L’Affaire Navalny : plus c’est gros !

  • stoprussophobie redaction
  • vendredi septembre 25, 2020
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L’Affaire Navalny : plus c’est gros !
Photo Omsk-info RIA

Pourquoi une campagne anti-russe autour de l’opposant Alexeï Navalny ?

 

Voici deux articles de réflexions sur l’affaire de l’opposant Alexeï Navalny que les puissances otaniennes présentent comme ayant été empoisonné. En sous-entendant bien sûr qu’il ait pu s’agir d’un ordre du président Vladimir Poutine. L’accusation est ridicule (poison qui ne fonctionne pas, date mal choisie, circonstances pour le moins peu plausibles pour un service secret, etc.) mais comme on dit en propagande, plus c’est gros, plus ça peut passer. Il suffit de répéter un mensonge pour qu’il devienne vérité. Vieux principe de Goebbels ! Les deux articles ci-dessous rétablissent le bon sens.

Bien sûr on ne peut pas affirmer aujourd’hui que Navalny n’a pas été intoxiqué mais il faudrait encore savoir à quel moment. Les médecins de OMSK (Sibérie) qui ont sauvé Navalny, affirment qu’il n’y avait pas de poison dans son organisme et ils tiennent toutes les analyses à disposition des médecins allemands et autres. Qui bizarrement n’en veulent pas et ne veulent pas montrer les leurs. Etrange non comme quête de vérité ? Pour en rajouter, il a été annoncé triomphalement par nos médias peu soucieux dans de tels cas d’un minimum de conscience professionnelle journalistique que “des laboratoires français et suédois avaient confirmé un empoisonnement”de Navalny en “oubliant” de préciser que cette information était annoncée par le gouvernement allemand qui de ce fait se confirmait lui-même ! Et sans préciser quels laboratoires et où on pouvait consulter leurs résulats !

Eux aussi parlaient de “Novitchok” alors que tout le monde sait maintenant que ce poisons peut être fabriqué par n’importe qui puisque les formules ont été sur la place publique et que le poison dont le précurseur est le novitchok (un terme de laboratoire) est une arme de “destruction massive”, comme aimait à dire le pas très regretté Powell, difficile à utiliser dans un avion sans éliminer tout le monde !!! Si empoisonnement il y a eu, il y a toutes les chances que c’est après avoir quitté l’hôpital d’Omsk.

En Russie même, il ne manque pas de gens susceptible de vouloir régler des comptes avec lui. Soit pour des affaires passées, soit pour des dénonciations de corruption qu’il a pu faire. C’est d’ailleurs une des fonctions de Navalny dans la politique russe : il n’est certes pas le “premier opposant” comme on dit dans nos médias, mais il joue le rôle que pouvait jouer chez nous le Canard enchaîné avant de devenir un papier politiquement correct sans saveur. Il permet aux protagonistes du monde politique et économique parfois, de se venger les uns des autres, de se faire toutes sortes d’amabilités, d’éliminer des concurrents etc. Pour la France, l’affaire Fillon en a été une des dernières illustrations, même si le principal n’est pas passé par le Canard. C’est une raison supplémentaire pour démentir la propagande occidentale selon laquelle c’est Poutine qui aurait voulu empoisonner Navalny ! Un Navalny ça peut servir… et pas seulement les coalisés de l’OTAN.

Affaire Navalny: vérité ou mensonge ?

(Général Dominique Delawarde)

Le 18 mars 2018, j’écrivais un article sur l’affaire Skripal repris par plusieurs dizaines de sites internet de réinformation. Cet article avait eu, à l’époque, un certain succès d’audience, cumulant beaucoup plus de 100 000 lecteurs sur la totalité des sites de publication, et il avait été plébiscité par une immense majorité des commentateurs.

Le lecteur pourra en prendre connaissance sur le lien suivant: https://reseauinternational.net/affaire-skripal-verite-ou-mensonge/

Aujourd’hui, je tiens à partager avec ceux qui s’intéressent à mes analyses une réponse faite à l’un de mes correspondants, spécialiste de la Russie, qui m’interrogeait sur l’affaire Navalny et qui me disait ne pas savoir quoi en penser.

Le 3 Septembre 2020

Mon cher François,

Comme vous le pressentez, je ne pense pas une seule seconde que Poutine puisse être impliqué dans ce genre d’affaire qui, comme vous le soulignez, n’est pas la première du genre. Et si c’était le cas, on l’imagine mal autoriser le transfert de la victime en Allemagne, toute trace de Novitchok dehors, et d’offrir ainsi la possibilité aux occidentaux de l’accuser, une fois de plus, d’empoisonner ses opposants.

Les médias mainstream occidentaux et la gouvernance allemande prennent Poutine pour un imbécile, ce qu’il n’est pas, et surtout nous prennent tous pour des «demeurés», incapables de réfléchir. Cette farce ne tient évidemment pas la route et la gouvernance allemande ne se grandit pas à imiter le comportement des britanniques lors de l’affaire Skripal et à tenter de faire croire une telle énormité.

Il est vrai que les Allemands n’en sont pas à leur coup d’essai.

Dans un article d’avril 2019, Serge Halimi, directeur du journal «Le Monde Diplomatique» et Pierre Rimbert, rédacteur en chef adjoint de ce même journal co-signent un excellent article sous le titre: le plus gros bobard du XXème siècle: https://www.monde-diplomatique.fr/2019/04/HALIMI/59723 Ils commentent ainsi les déclarations délirante du ministre de la défense allemand, le social-démocrate Rudolf Scharping, faites en avril 1999:

“Les Serbes commettent un «génocide», «jouent au football avec des têtes coupées, dépècent des cadavres, arrachent les fœtus des femmes enceintes tuées et les font griller»,… Ces propos furent repris en coeur, dans une orchestration remarquable par les médias mainstream occidentaux; ils ont tué « de 100 000 à 500 000 personnes» (TF1, 20 avril 1999), incinéré leurs victimes dans des « fourneaux, du genre de ceux utilisés à Auschwitz » (The Daily Mirror, 7 juillet).

Une à une, ces fausses informations seront taillées en pièces — mais après la fin du conflit —, notamment par l’enquête du journaliste américain Daniel Pearl (The Wall Street Journal, 31 décembre 1999). Tout comme se dégonflera l’une des plus retentissantes manipulations de la fin du XXe siècle: le plan Potkova («fer à cheval»), un document censé prouver que les Serbes avaient programmé l’«épuration ethnique» du Kosovo. Sa diffusion par l’Allemagne, en avril 1999, servit de prétexte à l’intensification des bombardements.

Loin d’être des internautes paranoïaques, les principaux désinformateurs furent les gouvernements occidentaux, l’OTAN, ainsi que les organes de presse les plus respectés.»

L’affaire Navalny est donc, pour moi, une affaire visant à noircir, une fois de plus, l’image de Poutine et de la Russie, à le présenter comme un dictateur sanguinaire, et à l’embarrasser, au moins temporairement. Comme d’habitude, les gouvernances et les grands médias occidentaux agissent en meute et sans grande finesse: «plus c’est gros, plus ça passe». Un mensonge répété jour après jour et du matin au soir devient vérité dans l’esprit des gens. C’est ce que l’on appelle la propagande. Goebbels n’aurait pas fait mieux lors de la 2ème guerre mondiale.

L’analyse détaillée des cas similaires précédents (meurtre de Nemtsov le 27 février 2015, tentative d’empoisonnement de Skripal en mars 2018) montrent que ces événements se situaient toujours à des moments qui correspondaient parfaitement au calendrier électoral Russe et/ou à des affaires internationales dans lesquelles il convenait de mettre la Russie, et surtout Poutine, dans l’embarras.

La Question est donc aujourd’hui: Pourquoi ça et pourquoi maintenant ? Comment expliquer simplement cette affaire ?

Beaucoup l’ignore en occident, mais des élections nationales auront lieu en Russie le 13 Septembre prochain.

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lections_infranationales_russes_de_2020

Une affaire Navalny intervenant à quelques jours de cette échéance électorale est de nature à renforcer les résultats de l’opposition à Poutine, donc à profiter à cette opposition. Rappelons que l’affaire Skripal était intervenue elle aussi par une étrange coïncidence quelques jours avant l’élection présidentielle russe de mars 2018…

Par ailleurs au moins six affaires jugées importantes par la coalition occidentale, et impliquant la Russie, suivent leurs cours et pourraient justifier une opération visant à embarrasser Poutine.

Il y a l’affaire syrienne dans laquelle la Russie s’est engagée avec prudence et succès dès Septembre 2015 et qu’elle aimerait bien conclure rapidement. La Russie y est en opposition frontale à la coalition israélo-occidentale qui aimerait voir durer le conflit syrien pour créer des faits accomplis.

Il y a l’affaire du North Stream II qui suit son cours et que les USA cherchent encore et toujours à faire capoter, au détriment, d’ailleurs, de leurs alliés européens.

Il y a le succès commercial du vaccin Russe (2 milliards de doses déjà commandées par plus de 20 pays), succès que les lobbies occidentaux aimeraient bien transformer en échec pour promouvoir les leurs lorsqu’ils existeront.

Il y a la réactualisation en cours du concept stratégique de l’OTAN 2021, dans laquelle les USA cherchent déjà à présenter à leurs partenaires européens la Russie de Poutine comme l’une des deux menaces majeures pour l’OTAN. Il faut donc couper court à tout effort de l’UE de se rapprocher des russes …..

Il y a encore l’affaire de la guerre des prix sur les marchés gazier et pétrolier sur lequel la gestion avisée de Poutine a déjà acculé à la faillite nombre d’exploitants de gaz de schiste US.

Il y a enfin la tentative en cours de révolutions colorées en Biélorussie et celle qui n’est pas toujours pas abandonnée au Vénézuela, révolutions dans lesquelles les occidentaux redoutent, à tort ou à raison, les réactions russes de soutien aux pouvoirs en place.

Mettre le Président russe dans l’embarras, c’est détourner son attention et son énergie des sujets brûlants qu’il gère plutôt bien. Salir son image et celle de la Russie met Poutine sur la défensive et dans l’obligation d’être prudent, donc plus modéré, dans son action sur les six dossiers évoqués ci dessus.

Quant aux commanditaires de cette action visant à discréditer Poutine, il faut les chercher, comme dans l’affaire Skripal, dans les grands services spéciaux occidentaux et plus particulièrement parmi les trois plus efficaces dans ce genre d’opération: CIA, Mossad, MI5, en liaison, bien sûr, avec le BND allemand.

Voilà mon analyse à chaud.

Il n’est d’ailleurs pas certain que les élections du 13 septembre ne soient pas, in fine, un grand succès pour le parti de Poutine. Plus l’occident critique la Russie et paraît s’ingérer dans ses affaires, plus l’électorat russe a tendance à se regrouper autour de son Président. L’affaire Skripal et son exploitation maladroite par les occidentaux avait fait gagner 13 points en quelques jours au candidat Poutine, élu dès le premier tour. Relire à cet égard la lettre de Vladimir à Theresa du 20 mars 2018:
https://reseauinternational.net/lettre-de-vladimir-a-theresa-general-dominique-delawarde/

Dominique DELAWARDE

 

L’affaire Navalny va-t-elle révéler ses secrets ? Loukachenko détient-il vraiment la preuve que Merkel aurait sciemment menti ?

 

IMG videos 6questionsnavalny

Pour la vidéo: https://youtu.be/xiX9YQ0Dem0

Pour le texte écrit : https://www.upr.fr/actualite/laffaire-navalny-va-t-elle-reveler-ses-secrets-loukachenko-detient-il-vraiment-la-preuve-que-merkel-aurait-menti-sciemment/

3 septembre 2020 https://fr.sputniknews.com/international/202009031044368213-les-declarations-de-merkel-sur-lempoisonnement-de-navalny-sont-falsifiees-selon-loukachenko/

On n’en finit plus d’aller de surprise en surprise dans cette bien étrange affaire Navalny. J’en résume ici les grands traits (et je renvoie à ma vidéo du 26 août – mise en ligne le 28 – où j’expliquais déjà à quel point la version officielle me paraissait invraisemblable :

Pour résumer la situation, je récapitule ci-après :

1) la version occidentale des événements – le “narratif” comme on dit maintenant –
2) les points d’invraisemblance de ce narratif,
3) le président biélorusse assure avoir la preuve enregistrée du mensonge d’Angela Merkel. Bluffe-t-il ?

