Manoeuvres russo-biélorusses prétexte à délires

  • stoprussophobie redaction
  • dimanche septembre 17, 2017
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Manoeuvres russo-biélorusses prétexte à délires
source :  НАШИ МАТЕРИАЛЫ Геополитика и безопасность

Les manoeuvres militaires “Zapad” russo-biélorusses prétexte aux délires et propagandes russophobes 

 

Des exercices militaires conjoints russes et biélorusses (bélarus ?),  nommés Zapad 2017 se sont déroulés en septembre sur une semaine en Biélorussie, dans l’enclave de Kaliningrad et dans d’autres régions occidentales en Russie. Quelque 12.700 soldats, selon Moscou, ont pris part à l’exercice. 

Ignorant bien sûr les récentes manoeuvres de l’OTAN à la frontière même de la Russie, le renforcement de troupes otaniennes, dont malheureusement les nôtres en Estonie, plusieurs médias de chez nous se sont jetés sur l’occasion pour parler de “menace russe” et autres délires. Ils feraient mieux de regretter le gaspillage inutile de l’envoi de troupes, de chars et d’avions en Estonie (où rien ne se passe), alors que nos forces armées sont épuisées par Sentinelle et l’Afrique, et qu’un tel détachement ne peut se comprendre que comme une récompense de “repos du guerrier” qui nous coûte à tous  (! ). Enfin si ça permet d’amasser de bons souvenirs à nos soldats. Et à certains d’apprendre le russe !  

Libération a titré « l’armée russe expose ses forces aux portes de l’Otan » (eh oui la Russie a le tort d’être “aux portes de l’OTAN”. Elle doit aller où ??) , la Voix du Nord « l’armée russe montre ses muscles aux portes de l’Europe »… (Mais la Russie est en Europe !)  L’idée est à chaque fois la même : Moscou veut faire peur en simulant une guerre avec l’Europe de l’Ouest. Relayé par nombres de médias classiques, l’article gonfle les chiffres et use de rengaines issues de la guerre froide. Et surtout on part du postulat que “la Russie menace l’Europe”… 

Sans qu’on se donne jamais la peine de réfléchir aux bien-fondé de telles suppositions. Pourquoi la Russie envahirait-elle des pays comme ceux de la Baltique, alors que c’est elle qui a mis fin à l’URSS et “libéré” ainsi ces pays. Comme les autres. En imaginant même qu’elle les envahisse, elle fera quoi ensuite ? Elle devra payer leur développement ? Qu’a -t-elle à leur exporter ou leur vendre ? Les matières premières c’est fait ! Pour le reste, la Russie n’a pas assez de productivité ni d’investissements pour faire de l’impérialisme. C’est du reste un autre thème de la russophobie habituelle qui assimile avec quelque exagération la Russie à une pompe à essence ! Alors pourquoi autant de contradictions ? 

La réunification avec la Crimée, où rien n’avait été fait il est vrai depuis une trentaine d’années, coûte déjà fort cher à l’économie russe. L’intervention en Syrie est pour sa part, purement militaire pour des raions politiques : il s’agissait avant tout d’empêcher certains milieux occidentaux de former, entraîner et armer des terroristes islamistes pour les envoyer dans le Caucase et l’Asie centrale. Et bien sûr, il est plus rentable d’intervenir pour empêcher un nouveau chaos à l’irakienne ou à la lybienne, voire à l’afghane aux portes de la Russie et chez un allié que de laisser faire les plans les plus agressifs qui ont déjà eu des conséquences en Russie.   

D’emblée, on apprend dans nos gazettes et dans des “débats” télévisés à sens unique, que « Certains membres de l’OTAN y voient une inquiétante démonstration de force », et que « depuis l’annexion de la Crimée en 2014 et l’éclatement du conflit dans l’est de l’Ukraine, les pays baltes n’hésitent pas à désigner la Russie comme une potentielle menace contre leur souveraineté ». On rappellera une fois encore que la Crimée a été rattachée par référendum populaire et que la question est plus compliqué qu’il n’y parait, y compris d’un point de vue juridique (cf. notre rubrique). Pour l’Ukraine, ce n’est pas la Russie qui a provoqué et organisé un coup d’Etat contre le président élu, quelle qu’aient pu être ses “qualités”, violant un accord signé la veille même ! Ce ne sont pas les Russes qui n’appliquent pas l’accord de Minsk mais bel et bien les Ukrainiens de Kiev. 

Poutine s’est dit très récemment favorable au déploiement de casques bleus en Ukraine de l’est pour permettre un cessez-le-feu durable dans la région. A noter qu’il prend là un risque considérable car les occidentaux vont tout faire pour s’immiscer dans la situation et nuire aux insurgés de l’est. On l’a vu pratiquer en Yougoslavie et même l’OSCE qui est censée surveiller aujourd’hui les violations du cessez-le feu entre insurgés de l’est et Kiéviens, est loin de montrer beaucoup de zèle pour constater les dégâts causés par les armes fournies aux Kiéviens.

