Biélorussie : un «détournement» à destination médiatique 

  • stoprussophobie redaction
  • jeudi mai 27, 2021
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Biélorussie : un «détournement» à destination médiatique 

Biélorussie : des hypothèses devenues vérités dans les médias occidentaux

 

L’affaire de l’avion Athènes-Vilnius forcé de se poser à Minsk le 23 mai 2021 pour cause d’alerte à la bombe présumée à bord et avec un blogueur opposant comme passager, a soulevé des émotions et un torrent de contre-vérités et d’oublis dans nos médias, suivis (ou précédés) par des déclarations politiques et des mesures dites de « sanction » contre la Biélorussie par l’Union européenne. .

Disons le tout net : il s’avère aujourd’hui que nous avons eu à faire à une opération politico-médiatique visant à isoler la Biélorussie. Toute l’opération a été démontée par Jacques Baud, ancien officier des renseignements suisse dans son livre « le détournement » (ed. Sigest). 

    La raison profonde est évidemment la russophobie car un minimum de professionnalisme journalistique et de connaissance de background aurait permis d’éviter des cris d’orfraie du genre “une atteinte sans précédents”, “une incroyable violation du droit international du dictateur bélarussien”, etc. Encore et à nouveau la géométrie variable pour traiter (justement traiter!) l’information. Le paradoxe presque amusant est que le sommet européen prévu quelques jours plus tard qui devait définir une stratégie d’actions anti-russe a changé son ordre du jour pour examiner l’affaire biélorusse, comparativement bien mineure dans le fond.

    Compte tenu, qu’il s’avère aujourd’hui que les autorités biélorusses ne savaient pas que le blogueur se trouvait à bord de l’avion avant son passage en douane, plusieurs hypothèses circulent : une rivalité au sein de l’opposition biélorusse qui expliquerait l’envoi d’un courriel annonçant la présence de Protassevitch dans l’avion avant même que les Biélorusses ne s’en aperçoivent. Le retournement de cet opposant par des services biélorusses dont se seraient aperçus ses amis ou plus exactement leurs mentors. Enfin, l’hypothèse d’un nouveau piège tendu par des Ukrainiens  (cf. à la fin de l’article) pour le compte de ceux des occidentaux qui mènent l’opération « Biélorussie » en tant que maillon faible contre la Russie et pour certains dans le cadre d’un projet de reconstitution du royaume polono-lituanien des deux mers. 

   La transcription du dialogue entre le pilote et la tour de contrôle prouve qu’il n’y a pas eu de contrainte et que le pilote a décidé seul de retourner sur Minsk, dans la mesure où la menace anonyme stipulait que l’explosion de la bombe supposée se produirait peu avant l’atterrissage à Vilnius en Lituanie. Souhaitons qu’une enquête honnête le détermine. Mais il est douteux qu’avant des années, les responsables de l’UE aux ordres le reconnaissent. 

  

    Le pouvoir biélorusse se considère victime d’une guerre hybride et réfléchit en termes de guerre. Au moment des élections présidentielles qui ont servi à déclencher les manifestations d’une nouvelle révolution de couleur, Alexandre Loukachenko a failli être abusé par une provocation ukrainienne surnommée l’affaire des 33 bogatyrs. Les services ukrainiens, sans doute inspirés par d’autres, ont cherché à faire croire à Loukachenko que les Russes avaient envoyé des mercenaires de l’organisation Wagner pour le renverser en profitant des manifestations qu’allaient organiser les opposants entraînés et financés par la Pologne, la Lituanie et les Etats-unis. 

    Puis, il y a eu les manifestations, les violences, les condamnations, la répression, les sanctions. L’attitude du régime de Kiev a sans doute le plus vexé Loukachenko qui estime qu’il a tant fait pour le protéger des Russes ! 

   Loukachenko a aussi fait l’objet d’une tentative de coup d’Etat en avril.

   Comme les occidentaux de l’OTAN ont parlé d’un “détournement” d’avion comme “terrorisme d’état”, il faut pour le moins le condamner partout et toujours. Or ce n’est pas le cas. Pas du tout !

    Ce n’est pas la première fois qu’un avion est forcé à se poser. Et les autres fois, c’était réellement du terrorisme pas des pièges par dénonciation anonyme et fausse. 

    Parmi les cas les plus retentissants, souvenons-nous de l’atterrissage en 2013 à Vienne de l’appareil d’Evo Morales, alors Président bolivien. La France de Hollande (serviteur patenté d’intérêts nord-américains), l’Italie et l’Espagne ayant soudainement refusé d’autoriser le survol de leurs pays. Les autorités autrichiennes ont perquisitionné l’appareil en dépit de l’immunité présidentielle. Pourquoi ? Les services américains soupçonnaient que Edward Snowden, un de leur ex-employé qui a eu le mérite de dévoiler les pratiques des agences US en matière de violation du respect de la vie privée et de la correspondance, pouvait se trouver à bord. 

   

     Comme atteinte à la liberté d’expression et violation du droit de la navigation aérienne, avouez que cela aurait mérité des commentaires autrement plus indignés que sur l’avion de la Ryannair de la part de nos médias et des fonctionnaires dirigeants de l’Union européenne.

     On n’insistera pas sur l’avion détourné par les autorités françaises en 1956, lors de la guerre d’Algérie avec à son bord des dirigeants du FLN !

      Il y a d’autres faits similaires plus récents qui n’ont pas été relevés par les pays étrangers et les organisations internationales telles l’UE, l’Otan et l’OSCE, sans parler des médias.

      En 2012, un vol Moscou-Damas a été forcé à atterrir en Turquie. Ankara avait alors dépêché des chasseurs pour le forcer à atterrir en justifiant cette atteinte à la liberté de navigation aérienne par un soupçon de présence d’armes à bord !

      En 2016, c’est un avion biélorusse de la compagnie Belavia qui après avoir décollé de Kiev a été contraint de retourner à son aéroport de départ alors qu’il se trouvait déjà à 50 km de l’espace aérien biélorusse car un politologue arménien anti-Maïdan se trouvait à son bord. L’UE n’a pas jugé bon de proclamer des sanctions…

      En 2020, un avion américain F15 a menacé un avion de passagers iranien au-dessus de la Syrie. Ceci après que le 3 juillet 1988 un airbus A300 de Iran Air reliant Bandar Abbas à Dubaï a été abattu sans sommation et sans doute par erreur par le croiseur américain Vincennes. Pas d’excuses ni compensations aux proches des 290 victimes…

     Comme le fait remarquer un communiqué officiel russe sur l’affaire, «Les actions mentionnées ont été commises sciemment en violation des normes du droit international. La réaction de l’Occident a été pratiquement inexistante, aucun coupable n’en a répondu». 

    «Nous exhortons nos partenaires occidentaux à s’abstenir de recourir au “deux poids deux mesures” et à évaluer la situation d’une manière lucide et sans émotion en se basant sur les informations disponibles et en coordination avec les autorités aériennes biélorusses qui font preuve d’ouverture», déclare le communiqué officiel.

     Les officiels biélorusses s’en tiennent en effet à leur version de la bombe qu’au début personne ne croyait mais qui s’est avérée vraie. Une enquête honnête pourrait déterminer si c’est juste une attitude ou si un piège leur a été tendu. Compte tenu des disproportions et de l’utilité bien relative d’une telle opération, on ne peut exclure tout à fait l’hypothèse du piège. La suite des événements, avec l’affaire de la provocation polnaise aux « migrnats » en novenbre 2021 prouverait la réalité de l’offensive politico-médiatique contre la Russie via la Biélorussie. Dans un premier temps, cette offensive profite à la Russie en fait car Loukachenko tentait de jouer des équilibres entre la Russie et les occidentaux, y compris en soutenant les oligarques et les néo-nazis au pouvoir à Kiev. 

