armée barbare : toutes les techniques du Story
Telling ont été mises en oeuvre par le couple américano-ukrainien pour imposer leur
narratif.
1 https://cf2r.org/editorial/ukraine-la-guerre-des-spin-doctors-americains/

2. Émotion
Passionner le débat pour empêcher toute analyse rationnelle. Les exemples sont nombreux :
ciblage par l’artillerie russe de zones d’habitation et d’infrastructures civiles, morts
d’innocents, massacres horribles (Butcha1) et menace de catastrophe nucléaire2.


3. Diabolisation
Poutine = Hitler. Le président russe est un « ignoble tyran » qui veut annexer l’Ukraine et
envahir l’Europe. La Russie, c’est le retour de l’URSS, de son totalitarisme et de son
expansionnisme…

4. Culpabilisation
Les Occidentaux doivent aider massivement Kiev et sanctionner la Russie. Si les Européens
n’aident pas davantage l’Ukraine, ils seront les prochains sur la liste. Accusations contre les
dirigeants français3 4 et allemands5.

5. Matraquage médiatique
Occuper les antennes et les ondes, capter l’attention des « citoyens ». Saturation
informationnelle ayant pour double objectif d’empêcher toute réflexion critique et d’imposer
un point de vue par la répétition et les images « chocs ».

6. Partialité
Ce que dit Kiev, victime d’une agression est vrai et il n’y a pas de raison de le mettre en cause,
ni de le vérifier. Ce que dit Moscou est par principe faux, ce n’est que de la désinformation,
aucun de ses arguments ne doit être pris en compte.

7. Refus de prise en compte de l’histoire
Dissimulation des causes véritables du conflit, des événements historiques y ayant conduit,
des responsabilités de l’ensemble des acteurs impliqués et de toute mise en perspective qui
pourrait remettre en en cause la position de victime de l’Ukraine (Maidan 2014, Donbass
2014-2022) et de donneurs de leçons des Etats-Unis (Cuba 1962, Irak 2003, attitude à l’égard
des Îles Salomon 2022, etc.).

8. Inversion des réalités
Azov et les autres groupes ultranationalistes ukrainiens, responsables d’exactions
documentées dans le Donbass6 sont des « gentils nazis » – au demeurant soutenus par
l’Allemagne. Et Stepan Bandera est un patriote ukrainien digne d’admiration7…

1 Cet horrible massacre est une réalité et ses responsables devront être punis. Rappelons toutefois qu’en
l’état actuel des choses, les preuves irréfutables de la responsabilité de l’une ou l’autre partie n’ont toujours
pas été apportées par les enquêteurs, contrairement à ce qu’annonce l’intensive communication ukrainienne.
 2 https://www.sudouest.fr/international/europe/ukraine/guerre-en-ukraine-une-catastrophe-a-la-centrale-
nucleaire-de-zaporojjia-menacerait-l-europe-entiere-11959697.php 
3 https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/temoignage-le-message-du-maire -de-lviv-a-emmanuel-macron-a-chaque-heure-qui-passe-des-citoyens-ukrainiens-meurent-et-ces-morts-seront-sur-votre-conscience_5020591.html 
6 https://www.ofpra.gouv.fr/sites/default/files/atoms/files/1811_ukr_violences_groupes_ultranationalistes_0.pdf
7 https://fr.timesofisrael.com/kiev-des-centaines-de-personnes-rendent-hommage-au-collaborateur-nazi-ba
ndera/

9. Inventions et mensonges délibérés
Les exemples sont nombreux : « sacrifice héroïque » des combattants ukrainiens de l’Île aux
serpents (qui n’a jamais eu lieu) ; pilote « fantôme » (qui n’existe pas) qui aurait abattu de
nombreux aéronefs russes1 ; vidéo « effrayante » des bombardiers nucléaires Tu-95 russes
volant près de la frontière ukrainienne2, etc.


10. Affirmations non étayées
Accusations dénuées de preuves ou conclusions hâtives : maladie de Poutine3,
bombardements russes contre la prison d’Olenivka4 et la centrale nucléaire de Zaporjia5, etc.