Les chiffres sont multipliés par dix pour le nombre de militaires russes et biélorusses impliqués, selon des pays frontaliers et divers “experts”. Le ministre de la défense britannique affirme ainsi que « Les exercices Zapad-2017 sont désignés pour nous provoquer, pour tester nos défenses et c’est pour cela que nous devons être forts », s’alarmant d’une Russie « de plus en plus agressive ». On est curieux de savoir ce que pense le même ministre, lorsque les forces de l’Otan sont présentes tout autour des frontières russes et que des exercices militaires y sont organisés aux portes de la Russie, sous l’égide de Washington.

L’article avant de citer le secrétaire de l’OTAN qui souhaite « continuer à s’efforcer d’améliorer les relations avec la Russie », explique que « Les inquiétudes autour des exercices Zapad-2017 ne sont que l’expression d’une tension plus large entre l’armée russe et l’OTAN ». On ne s’étonne jamais dans ce type d’article qui tend à faire passer la Russie pour un monstre impérialiste bien que son budget militaire reste 10 fois inférieur à celui des seuls Etats-Unis et que c’est bien l’Alliance nord atlantique qui n’a cessé de se rapprocher des frontières russes ces dernières années.

Mais si les Américains s’entraînent, aux frontières de l’Europe de l’Est, et même en Ukraine après y avoir défilé en Août, c’est la Russie, sur son territoire qui “menace” ! Deux poids, deux mesures.

Que dans le contexte d’encerclement et de guerre de l’information et de “sanctions” politiques, diplomatiques (dignes de voyous aux USA) et économiques, la Russie veuille « montrer ses muscles » est assez compréhensible. Ne serait-ce que pour rassurer sa propre opinion publique. Oui, la Russie ne peut être battue, c’est bien ce que lui reprochent les faucons américains et leurs obligés. Mais elle est objectivement loin de disposer de la puissance de feu et de la richesse de l’OTAN. 

Malgré la propagande contraire, il est bon pour le citoyen d’en être conscient.

 

 

Mais voici un commentaire plus complet de Philippe Migault, spécialiste des affaires stratégiques sur ces manoeuvres Zapad qui ont donné lieu à un délire de particulièrement mauvaise foi russsophobe de certains de nos médias.

https://francais.rt.com/opinions/43416-zapad-2017-panique-occidentale-beaucoup-bruit-pour-rien

La russophobie hystérique de la presse occidentale n’est plus à démontrer. Mais quelles sont les motivations de ceux qui nourrissent ces craintes dénuées de fondements ? L’expert en Défense Philippe Migault s’interroge.

La russophobie hystérique de la presse occidentale n’est plus à démontrer. Mais quelles sont les motivations de ceux qui nourrissent ces craintes dénuées de fondements ? L’expert en Défense Philippe Migault s’interroge.

Les troupes russes et biélorusses engagées dans les manœuvres Zapad 2017, à proximité des frontières de la Lituanie et de la Pologne, n’ont pas exploité l’avantage traditionnel du week-end pour foncer par surprise sur Vilnius et Varsovie. L’invasion des pays baltes et de la Pologne, prélude à une grande guerre continentale, semble remise à plus tard. Le monde libre peut souffler.

Ces quelques lignes d’introduction ont de quoi faire rire n’importe quel observateur attentif des rapports de force entre l’OTAN et la Russie. A la une de la campagne de presse délirante ayant accompagné l’ouverture des manœuvres Zapad, elles sont pourtant parfaitement dans le ton. «Avec Zapad 2017, la Russie se prépare pour une grande guerre», titrent différents médias citant un officiel tchèque. «Zapad, ce SCUD du Kremlin adressé à ses voisins inquiets», assène Le Soir dans une audacieuse parabole balistique. «100,000 troops will engage in Russia’s Zapad-2017 war games», annonce le Washington Post, journal de référence de toute la presse occidentale. «Russia’s military exercises : could they turn into war?»s’interroge, alarmiste, CNN… On ne sait pas pourquoi Vladimir Poutine n’a finalement pas décidé de lancer ses unités de la garde vers l’Ouest, mais qu’importe, «l’alerte aura été chaude»assure DSI, évoquant la «survie de l’OTAN»

Poutine est un impérialiste qui veut reconquérir l’empire des tsars et de l’Union soviétique. Point barre

On reste sidéré à la lecture d’une telle titraille, de tels articles, totalement déconnectés des réalités. Ah ! Ces savants paragraphes braquant les projecteurs sur la trouée de Suwalki, pâle succédané de la fameuse trouée de Fulda, pour évoquer des scenarii de tactique-fiction dignes de la meilleure géopolitique de comptoir… Ah ! Ces 100 000 hommes, recensés par des «analystes», que l’on s’abstient de nommer…

La plupart des journalistes français et anglo-saxons – mais aussi certains «experts» – ont soigneusement omis de souligner qu’au moment-même où Zapad se déroule, l’armée ukrainienne, les militaires américains et leurs alliés mènent des manœuvres conjointes en Ukraine, tandis que les Suédois et d’autres nations mobilisent 20 000 hommes dans le cadre d’un exercice de trois semaines visant explicitement la Russie. Les mêmes commentateurs semblent avoir totalement ignoré, ou choisi de passer sous silence, les déclarations de Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, affirmant le 6 septembre dernier que Zapad 2017 ne représentait «pas une menace imminente contre un allié de l’OTAN». Même le très atlantiste Bruno Tertrais n’a pas poussé le ridicule jusqu’à relayer de pareilles sornettes : «Ce qui est certain, c’est qu’il n’y a pas 100 000 hommes massés aux portes de l’OTAN», souligne le directeur-adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique.