  1. Contrairement au Tollé soulevé autour de Ryanair

  Nos “défenseurs des droits de l’homme” ont annoncé que Roman Protassevitch, ancien rédacteur en chef de la chaîne Telegram Nexta, considérée comme extrémiste en Biélorussie et financée par la Pologne, la Lituanie et les Etats-unis, selon les propos de Protassevitch lui-même sur internet, se trouvait à son bord. Lors du contrôle à l’aéroport de Minsk, ce dernier et sa compagne de nationalité russe ont été interpellés. Une action pénale a été initiée à son encontre, entre autres pour «organisation de troubles de masse» et il risque jusqu’à 15 ans de prison. Il était aussi accusé de menées terroristes. Les autorités russes ont demandé à exercer leur droit consulaire d’assistance à la jeune femme. Des déclarations de l’intéressé lors d’une conférence de presse par la suite, ont considérablement modifié les points de vue. Soit parce que le blogueur a été retourné, soit parce que conscient qu’il a été donné par les siens, il s’est retourné dans un souci d’alléger la condamnation. Sous prétexte que sa crédibilité était atteinte par sa situation, les journalistes occidentaux n’ont pas même cherché à l’écouter…. 

   Certes Roman Protasssevitch est considéré comme un blogueur très efficace. Il a visiblement suivi des formations et a acquis une expérience de terrain en allant participer aux manifestations et peut-être au coup d’État du Maidan en Ukraine en février 2014. Puis il est allé faire le coup de feu contre les insurgés russophones du Donbass, aux côtés des bataillons ultra-nationalistes AZOV qui pour certains arborent les croix gammées et les insignes rappelant ceux des SS. 

   Bien sûr, il a été remarqué pour l’organisation des manifestations après les élections présidentielles dont les résultats trop favorables à Loukachenko ont indigné une partie de l’opinion, notamment parmi la jeunesse, et ont servi de prétexte au lancement d’une révolution de couleur. Le drapeau, utilisé à l’époque de l’occupation, blanc à bande rouge, le même que celui utilisé sous l’occupation nazie, a servi d’oriflamme de ralliement.

    Le pouvoir n’a pas cédé et visiblement l’opinion ne suivait pas massivement les appels au renversement du pouvoir. Des politologues et des sondages équilibrés estimaient que même s’il était fort probable que des pouvoirs locaux ont fait du zèle pour plaire en bourrant des urnes, Loukachenko n’en avait pas moins gagné les élections mais non avec 80%. Plutôt 55 à 60%, voire davantage, compte tenu du soutien de la province.

    Après les succès des manifestations les premières semaines, l’opposition a échoué à organiser une grève générale. Et comme c’est la règle dans les mouvements à vocation révolutionnaire, ils se sont mis à appeler à des actions volontaristes comme le sabotage ou l’arrêt des chemins de fer. C’est ce qui doit servir de fondement aux accusations de “terrorisme”, lancées par le pouvoir contre le blogueur. Le blog qu’il avait quitté au profit d’autres activités médiatiques est Nexta, qui se trouve en Pologne et en Lituanie et connaît un succès certain parmi la jeunesse urbaine de Biélorussie amis sans mordre réellement sur le reste de l’opinion pour laquelle l’exemple ukrainien est un vrai repoussoir. 

   L’acharnement occidental risque toutefois de provoquer une crise internationale, voire des affrontements armés très dangereux pour tous. 

   Loukachenko est certes perçu comme “ringard” par toute une partie de l’opinion, surtout la plus jeune. Paradoxalement c’est grâce à sa politique que cette jeunesse est moderne et très fortement informatisée. On peut sans doute risquer une comparaison avec le mai 68 français, où le courant ne passait plus entre la jeunesse du baby boom et le général de Gaulle, auquel elle devait pourtant beaucoup. 

   Tout comme de Gaulle, Loukachenko est très attaché à la souveraineté de son pays, aussi bien vis-à-vis de la Russie que de l’Occident. En ménageant l’un et l’autre autant que faire se pouvait mais sans agressivité excessive contre la Russie, à laquelle il doit sa relative stabilité économique. Et de même que contre de Gaulle, les relais de l’hégémonie mondiale sont aux aguets pour exploiter les humeurs politiques.

    On a souvent comparé Loukachenko à un bon directeur de kolkhoze. Il a ainsi pu éviter de jeter le bébé avec l’eau du bain après la chute de l’URSS. Son pays, tout en n’étant pas riche, est plutôt bien placé parmi les ex-républiques soviétiques et il reste industrialisé. Mais la direction d’un Kolkhoze et celle d’un État moderne avec toute la dimension de projets et de rêves politiques, ce n’est pas la même chose. Et comme s’y ajoute la volonté des puissances de l’OTAN de faire de la Biélorussie un nouvel avant-poste anti-russe avec tous les efforts habituels en matière de financements d’ONG, de médias comme NEXTA, entièrement financé par les Occidentaux, de formation d’opposants et même d’entraînements, comme en Ukraine, l’affaire prend une coloration géopolitique.

    Cette dernière contraint la Russie, contre laquelle sont dirigés les efforts otaniens à se montrer solidaire, parfois au-delà de ce qu’elle voudrait. D’un autre côté, les résultats du coup d’état et de la dépendance totale de l’Ukraine du suzerain américain avec une situation économique catastrophique et un pillage avancé du pays, sert de repoussoir à une bonne partie de l’opinion, même parmi ceux qui sont lassés de Loukachenko.

     Par ailleurs, alors que nos “défenseurs des droits de l’Homme” à géométrie variable réclament toujours plus de “sanctions” contre la Biélorussie, il ne faudrait pas oublier que déjà les sanctions contre la Russie nous ont coûté cher et beaucoup moins aux Américains inspirateurs. Les produits agricoles et alimentaires ont été parmi les plus frappés chez nous, en plus des opérations aberrantes type Mistral. 

     La Biélorussie a beaucoup servi pour exporter en “contrebande” vers la Russie. C’est la fameuse remarque anecdotique sur le fait que la Biélorussie, qui n’a aucune mer, est devenue le premier “producteur” européen de crevettes ! Par rapport aux pays baltes, des installations de raffineries leur sont bien utiles et des opérations d’oligarques russes cherchant l’optimisation fiscale par rapport à la Russie ne sont pas inactifs entre la Biélorussie et la Lituanie….On peut y ajouter le rôle de la Biélorussie pour alimenter en énergie l’Ukraine à partir de la Russie sans que “ça se voit”… Il faudrait donc réfléchir aux conséquences.

   Ce sont là quelques uns des éléments, dont il faut tenir compte pour analyser la situation au lieu de céder à l’émotion et de prendre des positions à l’emporte pièce qui peuvent nous coûter cher à nous et aux Biélorusses sans servir à rien.

Voici des éléments de l’enquête tendant à étayer l’hypothèse d’une provocation contre la Biélorussie. 

D’abord la transcription des échanges entre le pilote et la tour de contrôle ;

  1. DÉTOURNEMENT D’UN VOL RYANAIR ET ARRESTATION DE PROTASSEVITCH – ET SI LA BIÉLORUSSIE ÉTAIT TOMBÉ DANS UN PIÈGE DE L’UKRAINE ?25/05/2021

Le 23 mai 2021 en début d’après-midi, un avion Ryanair reliant Athènes à Vilnius se pose en urgence à Minsk après que plusieurs aéroports en Biélorussie aient reçu un e-mail déclarant qu’une bombe se trouvait à bord et qu’elle explosera une fois que l’avion sera au-dessus de la capitale lituanienne. Parmi les passagers, se trouvait Roman Protassevitch, qui a travaillé pour la chaîne Telegram Nexta, qui a activement participé à l’organisation des manifestations contre Loukachenko l’an passé. Les autorités biélorusses arrêtent alors Protassevitch, déclenchant des réactions littéralement hystériques de la part de l’Occident qui accuse Minsk d’avoir détourné l’avion exprès pour arrêter l’opposant, et menace la Biélorussie de mesures de rétorsion dont les conséquences sur l’économie biélorusse ne seront pas négligeables. Et si ce détournement du vol Ryanair où se trouvait Protassevitch était un piège de l’Ukraine dans lequel la Biélorussie est tombée à pieds joints ?

https://tass.ru/mezhdunarodnaya-panorama/11449169

Cette théorie peut sembler assez folle, et pourtant plusieurs éléments laissent penser que ce n’est pas si fou que cela.