11. Grossissement des faits
Mettre l’accent sur des faits isolés, peu représentatifs – voire peu crédibles –, pour en faire
des événements majeurs et leur donner un retentissement sans lien avec leur portée réelle :
mouvements d’opposition à la guerre en Russie, désertions de militaires russes, succès des
contre-attaques locales ukrainiennes6,

12. Présentation orientée des événements
Évacuation des russophones du Donbass au prétexte de les protéger de l’invasion russe7,
alors que l’objectif réel est qu’ils ne rejoignent pas le giron de Moscou. De même, les renvois
de la procureure générale d’Ukraine, du chef du service de renseignement (SBU) et d’une
trentaine de cadres8 sont présentés comme un succès de Zelensky et une reprise en main de
son administration. Le même événement se serait produit à Moscou, nul doute qu’il eût été
expliqué au monde que Poutine ne maitrise plus l’appareil judiciaire ni les services russes et
que son entourage est truffé de traîtres…

13. Inversion des accusations
A l’occasion de la publication du rapport d’Amnesty International qui dénonce les pratiques
répréhensibles de l’armée ukrainienne9 – tout en étant bien plus critique à l’égard de la
Russie –, attaque contre cette ONG en l’accusant de faire le jeu de l’agresseur. Les médias
occidentaux ne se posent pas la question de savoir si ce rapport est juste, mais s’il sert ou
dessert l’Ukraine10.

1 https://www.lexpress.fr/actualite/monde/martyrs-de-l-ile-des-serpents-fantome-de-kiev-l-ukraine-en-qu
ete-de-heros_2168774.html

 6 https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/guerre-en-ukraine-contre-offensi
ve-mouvements-de-troupes-pourquoi-le-conflit-pourrait-entrer-dans-une-nouvelle-phase-dans-le-sud-du-pa
ys_5299180.html
7 https://www.lemonde.fr/international/article/2022/07/31/guerre-en-ukraine-kiev-demande-aux-habitant
s-d-evacuer-la-region-de-donetsk_6136713_3210.html 
10 https://www.bfmtv.com/international/asie/russie/l-ukraine-se-dit-indignee-par-les-accusations-injustes-
d-amnesty-international-de-mise-en-danger-des-civils_AN-202208040338.html

14. Dissimulation de faits favorables à la Russie
Ne pas parler de faits ou d’événements qui viennent contrebalancer ou contredire le Story
Telling : l’infériorité numérique de la Russie dans ce conflit (150 000 hommes face à une
armée ukrainienne bien plus nombreuse et entrainée par l’OTAN) ; un budget de défense
russe (62,2 milliards de dollars) 12 fois inférieur à celui des États-Unis (754 milliards) et plus
faible que le budget militaire britannique (71,6 milliards de dollars)1 ; les succès des forces
russes ; l’accueil qui leur a été réservé par les populations russophones, etc.


15. Dissimulation de faits défavorables à Kiev
Le gouvernement de Kiev se garde bien d’expliquer pourquoi il y a très peu de prisonniers
russes, comme de faire de la publicité aux actes de torture dont ils ont été victimes. Il
dissimule la véritable chasse aux sorcières qu’il a lancée contre toute forme d’opposition
interne depuis le début de l’attaque russe2 et les contestations contre sa stratégie militaire3.
Et nul média occidental ne rend compte du fait que certains citoyens, accusés d’être des
« collabos », sont exécutés sommairement sans jugement.
De même, Kiev ne fait jamais état de l’importance des pertes de son armée, des désertions
qui s’y produisent quotidiennement, tout comme il passe sous silence le détournement d’une
partie de l’aide occidentale par les élites et des armes par des militaires corrompus en lien
avec des réseaux de la criminalité organisée. Surtout, tout reportage sur les affaires
financières opaques de Zelensky et ses liens avec l’oligarque Kolomoïsky 4 est
systématiquement empêché ou étouffé, de même que nul ne commente le fait que de
nombreuses entreprises américaines n’ont toujours pas cessé leurs activités en Russie….

16. Négation
Rejet systématique et sans argument de la version des faits adverses ou des commentaires
neutres. Rejet de la réalité de certains faits pourtant avérés5.

17. Interdiction
Impossibilité d’accéder aux chaines d’information et aux sites internet russes. Dans les
médias occidentaux, mise à l’écart de tout commentateur ne répercutant pas le Story Telling
diffusé par Kiev.

18. Naming and Shaming
Ciblage des commentateurs indépendants qui contestent la version des faits construite par
l’Ukraine ou qui mettent en lumière ses contradictions. Disqualification en les traitant de
pro-russes6, de conspirationnistes et en les désignant à l’opprobre populaire7.