1°) VERSION OCCIDENTALE OFFICIELLE

a)- Navalny est “le principal opposant” à Vladimir Poutine. C’est un héros de la démocratie, victime de la persécution incessante des autorités russes.

b)- Vladimir Poutine est un dictateur sanguinaire qui ne supporte pas que quiconque lui résiste.

c)- Vladimir Poutine a décidé de faire assassiner Navalny en le faisant empoisonner par ses services secrets. (Ce n’est pas affirmé explicitement mais toutes les déclarations officielles vont implicitement dans ce sens).

d)- cela n’a rien d’étonnant car les dirigeants russes ont une tradition très ancienne, remontant au Moyen-Âge, qui consiste à empoisonner les opposants au tsar. Vladimir Poutine a déjà tenté de faire assassiner l’agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia à Salisbury (Angleterre) en mars 2018.

e)- les services secrets russes ont donc, sur ordre du Kremlin, versé le 20 août 2020 du poison dans une tasse de thé que Navalny prenait dans la cafétéria de l’aéroport de Tomsk (Sibérie), dans l’attente de l’avion qui devait le ramener à Moscou.

f)- le poison a conduit Navalny à pousser des cris de douleur pendant le vol, au point que le pilote a décidé de faire une escale impromptue à l’aéroport d’Omsk pour y déposer le passager malade, afin que celui-ci soit soigné à l’hôpital d’Omsk.

g)- très rapidement, une ONG (Cinema for peace, dont le siège est à Berlin) a affrété un jet médicalisé privé pour aller chercher Navalny à l’hôpital d’Omsk, à la demande de sa femme et de ses proches qui dénonçaient déjà un empoisonnement.

h)- les médecins russes de l’hôpital d’Omsk ont mené des investigations sur le malade et ont annoncé qu’ils n’avaient trouvé aucune trace de poison.

i)- Ils ont traîné les pieds pour remettre aux médecins allemands le ressortissant russe Navalny, qu’ils avaient plongé entretemps dans un coma artificiel dans le but cynique de laisser le poison disparaître sans laisser de traces….

Mais – sans que l’on nous explique pourquoi – les Russes ont fini par remettre, le 23 août, le citoyen russe malade aux Allemands venus avec l’avion affrété par Cinema for peace.

j)- à peine arrivé à Berlin (23 août), Navalny a été conduit à l’hôpital de la Charité, où son statut a fait l’objet d’informations contradictoires.

Dans un premier temps (23 août – 17h41), il a été présenté comme “invité de la Chancelière” Merkel par la chaîne de télévision allemande ZDF, se référant au ministère de l’Intérieur du pays.
( https://fr.sputniknews.com/international/202008231044302108-soigne-en-allemagne-navalny-se-voit-accorder-le-statut-dinvite-de-la-chanceliere-selon-la-tv/ )

k)- dans un second temps, le 24 août, le porte-parole est revenu sur cette qualification en précisant que Navalny n’était justement PAS l’invité de la Chancelière

(dépêche du 24 août – 15h00 – Sprecher: Alexej Nawalny kein förmlicher Gast der Kanzlerin : https://www.tag24.de/thema/aus-aller-welt/eu-fordert-unabhaengige-untersuchung-im-fall-alexej-nawalny-1622854 )
Ce revirement de position de la Chancelière n’a pas été expliqué.

l)- le 24 août après-midi, les médecins allemands de Navalny ont annoncé à la presse qu’il présentait « des traces d’empoisonnement », diagnostic qui contredisait donc celui des médecins russes de l’hôpital d’Omsk.

m)- le 2 septembre 2020, le gouvernement allemand déclare que Navalny a été empoisonné par “un agent toxique de type Novitchok”.

Angela Merkel déclare : « Navalny a été victime d’une attaque menée par le biais d’une substance chimique […] de type Novitchok. Ce poison a été découvert dans les analyses. Ainsi il a été prouvé que Navalny a été victime d’un crime. Il devait se taire. Je condamne cela de la manière la plus ferme au nom du gouvernement allemand»

Le Novitchok est le même poison que celui qui avait été invoqué lors de l’affaire Skripal.

n)- aussitôt, les États occidentaux habituels emboîtent le pas de la Chancelière d’Allemagne et réclament en chœur des explications au Kremlin.

 

Le ministre français des affaires étrangères (Jean-Yves Le Drian) déclare :
« Je veux condamner dans les termes les plus forts l’utilisation choquante et irresponsable d’un tel agent. Il y a des interrogations fortes et il est de la responsabilité des autorités russes d’y répondre ».

 

Le ministre britannique des affaires étrangères (Dominic Raab) déclare :
« Il est évident que le gouvernement russe doit réagir à la situation. Il doit dire la vérité au sujet de ce qui s’est passé avec Monsieur Navalny ».
John Ullyot, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, déclare :
« Les États-Unis sont profondément préoccupés par les résultats publiés aujourd’hui. L’empoisonnement d’Alexeï Navalny est hautement répréhensible. La Russie a déjà utilisé le Novitchok, un agent neurotoxique chimique [renvoi à l’affaire Skripal, à propos de laquelle la Russie rejette toutes les accusations portées contre elle]. Nous travaillerons avec les alliés et la communauté internationale afin que ces personnes en Russie en répondent».

Ursula Von der Leyen, la Présidente de la Commission européenne réagit sur Twitter en évoquant un acte «lâche» et «ignoble».

2°) LES INVRAISEMBLANCES DU NARRATIF OCCIDENTAL

a)- contrairement à ce qu’affirment les médias occidentaux, Alexeï Navalny n’est pas du tout le “principal opposant” de Vladimir Poutine.
Dans la perspective de l’élection présidentielle de 2018, les sondages lui octroyaient entre 2 et 3% des suffrages alors qu’ils en octroyaient entre 5 et 7% à Vladimir Jirinovski et au représentant du Parti communiste.

Il y a des grands partis d’opposition en Russie (dont l’un compte plus de 2 millions de membres) mais celui de Navalny n’en fait pas partie

(https://meteopolitique.com/Fiches/guerre/Russie/Alexei-Navalny/Un-militant-de-la-destabilisation-fabrique-aux-Etats-Unis-oeuvrant-en-Russie.htm#05 )

Du reste, lors de l’élection présidentielle de 2018 en Russie, Vladimir Poutine l’a emporté avec 76,69% des suffrages contre Pavel Groudinine (Parti communiste) qui a obtenu 11,77% des suffrages, Vladimir Jirinovski (5,65%) et 7 autres candidats.

b)- contrairement à ce qu’affirment les médias occidentaux, Alexeï Navalny n’est pas un démocrate scrupuleux ni un chantre de la non-violence.
Il a au contraire pris des positions d’extrême-droite à de nombreuses reprises (proposant de régler le problème des Tchétchènes à coup de pistolet, etc.), ce qui lui a valu d’être exclu du parti d’opposition Iabloko en 2007.

(cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexe%C3%AF_Navalny )

 

c)- les médias occidentaux cachent systématiquement les liens avérés de Navalny avec les services d’influence américains, et notamment la NED, qui a repris certaines des attributions de la CIA.

(cf. https://meteopolitique.com/Fiches/guerre/Russie/Alexei-Navalny/Un-militant-de-la-destabilisation-fabrique-aux-Etats-Unis-oeuvrant-en-Russie.htm#05 ou https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexe%C3%AF_Navalny )

 

d)- si le régime de Vladimir Poutine est sanguinaire parce qu’on le soupçonne d’avoir commandité quelques empoisonnements (d’ailleurs ratés), que dire alors du régime de Washington qui a fait assassiner froidement, par drones et selon des “procédures extra-légales, quelque 4700 personnes au début des années 2010 ?

(https://www.lefigaro.fr/flash-actu/2013/02/20/97001-20130220FILWWW00763-les-drones-us-ont-tue-4700-personnes.php ).

Pourquoi n’y a-t-il jamais d’indignation des dirigeants français, allemands, européens devant ces assassinats de masse décidés par les maîtres de la Maison Blanche ?!?

Et cela sans parler des centaines de milliers de morts civils provoqués par les conflits armés provoqués par les États-Unis en Afghanistan ou en Irak ?

e)- pourquoi Vladimir Poutine – qui est au sommet de sa popularité et de sa gloire – aurait-il voulu faire assassiner Navalny qui est un opposant marginal et qui ne représente aucune menace électorale ?

Pourquoi Poutine, qui doit songer à la place qu’il va laisser dans les livres d’histoire, accepterait-il de ternir son image par un assassinat gratuit ?

f)- à supposer même que Vladmir Poutine ait voulu faire assassiner Navalny, pourquoi le faire maintenant ?

La période serait spécialement mal choisie, alors que la Russie va connaître des élections régionales dans 10 jours, le 13 septembre 2020, donc au risque de créer une polémique nuisant aux résultats électoraux des candidats qui soutiennent son parti Russie Unie.

(https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lections_infranationales_russes_de_2020 )

 

Notons d’ailleurs que l’empoisonnement allégué des Skripal était survenu quelques jours avant l’élection présidentielle de 2018 et ne pouvait que ternir son image de façon très inopportune alors que sa réélection haut-la-main était acquise.

g)- à supposer même que Vladmir Poutine ait voulu faire assassiner Navalny, pourquoi avoir choisi la méthode la plus visible et la plus facile à relayer sur les médias et les réseaux sociaux du monde entier (empoisonnement filmé en direct dans une cafétéria, puis dans l’avion) ?

Alors qu’il aurait été si facile d’organiser un faux accident par exemple, ou bien un empoisonnement ou un suicide maquillé en prison, comme de nombreux observateurs soupçonnent que cela a été le cas du suicide de Jeffrey Epstein en prison aux États-Unis ?

h)- si ce sont les autorités russes qui ont décidé d’empoisonner Navalny, pourquoi avoir choisi le Novitchok, qui avait déjà été prétendument utilisé contre les Skripal ?

Non seulement les Skripal ne sont pas morts – ce qui prouve que le “poison Novitchok” ne serait pas efficace – mais il est en quelque sorte devenu le synonyme du “poison utilisé par Poutine” dans l’opinion publique occidentale. On ne pouvait pas imaginer une procédure plus spontanément accusatrice contre Poutine !

i)- c’est d’ailleurs bien à tort que l’on fait croire que le Novitchok serait une exclusivité russe.

Depuis l’effondrement de l’URSS, la recette du Novitchok est passée en Occident et ce poison serait désormais produit aux États-Unis et en Angleterre

(cf. https://www.upr.fr/france/une-fake-news-pour-discrediter-poutine-et-la-russie-selon-lancien-ambassadeur-britannique-en-ouzbekistan-lhistoire-du-novitchok-serait-une-anarque-comme-les-armes-de-destruction-massi/  )

j)- Leonid Rink, docteur ès sciences chimiques et l’un des créateurs du Novitchok, est une source russe, donc sujette à caution. Mais son autorité scientifique vaut quand même qu’on écoute ce qu’il dit.

Il a expliqué sur la chaîne YouTube Soloviev Live qu’il était impossible que Navalny ait été empoisonné par cet agent toxique car le Novitchok est un «cocktail» composé d’une multitude de composants qui n’était pas prêt à être utilisé avant qu’il n’explose.

Selon lui, la thèse selon laquelle il est possible d’utiliser le Novitchok pour tuer une personne prise à part est ridicule, car c’est un système ultra-puissant capable d’éliminer toute une unité militaire.

Si Navalny avait été empoisonné au Novitchok, il aurait présenté des symptômes tels que le myosis, des convulsions et « la personne aurait été tuée au terme de quelques secondes » !

(Source : https://fr.sputniknews.com/international/202009021044366458-un-des-createurs-du-novitchok-explique-pourquoi-navalny-na-pas-pu-etre-empoisonne-par-cet-agent/ )

 

k) si ce sont les autorités russes qui ont commandité et organisé l’empoisonnement de Navalny, pourquoi ont-elles donné des visas aux médecins allemands et accordé un plan de vol à l’avion de l’ONG Cinema for peace pour qu’ils viennent chercher le malade et qu’ils le transfèrent en Allemagne ?

Et cela au risque de voir l’Allemagne affirmer que Navalny avait été empoisonné, ce qui vient exactement de se passer.
C’est l’une des plus grandes invraisemblances de toute cette histoire : si Vladimir Poutine avait décidé d’empoisonner Navalny, jamais, au grand jamais, il n’aurait autorisé le transfert du malade en Occident, au risque de se faire démasquer !

l) le gouvernement russe a relevé que personne, jusqu’à présent, ne lui a fourni la moindre preuve de l’empoisonnement de Navalny.

 

Pourtant, le ministère allemand de la Justice a confirmé qu’une demande d’assistance juridique dans l’affaire Navalny avait été reçue de la part de la Russie jeudi 27 août, selon le journal Welt am Sonntag.

 

(https://fr.sputniknews.com/international/202008301044341964-berlin-confirme-la-reception-dune-lettre-du-parquet-russe-relative-a-laffaire-navalny/ )

Pourquoi les pays occidentaux – France en tête – se précipitent-ils pour réclamer des “explications” à la Russie sans avoir obtenu auparavant les moindres preuves de l’empoisonnement ?

m) rappelons enfin que Sergueï Skripal et sa fille Ioulia, qui auraient été empoisonnés avec du Novitchok en Angleterre en mars 2018, sont sortis sains et saufs de leur hôpital britannique en avril 2018, mais que nul n’en a plus jamais entendu parler depuis.

