Les racistes anti-russes s’attaquent même à l’histoire
Ils en veulent maintenant au pont Alexandre III
Une pétition a été mise en ligne pour demander à Anne Hidalgo, maire de Paris, de débaptiser le pont Alexandre III, Tsar russe sous lequel a été conclue l’Alliance franco-russe, grâce à laquelle notamment, les armées françaises ont pu arrêter les Allemands sur la Marne en 1914. Les russophobes déchaînés à l’origine de cette pétition se proposent de donner le nom de Simone Veil à ce pont, offert par la Russie à la France au début du XXème siècle.
En dehors d’un souci de politiquement correct mal placé, on ne voit pas très bien ce que vient faire la pauvre Simone Veil dans cette galère. Elle est là utilisée d’une manière bien indigne. D’autant que cette ancienne déportée savait, elle, ce que des soviétiques, y compris Russes, avaient enduré dans les camps nazis et le rôle important qu’a joué l’armée rouge pour libérer et sauver des victimes de ces camps. Rappelons aussi que dans l’idéologie et les actes racistes des nazis, les slaves étaient aussi considérés comme des UnterMensch à liquider ou réduire en esclavage.
Visiblement l’idéologie raciste fait des émules aujourd’hui. La haine anti-russe, ancrée ou inspirée d’ailleurs, pousse les pétitionnaires à vouloir réécrire l’Histoire de France, de la capitale française et du peuple français.
Une page Facebook a été même créée par ces semeurs de haine ethnique :
Le texte accompagnant la pétition , lancée sur le site est particulièrement virulent et complètement délirant du point de vue historique.
Il affirme que « Alexandre III était un autocrate et antisémite acharné responsable de la mort de milliers de Juifs qu’il rendait coupable de l’assassinat de son père le Tsar Alexandre II. (…) Alexandre III dénonçait la conception occidentale de la société, était contre toutes formes de pouvoir populaire et fit interdire la marseillaise en Russie après avoir dénoncé les idées de la révolution française… ». Quel historien, quel peuple (à part les Nord-américains aujourd’hui dans un souci politique immédiat qui s’attaquent à leurs sudistes) peut comprendre le passé avec des critères d’aujourd’hui ?
On a déjà dans le passé démoli puis reconstruit des statues et des places. Ce n’était jamais signe de concorde… Alexandre III n’était pas le seul monarque européen, surtout après les guerres napoléoniennes, à faire interdire la Marseillaise ! Quant à autocrate, faut-il encore répéter que “autocrate” pour la monarchie russe signifiait que le pouvoir ne provenait d’aucun suzerain, contrairement à d’autres souverains. Alexandre III n’était pas un tendre mais avec tout le monde et l’accuser plus particulièrement de la mort de juifs de Russie parait bien réducteur et injuste. Le premier grand pogrom anti-juif a eu lieu à Kichinev (Bessarabie – Moldavie actuelle au début du XXème siècle. Les pires pogroms ont eu lieu en Ukraine de l’Ouest et en Bessarabie et non en Russie). Il y avait une discrimination administrative contre les juifs dans l’empire russe, du reste assez facilement tournée par les élites, mais la Russie n’est certainement pas le seul pays où une telle discrimination existait à cette époque. Et quel rapport avec le pont parisien qui marquait une alliance géopolitique et économique (les investissements français en Russie étaient importants et rémunérateurs à l’époque). Dreyfus, le marchand de céréales, avait par exemple de grands silos à Rostov sur le Don… ?
Plus loin, les auteurs de la pétition n’hésitent pas à prétendre que ce pont est, avec son actuelle dénomination , une « insulte aux victimes de l’Holocauste ». Diantre ! L’abus de la référence à cette période noire de l’histoire de l’humanité n’est pas une bonne chose. C’est même odieux pour les morts. On a déjà rappelé le prix payé par les soviétiques juifs et autres aux massacres nazis. On pourrait rappeler les juifs du “Yiddishland” (pays baltes et ouest de l’URSS) sauvés par les soviétiques russes et autres, précisèment de l’holocauste (demandez à Marek Halter). Enfin, c’est particulièrement ridicule aussi du point de vue historique, puisque l’alliance franco-russe était destinée à faire pièce à l’Allemagne. Et puis quand même : Alexandre III est mort en 1894. Un bolchevik comme Trotsky lui reprochait d’être alcoolique, pas antisémite.
Les pétitionnaires se disent inspirés par les extrémistes nord américains (qui en doutait !!) qui veulent réécrire leur histoire en démolissant les statues des généraux sudistes. C’est bien sûr une action des adversaires du président Trump mais comme l’a dit ce dernier, il faudrait aussi débaptiser Washington, puisque George avait des esclaves… Doit-on suivre en France les exemples les plus imbéciles venus des maîtres d’outre-atlantique ?
En matière de russophobie justement, on en fait pas mal contre nos propres intérêts et principes. Il faut peut-être arrêter et remettre en place les initiatives de négation et de révision de notre histoire. Celle lancée par ces “têtes de pont”, est en dernière analyse fondée sur une haine raciale anti-russe. Elle aurait été poursuivie s’il s’était agi d’un autre peuple.
Un pont est un symbole d’amitié, de rapprochement et de réalisation communes entre peuples et nations.
C’est honteux de vouloir en faire un objet de haine.