1 https://www.lefigaro.fr/flash-actu/le-president-ukrainien-zelensky-accuse-amnesty-international-de-tenter
-d-amnistier-l-etat-terroriste-de-russie-20220804 1 The Military Balance, publié le 15 février 2022.
2 https://www.iiss.org/blogs/analysis/2022/02/military-balance-2022-further-assessments 2 https://www.amnesty.fr/presse/russie-les-autorits-lancent-une-chasse-aux-sorcire

 3 https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/guerre-en-ukraine-dans-le-donba
ss-la-colere-rentree-des-habitants-de-bakhmut-qui-contestent-la-strategie-ukrainienne_5197834.html 

19. Polarisation de l’opinion
Implication de l’opinion occidentale dans un conflit qui ne la concerne pas directement.
Volonté d’en faire un allié et d’un acteur pour peser davantage sur les gouvernements. Plus
de neutralité possible : douter ou être neutre c’est faire le jeu de l’adversaire, être
« pro-russe » ; qui n’est pas avec nous est contre nous…


20. Diversion
Concentrer l’attention du public sur la guerre d’Ukraine permet également aux Etats-Unis1 et
au Royaume-Uni2 de faire passer au second plan de l’agenda médiatique la couverture de
faits ou d’événements défavorables.

*
Force est de constater que ces méthodes ne relèvent pas de l’erreur journalistique et
vont bien au-delà de la simple mauvaise foi. C’est bien d’une désinformation systématique qu’il
s’agit. Le régime de Kiev et les médias occidentaux sont parvenus à instaurer un véritable
totalitarisme médiatique, lequel a pour but de faire taire toute voix discordante, d’empêcher
toute critique de ce régime corrompu et violent, notamment en faisant systématiquement
passer pour « pro-russes » ceux qui dénoncent ses actions et celles des Américains

Le but de Kiev et de Washington est de faire porter l’entière responsabilité de ce conflit à la Russie afin
qu’elle se trouve mise au ban de la communauté internationale et que son isolement la
conduise à céder.
Inutile de dire que cette stratégie est vouée à l’échec ainsi que les événements le
montrent. En effet, médias indépendants et réseaux sociaux mettent chaque jour davantage
en lumière la différence qui existe entre la « réalité » qui est servie à l’opinion et la situation
de terrain. 
Contrairement à ce que Kiev et Washington essaient de faire croire, la Russie n’est
pas l’URSS, bien qu’elle ait déclenché les hostilités par son « opération spéciale ». Et l’Ukraine
est un État croupion des Etats-Unis dirigé par des élites corrompues et non une démocratie.
Les responsabilités de cet épouvantable conflit sont largement partagées et les provocations
ukrainiennes et occidentales ne peuvent être minimisées ni passées sous silence.

Il ne s’agit pas de prendre parti en faveur de la Russie ni de défendre Moscou. Mais
nous ne pouvons accepter que soient diffusées sans discontinuer depuis l’automne 2021 – et
surtout depuis le 24 février 2022 –, autant d’informations partiales ou fausses.
Dès lors, on est en droit de s’interroger quant au rôle des différentes cellules de lutte
contre la désinformation mises en place en France et dans les pays européens. Dans la
mesure où tous les médias russes sont interdits. Il est légitime de se demander ce qu’elles
font afin d’évaluer la réalité, la forme et la portée de la propagande de Moscou et son impact
sur l’opinion. Sans doute serait-il temps qu’elle s’intéressent à la désinformation ukrainienne
véhiculée par nos médias…

Eric Denécé
Août 2022
1 https://cf2r.org/editorial/des-exactions-militaires-et-de-leur-couverture-mediatique-selective/ 2 « Compe ́titions » d’assassinat des SAS britanniques en Afghanistan et hiérarchie militaire s’opposant à toute
enquête (https://www.bbc.com/news/uk-62083196 ; https://www.bbc.com/news/uk-62083197 ;
https://www.bbc.com/news/uk-53597137 ; https://www.bbc.com/news/uk-50435474).

 

 

Quelques remarques sur l’Ukraine et les médias


Par Moon of Alabama – Le 15 août 2022

Permettez-moi de commencer mon article d’aujourd’hui par deux recommandations de lecture.

Lambert Strether et Yves Smith de Naked Capitalism discutent d’un article sur l’opération russe en Ukraine qui avait été imprimé dans la Marine Corps Gazette et dont des fac-similés ont été publiés il y a deux semaines sur Twitter et plus tard dans leur intégralité sur Reddit et par Southfront.