 

Leur témoignage pourrait pourtant être très opportun pour confirmer les accusations formulées par les dirigeants occidentaux contre Vladimir Poutine, accusations qui occasionnèrent la plus grave crise diplomatique entre la Russie et les pays de l’Otan depuis la fin de la Guerre froide.

On est également sidéré qu’aucun journaliste d’investigation n’ait tenté de les joindre pour les interroger. C’eût été un scoop mondial.

La disparition totale des Skripal – qui vivaient au Royaume-Uni – reste à ce jour un mystère.

 

CONCLUSION : LOUKACHENKO BLUFFE-T-IL ?

On a appris, ce jeudi 3 septembre 2020 dans l’après-midi, que le Président biélorusse Loukachenko a affirmé que l’annonce de l’empoisonnement de Navalny faite par Angela Merkel hier était falsifiée.

 

Le président de Biélorussie s’est référé à une conversation que ses services de renseignements aurait interceptée et enregistrée entre Varsovie et Berlin.

 

Il a promis d’en fournir un enregistrement à la Russie et l’a expliqué dans ces termes :
« Nous avons intercepté une conversation intéressante. Je vous la donnerai à lire. Nous allons la préparer et la transmettre au FSB, [Service fédéral de sécurité de la fédération de Russie, ancien KGB]. Il s’agit clairement d’une falsification ».

 

« Hier ou avant-hier, avant le discours de Merkel, elle a déclaré que quelqu’un voulait faire taire Navalny. Nous avons intercepté la conversation. Nous avons réalisé que Varsovie échangeait avec Berlin. Il y avait deux interlocuteurs en ligne. C’est notre service de renseignements militaire radioélectronique qui l’a interceptée ».
Affaire à suivre….

FA
03/09/2020

Pour la vidéo: https://youtu.be/xiX9YQ0Dem0

Pour le texte écrit : https://www.upr.fr/actualite/laffaire-navalny-va-t-elle-reveler-ses-secrets-loukachenko-detient-il-vraiment-la-preuve-que-merkel-aurait-menti-sciemment/

 


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OCTOBRE – NOVEMBRE 2020

Affaire Navalny : vérité ou mensonge ?

http://www.revuemethode.org/m102011.html

par Dominique DELAWARDE

 

Le 18 mars 2018, j’écrivais un article sur l’affaire Skripal repris par plusieurs dizaines de sites internet de réinformation. Cet article avait eu, à l’époque, un certain succès d’audience, cumulant beaucoup plus de 100 000 lecteurs sur la totalité des sites de publication, et il avait été plébiscité par une immense majorité des commentateurs1.
Aujourd’hui, je tiens à partager avec ceux qui s’intéressent à mes analyses une réponse faite à l’un de mes correspondants, spécialiste de la Russie, qui m’interrogeait sur l’affaire Navalny et qui me disait ne pas savoir quoi en penser.

Mon cher François,
Comme vous le pressentez, je ne pense pas une seule seconde que Poutine puisse être impliqué dans ce genre d’affaire qui, comme vous le soulignez, n’est pas la première du genre. Et si c’était le cas, on l’imagine mal autoriser le transfert de la victime en Allemagne, toute trace de Novitchok dehors, et d’offrir ainsi la possibilité aux occidentaux de l’accuser, une fois de plus, d’empoisonner ses opposants.
Les médias mainstream occidentaux et la gouvernance allemande prennent Poutine pour un imbécile, ce qu’il n’est pas, et surtout nous prennent tous pour des « demeurés », incapables de réfléchir. Cette farce ne tient évidemment pas la route et la gouvernance allemande ne se grandit pas à imiter le comportement des britanniques lors de l’affaire Skripal et à tenter de faire croire une telle énormité.
Il est vrai que les Allemands n’en sont pas à leur coup d’essai.
Dans un article d’avril 2019, Serge Halimi, directeur du journal « Le Monde Diplomatique» et Pierre Rimbert, rédacteur en chef adjoint de ce même journal co-signent un excellent article sous le titre: le plus gros bobard du XXème siècle2: Ils commentent ainsi les déclarations délirante du ministre de la défense allemand, le social-démocrate Rudolf Scharping, faites en avril 1999 :

« Les Serbes commettent un «génocide», «jouent au football avec des têtes coupées, dépècent des cadavres, arrachent les fœtus des femmes enceintes tuées et les font griller»,… Ces propos furent repris en cœur, dans une orchestration remarquable par les médias mainstream occidentaux ; ils ont tué « de 100 000 à 500 000 personnes » (TF1, 20 avril 1999), incinéré leurs victimes dans des « fourneaux, du genre de ceux utilisés à Auschwitz » (The Daily Mirror, 7 juillet).

 

Une à une, ces fausses informations seront taillées en pièces — mais après la fin du conflit —, notamment par l’enquête du journaliste américain Daniel Pearl (The Wall Street Journal, 31 décembre 1999). Tout comme se dégonflera l’une des plus retentissantes manipulations de la fin du XXe siècle : le plan Potkova 3 (« fer à cheval »), un document censé prouver que les Serbes avaient programmé l’« épuration ethnique» du Kosovo. Sa diffusion par l’Allemagne, en avril 1999, servit de prétexte à l’intensification des bombardements.
Loin d’être des internautes paranoïaques, les principaux désinformateurs furent les gouvernements occidentaux, l’OTAN, ainsi que les organes de presse les plus respectés. »

L’affaire Navalny est donc, pour moi, une affaire visant à noircir, une fois de plus, l’image de Poutine et de la Russie, à le présenter comme un dictateur sanguinaire, et à l’embarrasser, au moins temporairement. Comme d’habitude, les gouvernances et les grands médias occidentaux agissent en meute et sans grande finesse : «plus c’est gros, plus ça passe». Un mensonge répété jour après jour et du matin au soir devient vérité dans l’esprit des gens. C’est ce que l’on appelle la propagande. Goebbels n’aurait pas fait mieux lors de la 2ème guerre mondiale.

L’analyse détaillée des cas similaires précédents (meurtre de Nemtsov le 27 février 2015, tentative d’empoisonnement de Skripal en mars 2018) montrent que ces événements se situaient toujours à des moments qui correspondaient parfaitement au calendrier électoral Russe et/ou à des affaires internationales dans lesquelles il convenait de mettre la Russie, et surtout Poutine, dans l’embarras.

LA QUESTION EST DONC AUJOURD’HUI : POURQUOI ÇA ET POURQUOI MAINTENANT ? COMMENT EXPLIQUER SIMPLEMENT CETTE AFFAIRE ?

Beaucoup l’ignore en occident, mais des élections nationales auront lieu en Russie le 13 septembre prochain4.
Une affaire Navalny intervenant à quelques jours de cette échéance électorale est de nature à renforcer les résultats de l’opposition à Poutine, donc à profiter à cette opposition. Rappelons que l’affaire Skripal était intervenue elle aussi par une étrange coïncidence quelques jours avant l’élection présidentielle russe de mars 2018…
Par ailleurs au moins six affaires jugées importantes par la coalition occidentale, et impliquant la Russie, suivent leurs cours et pourraient justifier une opération visant à embarrasser Poutine.
Il y a l’affaire syrienne dans laquelle la Russie s’est engagée avec prudence et succès dès septembre 2015 et qu’elle aimerait bien conclure rapidement. La Russie y est en opposition frontale à la coalition israélo-occidentale qui aimerait voir durer le conflit syrien pour créer des faits accomplis.
Il y a l’affaire du North Stream II qui suit son cours et que les USA cherchent encore et toujours à faire capoter, au détriment, d’ailleurs, de leurs alliés européens.
Il y a le succès commercial du vaccin Russe (2 milliards de doses déjà commandées par plus de 20 pays), succès que les lobbies occidentaux aimeraient bien transformer en échec pour promouvoir les leurs lorsqu’ils existeront.
Il y a la réactualisation en cours du concept stratégique de l’OTAN 2021, dans laquelle les USA cherchent déjà à présenter à leurs partenaires européens la Russie de Poutine comme l’une des deux menaces majeures pour l’OTAN. Il faut donc couper court à tout effort de l’UE de se rapprocher des Russes …
Il y a encore l’affaire de la guerre des prix sur les marchés gazier et pétrolier sur lequel la gestion avisée de Poutine a déjà acculé à la faillite nombre d’exploitants de gaz de schiste US.
Il y a enfin la tentative en cours de révolutions colorées en Biélorussie et celle qui n’est pas toujours pas abandonnée au Venezuela, révolutions dans lesquelles les occidentaux redoutent, à tort ou à raison, les réactions russes de soutien aux pouvoirs en place.
Mettre le Président russe dans l’embarras, c’est détourner son attention et son énergie des sujets brûlants qu’il gère plutôt bien. Salir son image et celle de la Russie met Poutine sur la défensive et dans l’obligation d’être prudent, donc plus modéré, dans son action sur les six dossiers évoqués ci-dessus.
Quant aux commanditaires de cette action visant à discréditer Poutine, il faut les chercher, comme dans l’affaire Skripal, dans les grands services spéciaux occidentaux et plus particulièrement parmi les trois plus efficaces dans ce genre d’opération : CIA, Mossad, MI5, en liaison, bien sûr, avec le BND allemand.
Voilà mon analyse à chaud.
Il n’est d’ailleurs pas certain que les élections du 13 septembre ne soient pas, in fine, un grand succès pour le parti de Poutine. Plus l’occident critique la Russie et paraît s’ingérer dans ses affaires, plus l’électorat russe a tendance à se regrouper autour de son Président. L’affaire Skripal et son exploitation maladroite par les occidentaux avait fait gagner 13 points en quelques jours au candidat Poutine, élu dès le premier tour. Relire à cet égard la lettre de Vladimir à Theresa du 20 mars 2018 5.

Tout commentaire ou ajout de votre part sera le bienvenu. Cordialement

D.D.

NOTES ET RÉFÉRENCES

1. https://reseauinternational.net/affaire-skripal-verite-ou-mensonge/
2. https://www.monde-diplomatique.fr/2019/04/HALIMI/59723
3. https://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_Fer-%C3%A0-cheval
4. https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lections_infranationales_russes_de_2020
5. https://reseauinternational.net/lettre-de-vladimir-a-theresa-general-dominique-delawarde/

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sa « réponse », autrement dit continue son attaque contre la Russie. Un laboratoire militaire allemand a enfin déclaré ce que les politiciens allemands affirmaient déjà la semaine dernière : Navalny a été empoisonné au Novichok. Immédiatement, Merkel donne le ton, l’opération est lancée et frappe directement le Gouvernement russe. Alors, le « monde libre » entre dans la danse, une bonne vieille petite guéguerre froide pour faire oublier la débâcle serait bienvenue, même si une véritable guerre froide fait peur. Des deux côtés. Aucun n’est
réellement prêt à cela. La posture sera suffisante et la mécanique des sanctions, bien rodée, fera l’affaire.
« Après1 les États-Unis et le Royaume-Uni, c’est la France qui, par l’intermédiaire du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, a dénoncé « l’utilisation choquante et irresponsable » de cette substance. »
La déclaration de Le Drian montre à quel point la mécanique est toujours la même : la Russie doit montrer dans quelles circonstances le produit a été utilisé.