Tout d’abord il faut rappeler que contrairement à ce que hurlent certains officiels ou journalistes occidentaux, ce qui s’est passé le 23 mai a non pas un mais plusieurs précédents, dont un qui a eu lieu en Ukraine !

Le 21 octobre 2016, un avion de la compagnie Belavia (compagnie biélorusse) est ramené de force à l’aéroport Jouliany de Kiev dont il était parti, sans explication ni raison claire. Kiev menace même d’envoyer les avions de combat si l’équipage n’obtempère pas ! Une fois que l’avion a atterri, les autorités ukrainiennes arrêtent l’un des passagers, un citoyen arménien du nom d’Armen Matirossian, qui est un opposant au Maïdan. À l’époque personne en Occident n’a hurlé à l’acte terroriste de la part de l’Ukraine (double standard quand tu nous tiens) pour ce détournement musclé d’un avion biélorusse. La Biélorussie elle-même n’avait pas réagi avec hystérie à cette affaire, et n’avait pas menacé de couper les liaisons aériennes avec l’Ukraine, comme cette dernière vient de le faire après l’histoire du vol de Ryanair.

https://belavia.by/novosti/3583147/

Autre fait qu’il faut rappeler, c’est que l’Ukraine était prête à recommencer l’an passé ! Rappelez-vous, fin juillet 2020, le KGB biélorusse arrête 33 mercenaires russes sur lesquels initialement l’Ukraine comptait mettre la main lorsque leur vol passerait dans le ciel ukrainien. Cette fois l’idée était de faire monter à bord des agents du SBU chargés de jouer respectivement un homme malade et un membre du personnel médical, et simuler un problème de santé grave pour obliger l’avion à se poser en Ukraine, et débarquer puis arrêter les 33 Russes. Mais le plan ne s’est pas déroulé comme prévu, et la Biélorussie a débouté l’Ukraine de ses demandes d’extradition des mercenaires russes, qui sont rentrés chez eux.

https://www.donbass-insider.com/fr/2020/08/18/lukraine-participe-activement-a-la-destabilisation-de-la-situation-en-bielorussie/

Cette Bérézina monumentale des services secrets ukrainiens a laissé des traces en Ukraine. Plusieurs personnalités politiques ont accusé des proches de Zelensky d’être responsables de la fuite d’information qui a mené à l’échec de l’opération, et demandé d’interroger tout le monde, y compris le Président ! Autant dire que certains à Kiev ont dû mal digérer cette affaire et garder une rancœur contre Minsk pour cette gabegie. Et si l’Ukraine avait décidé de se venger de la Biélorussie en provoquant un énorme scandale qui aurait des conséquences politiques, économiques et médiatiques désastreuses pour Minsk ?

Car l’idée que Loukachenko aurait décidé sur un coup de folie de détourner l’avion de Ryanair juste pour arrêter Protassevitch – en sachant que cela déclencherait un scandale international et potentiellement des mesures de rétorsion désastreuses pour la Biélorussie sur le plan économique – ça ne colle pas. Il y a quelque chose qui cloche.

Tout d’abord les images prises lors de l’atterrissage de l’avion à Minsk montrent une quantité impressionnante de camions de pompiers, des sapeurs sont sur place, les bagages et les passagers sont fouillés. En clair, Minsk semble avoir pris la menace de la présence d’une bombe à bord de l’avion très au sérieux. Si Loukachenko avait juste envie d’arrêter Protassevitch, peu importe les conséquences, pourquoi s’embêter à faire un tel simulacre ? Il lui suffisait de faire comme les autorités ukrainiennes en 2016 avec le vol de Belavia ! Les conséquences pour la Biélorussie auraient été les mêmes.

https://www.youtube.com/watch?v=ipq6ge_wbAs

https://www.youtube.com/watch?v=jrBPoCgLM84

Autre fait qui contredit la version occidentale, c’est la transcription des discussions entre l’aiguilleur du ciel biélorusse et le pilote du vol Ryanair. Le site du ministère des Transports biélorusse où la transcription a été publiée subit depuis lors des attaques informatiques qui le rendent souvent inaccessible. Mais j’ai réussi à accéder à la page assez longtemps pour lire l’échange.

http://caa.gov.by/ru/news-ru/view/1-203/

Voici la capture d’écran d’une partie de la discussion (cliquer dessus pour voir en plus grand) :

Transcription de la discussion entre l’aiguilleur biélorusse et le pilote de Ryanair

On y lit clairement que l’aiguilleur biélorusse n’a fait que recommander un atterrissage d’urgence à Minsk ! À aucun moment les pilotes ne sont forcés ou menacés de se voir envoyer les avions de chasse comme lors de l’incident de 2016 en Ukraine. C’est le pilote du vol Ryanair qui décide de suivre la recommandation de l’aiguilleur.

Les autorités biélorusse ont lancé une enquête pour punir les personnes à l’origine de la fausse alerte à la bombe. De plus, la Biélorussie a proposé à la Lituanie de mener une enquête conjointe sur l’incident, et a invité des experts de l’ICAO, de l’IATA, de l’EASA, et des autorités de l’aviation civile européennes et américaines à venir sur place pour évaluer les circonstances de l’incident. Ce qui ne colle pas non plus avec le scénario de Loukachenko décidant de défier toutes les règles et lois internationales pour mettre la main sur un opposant. Dans un tel scénario, la Biélorussie aurait simplement envoyé bouler ces institutions et ne s’embêterait pas à enquêter sur la fausse alerte à la bombe.

https://tass.ru/mezhdunarodnaya-panorama/11449345

https://tass.ru/mezhdunarodnaya-panorama/11457305

Autre fait troublant, l’e-mail annonçant qu’il y a une bombe à bord de l’avion, venant prétendument du Hamas (qui a démenti être à l’origine de cette alerte à la bombe), a été envoyée depuis une adresse ProtonMail. Or ce fournisseur d’e-mail a été bloqué en Russie, car il était utilisé pour envoyer de fausses alertes à la bombe à répétition. Des e-mails dont une bonne partie venaient d’Ukraine !

https://tass.ru/mezhdunarodnaya-panorama/11466531

https://tass.com/politics/1114031

https://www.bbc.com/russian/features-50956160

Résumons : nous avons un pays, l’Ukraine, qui a déjà un passif de détournement d’avion, qui a aussi un passif de fausses alertes à la bombe dans un pays voisin, et qui a de bonnes raisons d’en vouloir à la Biélorussie. De l’autre nous avons un comportement des autorités biélorusses qui semble indiquer qu’elles ont réellement pris au sérieux la menace, et qu’elles ont juste pris les mesures nécessaires face à un tel danger. La découverte de Protassevitch à bord lors du débarquement des passagers pour la fouille serait alors fortuite, et la Biélorussie aurait sauté sur l’occasion pour l’arrêter, sans comprendre les conséquences désastreuses que cela aurait pour le pays.