L’évaluation par un Marine de l’ »opération » militaire russe en Ukraine (une « profonde appréciation des trois domaines dans lesquels les guerres sont menées« )

Note du Saker Francophone

Notre équipe l’a transcrit et traduit. Il sera publié la semaine prochaine avec l’article de SouthFront.

J’avais lu l’article de la Gazette lors de sa première parution il y a quelques semaines et je l’avais trouvé excellent. Il dépeint, de manière réaliste, les premiers mouvements russes vers Kiev comme étant une feinte. C’est également mon avis. La feinte, avec trop peu de troupes pour occuper réellement Kiev, avait un objectif politique et militaire.

Sur le plan politique, elle a mis la pression sur le gouvernement ukrainien pour qu’il accepte rapidement les conditions russes pour un cessez-le-feu. Cela a failli fonctionner puisque les négociations entre la Russie et l’Ukraine, à la fin du mois de mars en Turquie, avaient des résultats prometteurs. Mais les pourparlers ont été sabotés par l’intervention de Boris Johnson à Kiev où, s’exprimant au nom de Joe Biden, il a exigé la poursuite de la guerre, ce que Zelensky s’est empressé de faire.

Militairement, la feinte a eu des résultats quasi parfaits. Quelque 100 000 soldats ukrainiens furent bloqués autour de Kiev, tandis que les troupes russes de Crimée se déplaçaient presque sans opposition pour relier la presqu’île par un pont terrestre au Donbass et à la Russie et s’emparaient également d’un important pied-à-terre à Kherson, sur la rive ouest du Dniepr.

Cette feinte hâtive a coûté cher en pertes russes, mais a contribué à établir des situations de front à l’est et au sud qui ont permis la destruction massive des forces ukrainiennes avec un minimum de pertes du côté russe.

Lorsque la feinte vers Kiev n’a plus été utile, les forces russes sont retournées à leurs positions de départ sans trop de combats. Les Ukrainiens ont affirmé qu’il s’agissait d’une victoire, mais ils n’avaient pratiquement rien eu à voir avec cette retraite bien planifiée et exécutée.

Il est remarquable que la Gazette ait publié un article qui confirme ce point de vue. Encore plus remarquable, comme le note Lambert, est le manque d’écho que cet article a eu dans les médias américains :

Nous sommes le 14 août. L’article de « Marinus » dans le numéro d’août de MCG est disponible depuis le 29 juillet au plus tard, la première fois à la source japonaise. La deuxième fois, il apparaît le 9 août, dans un agrégateur en langue russe. La troisième, le 12 août, sur Reddit. Cela fait deux semaines, et les médias, collectivement, sont avides de nouvelles. Alors où est la couverture du Times ? Où est le Washington Post ? Où est Foreign Policy ? Où est Foreign Affairs ? Où est The Atlantic ? Où est le Council on Foreign Relations ? Où se trouve l’Institute for the Study of War ? Où, plus loin, se trouve Defense One ? The Drive ? Ils sont tous silencieux. Et pourtant, ce que nous avons, comme le montre la citation du titre de ce post à elle seule, c’est une rupture significative de l’orthodoxie sur l’Ukraine et les capacités russes en général, publié dans le magazine professionnel du corps des Marines des États-Unis. Bizarre, très bizarre !

En effet …

Aujourd’hui, j’ai appris que le « Marinus » anonyme qui a écrit l’article de la Marine Corps Gazette serait le général à la retraite Karl Van Riper, bien connu pour avoir gâché le jeu de guerre Millennium Challenge en y appliquant des conditions réalistes. Ce type est détesté par les hautes huiles du Pentagone. Au fait, un fac-similé de la première partie de l’article de Marine Gazette est disponible ici. Un autre excellent article de la Gazette sur la façon de combattre des Russes, datant de janvier 2022, est disponible ici.

Un autre excellent article que j’ai trouvé grâce à un lien sur Naked Capitalism est celui de Myrmikan Research, qui examine le contexte historique de cette guerre et la rivalité russo-britannique vieille de plusieurs siècles : A World Gone MAD [Un monde devenu fou].

Revenons maintenant aux affaires courantes.

Le New York Times poursuit sa campagne de propagande pro-ukrainienne éhontée et trompe ses lecteurs.

Les guerres sont liées à la géographie et la géographie est décrite dans les cartes.