96

Autrement dit, on vous affirme qu’il y a du novichok, sans présenter aucun document aux autorités officielles russes, et maintenant c’est à la Russie de fournir l’explication de ce scénario fantasmagorique.
C’est exactement comme avec l’affaire du dopage : on vous assure qu’il y a eu implication du FSB qui faisait soi-disant passer à travers les murs les échantillons, maintenant vous devez reconnaître cette absurdité pour, peut-être, que l’on vous pardonne. L’expérience a montré que rien n’est jamais « pardonné », la mécanique ne fait que progresser. Chaque conciliation est interprétée comme une faiblesse et donc une raison pour faire monter graduellement la pression.
Ici nous avons droit à un laboratoire militaire, sans qu’aucune analyse alternative indépendante ne soit ni envisagée, ni même exigée. C’est vrai, c’est un laboratoire militaire … mais allemand, ça change tout.
Sur cette base, un chef d’État accuse officiellement un Gouvernement d’empoisonnement d’un de ses citoyens.
Sans lui fournir aucun élément de preuve.
Et l’enjoint à collaborer à l’enquête – qui l’a déjà déclaré coupable. Alors qu’une enquête est bien ouverte en Russie par le Comité d’enquête. Qui elle, à la différence de « l’enquête » menée en Allemagne, doit être « ouverte », donc en violation du principe universel de secret de l’enquête.
Rien ne vous dérange ?
On ne rappellera pas que Navalny 2 n’est « le principal opposant » de Poutine que dans la fantasmagorie occidentale. On ne reviendra même pas sur l’absurdité fondamentale de cette version. Si la Russie avait empoisonné Navalny, à quoi bon l’offrir à l’Allemagne pour que
l’enchaînement des accusations-sanctions, tant prévisibles, ait lieu ?
Il est vrai que le fait même que la Russie l’ait laissé se faire exfiltrer, sans avoir prévu de parade, soulève des questions …

On ne reviendra pas non plus sur cet étrange « novichok », substance extrêmement dangereuse, qui semble avoir beaucoup de mal à tuer … Certains, comme la fille Skripal, en ressortent même avec une cure de jeunesse.
On oubliera aussi de se demander comment est-il possible que personne parmi les centaines de voyageurs, parmi les médecins, parmi les proches qui furent en contact avec Navalny, dans des espaces clos, absolument personne n’ait le moindre symptôme, qu’il n’y ait pas eu d’hécatombe est un véritable miracle … si c’est bien du novichok. À moins qu’il ne soit périmé … En tout cas, c’est la question que se pose l’un des créateurs 3 du novichok, en raison de la volatilité du produit à partir de +20°. Pourquoi se poser tant de questions, c’est la
Russie. Pourquoi faire un effort, le novichok est bien suffisant, il faut juste un prétexte. Le voici. L’OTAN n’aura finalement pas sa base en Biélorussie, ça a un prix. Et peu importe que la Russie ait parfaitement joué le rôle du Covid, qu’elle entre dans l’organisation internationale pour les migrations 4, qu’elle suive les recommandations du FMI5 , peu importe qu’elle ait docilement collaboré pour le scandale parfaitement organisé des JO, peu importe qu’elle suive le culte managerial qui tue toute dynamique dans les domaines où il s’implante, peu importe qu’elle suive les recommandations de l’OCDE (sans en être membre) conduisant à la destruction de l’enseignement et de la recherche, etc. etc. etc. Peu importe, finalement, qu’elle ait laissé exfiltrer Navalny. Et à cause de cela.
Il y aura des sanctions. Il y aura une diabolisation. Il y a une communication de guerre. Car chaque concession est un signe de faiblesse.
Sauf à tomber dans la propagande primaire, il est difficile de ne pas voir que la stratégie mise en œuvre par les groupes néolibéraux, devenus dominants dans la politique russe, fragilisent le pays et ouvrent la voie à des attaques de plus en plus frontales.
Mais ce ne sont pas eux qui sont aptes à mener le combat. 

PS: Malgré la demande d’un sénateur 6 américain et de l’opposition verte en Allemagne d’interrompre la construction du gazoduc Nord Stream 2 en réaction à l’empoisonnement de Navalny, Merkel 7 a déclaré qu’il serait construit jusqu’au bout.
En soi, c’est une bonne nouvelle, mais ça ne peut conditionner la politique étrangère russe. La diplomatie du gaz et du pétrole a déjà démontré son échec en Ukraine.

K. B-G.

NOTES ET RÉFÉRENCES
1. https://www.bfmtv.com/international/empoisonnement-de-navalny-paris-condamne-lutilisation-choquante-et-irresponsable-dunovitchok_AD-202009020306.html

2. https://russiepolitics.blogspot.com/2020/09/quand-le-preux-chevalier-navalny.html

3. https://www.interfax.ru/russia/724305

4. http://moscow.iom.int/

5. https://www.rbc.ru/economics/24/05/2019/5ce813dd9a7947a54edb46ea

6. https://www.rbc.ru/business/03/09/2020/5f501e729a7947352613fcc1

7. https://www.rbc.ru/rbcfreenews/5f4e9eb79a7947906c52dfa7

 

 

http://www.revuemethode.org/pdf/m1020.pdf


 

Navalny : Une opération d’immixtion à grande échelle

 

Les exploits du blogueur opposant russe Alexis Navalny sont au centre des campagnes médiatiques et politiques occidentales contre la Russie en la période charnière 2020-2021. C’est pourquoi, stoprussophobie.info se doit d’y consacrer des articles. Nous ne prenons pas position sur des questions de politique intérieure russe puisque notre vocation est de combattre la désinformation qui contribue à créer de mauvaises relations entre la France, l’Europe et la Russie. Le plus souvent pour des intérêts qui ne sont pas les nôtres.

Malheureusement, la vaste opération Navalny, commencée au mois d’août dernier, relève de cela. Ne serait-ce que par les campagnes médiatiques et la désinformation intensive et à grande échelle qui prend cette affaire pour prétexte.

Des campagnes qui risquent de nous revenir cher malgré leur incohérence et les contradictions qui émaillent le dossier : en plus des objectifs de pure propagande anti-russe destinée peut-être à d’autres projets, l’opération doit servir à empêcher de finir la construction du gazoduc dit “Northstream2” qui amènerait du gaz naturel directement de Russie en Allemagne par les fonds marins.

Celà couterait moins cher pour nous clients, puisqu’il n’y a plus de royalties à payer aux pays de transit. C’est moins polluant, puisqu’il n’y a pas d’énergie à dépenser pour le transport. Au lieu de cela, nos atlantistes patentés, y compris malheureusement le ministre des affaires étrangères Le Drian, souhaitent nous faire acheter le gaz de schiste américain liquéfié et importé par tankers ! Le gaz est plus cher pour nous, nous devons payer des installations portuaires de dé-liquéfaction, nous cautionnons le gaz de schiste ultra-polluant et interdit chez nous et nous payons le transport par les bateaux les plus polluants pour l’air !
Il est vrai qu’en ce domaine aussi, on n’en est plus à une contradiction près.

De plus, cette alimentation gazière assurée et moins coûteuse répond à une autre contradiction : l’Allemagne a fait le choix d’abandonner ses centrales nucléaires et est passée au charbon, moins polluant comme chacun sait !! et à une énergie renouvelable qui ne se renouvelle que lorsque la nature le veut bien. Malheureusement, nous aussi risquons de tomber là-dedans. A l’heure des automobiles électriques, il va bien falloir produire de l’électricité et le gaz est pour cela la meilleure solution faute de nucléaire et en attendant mieux. D’où la réticence de l’Allemagne à acquiescer aux ordres de Washington.
Les gouvernants français sont totalement irresponsables en se prononçant pour un abandon du projet malgré les investissements consentis par Engie notamment. Heureusement, l’avis français pèse peu pour l’Allemagne.

Quant à l’argument hypocrite selon lequel la Russie pourrait faire pression sur l’Europe occidentale grâce au gaz, il est totalement ridicule : la Russie a besoin de vendre son gaz et les autres sources d’approvisionnement ne manquent pas, y compris le gaz polluant et cher des USA si besoin, après celui du Qatar ou d’Algérie.

Passons aux faits : tout a commencé par un malaise sérieux du blogueur dans un avion en Sibérie entre les villes de Tomsk et Omsk. Stoprussophobie a déjà consacré un article et des tweets au peu de vraisemblance de cette affaire, qu’on a qualifiée d’empoisonnement.
Sur le moment, les médecins d’Omsk, où l’avion a effectué un atterrissage d’urgence, et qui ont sauvé de fait Navalny, quelque soit le mal dont il a souffert, n’ont pas trouvé de traces de poison. L’hôpital de la Charité en Allemagne où l’opposant a été autorisé à être emmené malgré une interdiction de sortie du territoire pour des poursuites judiciaires de droit commun, n’a rien trouvé non plus.

C’est un laboratoire de la Bundeswehr qui a pronostiqué un empoisonnement au neurotoxique dit Novitchok, déjà popularisé par l’affaire Skripal en Grande-Bretagne. Puis ce laboratoire de l’armée allemande (donc OTAN), pour faire bonne mesure a fait “confirmer” son diagnostic par des laboratoires français et suédois partenaires et très liés à lui. L’ennui, c’est qu’ils n’ont pas voulu communiquer leurs résultats aux Russes. De ce fait, ces derniers n’ont pas pu ou voulu ouvrir une enquête judiciaire, puisqu’il n’y avait pas de délit établi… Une partie (et seulement une partie) des analyses a été transmise à l’OIAC. Voici ce qu’en dit Jacques Baud, dont vous pouvez lire l’interview ci-dessous :
” Le rapport conclut que Navalny « a été exposé à un produit chimique toxique agissant comme un inhibiteur de la cholinestérase ». Le biomarqueur est nommé dans la version classifiée du rapport, mais pas l’inhibiteur de la cholinestérase, qui ne figure pas sur la liste des produits considérés comme arme chimique. Ainsi, le 28 janvier, dans l’émission « C dans l’air », Galia Ackerman ne dit pas la vérité en affirmant que la présence de Novichok a été confirmée par l’OIAC.
En octobre 2020, les Suédois communiquent le résultat de leurs analyses, et constatent « la présence de [masqué] dans le sang du patient »… ! Donc on n’en sait rien : les résultats sont couverts par le SECRET militaire, mais on peut imaginer que s’il s’agissait de Novichok (ce à quoi s’attendaient les pays occidentaux), on n’aurait pas de raison de le cacher. Le 14 janvier 2021, le gouvernement suédois refuse de déclassifier ce résultat afin de ne « pas porter préjudice aux relations entre la Suède et une puissance étrangère ». On ne sait pas si cette puissance étrangère est l’Allemagne ou les États-Unis. En clair, ils n’ont rien découvert du tout, et se cachent derrière les affirmations des militaires allemands. En effet, dans le rapport du 22 décembre 2020, publié dans la revue médicale The Lancet, les médecins allemands indiquent clairement qu’ils n’ont pas été en mesure d’identifier la présence de « Novitchok », mais seulement d'”inhibiteurs de la cholinestérase ». Ils précisent clairement, que c’est l’Institut für Pharmakologie und Toxikologie der Bundeswehr (IPTB), qui mentionne le Novichok dix jours plus tard. Ainsi, lorsque le 23 décembre, Le Temps affirme que l’article du Lancet « retrace pour la première fois les symptômes déclenchés par l’agent neurotoxique du groupe Novitchok mis au point par l’URSS dans les années 1980 », c’est tout simplement faux.

L’hypothèse émise aujourd’hui sur le malaise de Navalny est qu’il a pu souffrir de pancréatite qui donne des symptômes proches de ce qu’il a eu. On n’en saura vraisemblablement rien avant des années. La différence pour nous est que si c’est une pancréatite ou une autre maladie naturelle, celà signifie que les services occidentaux qui se sont précipités sur l’occasion ont exploité l’affaire. Si en revanche, comme l’hypothèse en a été émise par des sources russes, il y a réellement eu un empoisonnement, évidemment pas au novitchok qui aurait liquidé l’ensemble des passagers, on peut se demander par qui. Comme la probabilité d’un empoisonnement par l’état russe, contrairement à ce qui est véhiculé par les amis de Navalny et nos médias, est très basse, il reste la possible culpabilité de “victimes” de dénonciations de Navalny ou d’un coup monté dès le début par des services occidentaux. La présence d’une jeune femme venue de Grande Bretagne est considérée comme suspecte de ce point de vue.

Apporter une “preuve” de “l’empoisonnement” a été une des tâches de Navalny et de son équipe car les éléments réels étaient maigres. Ça n’empêche évidemment pas les médias occidentaux de parler d’empoisonnement, comme si c’était un fait acquis. Vieux procédé de la propagande médiatique. On a donc assisté à une succession d’histoires parfois assez rocambolesques : d’abord des jeunes femmes qui accompagnaient Navalny ont prétendu qu’elles avaient été chercher des bouteilles d’eau dans la chambre d’hôtel qu’avait quittée l’opposant quelques heures plus tôt et que sur les bouchons il y avait des traces de Novitchok. Les hôtels font en général le ménage assez rapidement après le départ des clients pour libérer la chambre et la relouer. De plus, les bouteilles auraient été emportées en Allemagne par avion où elles auraient été analysées. Mais à supposer qu’un poison soit resté sur des bouchons aussi longtemps et que le transport n’ait pas été préjudiciable, il faudrait encore qu’il y ait des traces de ce passage, or il n’y en a pas.

Et pour bien faire, il faudrait communiquer les analyses aux Russes pour qu’ils ouvrent une enquête. Les bouteilles ont succédé à une histoire de thé ou de théière. Puis ont été suivies d’une histoire de poison dans les coutures du slip de Navalny… Comment le poison serait-il passé du slip aux bouteilles ? On ne sait pas. Pour faire bonne mesure, Navalny a mis en scène avec l’aide d’une organisation montée en 2014 selon toute vraisemblance par les services britanniques, Bellingcat, un coup de téléphone à “l’agent du FSB” qui aurait déposé puis “nettoyé” son slip ! Plus ça allait, plus c’était ridicule. Ca ne pouvait servir qu’à stimuler des convaincus. Certainement pas des diplomates et des politiques sérieux. Pourtant c’est repris…

Navalny est resté un bon moment en Allemagne. On a appris ensuite que c’était pour monter un film contre Poutine dans des studios “black forest” loués et payés et où ont travaillé près de vingt personnes avec un savoir-faire venu de Los Angeles… On ne connait pas les sources de financement. Des sources d’opposition citent des oligarques russes pour certaines dépenses, notamment d’hébergement… Mais pour le reste ?