Suite à l’incident, l’Ukraine a qualifié l’incident avec l’avion Ryanair de « manifestation du terrorisme international » (ce qui a de quoi faire rire jaune quand on sait que Kiev a fait la même chose en pire en 2016) et appelé à prendre des mesures sévères contre la Biélorussie. Kiev a d’ailleurs coupé toute liaison aérienne avec son voisin suite à cet incident.

https://tass.ru/mezhdunarodnaya-panorama/11455275

https://tass.ru/mezhdunarodnaya-panorama/11465277

Or il semble que l’Ukraine ne soit pas la seule à vouloir se lancer dans cette mesure de rétorsion, plusieurs compagnies aériennes occidentales ont déjà suspendu leurs vols à destination de la Biélorussie, plusieurs pays comme la Grande-Bretagne interdisent aux avions biélorusses de voler dans leur espace aérien, et l’UE appelle à généraliser ce blocus aérien et à prendre des sanctions contre le pays, ce qui pourrait avoir des conséquences économiques désastreuses pour Minsk.

https://tass.ru/ekonomika/11472087

D’ailleurs l’Ukraine en a profité pour réitérer son refus déjà exprimé au mois d’avril de cette année, de ne pas revenir mener les négociations concernant le Donbass à Minsk après la fin des mesures anti-coronavirus. Si en avril les excuses avancées semblaient tellement bidons que personne n’y a prêté attention, après un tel incident, le refus ukrainien de retourner à Minsk semble un peu plus justifié aux yeux des garants occidentaux des accords de Minsk.

https://iz.ru/1147220/2021-04-06/ukrainskaia-delegatciia-otkazalas-ezdit-v-minsk-na-peregovory-po-donbassu

https://www.donbass-insider.com/fr/2021/04/07/tensions-croissantes-entre-la-russie-et-loccident-sur-fond-descalade-dans-le-donbass/

Si on tient compte du fait que cet incident aura potentiellement des conséquences désastreuses pour la Biélorussie, alors que Loukachenko avait réussi à éviter le pire l’an passé en manœuvrant habilement, alors le scénario officiel occidental cloche. Soit Loukachenko a réellement été pris d’une crise de folie répressive, mais dans ce cas, pourquoi s’adonner à un tel simulacre et ne pas avoir fait comme l’Ukraine en 2016 ? Soit quelqu’un a piégé la Biélorussie pour en faire une paria aux yeux du monde entier, afin de se venger. Si tel est le cas, l’enquête sur la fausse alerte à la bombe pourrait bien apporte des preuves sur l’origine de cette vengeance.

Christelle Néant

Et voici quelques prévisions sur la personnalité de Protrassevitch, présenté comme un “démocrate” chez nous en oubliant sa participation aux bataillons Azov néo-nazis

https://www.donbass-insider.com

par Christelle Néant.

Depuis l’arrestation de Roman Protassevitch à Minsk après l’atterrissage d’urgence du vol Ryanair où il se trouvait, une véritable bataille pour sa réputation a été lancée entre la Biélorussie et l’Occident, entre autre pour savoir s’il a ou non combattu pour le bataillon néo-nazi Azov dans le Donbass.

https://www.donbass-insider.com/fr/2021/05/25/detournement-vol-ryanair-et-arrestation-de-protassevitch-et-si-la-bielorussie-etait-tombe-dans-un-piege-de-ukraine/

Côté russe et biélorusse très vite certains ont pointé du doigt que Roman Protassevitch avait combattu au sein du bataillon néo-nazi Azov au début du conflit dans le Donbass. Ce que médias occidentaux et même certains Ukrainiens, comme Andreï Biletski, l’ancien commandant du bataillon Azov, ont nié.

https://blogs.pravda.com.ua/authors/bileckyj/60ad38205b7b2/

Sur son blog hébergé sur le site Ukraïnskaya Pravda, Biletski nous explique en effet que Protassevitch était bien avec le bataillon Azov dans le Donbass, mais prétendument en tant que « journaliste ».

« Je vais immédiatement mettre tous les points sur les « i ». Oui, Roman s’est vraiment battu avec Azov et d’autres unités militaires contre l’occupation de l’Ukraine. Il était avec nous près de Chirokino, où il a été blessé. Mais son arme en tant que journaliste n’était pas un fusil mitrailleur, mais les mots, » a écrit Biletski.

Sauf que le problème c’est qu’on a beau chercher sur Internet, impossible de trouver un article signé de sa main concernant la guerre dans le Donbass. Plutôt bizarre. C’est alors qu’est apparue la couverture du 15e numéro du  magazine du bataillon néo-nazi Azov, sur laquelle on voit clairement Protassevitch poser en uniforme, l’arme à la main !

Là ce fut l’affolement général côté occidental, il fallait absolument sauver le soldat Protassevitch en prouvant qu’il n’était pas un mercenaire néo-nazi, et lui éviter de finir comme Navalny dont les positions politiques d’extrême droite lui avaient valu de perdre son statut de prisonnier politique auprès d’Amnesty International (avant de le retrouver après un changement de direction approprié), et sa réputation.

Pour une mission aussi difficile, c’est Bellingcat et ses affidés comme The Insider (basé en Russie) qui ont été mis sur l’affaire.

   C’est d’abord Michael Colborne, un « journaliste » de Bellingcat qui a lancé l’opération « il faut sauver le soldat Protassevitch » en essayant de prouver que s’il était bien membre du bataillon néo-nazi Azov, il l’était seulement en tant que journaliste.

https://twitter.com/ColborneMichael/status/1396996484592283648

    Certains émettent alors l’hypothèse que la photo de couverture a été trafiquée pour ajouter le visage de Protassevitch. Mais très vite on retrouve une archive du fichier PDF publié le 8 juillet 2015 sur une page d’Azov hébergée sur le réseau social VK ! Il n’y a aucun doute la couverture est donc bien authentique !

 https://archive.ph/mYUOU

Le lendemain, The Insider tente une autre approche et publie un article prétendant que l’homme qu’on voit sur la photo de couverture n’était pas Protassevitch mais un autre soldat, mort depuis lors, Andreï Snitko.

https://web.archive.org/web/20210526133810/https:/theins.ru/news/242216

Mais entre temps un paquet d’autres photos et vidéos sont sorties des placards, et entre autre du téléphone même de Protassevitch, qui prouvent de manière indéniable qu’il a bien combattu au sein du bataillon néo-nazi Azov.

 

On y voit Protassevitch en uniforme avec chevron du bataillon, l’arme à la main et un paquet de chargeurs pour son fusil mitrailleur dans le gilet pare-balles ! Drôle d’accoutrement pour un « journaliste » ! On le voit aussi dans une vidéo et des photos prises lors d’une parade du bataillon Azov à Marioupol ! Depuis quand les journalistes défilent lors d’une parade militaire ???

Lors d’une manifestation en faveur de la Biélorussie, le père même de Protassevitch avait admis que son fils avait combattu dans le Donbass.

« Des dossiers ont été déposés contre mon fils dès 2014, alors qu’il se trouvait sur le territoire du Donbass et qu’il combattait aux côtés de l’armée ukrainienne », avait alors déclaré son père qui s’est rétracté bien sûr une fois son fils arrêté à Minsk.

Devant les preuves qui s’accumulent très rapidement, The Insider supprime purement et simplement l’article, mais trop tard. Une archive a été conservée, montrant les efforts de ce « média » affidé de Bellingcat pour tenter de blanchir Protassevitch.

Le coup de grâce est venu de Protassevitch lui-même. En effet, en septembre 2015, il avait donné une interview au média Nacha Niva. Sa tête est cachée sur la photo illustrant l’article mais il n’est pas difficile de reconnaître la photo de Protassevitch trouvée dans son téléphone !

https://nn.by/?c=ar&i=156593&lang=ru

Dans l’interview, Protassevitch y est surnommé « Kim ». Il y raconte qu’il a été blessé près de Chirokino, ce qui colle avec les autres éléments de la biographie de Protassevitch. Il y dit aussi qu’il combat en Ukraine parce qu’il a des ancêtres ukrainiens, qu’il déteste les communistes et la Russie qui est le successeur de l’URSS, et pour « arrêter la horde russe de Poutine » avant qu’elle s’en prenne à la Biélorussie. Il raconte même son premier combat et son premier tir ! Drôle de journaliste décidément.

Vient alors l’argument classique « oui mais ils ne sont pas tous néo-nazis chez Azov ».

Problème une autre photo de Protassevitch prouve qu’il est bien un néo-nazi. Sur cette photo on le voit clairement (à gauche) porter un t-shirt de la marque Sva Stone arborant quatre svastikas !

