La russophobie tue et provoque

  • stoprussophobie redaction
  • dimanche décembre 25, 2016
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La russophobie tue et provoque

L’assassinat de l’ambassadeur de Russie en Turquie Andreï Karlov le 19 décembre 2016 est la manifestation la plus sanglante d’une intense campagne russophobe menée ces dernières semaines. 
 
Bien sûr, la raison directe invoquée par l’ancien membre de la police d’élite turque qui a tué l’ambassadeur (la presse mainstream emploie volontiers le verbe abattu, comme s’il s’agissait d’un animal !) est une vengeance des islamistes chassés d’Alep par les troupes de Damas, aidées des Russes. Mais la vengeance est encore plus vraisemblablement dirigée contre les Turcs, qui se sont très vraisemblablement accordés avec les Russes pour ne plus alimenter et ne plus laisser passer les renforts et les armes destinées aux djihadistes qui tenaient les quartiers d’Alep Est. La tentative d’enfoncer un coin dans les relations russo-turques, qui viennent de subir une crise grave après l’affaire de l’avion russe abattu en novembre 2015 en Syrie, près de la frontière, par l’aviation turque, est également évidente. Bien sûr, la volonté d’affirmer une menace contre les missions diplomatiques russes à l’étranger est évidente aussi.
 
Si l’on ajoute à cet assassinat :

– les accusations saugrenues (cf. notre article) mais abondamment médiatisées sur une soi-disant immixtion des Russes dans les élections américaines, 

– la couverture médiatique scandaleuse de la bataille d’Alep contre la Russie, où nos médias et malheureusement des politiques en arrivaient  à défendre les islamistes d’Alep Est, qui pourtant nous ont frappé à Nice, au Bataclan et à Berlin, 

– la prolongation des sanctions économiques contre la Russie 

– l’envoi de nouvelles troupes américaines aux Pays-Bas, en décembre, contre la Russie. Il s’agit tout de même de 4.000 hommes et 1.600 chars et c’est un enterrement de l’accord de 1997 Russie-Otan sur la répartition des troupes terrestres de l’Otan en Europe et à proximité des frontières de la Russie.

 
Tous ces faits ressemblent fort à une série de provocations et à une volontaire montée de la tension. Ils surviennent au moment où une nouvelle administration doit s’installer au pouvoir à Washington. L’administration sortante et ses lobbys préférés semblent vouloir compliquer au maximum la tâche des arrivants si ces derniers voulaient réellement rétablir un dialogue entre les Etats-Unis et la Russie, comme ils l’affirment. 
 
Heureusement pour nous, toutes ces manœuvres de va-t-en guerre, n’ont jusqu’à présent pas été couronnées de succès. 
 
Russes et Turcs après l’assassinat de l’ambassadeur Karlov ont affirmé leur volonté de ne pas se fâcher et de poursuivre leur coopération économique mutuellement très avantageuse. C’est notamment le transit gazier, rendu possible par les pressions américaines contre la Bulgarie pour l’empêcher de laisser passer les tuyaux du gazoduc sud, que la Russie se proposait de construire pour alimenter l’Europe du sud, en évitant les chantages et les prélèvements des Ukrainiens kiéviens. Depuis, les Bulgares ont élu un président plus ouvert à la Russie…
 
Le lendemain de l’assassinat, et malgré ce dernier, Russes, Iraniens et Turcs se réunissaient à Moscou, comme prévu, pour parler d’un règlement politique en Syrie. Ils ont appelé les autres parties intéressées à se réunir à Astana, au Kazakhstan pour parler de ce règlement politique. Bachar al Assad et des opposants syriens y sont conviés ainsi que les Saoudiens, les Qataris sans exclure d’autres intervenant régionaux et le président Poutine a aussi parlé lors de sa conférence de presse, fin décembre, des Etats-Unis. En revanche, l’Union européenne et la France n’ont même pas été mentionnées. Triste leçon pour la diplomatie française. 
 
De plus, Vladimir Poutine a aussi reconnu que depuis l’assassinat de l’ambassadeur par un flic d’élite turc, il avait pris conscience de l’importance de l’infiltration de puissances étrangères au sein de l’armée et de l’administration turques. Le président Erdogan avait évoqué une influence étrangère à propos de l’avion russe abattu en Syrie mais cela avait été compris comme une façon de justifier ses excuses sans perdre la face. Puis les mêmes arguments ont été invoqués après la tentative de coup d’Etat de l’été. 
 
Pour la couverture médiatique d’Alep, on commence à voir dans les médias mainstream des marches arrières remarquables (par exemple chez Calvi sur LCI). Pour les pseudos immixtions russes dans les élections américaines, la crédibilité parait faible malgré les efforts de nos “journalistes” otaniens. L’échange de lettre entre Poutine et Trump, à l’occasion de Noël et du Nouvel An, a semblé plutôt bien intentionné des deux cotés, malgré les bruits de bottes en Hollande et les efforts de l’administration sortante.