Pendant ce temps, Navalny, qui était sous contrôle judiciaire, suite à des procès pour des affaires de droit commun et a été autorisé à sortir de Russie à titre exceptionnel pour être soigné, ne s’est pas présenté aux contrôles judiciaires obligatoires qui avaient été suspendus le temps de l’hospitalisation mais pas après. C’est ce qui motivera son arrestation à son retour en Russie. Ce n’était une surprise pour personne.
Sur les motifs des affaires pour lesquelles Navalny est poursuivi, cf la fiche ci-dessous de Spoutnik.

Précisons, puisque nos médias ne le font pas, que la question à se poser n’est pas tant de savoir à quel point ces affaires sont réelles mais pourquoi Navalny n’a été condamné qu’à des peines avec sursis, alors que ses compagnons d’infortune, dont son frère, ont écopé de peines fermes. Après son retour, le tribunal lui a retiré le bénéfice du sursis. Là aussi, s’il faut s’intéresser à la lourdeur des peines qui ont sans doute des conséquences sur le climat des affaires en Russie. Mais ça concerne tous les entrepreneurs en Russie et pas seulement Navalny.

Ce dernier en a ajouté toutefois en étant jugé sur l’affaire de l’ancien combattant qu’il a insulté (cf l’article de Jean-Robert Raviot) en continuant à l’injurier. Ce qui passe mal auprès de l’opinion en Russie, tout de même encore traumatisée par les conséquences de la guerre. D’autant que les gouvernements se chargent d’en rappeler le souvenir dans les familles.

Cette erreur par rapport à l’opinion, suivait le pschitt de la grosse opération que Navalny, et plus encore ses protecteurs semble-t-il, avaient préparé en Allemagne et ont fait exploser au retour du blogueur et après son arrestation.
L’opération “château de Poutine”. Elle a eu beaucoup de spectateurs, a sans doute accru la notoriété du “patient berlinois”, surtout parmi les jeunes et très jeunes adeptes de tik tok dans les grandes villes. Mais elle n’a pas vraiment retourné l’opinion, comme il était souhaité et ce malgré des millions de “vu” sur youtube, dont le décompte n’est que relativement fiable dans de telles circonstances. Certaines sources indiquent qu’au début, il y a eu plus de like que de vues…

L’accroissement de notoriété, qui était somme toute limitée auparavant, était sans doute l’un des buts de l’opération en vue des élections législatives prévues cette année. Et c’est un succès de l’opération auprès de la jeunesse aisée des grandes villes. En revanche, pour les autres, le film montrant un château attribué à Poutine (sans preuves notariée), en se basant sur des éléments datant de dix ans, en empruntant des images anciennes pour les placer dans le château (par exemple une baignade de Poutine en 2016 dans un fleuve sibérien l’Ienessiei placée dans une piscine 3D casée dans le château).

Et tout le reste aussi est en 3D… Superbement réalisé mais avec des erreurs grossières. Y compris dans la traduction du commentaire à partir de l’anglais et que Navalny est simplement prié de lire en russe… En plus d’un “hangar des boues” qui semble être une mauvaise traduction de l’anglais “mudroom”, on voit des machines à sous (sic) tout droit collées d’un site internet spécialisé, une salle de strip tease et une fumerie de narguilées (Poutine ne fume pas !) et cerise sur le gâteau, un aigle à deux têtes qui selon le film de Navalny et de ses associés serait à l’entrée du château mais qui n’existe qu’en 3D et qui s’avère être l’aigle monténégrain et non russe. L’écu représente un lion au Montenegro et Saint Georges en Russie. (voir photo ci-dessous).

Le trucage, a été admis ensuite par l’équipe de Navalny (cf publication “the bell” d’opposition). Pour se justifier, elle a prétendu que tout avait été fait selon “des plans” qu’elle aurait trouvés ou lui auraient été fournis par une personne poursuivies en Russie.

Le tout a été dévoilé par un reportage sur place, diffusé à la télévision de service public. On voit en fait un chantier et non des salons meublés en kitch de parvenus saoudiens. Le coté émotionnel du story telling est garanti. Toutefois ces “fakes” discréditent évidemment Navalny auprès d’une partie de l’opinion. L’appel de Navalny aux gouvernements étrangers pour appliquer de nouvelles sanctions contre la Russie en a rajouté auprès de ces couches de la population sensible à l’idée nationale. Mais à priori pas auprès de la jeunesse qu’il vise et qui n’est que sur les réseaux sociaux, en direction desquels d’énormes efforts sont consentis par les financeurs occidentaux.

Les manifestations qui ont suivi l’arrestation de Navalny n’ont pas connu le succès escompté mais ne sont pas un échec. Toute une jeunesse de classes moyennes et aisées s’est mobilisée avec parfois des sensibilités plus sociales en province. Sans vraiment avoir une idée de programme politique, qui ne semble pas exister, mais par révolte informe de génération et compte tenu de mécontentements réels sur une baisse de niveau de vie de certaines couches sociales accentuée par le Covid. A noter que des villes de province ont été touchées, parfois pour la première fois.

De plus, des tactiques de jeunes gens entraînés sont apparues. Pour le moment essentiellement pour garantir de bonnes images de repression (assez modérée du reste par rapport à ce qu’ont connus les Gilets jaunes chez nous) en plan serré des télés occidentales. Mais sur le modèle de ce qu’on a vu en Ukraine et en Biélorussie. Les médias pro-gouvernementaux parlent aussi de stockage de lance-pierres et de billes d’acier et des préparations de cocktails molotovs au phosphore… On peut prévoir donc des manifestations violentes au lendemain des élections législatives qui ne manqueront pas d’être contestées avec campagnes de presse ad hoc.

Reste à savoir quel rôle pourra jouer un Navalny spécialisé dans la dénonciation de corruptions réelles ou supposées mais n’a pas de programme. qui a pu bénéficier à certains moments de protections politiques ou que les autorités ont décidé de garder en vue, considérant qu’il était connu comme dépendant des services secrets britanniques. Ces derniers chercheraient quelqu’un d’autre si Navalny leur est enlevé, ce qui ajouterait au travail du contre-espionnage russe. Il n’a pas été condamné à des peines fermes, contrairement à ses co-accusés. Ses dénonciations, même si elles ne sont pas toujours fondées doivent servir à régler des comptes entre agents économiques et/ou politiques.

Il en a un peu trop fait cette fois-ci. Sans doute pour cause de politique volontariste de ses promoteurs occidentaux ou peut-être en raison d’erreurs d’analyse, notamment à cause des récits faits par une partie de l’opposition extra-système ou en raison d’une offensive généralisée contre la Russie après l’arrivée de Baiden. Navalny en est l’aile intérieure, le Donbass, le Karabakh, la Biélorussie, la Transdniéstrie et le Kirghizstan les “pivots” extérieurs.

Voici plusieurs articles qui complèteront le tableau :

1) Les procèdures judiciaires engagées contre Navalny :

L’opposant russe comparaît ce 2 février pour des violations présumées de ses contrôles judiciaires dans une affaire remontant à 2014, une audience qui pourrait le conduire derrière les barreaux pour plusieurs années. Sputnik dresse la liste des procédures judiciaires intentées contre lui.

Détournement de fonds, escroquerie, blanchiment et diffamation… L’opposant de 44 ans est cité dans de multiples procédures judiciaires. Certaines lui ont déjà coûté des amendes, mais d’autres risquent de l’envoyer en prison.

Affaire Yves Rocher
En décembre 2014, Alexeï et son frère Oleg Navalny ont été reconnus coupables d’escroquerie aux dépens de la société française de cosmétiques Yves Rocher. Alexeï a été condamné à trois ans et demi de prison avec sursis, Oleg à trois ans et demi de prison ferme.

En 2012, Yves Rocher avait déposé une plainte contre le bloggeur pour abus de confiance. En cause, le contrat liant la marque à la société de transport des frères Navalny, Glavpodpiska, soupçonnée de surfacturation.

Alexeï Navalny

© SPUTNIK . MAKSIM BLINOV

Affaire Navalny et menaces de sanctions: «on est dans un jeu de rôle théâtral», selon Mariani

Selon l’enquête, de 2008 à 2012 la compagnie des frères Navalny a fourni des services logistiques à la société Yves Rocher à un prix gonflé. Le parquet a insisté sur le fait qu’au total, pour ces services, Alexeï Navalny avait reçu 55 millions de roubles (600.000 euros), alors que le coût réel des services était de 31 millions de roubles (340.000 euros).
En novembre 2014 l’entreprise avait pourtant reconnu n’avoir subi «aucun dommage».

Dans le cadre de sa peine avec sursis, Alexeï Navalny devait pointer régulièrement, et ce jusqu’au 30 décembre 2020, à l’administration pénitentiaire. Сelle-ci lui reproche d’avoir manqué ces rendez-vous. À son retour en Russie mi-janvier, M. Navalny a été placé en détention pour avoir violé ces contrôles. Il est détenu à la prison de Matrosskaya Tishina à Moscou, après qu’un juge a ordonné sa détention jusqu’au 15 février.

C’est cette violation présumée de son contrôle judiciaire qui est jugé ce 2 février à Moscou. Contrairement à ce qui peut être dit dans la presse occidentale, aucune violation concernant son hospitalisation en Allemagne n’a fait l’objet de plaintes. Les plaintes couvrent une période allant de mars 2017 au 17 août 2020.

Diffamation d’un ancien combattant
Vendredi 5 février, Alexeï Navalny doit aussi comparaître pour «diffamation» envers un ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale. Il avait critiqué une campagne de publicité dans laquelle ce dernier soutenait les amendements à la Constitution russe en 2020.

Il risque des sanctions allant d’une amende d’environ 5.800 euros à des TIG (Travaux d’intérêt général). L’article ne prévoit pas d’emprisonnement. Cependant, les accusations de «diffamation» peuvent être considérées comme des circonstances aggravantes dans d’autres affaires le visant.

Enquête pour escroquerie
Alexeï Navalny est aussi mis en cause dans une enquête pour escroquerie, intentée en décembre 2020. Le bloggeur risque dix ans de détention pour avoir, selon les autorités, détourné des dons adressés à son organisation, le Fonds de lutte contre la corruption (FBK).

Selon l’enquête, sur les 588 millions de roubles collectés (environ 6.443.000 euros), plus de la moitié auraient été dépensés à des fins personnelles.

Procès «Kirovles»
Alexeï Navalny, archives

© SPUTNIK . VALERY MELNIKOV

Alexeï Navalny, un populiste «qui demande à ce qu’on le croie sur parole»

Autre affaire, le procès «Kirovles», où l’opposant a été condamné pour avoir détourné les profits d’une entreprise forestière.
Selon l’enquête, en 2009, Alexeï Navalny, travaillant sur la base du volontariat en tant que conseiller du gouverneur de la région de Kirov, Nikita Belykh, a organisé le détournement des profits de l’entreprise. Ayant conclu un accord avec Piotr Ofitserov, le directeur de la LLC Vyatskaya Lesnaya Kompaniya, et Vyatcheslav Opalev, le directeur général de Kirovles, il a organisé la vente de plus de 10.000 mètres cubes de produits forestiers à prix réduit. L’évaluation des dommages a dépassé les 16 millions de roubles (environ 175.000 euros).

Dans ce cadre le parquet a demandé six ans de prison pour Alexeï Navalny et, en juillet 2013, le tribunal l’a condamné à cinq ans d’emprisonnement en colonie. Le lendemain, cependant, le tribunal régional de Kirov l’a libéré sur engagement de ne pas quitter le territoire et de pointer auprès des autorités, et en octobre, a remplacé ses cinq ans fermes par du sursis.

 

2) L’aigle à deux têtes du film en 3D de Navalny : Monténégro (le lion) et non Russie (St Georges)
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3) Interview édifiante et passionante de VOIX de M. Jacques Baud, ancien des services suisse

AFFAIRE NAVALNY, RÉALITÉ DES FAITS ET ÉTHIQUE JOURNALISTIQUE. NOUVEL ENTRETIEN AVEC JACQUES BAUD

-Comme annoncé dans deux précédents sujets de ce blog, nous revenons avec Jacques BAUD sur l’affaire qui mobilise tant de milieux médiatico-politiques occidentaux. Je veux parler, ici, de ce qui concerne Alexeï Navalny et tout ce qui est énoncé de lui mais surtout, pas énoncé. Ainsi, par exemple, pour ce qui concerne le soi-disant empoisonnement du blogueur russe au Novitchok. Qu’en est-il en réalité et selon vous, Jacques BAUD?

Jacques BAUD: -Le 28 janvier 2021, sur France 5, l’émission « C dans l’air » modérée par Caroline Roux, traite le cas Navalny : une émission où la malhonnêteté jouxte l’ignorance, et défie l’éthique journalistique ; où les intervenants n’ont qu’une connaissance limitée du dossier ou sont des adversaires déclarés du pouvoir russe, et s’expriment en fonction de leurs préjugés. Il est ici intéressant de revenir sur cette affaire avec des éléments qu’aucun des intervenants n’a évoqués.

