L’UE face aux sanctions US anti-russes et anti-européennes
Nouvelles sanctions US anti-russes et anti-européennes : les dirigeants de l’UE dépasseront-ils les rodomontades pour une véritable résistance ?
Les nouvelles sanctions anti-russes votées par le Congrès américain ont provoqué “l’inquiétude” de l’Union européenne. Au point que même la Commission européenne a jugé possible de se fendre d’un communiqué disant cette inquiétude devant des décisions susceptibles de “pénaliser” l’économie européenne ! Le projet de sanctions que doit approuver le président Trump, ce qu’il fera vraisemblablement, et qui doit entrer en vigueur en août 2017, prévoit en effet d’empêcher la construction du gazoduc nord 2 (dit Northstream) reliant la Russie à l’Allemagne et alimentant en gaz russe bon marché toute l’Europe occidentale.
Pour ce faire, les USA vont user de leur extraterritorialité juridique, admise par les Européens en réelle position de vassalité, pour frapper les compagnies européennes qui investiraient dans des projets énergétiques avec la Russie. Ces investissements sont pourtant indispensables à l’Europe pour son indépendance énergétique : la Russie a besoin de vendre son gaz et son pétrole. Elle s’est toujours conduite en fournisseur fiable. Les installations qui traversent l’Ukraine sont obsolètes et en mauvais état. Et personne ne peut, ni ne veut, investir pour les rénover.
Ce principe d’extra-territorialité US, d’abord passé pour surveiller les résidents américains dans le monde au travers de toutes les banques, a déjà permis à Washington de racketter par exemple 9 milliards de dollars de la BNP, sans que les dirigeants européens, et en particulier les nôtres, ne bougent. C’est ce qui inquiète pour l’avenir.
Les Américains ne se cachent du reste pas qu’ils ont effectivement l’intention de porter atteinte aux économies européennes. Pas pour le plaisir de le faire, comme c’est le cas contre la Russie entre autres considérations, mais pour pouvoir obliger les Européens à leur acheter leur gaz de schiste liquéfié et ainsi leur permettre de rétablir un peu leur balance commerciale, fortement déficitaire à l’égard de la Chine notamment, et de colmater un peu l’endettement abyssal du pays. Or la région solvable et riche, c’est l’Europe.
Tout y est préparé et les relais ne manquent pas pour servir les intérêts d’outre-atlantique aux dépends de la population européenne. Ca en aurait fait des emplois en France, ces neuf milliards rackettés à la BNP qui n’avait en rien violé les lois françaises ni même de l’Union européenne ! Et les millions, voire les milliards qu’ils s’apprêtent à soutirer à d’autres banques. La russophobie délirante que nous subissons dans la presse et parmi certains politiques fait partie de ce projet d’ensemble du fameux “deepstate” américain. Cet ensemble de lobbies et de réseaux qui sont plus puissants que le président élu, comme le montrent les derniers développements.
Car la vente d’énergie à l’Europe et la ponction de ses avoirs pour compenser la dette américaine sont l’un des volets du projet américain pour maintenir sa position dominante, unipolaire sur la scène mondiale. C’est un objectif assumé et expliqué, en attendant le gouvernement mondial rêvé par Rockfeller, à qui veut bien se donner la peine de l’entendre.
De ce point de vue, un rapprochement entre la Russie et l’Europe occidentale, et surtout l’Allemagne, représente potentiellement le danger de l’apparition d’un concurrent, voire d’un rival, en raison des complémentarités de ces deux parties de l’Europe. L’Empire a senti le danger lors du refus de Paris et de Berlin de se rallier à l’agression contre l’Irak, sous Bush junior. La Russie, pourtant bien docile jusque là, y compris Vladimir Poutine à ses débuts, a aggravé son cas lors du discours géopolitique de Poutine en 2007 à Munich. La Russie étant jugée, sans doute à juste titre d’un certain point de vue, comme le maillon faible des possibles réfractaires au pouvoir mondial des USA, c’est contre elle qu’est lancée l’offensive. Dont la russophobie médiatique, aujourd’hui hystérique et ouvertement raciste aux USA, est une pièce maîtresse.