 

Cette marque est un soutien actif des bataillons néo-nazis Azov et Secteur Droit, comme on peut le voir sur cette affiche.

 

La marque vend des t-shirts au nom explicite comme « sang pur » ou « sekira perouna » (le nom d’un groupe de musique néo-nazi), ainsi que les gilets « blitzkrieg », ou « Romper Stomper » (nom d’un film à propos d’un gang de skinheads néo-nazis de Melbourne), etc.

https://www.donbass-insider.com/fr/2019/10/18/ukraine-rejette-demande-onu-fermer-site-mirotvorets/

En clair Roman Protassevitch n’est ni un gentil garçon venu apporter la démocratie en Biélorussie, ni un journaliste, mais un ancien combattant du bataillon néo-nazi Azov, qui adhère à l’idéologie de ce bataillon, et voulait organiser un coup d’État violent façon Maïdan dans son pays d’origine. Décidément il faut croire que l’Occident n’arrive à recruter que des néo-nazis et des terroristes islamistes pour mener ses révolutions de couleur.

Christelle Néant

https://reseauinternational.net/author/chrisrelleneant/

source : https://www.donbass-insider.com


Indignation occidentale à géométrie variable pour une opération discutable


Biélorussie : deux poids, deux mesures


 

L’affaire de l’avion Athènes-Vilnius forcé de se poser à Minsk le 23 mai pour cause d’alerte à la bombe présumée à bord et avec un blogueur opposant comme passager, a soulevé des émotions et un torrent de contre-vérités et d’oublis dans nos médias.
La raison profonde est évidemment la russophobie car un minimum de professionnalisme journalistique et de connaissance de background aurait permis d’éviter des cris d’orfraie du genre “une atteinte sans précédents”, “une incroyable violation du droit international du dictateur bélarussien”, etc. Encore et à nouveau la géométrie variable pour traiter (justement traiter!) l’information. Le paradoxe presque amusant est que le sommet européen prévu quelques jours plus tard qui devait définir une stratégie d’actions anti-russe a changé son ordre du jour pour examiner l’affaire biélorusse, comparativement bien mineure dans le fond.

Soyons clair : il ne s’agit pas d’approuver ce genre d’opérations contre un opposant, aussi compromis soit-il en matière de corruption étrangère et de subversion y compris armée. Bien sûr, s’il se confirme que c’est une opération de services secrets et non une réelle alerte à la bombe. On peut aussi se demander si l’opération n’est pas un peu démesurée et si politiquement le président Loukachenko ne fait pas une erreur en hissant la personnalité d’un blogueur agressif mais peu signifiant à son niveau. L’hypothèse d’un nouveau piège tendu par des Ukrainines existe aussi (cf. à la fin de l’article). La transcription du dialogue entre le pilote et la tour de contrôle qui tendrait à prouver qu’il n’y a pas eu de contrainte et que le pilote a décidé seul est troublant s’il est réel. Souhaitons qu’une enquête honnête le détermine.

A sa décharge, reconnaissons que Le pouvoir biélorusse se considère victime d’une guerre hybride et réfléchit en termes de guerre. Au moment des élections présidentielles qui ont servi à déclencher les manifestations d’une nouvelle révolution de couleur, Alexandre Loukachenko a failli être abusé par une provocation ukrainienne surnommée l’affaire des 33 bogatyrs. Les services ukrainiens, sans doute inspirés par d’autres, ont cherché à faire croire à Loukachenko que les Russes avaient envoyé des mercenaires de l’organisation Wagner pour le renverser en profitant des manifestations qu’allaient organiser les opposants entraînés et financés par la Pologne, la Lituanie et les Etats-unis. Puis, il y a eu les manifestations, les violences, les condamnations, la répression, les sanctions. L’attitude du régime de Kiev a sans doute le plus vexé Loukachenko qui estime qu’il a tant fait pour le protéger des Russes ! Enfin, la tentative de coup d’Etat en avril.

Si on condamne des “détournements” d’avion comme “terrorisme d’état”, il faut pour le moins le faire partout et toujours. Or ce n’est pas le cas. Pas du tout !

Ce n’est pas la première fois qu’un avion est forcé à se poser. Parmi les cas les plus retentissants, souvenons-nous de l’atterrissage en 2013 à Vienne de l’appareil d’Evo Morales, alors Président bolivien. La France de Hollande (serviteur patenté d’intérêts nord-américains), l’Italie et l’Espagne ayant soudainement refusé d’autoriser le survol de leurs pays. Les autorités autrichiennes ont perquisitionné l’appareil en dépit de l’immunité présidentielle. Pourquoi ? Les services américains soupçonnaient que Edward Snowden, un de leur ex-employé qui a eu le mérite de dévoiler les pratiques des agences US en matière de violation du respect de la vie privée et de la correspondance, pouvait se trouver à bord. Comme atteinte à la liberté d’expression et violation du droit de la navigation aérienne, avouez que cela aurait mérité des commentaires autrement plus indignés que sur l’avion de la Ryannair de la part de nos médias et des fonctionnaires dirigeants de l’Union européenne.

On n’insistera pas sur l’avion détourné par les autorités françaises en 1956, lors de la guerre d’Algérie avec à son bord des dirigeants du FLN !

Il y a d’autres faits similaires plus récents qui n’ont pas été relevés par les pays étrangers et les organisations internationales telles l’UE, l’Otan et l’OSCE, sans parler des médias.

En 2012, un vol Moscou-Damas a été forcé à atterrir en Turquie. Ankara avait alors dépêché des chasseurs pour le forcer à atterrir en justifiant cette atteinte à la liberté de navigation aérienne par un soupçon de présence d’armes à bord !

En 2016, c’est un avion biélorusse de la compagnie Belavia qui après avoir décollé de Kiev a été contraint de retourner à son aéroport de départ alors qu’il se trouvait déjà à 50 km de l’espace aérien biélorusse car un politologue arménien anti-Maïdan se trouvait à son bord. L’UE n’a pas jugé bon de proclamer des sanctions…

En 2020, un avion américain F15 a menacé un avion de passagers iranien au-dessus de la Syrie. Ceci après que le 3 juillet 1988 un airbus A300 de Iran Air reliant Bandar Abbas à Dubaï a été abattu sans sommation et sans doute par erreur par le croiseur américain Vincennes. Pas d’excuses ni compensations aux proches des 290 victimes…

Comme le fait remarquer un communiqué officiel russe sur l’affaire, «Les actions mentionnées ont été commises sciemment en violation des normes du droit international. La réaction de l’Occident a été pratiquement inexistante, aucun coupable n’en a répondu». «Nous exhortons nos partenaires occidentaux à s’abstenir de recourir au “deux poids deux mesures” et à évaluer la situation d’une manière lucide et sans émotion en se basant sur les informations disponibles et en coordination avec les autorités aériennes biélorusses qui font preuve d’ouverture», déclare le communiqué officiel. Les officiels biélorusses s’en tiennent en effet à leur version de la bombe. Une enquête honnête pourrait déterminer si c’est juste une attitude ou si un piège leur a été tendu. Compte tenu des disproportions et de l’utilité bien relative d’une telle opération, on ne peut l’exclure tout à fait aussi invraisemblable que cela paraisse.

 

Contrairement au Tollé soulevé autour de Ryanair

Nos “défenseurs des droits de l’homme” ont annoncé que Roman Protassevitch, ancien rédacteur en chef de la chaîne Telegram Nexta, considérée comme extrémiste en Biélorussie et financée par la Pologne, la Lituanie et les Etats-unis, selon les propos de Protassevitch lui-même sur internet, se trouvait à son bord. Lors du contrôle à l’aéroport de Minsk, ce dernier et sa compagne (?) de nationalité russe ont été interpellés. Une action pénale a été initiée à son encontre, entre autres pour «organisation de troubles de masse» et il risque jusqu’à 15 ans de prison. Il était aussi accusé de menées terroristes. Les autorités russes ont demandé à exercer leur droit consulaire d’assistance à la jeune femme.