L’institut Montaigne publie une interview de l’économiste Sergei Guriev, outre ses très nombreuses erreurs factuelles, ce professeur d’économie affirme : « Tout laisse penser qu’il y a eu une erreur de calcul de la part de Moscou : on peut faire l’hypothèse que le plan était de supprimer Navalny et de l’enterrer ensuite à Moscou, puis de refuser le transfert des tests biologiques à l’étranger tout en niant l’empoisonnement. » Evidemment, ces affirmations sont totalement gratuites : aucune source fiable n’est mentionnée et rigoureusement aucun élément ne permet de les confirmer. On est très clairement dans une situation de complotisme, où l’on crée de toute pièce une machination. Mais ce n’est pas fini. Il ajoute : « On peut penser que les autorités ont attendu que le poison ait cessé de laisser des traces dans le corps de Navalny avant de le laisser partir. Ils ont dû estimer que deux jours suffiraient à en effacer toute trace. » Le même argument est évoqué sur France 5 et par Libération.

En fait, comme nous l’avons vu, les inhibiteurs de la cholinestérase se fixent sur la cholinestérase et restent ainsi dans le corps plus de trois à quatre semaines. En admettant que les services secrets russes aient la virtuosité dans l’emploi de poisons qu’on leur attribue, ils l’auraient certainement su. D’ailleurs, ajoutant la sottise à l’ignorance, Guriev n’explique évidemment pas pourquoi les experts français et suédois (mandatés par le gouvernement allemand), ainsi que ceux de l’OIAC, n’ont effectué leurs prélèvements qu’entre le 2 et le 6 septembre. Les Français, les Suédois et l’OIAC étaient donc « de mèche » avec les « tueurs du FSB », et ont attendu que les traces du « Novichok » disparaissent ? Guriev est un affabulateur.

Le 6 octobre, l’OIAC publie son rapport et observe :

Les biomarqueurs de l’inhibiteur de la cholinestérase trouvés dans les échantillons de sang et d’urine de M. Navalny ont des caractéristiques structurelles similaires à celles des produits chimiques toxiques appartenant aux tableaux 1.A.14 et 1.A.15, qui ont été ajoutés à l’annexe sur les produits chimiques de la Convention à la Vingt-quatrième session de la Conférence des États parties en novembre 2019. Cet inhibiteur de la cholinestérase ne figure pas dans l’annexe sur les produits chimiques de la Convention.

Le rapport conclut que Navalny « a été exposé à un produit chimique toxique agissant comme un inhibiteur de la cholinestérase ». Le biomarqueur est nommé dans la version classifiée du rapport, mais pas l’inhibiteur de la cholinestérase, qui ne figure pas sur la liste des produits considérés comme arme chimique. Ainsi, le 28 janvier, dans l’émission « C dans l’air », Galia Ackerman ne dit pas la vérité en affirmant que la présence de Novichok a été confirmée par l’OIAC.

En octobre 2020, les Suédois communiquent le résultat de leurs analyses, et constatent « la présence de [masqué] dans le sang du patient »… ! Donc on n’en sait rien : les résultats sont couverts par le SECRET militaire, mais on peut imaginer que s’il s’agissait de Novichok (ce à quoi s’attendaient les pays occidentaux), on n’aurait pas de raison de le cacher. Le 14 janvier 2021, le gouvernement suédois refuse de déclassifier ce résultat afin de ne « pas porter préjudice aux relations entre la Suède et une puissance étrangère ». On ne sait pas si cette puissance étrangère est l’Allemagne ou les États-Unis. En clair, ils n’ont rien découvert du tout, et se cachent derrière les affirmations des militaires allemands.

En effet, dans le rapport du 22 décembre 2020, publié dans la revue médicale The Lancet, les médecins allemands indiquent clairement qu’ils n’ont pas été en mesure d’identifier la présence de « Novitchok », mais seulement d’ « inhibiteurs de la cholinestérase ». Ils précisent clairement, que c’est l’Institut für Pharmakologie und Toxikologie der Bundeswehr (IPTB), qui mentionne le Novichok dix jours plus tard. Ainsi, lorsque le 23 décembre, Le Temps affirme que l’article du Lancet « retrace pour la première fois les symptômes déclenchés par l’agent neurotoxique du groupe Novitchok mis au point par l’URSS dans les années 1980 », c’est tout simplement faux.

Les analyses effectuées sur Navalny à son arrivée à l’hôpital de la Charité font l’objet d’une annexe de l’article du Lancet, qui peut être téléchargée ici. Je laisse le soin à nos lecteurs spécialistes d’analyser les valeurs relevées par les médecins allemands et d’en tirer les conclusions eux-mêmes. Mes maigres connaissances médicales et mes recherches sur ces différents résultats me suggèrent – sous toute réserve – quelques remarques :

La valeur de l’albumine suggère un problème lié au foie.
La valeur élevée de lactate déshydrogénase (LDH) suggère des troubles métaboliques souvent observés avec les tumeurs cancéreuses.
Les valeurs de l’amylase et de la lipase suggèrent une pancréatite, que l’on avait déjà évoquée à propos de Navalny dans le passé.
Les valeurs pour la protéine C-réactive, les leucocytes, les neutrophiles et les érythrocytes suggèrent une infection bactérienne.
L’amantadine est un médicament souvent utilisé dans le traitement de la maladie de Parkinson;
Le lithium est utilisé en psychiatrie pour le traitement des troubles bipolaires et de la dépression.
La faible valeur de butyryl-cholinestérase (BChE) – 0,42 à l’arrivée à Berlin et 0,41 au jour 3 – suggère l’exposition à un inhibiteur de cholinestérase, et pourrait être expliquée par le lithium.
On trouve des anxiolytiques avec des effets anticonvulsivants, comme le Diazépam et le Nordazepam, ainsi que de l’Oxazepam, utilisé pour traiter les troubles du comportement et l’anxiété. Les effets de l’Oxazepam, notamment lorsqu’il est pris en forte dose et après de l’alcool peut occasionner des crampes abdominales et musculaires, convulsions, dépression. Tiens, Tiens ! Ces médicaments sont généralement pris par voie orale. Or, si Navalny était dans le coma à son arrivée à l’hôpital d’Omsk, puis à la Charité, on peut supposer qu’il a pris ces médicaments lui-même à Tomsk. D’ailleurs, l’hôpital d’Omsk a indiqué que Navalny avait pris des « antidépresseurs tricycliques » avant son admission.
La présence d’inhibiteurs de la cholinestérase semble donc s’expliquer par les médicaments ingurgités par Navalny lui-même, selon toute vraisemblance après avoir absorbé de l’alcool. Cela explique que ses symptômes soient totalement différents que ceux de Sergueï et Yulya Skripal en 2018, même si l’on ne connait toujours pas avec précision la nature du poison qui les a touchés. Voilà qui remet en perspective les affirmations catégoriques de Pascal Boniface et Conspiracy Watch.

En fait, en effectuant leurs prélèvements 15 jours après l’arrivée de Navalny en Allemagne, les Français et les Suédois n’ont pu détecter que les « inhibiteurs de cholinestérase », mais pas les substances qui auraient favorisé leur apparition, comme le lithium ou les médicaments. En gardant leurs résultats secrets, ils n’avaient sans doute pas prévu que les médecins allemands publieraient le résultat de leurs analyses. Il ne serait d’ailleurs pas surprenant que cette publication (qui a une importance politique) soit une manœuvre délibérée de la part du gouvernement allemand. Ce dernier a été d’une certaine manière « pris en otage » dans cette affaire, et il pourrait avoir profité du changement de président aux États-Unis pour se dégager d’une situation qu’il n’a pas cherchée.

Ainsi, l’hypothèse que Navalny ait été victime d’une combinaison malheureuse de médicaments, apparait plus vraisemblable qu’un empoisonnement délibéré, grâce aux médecins allemands. C’est probablement pour disqualifier leurs conclusions, que, le 21 décembre, Navalny a organisé sa conversation avec un « agent du FSB » ; assez peu convaincante, comme nous l’avons vu dans un entretien précédent. Mais comme pour la crise de la CoViD, ni les faits, ni la science déterminent les opinions : les faits continuent à être contestés par partisans de la théorie d’un complot ourdi par Poutine contre Navalny.

-Merci de ces précisions relatives aux analyses effectuées suite à ce qui a d’emblée été présenté comme, au mieux « tentative d’empoisonnement » d’Alexeï Navalny, sinon d’empoisonnement au Novitchok. Ce que vous nous apprenez en dit long sur l’intrusion de la politique et de l’information rendue par tant de nos médias qui s’en réfèrent à l’avis de leurs expert(e)s privilégié(e)s.

Qu’en est-il maintenant de l’arrestation de Navalny à son retour d’Allemagne, selon vous?

Jacques BAUD: -On évoque l’arrestation de Navalny à son retour en Russie, en omettant délibérément et systématiquement d’en expliquer les raisons, laissant penser qu’il a été arrêté pour ses opinions. C’est d’ailleurs pourquoi l’Union Européenne exige sa libération immédiate. La vidéo de Pascal Boniface est illustrative de cette manière fallacieuse de présenter les choses. Il affirme même : « Quand on voit le luxe de précautions qu’ils prennent pour l’empêcher de parler, eh bien on voit qu’il n’est pas dénué d’influence ». C’est évidemment faux. D’ailleurs, lorsqu’il est interpellé à son arrivée en Russie, en fait de « luxe de précautions », on lui laisse son téléphone portable, avec lequel il se filme dans le commissariat. En fait, comme souvent, notre expert parle de sujets qu’il ne connait pas : l’arrestation de Navalny et sa détention pour 1 mois n’a rien à voir avec ses opinions politiques.

En fait, inculpé de blanchiment d’argent et d’enrichissement frauduleux dans le cadre d’un litige avec la firme française « Yves Rocher », Navalny a été placé sous contrôle judiciaire, aux termes duquel, il a l’obligation de s’annoncer deux fois par mois à l’autorité pénitentiaire russe. France 24 déclare que Navalny a été arrêté parce qu’il n’a pas rempli cette obligation durant son hospitalisation. C’est un mensonge. En effet, cette obligation a été suspendue par les autorités russes pour la durée de son hospitalisation à la Charité, à Berlin. Par ailleurs, on évite soigneusement de mentionner que Navalny avait déjà enfreint 6 fois cette règle en 2020 (deux fois en janvier, une fois en février, mars, juillet et août). C’est pourquoi, les autorités pénitentiaires russes ne pouvaient guère ignorer cette nouvelle infraction entre sa sortie de l’hôpital (23 septembre 2020) et son arrivée en Russie (15 janvier 2021) : c’est la raison de son arrestation à son arrivée en Russie. Mais cela a servi la propagande qui l’explique comme une tentative de museler le « principal opposant de Poutine ».

-Donc Navalny, tout le temps qu’a duré son hospitalisation en Allemagne, a été exempté de ce contrôle judiciaire obligatoire dans le cadre de l’affaire avec Yves Rocher pour laquelle il a été mis en accusation. Et plutôt que de rentrer immédiatement en Russie une fois sorti de l’hôpital de la Charité à Berlin, il a décidé de jouer les prolongations, enfreignant ainsi la loi russe dont vous nous rappelez qu’il n’en est pas à son premier coup d’essai puisqu’à 6 reprises déjà, il ne l’a pas respectée. Autant de précisions que nos médias se gardent bien de donner, préférant faire passer ce « principal opposant » selon la rhétorique en place comme victime…

Jacques BAUD: -En fait, la raison pour laquelle Navalny n’est pas rentré tout de suite en Russie était son séjour à Kirchzarten, aux Studios Black Forest, avec une équipe venue de Los Angeles pour réaliser un film de propagande : « Le Palais de Poutine ». Rappelons ici que c’est la Cinema for Peace Foundation (CFP) qui a financé le transport de Navalny en Allemagne ; une ONG qui promeut la paix et la démocratie (c’est très bien), mais ni en Palestine, ni en Arabie Saoudite, ni au Yémen…

Le 19 janvier 2021, le film en question est diffusé par l’ensemble des médias occidentaux et vu plusieurs dizaines de millions de fois. Il porte sur un somptueux palais situé à Gelendzhik, qu’une rumeur entretenue par ses adversaires, attribue à Vladimir Poutine. En fait, cette accusation est purement spéculative et rigoureusement aucun élément ne la confirme. Les éléments que l’on connait du projet montrent un complexe hôtelier avec une structure de financement impliquant plusieurs investisseurs. Cette construction monumentale aurait appartenu au milliardaire russe Alexander Ponomarenko, et l’actuel serait Arkady Rotenberg. Le coût total du projet serait de 100 milliards de roubles (soit 1,17 milliards CHF, mais que notre RTS, un peu marseillaise, convertit en 1,5 milliards CHF !), soit moins que l’hôtel Bellagio de Las Vegas et bien d’autres.