Source : LiveUAmap – Agrandir

  • Kherson, la capitale de l’oblast de Kherson, se trouve en bas à gauche, sur la rive nord du fleuve Dniepr. Comme la plus grande partie de l’oblast de Kherson, elle est sous contrôle russe.
  • Zaporizhzhia, la capitale de l’oblast de Zaporizhzhia, se trouve en haut à droite de la carte. La majeure partie de la région de Zaporizhzhia, au sud-est de la capitale, est sous contrôle russe, mais la ville de Zaporizhzhia reste sous contrôle ukrainien.
  • La centrale nucléaire de Zaporizhzhia (ZNPP), avec ses six réacteurs, se trouve à côté de la ville d’Enerhodar, sur la rive sud du grand réservoir du Dniepr. Depuis la mi-mars, elle est sous contrôle russe. Malgré son nom commun, sa distance en ligne droite par rapport à la ville de Zaporizhzhia est de 50 kilomètres. La distance par la route indiquée par les flèches est d’environ 110 kilomètres.

Le NYT ne fournit aucune carte à ses lecteurs. Ils ne sont donc pas informés des réalités géographiques de la guerre et sont abusés par des mensonges.

Le bombardement d’une ville voisine tue un employé de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia

Un bombardement près d’un complexe nucléaire dans le sud de l’Ukraine a tué un contremaître de l’installation, à son domicile dans une ville voisine, ont déclaré dimanche des responsables ukrainiens.

La société ukrainienne Energoatom, qui supervise les centrales nucléaires du pays, a déclaré que la Russie avait lancé au moins six obus sur la ville d’Enerhodar, où vivent la plupart des travailleurs de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia.

La ville est sous occupation russe, et les Russes ont accusé les Ukrainiens d’avoir bombardé le complexe nucléaire géant – le plus grand d’Europe – et les zones résidentielles voisines, ce qui a suscité l’inquiétude du monde entier. Cependant, les Ukrainiens déclarent que ce sont les Russes qui tirent sur les civils, suggérant que l’intention est de discréditer l’armée ukrainienne.

L’affirmation selon laquelle les Russes tirent sur la centrale nucléaire ou la ville voisine est délirante. Le président ukrainien Zelensky a lui-même déclaré que l’Ukraine tirait sur la centrale nucléaire de Zaporizhzhia parce que des soldats russes s’y trouvaient.

L’Ukraine visera les soldats russes à la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, déclare Zelenskiy – vidéo

Le NYT poursuit ainsi :

Les États-Unis et l’Union européenne ont appelé à la création d’une zone démilitarisée, car les combats à l’intérieur et autour de la centrale, de ses réacteurs actifs et de ses déchets nucléaires stockés suscitent de graves inquiétudes quant au fait qu’une frappe errante et l’incendie qui en résulterait pourraient provoquer une fusion ou libérer des radiations.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a déclaré dans son discours du soir, samedi, que la Russie avait recours au « chantage nucléaire » contre le complexe, réitérant une analyse ukrainienne selon laquelle Moscou l’utilisait pour ralentir une contre-offensive ukrainienne vers la ville de Kherson, occupée par la Russie, où les défenses militaires conventionnelles russes semblent de plus en plus vacillantes.

Regardez la carte. Toute la zone autour de l’usine est sous contrôle russe. Comment peut-il y avoir des  » combats dans ou autour de la centrale ZNPP  » ? Il n’y en a aucun. Il n’y a que des impacts d’artillerie ukrainienne, tirés depuis le côté nord du réservoir du Dniepr, sur la centrale.

De même, il ne se passe rien à la centrale ZNPP qui puisse  » ralentir  » une contre-offensive ukrainienne sur Kherson. Une contre-offensive qui, pour des raisons très différentes, ne peut avoir lieu et n’aura pas lieu.

Encore une absurdité du NYT :

Contrairement à ce que craignaient certains analystes lorsque Moscou a lancé son invasion en février, la menace nucléaire la plus urgente dans la guerre en Ukraine semble désormais être que la Russie endommage la centrale civile, plutôt que de déployer ses propres armes nucléaires.

La Russie n’a aucun intérêt perceptible à endommager la centrale ZNPP. La centrale est sous son contrôle total et fournit de l’électricité utile aux zones sous contrôle russe ainsi qu’à la partie ukrainienne :

Dans les champs près d’Enerhodar, de longues files de voitures transportant des civils en fuite se sont formées samedi, selon des messages sur les médias sociaux et un autre ancien ingénieur de la centrale qui est resté en contact avec les résidents locaux.