Certes Roman Protasssevitch est considéré comme un blogueur très efficace. Il a visiblement suivi des formations et a acquis une expérience de terrain en allant participer aux manifestations et peut-être au coup d’État du Maidan en Ukraine en février 2014. Puis il est allé faire le coup de feu contre les insurgés russophones du Donbass, aux côtés des bataillons ultra-nationalistes AZOV qui pour certains arborent les croix gammées et les insignes rappelant ceux des SS. Bien sûr, il a été remarqué pour l’organisation des manifestations après les élections présidentielles dont les résultats trop favorables à Loukachenko ont indigné une partie de l’opinion, notamment parmi la jeunesse, et ont servi de prétexte au lancement d’une révolution de couleur. Le drapeau, utilisé à l’époque de l’occupation, blanc à bande rouge, a servi d’oriflamme de ralliement.

Le pouvoir n’a pas cédé et visiblement l’opinion ne suivait pas massivement les appels au renversement du pouvoir. Des politologues et des sondages équilibrés estimaient que même s’il était fort probable que des pouvoirs locaux ont fait du zèle pour plaire en bourrant des urnes, Loukachenko n’en avait pas moins gagné les élections mais non avec 80%. Plutôt 55 à 60%. Après les succès des manifestations les premières semaines, l’opposition a échoué à organiser une grève générale. Et comme c’est la règle dans les mouvements à vocation révolutionnaire, ils se sont mis à appeler à des actions volontaristes comme le sabotage ou l’arrêt des chemins de fer. C’est ce qui doit servir de fondement aux accusations de “terrrorisme” lancées par le pouvoir contre le blogueur. Le blog qu’il avait quitté au profit d’autres activités médiatiques est Nexta, qui se trouve en Pologne et en Lituanie et connaît un succès certain parmi la jeunesse de Biélorussie.

D’ici à risquer une crise internationale, il y a quand même un pas.

Loukachenko est certes perçu comme “ringard” par toute une partie de l’opinion, surtout la plus jeune. Paradoxalement c’est grâce à sa politique que cette jeunesse est moderne et très fortement informatisée. On peut sans doute risquer une comparaison avec le mai 68 français, où le courant ne passait plus entre la jeunesse du baby boom et le général de Gaulle, auquel elle devait pourtant beaucoup. Tout comme de Gaulle, Loukachenko est très attaché à la souveraineté de son pays, aussi bien vis-à-vis de la Russie que de l’Occident. En ménageant l’un et l’autre autant que faire se pouvait mais sans agressivité excessive contre la Russie, à laquelle il doit sa relative stabilité économique. Et de même que contre de Gaulle, les relais de l’hégémonie mondiale sont aux aguets pour exploiter les humeurs politiques.

On a souvent comparé Loukachenko à un bon directeur de kolkhoze. Il a ainsi pu éviter de jeter le bébé avec l’eau du bain après la chute de l’URSS. Son pays, tout en n’étant pas riche, est plutôt bien placé parmi les ex-républiques soviétiques et il reste industrialisé. Mais la direction d’un Kolkhoze et celle d’un État moderne avec toute la dimension de projets et de rêves politiques, ce n’est pas la même chose. Et comme s’y ajoute la volonté des puissances de l’OTAN de faire de la Biélorussie un nouvel avant-poste anti-russe avec tous les efforts habituels en matière de financements d’ONG, de médias comme NEXTA, entièrement financé par les Occidentaux, de formation d’opposants et même d’entraînements, comme en Ukraine, l’affaire prend une coloration géopolitique.

Cette dernière contraint la Russie, contre laquelle sont dirigés les efforts otaniens à se montrer solidaire, parfois au-delà de ce qu’elle voudrait. D’un autre côté, les résultats du coup d’état et de la dépendance totale de l’Ukraine du suzerain américain avec une situation économique catastrophique et un pillage avancé du pays, sert de repoussoir à une bonne partie de l’opinion, même parmi ceux qui sont lassés de Loukachenko.

Par ailleurs, alors que nos “défenseurs des droits de l’Homme” à géométrie variable réclament toujours plus de “sanctions” contre la Biélorussie, il ne faudrait pas oublier que déjà les sanctions contre la Russie nous ont coûté cher et beaucoup moins aux Américains inspirateurs. Les produits agricoles et alimentaires ont été parmi les plus frappés chez nous en plus des opérations aberrantes type Mistral. La Biélorussie a beaucoup servi pour exporter en “contrebande” vers la Russie. C’est la fameuse remarque anecdotique sur le fait que la Biélorussie, qui n’a aucune mer, est devenue le premier “producteur” européen de crevettes ! Par rapport aux pays baltes, des installations de raffineries leur sont bien utiles et des opérations d’oligarques russes cherchant l’optimisation fiscale par rapport à la Russie ne sont pas inactifs entre la Biélorussie et la Lituanie….On peut y ajouter le rôle de la Biélorussie pour alimenter en énergie l’Ukraine à partir de la Russie sans que “ça se voit”… Il faudrait donc réfléchir aux conséquences.

Ce sont là quelques uns des éléments, dont il faut tenir compte pour analyser la situation au lieu de céder à l’émotion et de prendre des positions à l’emporte pièce qui peuvent nous coûter cher à nous et aux Biélorusses sans servir à rien.

Voici l’hypothèse d’une provocation avec la transcription des échanges entre le pilote et la tour de contrôle ;

 

 

 

DÉTOURNEMENT D’UN VOL RYANAIR ET ARRESTATION DE PROTASSEVITCH – ET SI LA BIÉLORUSSIE ÉTAIT TOMBÉ DANS UN PIÈGE DE L’UKRAINE ?25/05/2021

 

Le 23 mai 2021 en début d’après-midi, un avion Ryanair reliant Athènes à Vilnius se pose en urgence à Minsk après que plusieurs aéroports en Biélorussie aient reçu un e-mail déclarant qu’une bombe se trouvait à bord et qu’elle explosera une fois que l’avion sera au-dessus de la capitale lituanienne. Parmi les passagers, se trouvait Roman Protassevitch, qui a travaillé pour la chaîne Telegram Nexta, qui a activement participé à l’organisation des manifestations contre Loukachenko l’an passé. Les autorités biélorusses arrêtent alors Protassevitch, déclenchant des réactions littéralement hystériques de la part de l’Occident qui accuse Minsk d’avoir détourné l’avion exprès pour arrêter l’opposant, et menace la Biélorussie de mesures de rétorsion dont les conséquences sur l’économie biélorusse ne seront pas négligeables. Et si ce détournement du vol Ryanair où se trouvait Protassevitch était un piège de l’Ukraine dans lequel la Biélorussie est tombée à pieds joints ?

https://tass.ru/mezhdunarodnaya-panorama/11449169

Cette théorie peut sembler assez folle, et pourtant plusieurs éléments laissent penser que ce n’est pas si fou que cela.

Tout d’abord il faut rappeler que contrairement à ce que hurlent certains officiels ou journalistes occidentaux, ce qui s’est passé le 23 mai a non pas un mais plusieurs précédents, dont un qui a eu lieu en Ukraine !