-Que penser de ce film, dans ce cas?

Jacques BAUD: -En fait, ce film n’est qu’un outil de de désinformation : les images du « palais » en question sont des images de synthèse, car en réalité, le bâtiment est encore en construction, comme le montre le « débunkage » d’un internaute russe qui a pu se rendre sur le chantier ! Cerise sur le gâteau : l’aigle que l’on voit sur le portail du « palais de Poutine », n’est pas l’aigle russe, mais l’aigle du Monténégro ! Par ailleurs, une oreille attentive constatera que Navalny n’emploie pas la langue parlée habituellement en Russie : elle est émaillée d’anglicismes, de tournures de phrases et d’expressions qui ont clairement une origine anglophone. Il est donc très vraisemblable que Navalny n’ait eu qu’à lire un script qui lui a été écrit par l’équipe venue de Los Angeles…

-Et bien sûr, pas un mot de tout cela sur nos grandes chaînes d’information, publiques ou privées sinon de très libres interprétations …

Jacques BAUD: -Sur France 5, Benoît Vitkine, correspondant du Monde à Moscou, voit la zone d’exclusion aérienne « juste au-dessus de la propriété » comme une preuve que ce palais appartient bien à Vladimir Poutine. C’est là aussi de la désinformation. En fait, Gelendzhik se situe au bord de la Mer Noire, à une quarantaine de kilomètres de la base navale de Novorossiysk et à mi-chemin de la frontière russo-géorgienne. Or, non seulement cette base abrite une partie de la Flotte de la Mer Noire, les principaux éléments de la 7 division aéroportée et un régiment de défense aérienne, mais c’est aussi la principale base logistique pour le contingent russe déployé en Syrie. C’est pourquoi, l’OTAN mène une intense activité de renseignement électronique spécialement dans cette zone. Par ailleurs, dans cette partie de la Mer Noire contiguë à l’OTAN, la tension s’est accrue depuis 2008 et 2014. Ainsi, les restrictions de l’espace aérien ne sont donc pas limitées au « palais de Poutine », mais concerne toute cette région frontalière couverte de stations d’écoute électronique, de défense aérienne et d’alerte lointaine pour la défense du flanc sud de la Russie. Mais évidemment, aucun « expert » de « C dans l’air » n’évoque ce contexte !…

L’affirmation de Galia Ackerman selon laquelle la propriété est gardée par le FSB est tout aussi fallacieuse. En fait, en 2011, un groupe d’écologistes a été interpellé dans cette zone par une patrouille de garde-frontières. Or, comme Mme Ackerman ne l’ignore pas, les garde-frontières constituent une administration distincte du FSB, qui n’a rien à voir avec les services de sécurité : leur mission est de surveiller la zone côtière, pour éviter la contrebande d’armes et de drogue en provenance de Turquie et de Géorgie.

Par ailleurs, Mme Ackerman explique que l’affaire de ce « palais » était déjà connue depuis qu’un certain Sergueï Kolesnikov l’a « dénoncée » dans une lettre au président Medvedev en 2010. Ce qui est vrai, mais elle ajoute qu’« ensuite, il est parti à l’étranger, bien entendu », laissant ainsi entendre qu’il était pourchassé comme « lanceur d’alerte ». En réalité, c’est l’inverse qui s’est passé : après qu’une procédure judiciaire a été ouverte contre lui pour malversation et escroquerie, Kolesnikov, a quitté furtivement la Russie en septembre 2010, pour s’établir aux États-Unis. C’est alors qu’il écrit une lettre au président Medvedev, en décembre 2010, où il accuse Vladimir Poutine (alors 1er ministre) de s’être fait construire le palais avec l’argent de la corruption… sans apporter de preuve de ses allégations, comme le constate le Financial Times.

Dans cette affaire, le film de Navalny et les pseudo-experts démontrent clairement un manque d’intégrité : ils relient des faits de manière à leur donner une cohérence (factice), qui soutient leurs préjugés et alimente un discours de type propagandiste. C’est exactement le même mécanisme que celui utilisé pour « expliquer » l’incident de Roswell en 1949, ou la présence d’extra-terrestres dans la « Zone 51 », dans le Nevada. En clair, techniquement, il s’agit de complotisme.

-Venons-en maintenant aux manifestations qui ont suivi ces événements, quelle lecture en donnez-vous?

Jacques BAUD: -La diffusion du film est suivie, le 23 janvier 2021, de manifestations menées par les partisans de Navalny dans les grandes villes de Russie. Elles ont tourné en boucle sur les médias occidentaux, qui y voient un succès pour Navalny. C’est certainement un « coup médiatique », mais y voir un succès est probablement aller un peu vite en besogne. Tout d’abord, comme nous l’avons vu dans un entretien précédent, l’opposition associée à Navalny est loin d’être démocratique et unifiée, mais regroupe des factions disparates de l’opposition non-parlementaire allant de l’extrême-droite à l’ancien parti communiste stalinien. Par sa diversité elle s’apparente aux « gilets jaunes » en France, sans en avoir la popularité ; et par sa représentativité, elle tient plus des émeutiers du Capitole, le 6 janvier.

Le même jour, le 19:30 de la RTS présente ces manifestations. On laisse entendre qu’il a été emprisonné pour avoir diffusé « des révélations sur une résidence secrète de Vladimir Poutine (…) estimé[s] à un milliard et demie de francs », même si le correspondant de la RTS à Moscou avoue que l’opposant « n’a jamais été condamné à une peine de prison ferme, contrairement à de nombreux autres opposants ». Ce qui semble assez paradoxal…

Pascal Boniface y a vu des manifestations « brutalement réprimées », « matraques contre boules de neige ». Le lecteur jugera par lui-même. Ce qui est certain est que personne n’a été abattu dans le dos, que l’on n’a pas vu de tirs de LBD au visage, ni de mains arrachées par des grenades de désencerclement, ni les éborgnements que l’on constate régulièrement en France, et qui lui valent d’être épinglée par la Haute-Commissaire des Nations Unies pour les Droits Humains, pour un « usage violent et excessif de la force » avec le Soudan, le Zimbabwe et Haïti (et non simplement « comme pays prospère », ainsi que le prétend Libération !) C’est d’ailleurs pour cette raison que les manifestations contre la « Sécurité Globale » ne sont pas montrées aux actualités des médias publics et que la diffusion d’images de brutalités policières est réprimée…

Quant aux chiffres de la participation à ces manifestations, les médias occidentaux s’en sont donné à cœur joie : souvent invérifiables ce genre de chiffres fait l’objet de manipulations les plus diverses, y compris dans nos pays. Selon l’organisation de Navalny, il aurait eu 250’000 manifestants dans toute la Russie. Mais le média russe indépendant ZNAK donne des estimations probablement plus réalistes, totalisant environ 50’000 participants.

 

A cette occasion, ce que les médias francophones appellent « interpellations » en France, devient « arrestations » en Russie. Clairement, les médias occidentaux apparaissent plus comme des organes d’influence que des organes d’information…

Au final, cependant, le problème n’est pas tellement de savoir qui a raison ou si le système politique russe est démocratique ou non, et chacun peut avoir son opinion sur la question. La question intéressante est la manière dont nous traitons ces questions. Car sous prétexte de combattre l’autoritarisme, nous nions nos propres valeurs. En admettant que l’on accepte le fait d’intervenir dans les affaires intérieures d’un Etat – ce qui est contraire à la Charte des Nations Unies (Art.2, al.7) – le fait d’utiliser Alexeï Navalny à cette fin pose question. Militant d’extrême-droite, nationaliste (il avait approuvé l’annexion de la Crimée), ayant cherché à s’enrichir par des malversations et le blanchiment d’argent, il ne représente aucune des valeurs que l’Occident prétend défendre.

Sur France 5, Benoît Vitkine, correspondant du Monde à Moscou, affirme qu’il s’agit « du premier Navalny », suggérant qu’il est différent aujourd’hui. C’est faux, puisqu’en octobre 2020, alors que le Spiegel lui demande : « Un parti vous avait expulsé en raison de votre participation à une marche nationaliste russe à Moscou. Vos opinions ont-t-elles changé? », Navalny répond: « J’ai les mêmes opinions que lorsque je suis entré en politique.

Quant à la question de savoir si Navalny est un « agent de l’étranger », Mme Ackerman, sur France 5, répond catégoriquement non. C’est faux. Soyons clair: Navalny n’est certainement pas un « agent de la CIA ». En revanche, la présence (selon le New York Times) d’agents de la CIA et du MI6 à son arrivée à Berlin, le financement de son séjour en Allemagne et du film, ainsi que le financement de son mouvement par la National Edowment for Democracy (NED) (créée pour reprendre une partie des tâches de la CIA) permettent clairement d’affirmer qu’il correspond à la définition d’agent de l’étranger, selon la loi russe, ou à celle de « Foreign Agent » aux États-Unis. Car il faut se souvenir que la NED n’entretient pas moins de 93 programmes d’influence en Russie pour un montant total de 7,3 millions de dollars (chiffres de 2019) ! Notons qu’il n’y en pas de programmes équivalents en Arabie Saoudite, par exemple : la question des droits de l’Homme et autres justifications ne sont donc qu’un prétexte pour une démarche politique. En fait, le seul mérite de Navalny est d’avoir été « choisi » par les États-Unis (qui lui ont financé sa formation dans le cadre du World Fellows Program de l’université de Yale).

-Jacques Baud, que vous inspire, en définitive, toute cette affaire telle qu’elle est présentée en Occident et telle qu’elle apparaît en Russie?

Jacques BAUD: -Je ne suis pas sûr que nous accepterions une telle ingérence dans nos pays… D’ailleurs, l’opinion publique russe ne s’y trompe pas et cela tend à se retourner contre Navalny lui-même. Après le « débunkage » de son film, manifestement réalisé avec une aide financière extérieure substantielle ; l’aide un peu trop visible de pays comme les États-Unis et la Grande-Bretagne et le jeu de leurs services secrets, révélé par le New York Times, incite la population russe à s’interroger sur le fait qu’il n’a jamais été condamné à une peine de prison ferme.

En fait, le « succès » de Navalny est également la raison pour laquelle il ne jouit pas d’une vraie crédibilité en Russie : pour beaucoup de Russes, il est une marionnette de l’Occident. Le soutien qu’il reçoit de l’Occident tend à le discréditer aux yeux d’une majeure partie de la population russe.

Le problème n’est pas de savoir si le gouvernement russe a raison ou non, mais de savoir si les dysfonctionnements de certains pays nous autorisent à désinformer, subvertir, mentir, tuer, torturer ou corrompre… au nom de la démocratie !

 

4) Quelques commentaires sur un article suite à la visite à Moscou de Jossep Borrel, haut commissaire européen. Il a dit une chose à Moscou et d’autres chose à Bruxelles…

B.F. on February 08, 2021 · at 12:53 pm EST/EDT
amarynth
Things are not going as the banker controlled US and EU covertly wanted. In 2014 they instigate that coup d’etat against Yanukovich in Ukraine, the aim being of bringing Ukraine into the EU and NATO, after which NATO troops and missile systems would be placed along the Russian border. Russia then would have been destabilized, after which NATO troops would have poured into the country, breaking it in the name of “democracy”. It did not work out that way. Crimea was reunited with Russia and the Donbass republics created.

The US introduces sanctions. The EU followed. Not wise. By the second half of 2016 the EU lost 100 billion euros in trade, while Russia beefed up it’s industry and agriculture, to the surprise of the West.

Color revolutions in Russia ? The West tried them ever since Putin came to power, if not earlier. They failed every time. The latest attempt was with blogger Navalny, when a false flag was instigated. Western intelligence services came to the “bright” idea of having demonstrations from Belarus spill over in to Russia. They never did. They try again. Navalny spent some months in Germany, during which that laughable video about Putins “palace” was made and shown immediately upon Navalny’s return to Russia. “Analysts” in Western intelligence agencies were hoping that the video would act as a catalyst, inciting mass demonstrations. The video was debunked after a few days and shown for the fraud it was. “Demonstrations” did ensue, led by kids and teenagers, the last ones a pathetic failure. Western diplomats gave a helping hand, and three got expelled, and rightly so.

Borrelli got the message. Russia is no banana republic. It will not be insulted, subverted, broken up and plundered, nor will a little Guaido puppet be placed at it’s head.

Finally, a few words about the Sputnik-V vaccine. The West rushed with it’s vaccines, which are of suspicious quality and reliability. Articles are appearing on the Internet stating that negative side effects from the vaccines are being concealed. People are dying from them, as well as getting paralyzed. This is not the case of the Russian vaccine, whose popularity is on the rise. It’s only a matter of time before it becomes the prime vaccine, and this explains the interest of EU countries for it. The point is that the EU cannot bypass Russia, which is reality. And Borrelli knows it. The problem are private bankers and corporations, who still dream of breaking up and plundering Russia. Both the US and EU will continue with their aggressive policies, although I think the EU will in due course back down, succumbing to reality.