C’est ainsi qu’on peut comprendre le feu vert donné à l’ex-président géorgien Saakachvili d’attaquer l’Ossétie du sud en 2008 pendant les J.O déjà, et de tuer les forces d’interposition de l’ONU, composée de soldats russes. Un coup “pour voir” comme au poker, comment réagira l’ours. Qui jusque là avait toujours laissé faire. Cette fois non. Et la machine de propagande, jamais complétement arrêtée il n’est que de voir le traitement du Caucase ou de l’affaire yougoslave, s’est intensifiée.
Avec le coup d’état ukrainien de 2014, largement fomenté par des officines occidentales, notamment américaines, de l’aveu même du président Obama qui a reconnu que son pays y avait dépensé 5 milliards de dollars depuis des années, la phase principale du plan d’isolement de la Russie du reste de l’Europe s’est mise en place. Les premières sanctions ont pu être établies, en négation totale de toute démarche diplomatique. Ce qui pourtant aurait dû être le cas entre partenaires se respectant mutuellement un minimum et soucieux du droit international.
En violation totale de ce dernier et de l’OMC avec laquelle pourtant les négociations d’admission de la Russie ont duré des années, Washington a pu établir des “sanctions”. Ces dernières frappaient dès le début autant les ouest-européens, invités à s’associer à la mesure, que les Russes. La France a subi les conséquences pour ses investissements pétroliers dans le nord de la Russie, pour ses échanges et commandes militaires (dont l’affaire ridicule des Mistral), pour ses agriculteurs, privés du marché russe… Et tous les Européens ont subi les menaces et les restrictions imposées par les Etats-unis sur les échanges bancaires. Avec la menace d’être exclu du marché financier américain. Les Etats-unis pour leur part, dont le commerce avec la Russie est bien moins important, n’ont pas subi de baisse des échanges !
On ne dit rien. On accepte tout. On reconduit même les sanctions qui n’ont pas que des conséquences négatives pour la Russie, obligée de travailler au lieu de tout importer, comme précédemment. Et aujourd’hui, sans qu’il y ait eu de développement nouveau sur le champ géopolitique de la part de la Russie, excepté le délire anti-russe de la lutte politique intra-américaine, on nous impose un diktat politique et des ventes forcées d’hydrocarbures, plus chers et issus d’exploitation de schistes que nous même refusons au nom de l’écologie !
Et encore un volet est la constitution d’un “état tampon” entre la Russie et le reste de l’Europe, en tentant de reconstituer le royaume des deux mers (Arctique et mer Noire), cher aux ultra-nationalistes nostalgiques polonais qui se prêtent d’autant plus volontiers au rôle de tête de pont états-unienne en Europe de l’Ouest ! Contre ses partenaires de l’Union européene. Souvenons nous des commandes d’hélicoptères, promises à la France et passées aux américains. Avant c’était des avions. Et maintenant, la Pologne est la première à accepter d’acheter du gaz de schistes américain. Sans doute avec des promesses géopolitiques. Pour la partie sud, la Bulgarie avait déjà dû renoncer au passage du gazoduc sud (southstream) sous pression américaine. C’est la Turquie qui en profitera ! Maintenant, la Roumanie se permet d’interdire son espace aérien à un avion civil d’une compagnie privée russe à bord de laquelle il y avait un vice-premier ministre ! Et la Moldavie a dû multiplier des provocations anti-russe en interdisant à des acteurs russes l’accès de son terriroire. A priori, ce n’est qu’un début et notre presse russophobe a de beaux jours devant elle.
A moins que, A moins que nos dirigeants européens passent enfin des rodomontades à un minimum de résistance. Le voudront-ils ? Le pourront-ils ?