Le 21 octobre 2016, un avion de la compagnie Belavia (compagnie biélorusse) est ramené de force à l’aéroport Jouliany de Kiev dont il était parti, sans explication ni raison claire. Kiev menace même d’envoyer les avions de combat si l’équipage n’obtempère pas ! Une fois que l’avion a atterri, les autorités ukrainiennes arrêtent l’un des passagers, un citoyen arménien du nom d’Armen Matirossian, qui est un opposant au Maïdan. À l’époque personne en Occident n’a hurlé à l’acte terroriste de la part de l’Ukraine (double standard quand tu nous tiens) pour ce détournement musclé d’un avion biélorusse. La Biélorussie elle-même n’avait pas réagi avec hystérie à cette affaire, et n’avait pas menacé de couper les liaisons aériennes avec l’Ukraine, comme cette dernière vient de le faire après l’histoire du vol de Ryanair.

https://belavia.by/novosti/3583147/

Autre fait qu’il faut rappeler, c’est que l’Ukraine était prête à recommencer l’an passé ! Rappelez-vous, fin juillet 2020, le KGB biélorusse arrête 33 mercenaires russes sur lesquels initialement l’Ukraine comptait mettre la main lorsque leur vol passerait dans le ciel ukrainien. Cette fois l’idée était de faire monter à bord des agents du SBU chargés de jouer respectivement un homme malade et un membre du personnel médical, et simuler un problème de santé grave pour obliger l’avion à se poser en Ukraine, et débarquer puis arrêter les 33 Russes. Mais le plan ne s’est pas déroulé comme prévu, et la Biélorussie a débouté l’Ukraine de ses demandes d’extradition des mercenaires russes, qui sont rentrés chez eux.

https://www.donbass-insider.com/fr/2020/08/18/lukraine-participe-activement-a-la-destabilisation-de-la-situation-en-bielorussie/

Cette Bérézina monumentale des services secrets ukrainiens a laissé des traces en Ukraine. Plusieurs personnalités politiques ont accusé des proches de Zelensky d’être responsables de la fuite d’information qui a mené à l’échec de l’opération, et demandé d’interroger tout le monde, y compris le Président ! Autant dire que certains à Kiev ont dû mal digérer cette affaire et garder une rancœur contre Minsk pour cette gabegie. Et si l’Ukraine avait décidé de se venger de la Biélorussie en provoquant un énorme scandale qui aurait des conséquences politiques, économiques et médiatiques désastreuses pour Minsk ?

Car l’idée que Loukachenko aurait décidé sur un coup de folie de détourner l’avion de Ryanair juste pour arrêter Protassevitch – en sachant que cela déclencherait un scandale international et potentiellement des mesures de rétorsion désastreuses pour la Biélorussie sur le plan économique – ça ne colle pas. Il y a quelque chose qui cloche.

Tout d’abord les images prises lors de l’atterrissage de l’avion à Minsk montrent une quantité impressionnante de camions de pompiers, des sapeurs sont sur place, les bagages et les passagers sont fouillés. En clair, Minsk semble avoir pris la menace de la présence d’une bombe à bord de l’avion très au sérieux. Si Loukachenko avait juste envie d’arrêter Protassevitch, peu importe les conséquences, pourquoi s’embêter à faire un tel simulacre ? Il lui suffisait de faire comme les autorités ukrainiennes en 2016 avec le vol de Belavia ! Les conséquences pour la Biélorussie auraient été les mêmes.

https://www.youtube.com/watch?v=ipq6ge_wbAs

https://www.youtube.com/watch?v=jrBPoCgLM84

Autre fait qui contredit la version occidentale, c’est la transcription des discussions entre l’aiguilleur du ciel biélorusse et le pilote du vol Ryanair. Le site du ministère des Transports biélorusse où la transcription a été publiée subit depuis lors des attaques informatiques qui le rendent souvent inaccessible. Mais j’ai réussi à accéder à la page assez longtemps pour lire l’échange.

http://caa.gov.by/ru/news-ru/view/1-203/

Voici la capture d’écran d’une partie de la discussion (cliquer dessus pour voir en plus grand) :

Transcription de la discussion entre l'aiguilleur biélorusse et le pilote de Ryanair

 

Transcription de la discussion entre l’aiguilleur biélorusse et le pilote de Ryanair

On y lit clairement que l’aiguilleur biélorusse n’a fait que recommander un atterrissage d’urgence à Minsk ! À aucun moment les pilotes ne sont forcés ou menacés de se voir envoyer les avions de chasse comme lors de l’incident de 2016 en Ukraine. C’est le pilote du vol Ryanair qui décide de suivre la recommandation de l’aiguilleur.

Les autorités biélorusse ont lancé une enquête pour punir les personnes à l’origine de la fausse alerte à la bombe. De plus, la Biélorussie a proposé à la Lituanie de mener une enquête conjointe sur l’incident, et a invité des experts de l’ICAO, de l’IATA, de l’EASA, et des autorités de l’aviation civile européennes et américaines à venir sur place pour évaluer les circonstances de l’incident. Ce qui ne colle pas non plus avec le scénario de Loukachenko décidant de défier toutes les règles et lois internationales pour mettre la main sur un opposant. Dans un tel scénario, la Biélorussie aurait simplement envoyé bouler ces institutions et ne s’embêterait pas à enquêter sur la fausse alerte à la bombe.

https://tass.ru/mezhdunarodnaya-panorama/11449345

https://tass.ru/mezhdunarodnaya-panorama/11457305

 

Autre fait troublant, l’e-mail annonçant qu’il y a une bombe à bord de l’avion, venant prétendument du Hamas (qui a démenti être à l’origine de cette alerte à la bombe), a été envoyée depuis une adresse ProtonMail. Or ce fournisseur d’e-mail a été bloqué en Russie, car il était utilisé pour envoyer de fausses alertes à la bombe à répétition. Des e-mails dont une bonne partie venaient d’Ukraine !

https://tass.ru/mezhdunarodnaya-panorama/11466531

https://tass.com/politics/1114031

https://www.bbc.com/russian/features-50956160

 

Résumons : nous avons un pays, l’Ukraine, qui a déjà un passif de détournement d’avion, qui a aussi un passif de fausses alertes à la bombe dans un pays voisin, et qui a de bonnes raisons d’en vouloir à la Biélorussie. De l’autre nous avons un comportement des autorités biélorusses qui semble indiquer qu’elles ont réellement pris au sérieux la menace, et qu’elles ont juste pris les mesures nécessaires face à un tel danger. La découverte de Protassevitch à bord lors du débarquement des passagers pour la fouille serait alors fortuite, et la Biélorussie aurait sauté sur l’occasion pour l’arrêter, sans comprendre les conséquences désastreuses que cela aurait pour le pays.

Suite à l’incident, l’Ukraine a qualifié l’incident avec l’avion Ryanair de « manifestation du terrorisme international » (ce qui a de quoi faire rire jaune quand on sait que Kiev a fait la même chose en pire en 2016) et appelé à prendre des mesures sévères contre la Biélorussie. Kiev a d’ailleurs coupé toute liaison aérienne avec son voisin suite à cet incident.

https://tass.ru/mezhdunarodnaya-panorama/11455275

https://tass.ru/mezhdunarodnaya-panorama/11465277

 

Or il semble que l’Ukraine ne soit pas la seule à vouloir se lancer dans cette mesure de rétorsion, plusieurs compagnies aériennes occidentales ont déjà suspendu leurs vols à destination de la Biélorussie, plusieurs pays comme la Grande-Bretagne interdisent aux avions biélorusses de voler dans leur espace aérien, et l’UE appelle à généraliser ce blocus aérien et à prendre des sanctions contre le pays, ce qui pourrait avoir des conséquences économiques désastreuses pour Minsk.

https://tass.ru/ekonomika/11472087

D’ailleurs l’Ukraine en a profité pour réitérer son refus déjà exprimé au mois d’avril de cette année, de ne pas revenir mener les négociations concernant le Donbass à Minsk après la fin des mesures anti-coronavirus. Si en avril les excuses avancées semblaient tellement bidons que personne n’y a prêté attention, après un tel incident, le refus ukrainien de retourner à Minsk semble un peu plus justifié aux yeux des garants occidentaux des accords de Minsk.

https://iz.ru/1147220/2021-04-06/ukrainskaia-delegatciia-otkazalas-ezdit-v-minsk-na-peregovory-po-donbassu

https://www.donbass-insider.com/fr/2021/04/07/tensions-croissantes-entre-la-russie-et-loccident-sur-fond-descalade-dans-le-donbass/

 

Si on tient compte du fait que cet incident aura potentiellement des conséquences désastreuses pour la Biélorussie, alors que Loukachenko avait réussi à éviter le pire l’an passé en manœuvrant habilement, alors le scénario officiel occidental cloche. Soit Loukachenko a réellement été pris d’une crise de folie répressive, mais dans ce cas, pourquoi s’adonner à un tel simulacre et ne pas avoir fait comme l’Ukraine en 2016 ? Soit quelqu’un a piégé la Biélorussie pour en faire une paria aux yeux du monde entier, afin de se venger. Si tel est le cas, l’enquête sur la fausse alerte à la bombe pourrait bien apporte des preuves sur l’origine de cette vengeance.