Reply

Anonymous on February 08, 2021 · at 9:27 pm EST/EDT
It is not so much the bankers and corporations who dream of breaking up Russia, but a bunch of crazy ideologues (the same in US and EU) who can’t believe that their ‘permanent revolution’ is dead.

 

5) Navalny piégé en insultant un ancien combattant

NAVALNY : LE SYNDROME DE LA « SCHIZOPHRÉNIE DÉMOCRATIQUE » ?

Crée : février 06, 2021 Dans : Actu et brèves (blog) Par Jean-Robert Raviot Aucun commentaire

http://jeanrobertraviot.com/navalny-le-syndrome-de-la-schizophrenie-democratique/?fbclid=IwAR10vumdHb_Ws46JDP43NEtP9k54YcjmJ7TU79eTKU4PSYngCs0Q-g84DlQ 

 

Alexeï Navalny comparaissait le 5 février 2021, dans un procès pour diffamation à l’encontre d’un ancien combattant de la Grande guerre patriotique âgé de 94 ans. L’audience, houleuse, a été interrompue. Elle devait reprendre le 12 février. Comme le résume dans son compte-rendu la journaliste du média d’opposition Meduza, « ce procès est vraiment très bizarre, même pour la Russie ».

Le procès d’un tweet

Bref rappel des faits. A l’occasion de la campagne électorale de juin-juillet 2020 [vote sur les amendements constitutionnels en forme de référendum], la chaîne publique RT avait tourné plusieurs clips pour appeler la population à voter « oui ». Le pouvoir craignait à la fois une forte abstention et un « oui » faible, et les ressources médiatiques de l’Etat étaient alors mobilisées à plein régime. Dans un de ces clips, un ancien combattant, Ignat Sergueïevitch Artiomenko, un homme qui s’était illustré pour de hauts faits pendant la Grande Guerre patriotique, apparaissait en grand uniforme, arborant ses nombreuses médailles. Navalny réagissait ainsi, dans le tweet que je reproduis ici :

 

Traduction : « Les voilà les petits pigeons ! Il faut reconnaître que l’équipe de lèche-bottes vendus [au pouvoir] a encore l’air un peu faiblarde. Regardez-les : c’est la honte du pays. Des gens sans conscience. Des traîtres ».

Mais qui Alexeï Navalny qualifie-t-il ici de « petits pigeons », de « lèche-bottes », de « vendus », de « faiblards », de « honte du pays » et de « traîtres » ? De qui est constituée « l’équipe » ?… Il vise sans aucun doute la chaîne RT et les réalisateurs du clip. Mais le tweet est largement diffusé avec une capture d’écran saisissant Artiomenko. Navalny considère-t-il ce dernier comme un « lèche-bottes », un « vendu », un « traître » ?… Toutes les apparences sont contre lui. Un tweet est un tweet : on ne comprend que ce que l’on voit.

« On » montre le tweet à Artiomenko qui, n’étant pas précisément un geek, n’est pas allé consulter Twitter de son propre chef. Mais qui ça, « on » ? Lors de l’audience, Navalny a pointé la patronne de RT, Margarita Simonian en personne. Il semble évident que ce n’est pas Artiomenko qui a pris l’initiative d’assigner Navalny en justice pour diffamation. « On » l’a poussé, pour en faire une affaire spectaculaire tendant à prouver que « Navalny est une ordure qui insulte un ancien combattant ! » (c’est moi qui parle), pour jeter un peu plus le discrédit sur l’opposant, dans la glorieuse tradition des procès politiques soviétiques et post-soviétiques… Lors de l’audience d’hier, Navalny a souligné que les plaintes en diffamation (dont celle d’Artiomenko lui-même) n’avaient même pas été versées comme pièces au procès, accusant non sans ironie le procureur de « ne pas être même seulement capable de fabriquer correctement un procès ».

A l’audience, Navalny accuse Artiomenko d’être une marionnette : « Quelle honte d’instrumentaliser un vieillard de cette façon pour défendre Poutine et ses amis voleurs ! Faites-le allonger et ôtez-lui son masque ! » [affaibli, Artiomenko intervenait depuis son domicile en visio]. « Vous brûlerez en enfer pour avoir organisé cette mascarade! Il ne comprend même pas ce qu’il dit! ». Navalny n’a pas tort de souligner que la ficelle est grosse et que ce procès salit l’image, sacrée en Russie, d’un ancien combattant de la Grande guerre patriotique. C’est entendu, la méthode est ignoble. Mais seulement voilà : même faible et en visio, Artiomenko est un être de chair et de sang. Et il est là, présent à l’audience, avec toutes ses facultés mentales. Il est bien décidé à s’exprimer, même s’il lit un papier. Et il accuse : « Je suis un ancien combattant de la Guerre, blessé sur le front biélorusse, où j’étais en qualité de partisan. En juin, j’étais à la datcha et j’ai eu connaissance de ce que Navalny m’accusait d’être un traître à la Patrie, et cela m’a blessé. Je veux que Navalny s’excuse publiquement et devant moi » […] « Je ne suis pas un lèche-bottes vendu, je suis quelqu’un de bien. Je ne suis pas un traître et je n’ai pas trahi de toute ma vie. Navalny m’a insulté. Je demande à ce que la justice me défende ».

Artiomenko obtiendra-t-il des excuses de Navalny ? Que nenni ! A aucun moment de l’audience, Navalny ne prononce la moindre excuse. Il s’enfonce, botte en touche, généralise, politise : on volerait l’argent destiné aux anciens combattants pour se construire des palais (qui ? comment ?), les anciens combattants russes perçoivent des pensions douze fois inférieures à celles de leurs homologues allemands, « Dites-moi oui ou non si les anciens combattants et les retraités vivent bien en Russie ? ». Le procureur intervient : « C’est un procès, pas un meeting ! ». Et puis Navalny s’en prend au petit-fils d’Artiomenko, un certain Kolesnikov, appelé à la barre. Navalny l’accuse d’être « un prostitué en train de vendre son grand-père ». Kolesnikov s’étouffe de colère. Il rétorque : « Mais de quel argent parlez-vous ? Quelles sont les preuves de ce que vous avancez ? ». Décidément, l’argent, toujours l’argent, tout revient toujours à l’argent dans la bouche de Navalny… Serait-ce pour lui la valeur de toute chose ? Kolesnikov l’apostrophe, le prie de bien vouloir s’excuser auprès de son grand-père : « Alexeï, ayez le courage de vous excuser. Ne pouvez-vous pas être simplement humain ?!». Réponse de Navalny: « Vous n’êtes qu’un moins-que-rien [ничтожество] ».

Toujours pas d’excuses. Il n’y en aura pas. On s’emporte. Navalny se met à crier. Navalny a perdu. Pas seulement judiciairement, mais aussi, et surtout, politiquement. Et moralement. Echec politique, car il n’a pas su déjouer le piège grossier qui lui était tendu. Et comment aurait-il pu déjouer ce piège et s’en sortir la tête haute ? Tout simplement en adoptant un comportement moral, conforme à l’éthique la plus élémentaire: en s’excusant. Que lui coûtait-il donc de s’excuser auprès du vénérable vieil homme, de l’assurer de ce que son tweet ne le visait pas lui, mais ceux qui avaient usé et abusé de son image ? Naufrage éthique : Navalny est apparu comme un être fanatique, insensible, hystérique. Comportement absolument inexcusable, dont on imagine aisément de quelle manière ses adversaires vont pouvoir tirer, et sans délai, le meilleur profit !…

La « schizophrénie démocratique »

En russe demchiza. Attention : ce terme ne renvoie pas à l’usage de la psychiatrie à des fins politiques dans l’URSS tardive, où l’expression d’une opposition politique (ou même d’un simple désaccord avec le régime) pouvait vous valoir d’être diagnostiqué comme « schizophrène » et vous faire bénéficier des avancées de la psychiatrie judiciaire soviétique, de sinistre mémoire. La demchiza est un terme post-soviétique, apparu dans les années 1990 dans le milieu dissident et post-dissident. Selon Viatcheslav Igrounov, fin connaisseur des milieux dissidents et proches de la dissidence dans l’URSS des années 1980, le terme a été « mis en circulation » par Sergueï Kovaliov pour désigner un certain radicalisme fanatique apparu à la fin des années 1980 et au début des années 1990 dans les rangs des « démocrates russes ». Un radicalisme fanatique, remarquablement disséqué par Alexandre Loukine, en vertu duquel certains en viennent à vilipender, voire à insulter ce peuple au nom duquel on mène pourtant le combat démocratique pour ses droits et libertés, l’accusant brutalement de soumission passive à l’ordre établi – un peuple d’esclaves, de zombies, de lemmings, etc. – une vision sans nuance qui ne tient pas compte de la complexité des ressorts de ce que j’ai appelé dans mes travaux l’allégeance au pouvoir dans la fabrication du contrat social en Russie. Pour Lev Rubinstein, la « schizophrénie démocratique » est « la marque d’un excès, d’un terrible mauvais goût », d’une évolution qui consiste à ne voir « la marque du démocratisme que dans la protestation et le meeting », une « dérive populiste du démocratisme russe qui a largement contribué à sa marginalisation politique ». La demchiza, poursuit Rubinstein, « c’est le syndrome du « A bas ! », appliqué à tout et à tous ».

La demchiza a ses « stars », au premier rang desquels figure l’impayable Valeria Novodvorskaïa (1950-2014), une ancienne dissidente, victime des pires méthodes de la répression politique par la psychiatrie dans les années 1970-1980, que j’ai assez bien connue dans les folles années 1990, et dont le sens de l’humour – et de la provocation – étaient sans limites. Florilège : « Si les Etats-Unis envahissaient la Russie, ce serait tout bénéfice pour nous. La Russie serait mieux en state. Malheureusement, je pense que les Américains n’ont pas besoin de nous ». Ou encore : « Les désagréments de Hiroshima et Nagasaki ne me font pas peur. Regardez le Japon aujourd’hui, une petite merveille ! Le G7 se réunit à Tokyo, ils ont un Parlement libéral. Le jeu en valait la chandelle », ou encore « L’âme russe est une psychose maniaco-dépressive. Classique du genre : la Grande Guerre patriotique, où on voit notre soi-disant « héroïsme de masse ». Notre pays, incapable de trancher la gorge de son propre tyran, Staline, s’en prend à Hitler et ses monstres, et nos grands héros finiront au Goulag en remerciement de leurs bons et loyaux services… Et vous voulez que je croie que ces gens-là [les Soviétiques] sont des gens normaux ? »…

La Grande guerre patriotique, encore elle: décidément, certains démocrates russes ont vraiment du mal à accepter que le peuple soit héroïsé. « C’est de la bêtise et du délire! », déclarait Navalny, il y a quelques années, à propos des festivités de la Victoire [s’exprimant suite à une affaire où certains de ses partisans avaient hacké le site de l’association patriotique « Le Régiment des Immortels » pour y insérer des photos d’officiers nazis]. N’aurait-il, ce pauvre peuple russe – dépeint sous des traits généralement doloristes – que vocation à ployer sous le joug de ses tyrans, implorant que ses libérateurs viennent le délivrer de leurs chaînes? Le peuple ne serait-il là, finalement, que pour mettre en scène l’héroïsme, face à la répression du pouvoir, de ceux qui prétendent parler en son nom? La demchiza se caractérise aussi par une conception très « bolchevik » de la démocratie… En tous les cas pas, une vision de la démocratie assez en porte-à-faux avec le principe majoritaire: « Nous ne sommes peut-être que 2%, mais nous sommes l’élite, la conscience du peuple », proclamait avant-hier ce tweet publié par un fervent partisan de Navalny.

Navalny a-t-il été frappé, hier, d’une crise de « schizophrénie démocratique » aigüe ? Ce faux pas majeur pourrait bien le faire retourner, et pour longtemps, dans la marginalité politique. En attendant, si je puis me permettre, les chancelleries occidentales seraient bien avisées de miser sur un autre opposant.

6)

Voici des précisions de la télé russe (sous-titrée en français) avec des sources de la justice suisse et du procureur général de Russie sollicité par la justice suisse, sur l’un des “témoins” cité dans le film en 3D dont le commentaire en russe a été lu par M. Navalny sur le “palais de Poutine”.

Pour démêler le vrai du faux dans l’affaire Navalny, voilà comme un grand média de la TV russe a présenté le faux dans son magazine hebdomadaire :

Le film scandaleux sur le ‘palais de Poutine’ : qui est Kolesnikov ?
https://www.dailymotion.com/video/x7z9edh 

Vidéo de Xavier Moreau

https://www.youtube.com/watch?v=PxeAVLSzoaA&feature=emb_logo 

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