« Les habitants abandonnent la ville« , a déclaré l’ancien ingénieur, qui a demandé à être identifié par son seul prénom, Oleksiy, pour des raisons de sécurité. Les habitants quittaient la ville depuis des semaines, mais le rythme s’est accéléré après les barrages [d’artillerie] et les incendies de samedi, a-t-il ajouté. …

Les employés ukrainiens ne fuient pas mais envoient leurs familles à l’étranger, a déclaré Oleksiy, qui est parti en juin. Enerhodar a été construit pour les employés de la centrale à l’époque soviétique et comptait une population d’environ 50 000 habitants avant la guerre.

Cette prétendue fuite (observée par quelqu’un qui n’est même pas sur place ?) est également repris dans un autre article récent du NYT :

« Ils tirent jour et nuit » : Les civils fuient la région contestée autour d’un complexe nucléaire

ZAPORIZHZHIA, Ukraine – Des explosions de plus en plus fréquentes près d’un vaste complexe nucléaire dans le sud de l’Ukraine et le bombardement d’une ville voisine où résident de nombreux travailleurs du complexe ont accéléré l’exode des civils de la région.

Environ un millier de voitures étaient bloquées à un point de passage sur la ligne de front entre le territoire contrôlé par la Russie et celui contrôlé par l’Ukraine, selon des personnes interrogées du côté ukrainien dimanche matin.

Le flux de personnes fuyant s’est accéléré au cours de la semaine écoulée, les explosions près de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia devenant plus fréquentes, a déclaré dans une interview Dmytro Orlov, le maire exilé de la ville d’Enerhodar. Il a ajouté que les troupes russes tiraient des roquettes depuis la périphérie de la ville.

La Russie continue de rejeter la responsabilité des tirs sur les forces ukrainiennes, tandis que l’Ukraine affirme que la Russie bombarde le territoire qu’elle contrôle dans le but de discréditer l’armée ukrainienne.

L’article est accompagné de trois photos.

La légende de la photo ci-dessus est la suivante :

Mercredi, Natalia Lytvenenko a décidé qu’il était temps de quitter Blagoveshenko, un territoire occupé par les Russes à neuf miles de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, avec trois filles et leur grand-mère. Les gens essaient de partir depuis la semaine dernière. David Guttenfelder pour le New York Times

Ce que je trouve curieux sur cette photo, c’est qu’aucun bagage n’est visible à l’intérieur de la voiture. Vous me direz : « C’est dans le coffre« . Bien sûr, mais les personnes qui s’enfuient de chez elles emportent généralement le plus de choses possibles : plusieurs ensembles de vêtements, des vestes, des articles ménagers, des souvenirs, des livres, des couettes, etc. Les enfants, par exemple, emportent au moins quelques-uns de leurs jouets. Rien de tel n’est visible ici.

La légende de la photo ci-dessus est la suivante :

Des voitures civiles font la queue pour essayer d’atteindre un passage contrôlé par les Ukrainiens dans la ville de Zaporizhzhia, dimanche. David Guttenfelder pour le New York Times

S’il s’agit du « point de passage sur la ligne de front entre le territoire contrôlé par la Russie et celui contrôlé par l’Ukraine » décrit dans l’article cité ci-dessus, alors la photo doit avoir été prise du côté contrôlé par la Russie. Comment M. Guttenfelder a-t-il pu arriver dans cette zone ?

Mais peut-être s’agit-il d’un poste de contrôle complètement différent, situé quelque part aux limites de la ville de Zaporizhzhia, et les personnes qui attendent pour le passer reviennent d’une escapade de week-end. Remarquez à nouveau l’absence de bagages visibles.

Voici maintenant la troisième photo, la plus intéressante :

La légende de la photo ci-dessus est la suivante :

Un couple d’Ukrainiens traversant un poste de contrôle à la périphérie de la ville de Zaporizhzhia, dimanche, en direction du territoire contrôlé par la Russie. Les autorités du poste de contrôle ont déclaré que certains Ukrainiens tentaient d’aider à faire sortir ceux qui cherchaient à quitter la zone contrôlée par la Russie. David Guttenfelder pour le New York Times

Remarquez les bagages et les articles ménagers sur le toit de la voiture. C’est ce que j’appellerais des gens qui fuient leur maison pour aller vivre ailleurs. Mais la légende suggère que ces personnes « aident à faire sortir ceux qui cherchent à quitter la zone contrôlée par la Russie« . Pourquoi alors ont-ils chargé leur voiture avec probablement tout ce qu’ils avaient ?

La « couverture » du conflit ukrainien par le NYT n’a plus aucun sens.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.