Christelle Néant

Et voici quelques prévisions sur la personnalité de Protrassevitch, présenté comme un “démocrate” chez nous en oubliant sa participation aux bataillons Azov néo-nazis

https://www.donbass-insider.com

par Christelle Néant.

Depuis l’arrestation de Roman Protassevitch à Minsk après l’atterrissage d’urgence du vol Ryanair où il se trouvait, une véritable bataille pour sa réputation a été lancée entre la Biélorussie et l’Occident, entre autre pour savoir s’il a ou non combattu pour le bataillon néo-nazi Azov dans le Donbass.

https://www.donbass-insider.com/fr/2021/05/25/detournement-vol-ryanair-et-arrestation-de-protassevitch-et-si-la-bielorussie-etait-tombe-dans-un-piege-de-ukraine/

 

Côté russe et biélorusse très vite certains ont pointé du doigt que Roman Protassevitch avait combattu au sein du bataillon néo-nazi Azov au début du conflit dans le Donbass. Ce que médias occidentaux et même certains Ukrainiens, comme Andreï Biletski, l’ancien commandant du bataillon Azov, ont nié.

https://blogs.pravda.com.ua/authors/bileckyj/60ad38205b7b2/

Sur son blog hébergé sur le site Ukraïnskaya Pravda, Biletski nous explique en effet que Protassevitch était bien avec le bataillon Azov dans le Donbass, mais prétendument en tant que « journaliste ».

« Je vais immédiatement mettre tous les points sur les « i ». Oui, Roman s’est vraiment battu avec Azov et d’autres unités militaires contre l’occupation de l’Ukraine. Il était avec nous près de Chirokino, où il a été blessé. Mais son arme en tant que journaliste n’était pas un fusil mitrailleur, mais les mots, » a écrit Biletski.

Sauf que le problème c’est qu’on a beau chercher sur Internet, impossible de trouver un article signé de sa main concernant la guerre dans le Donbass. Plutôt bizarre.

C’est alors qu’est apparue la couverture du 15e numéro du magazine du bataillon néo-nazi Azov, sur laquelle on voit clairement Protassevitch poser en uniforme, l’arme à la main !

 

Là ce fut l’affolement général côté occidental, il fallait absolument sauver le soldat Protassevitch en prouvant qu’il n’était pas un mercenaire néo-nazi, et lui éviter de finir comme Navalny dont les positions politiques d’extrême droite lui avaient valu de perdre son statut de prisonnier politique auprès d’Amnesty International (avant de le retrouver après un changement de direction approprié), et sa réputation.

Pour une mission aussi difficile, c’est Bellingcat et ses affidés comme The Insider (basé en Russie) qui ont été mis sur l’affaire.

C’est d’abord Michael Colborne, un « journaliste » de Bellingcat qui a lancé l’opération « il faut sauver le soldat Protassevitch » en essayant de prouver que s’il était bien membre du bataillon néo-nazi Azov, il l’était seulement en tant que journaliste.

https://twitter.com/ColborneMichael/status/1396996484592283648

Certains émettent alors l’hypothèse que la photo de couverture a été trafiquée pour ajouter le visage de Protassevitch. Mais très vite on retrouve une archive du fichier PDF publié le 8 juillet 2015 sur une page d’Azov hébergée sur le réseau social VK ! Il n’y a aucun doute la couverture est donc bien authentique !

 https://archive.ph/mYUOU

 

Le lendemain, The Insider tente une autre approche et publie un article prétendant que l’homme qu’on voit sur la photo de couverture n’était pas Protassevitch mais un autre soldat, mort depuis lors, Andreï Snitko.

https://web.archive.org/web/20210526133810/https:/theins.ru/news/242216

Mais entre temps un paquet d’autres photos et vidéos sont sorties des placards, et entre autre du téléphone même de Protassevitch, qui prouvent de manière indéniable qu’il a bien combattu au sein du bataillon néo-nazi Azov.

 

 

 

 

On y voit Protassevitch en uniforme avec chevron du bataillon, l’arme à la main et un paquet de chargeurs pour son fusil mitrailleur dans le gilet pare-balles ! Drôle d’accoutrement pour un « journaliste » ! On le voit aussi dans une vidéo et des photos prises lors d’une parade du bataillon Azov à Marioupol ! Depuis quand les journalistes défilent lors d’une parade militaire ???

Lors d’une manifestation en faveur de la Biélorussie, le père même de Protassevitch avait admis que son fils avait combattu dans le Donbass.

« Des dossiers ont été déposés contre mon fils dès 2014, alors qu’il se trouvait sur le territoire du Donbass et qu’il combattait aux côtés de l’armée ukrainienne », avait alors déclaré son père qui s’est rétracté bien sûr une fois son fils arrêté à Minsk.

Devant les preuves qui s’accumulent très rapidement, The Insider supprime purement et simplement l’article, mais trop tard. Une archive a été conservée, montrant les efforts de ce « média » affidé de Bellingcat pour tenter de blanchir Protassevitch.

Le coup de grâce est venu de Protassevitch lui-même. En effet, en septembre 2015, il avait donné une interview au média Nacha Niva. Sa tête est cachée sur la photo illustrant l’article mais il n’est pas difficile de reconnaître la photo de Protassevitch trouvée dans son téléphone !

https://nn.by/?c=ar&i=156593&lang=ru

 

 

Dans l’interview, Protassevitch y est surnommé « Kim ». Il y raconte qu’il a été blessé près de Chirokino, ce qui colle avec les autres éléments de la biographie de Protassevitch. Il y dit aussi qu’il combat en Ukraine parce qu’il a des ancêtres ukrainiens, qu’il déteste les communistes et la Russie qui est le successeur de l’URSS, et pour « arrêter la horde russe de Poutine » avant qu’elle s’en prenne à la Biélorussie. Il raconte même son premier combat et son premier tir ! Drôle de journaliste décidément.

Vient alors l’argument classique « oui mais ils ne sont pas tous néo-nazis chez Azov ».

Problème une autre photo de Protassevitch prouve qu’il est bien un néo-nazi. Sur cette photo on le voit clairement (à gauche) porter un t-shirt de la marque Sva Stone arborant quatre svastikas !

 

 

 

Cette marque est un soutien actif des bataillons néo-nazis Azov et Secteur Droit, comme on peut le voir sur cette affiche.

 

La marque vend des t-shirts au nom explicite comme « sang pur » ou « sekira perouna » (le nom d’un groupe de musique néo-nazi), ainsi que les gilets « blitzkrieg », ou « Romper Stomper » (nom d’un film à propos d’un gang de skinheads néo-nazis de Melbourne), etc.

https://www.donbass-insider.com/fr/2019/10/18/ukraine-rejette-demande-onu-fermer-site-mirotvorets/

En clair Roman Protassevitch n’est ni un gentil garçon venu apporter la démocratie en Biélorussie, ni un journaliste, mais un ancien combattant du bataillon néo-nazi Azov, qui adhère à l’idéologie de ce bataillon, et voulait organiser un coup d’État violent façon Maïdan dans son pays d’origine. Décidément il faut croire que l’Occident n’arrive à recruter que des néo-nazis et des terroristes islamistes pour mener ses révolutions de couleur.

Christelle Néant

https://reseauinternational.net/author/chrisrelleneant/

 

source : https://www.donbass-insider.com