Certes la russophobie hystérique de la presse occidentale n’est plus à démontrer. On pourrait cependant espérer un peu plus d’analyse, une argumentation crédible, à l’appui de ces déclarations alarmistes. Mais rien. Poutine est un impérialiste qui veut reconquérir l’empire des tsars et de l’Union soviétique. Point barre. Eltchaninoff, sors de ces corps…

Qui relève que la Russie n’a plus les moyens militaires, démographiques, financiers de l’URSS pour se lancer dans une offensive contre l’Alliance atlantique, opération qui aurait déjà été des plus aventureuses au temps de l’Union soviétique ?

Qui s’interroge sur les motifs qui pourraient pousser Moscou à agresser Baltes et Polonais, en dehors d’un vieil antagonisme historique, expliquant, certes, certaines craintes légitimes, mais ne constituant aucunement un motif de guerre ?

Personne. La rationalité semble bannie de la réflexion, si tant est qu’on puisse parler de réflexion…

Agresser la Pologne ? Pourquoi faire ? Régler une bonne fois pour toutes un vieux contentieux ? Annexer un Etat dont le peuple a démontré à travers tous les drames de son histoire qu’il était indomptable et absolument non intégrable dans quelque empire que ce soit ? Un Etat qui dispose non seulement d’une armée moderne et de soldats bien formés, mais est aussi adossé, pour la première fois de son histoire, à une puissante alliance militaire ? Pourquoi ? Le contrôle de la Silésie ? Le potentiel agricole ? Une obscure pulsion panslaviste ? Que ceux qui ont des éléments de réponse sérieux les énoncent.

Envahir les Etats baltes ? Dans quel but ? Reprendre les provinces conquises par Pierre le Grand ? Assurer la continuité territoriale jusqu’à l’Oblast de Kaliningrad ? Défendre les communautés russes, victimes, certes, de discriminations dans ces pays, pourtant membres de l’UE, mais qui n’émettent aucune revendication de rattachement à la Mère Patrie, à laquelle ils n’adressent pas non plus d’appel au secours ? Mais quand comprendra-t-on, enfin, que de tels motifs ne jouent plus, pour les Russes comme pour nous, dans le monde nucléarisé, mondialisé, connecté d’aujourd’hui ?

Bref, personne, dans la région, n’a le moindre intérêt à déclencher une guerre

Considérés, un temps, comme les «Tigres de la Baltique» compte tenu de leur spectaculaire croissance économique, les Etats Baltes ne représentent plus un morceau de choix, susceptible de pousser «l’ours russe» à prendre le risque d’une guerre avec l’OTAN pour en reprendre le contrôle. En dehors de forêts, de plages et de villes superbes, réels atouts touristiques, ils n’ont rien à offrir. La crise économique de 2008-2009, au cours de laquelle leur PIB a accusé un recul de 14%, a brisé net leur élan. Si la reprise s’est manifestée avec vigueur en 2011, elle s’est depuis considérablement ralentie, avec des taux de croissance avoisinant les 2% en 2016. Loin d’être l’eldorado high-tech offrant toutes leurs chances aux jeunes que l’on nous présente fréquemment en citant le cas estonien, ces Etats subissent la fuite de leur jeunesse vers l’Union européenne et, notamment, la Scandinavie. La population des trois pays, au demeurant, connaît une crise démographique bien plus importante que celle qui a frappé la Russie dans les années 90. Cruciaux pour l’économie soviétique, dont une bonne part des échanges transitait jusqu’aux indépendances par les ports de Tallin, Ventspils, Riga et Klaïpeda, les Etats baltes ne sont plus aujourd’hui aussi indispensables au commerce russe. Moscou, qui a lancé à la fin des années 90 un vaste programme de développement de nouvelles infrastructures portuaires dans le golfe de Finlande, mise de plus en plus sur ses seuls ports pour son trafic pétrolier. Certes, les acteurs privés russes continuent de recourir aux ports baltes pour leurs échanges. Mais ces derniers non seulement ne sont plus incontournables, mais sont aujourd’hui contraints d’améliorer leur offre pour que la Biélorussie, alliée de Moscou, préfère leurs services à ceux des ports russes de l’enclave de Kaliningrad. Ils sont par ailleurs engagés dans une guerre commerciale pour rester des plateformes d’accès privilégiées au marché russe pour les entreprises de l’Union européenne. Bref, personne, dans la région, n’a le moindre intérêt à déclencher une guerre.

Dès lors une seule question se pose : quelles sont les motivations de ceux qui nourrissent des craintes dénuées de fondements ? Le manque de formation des journalistes ne saurait suffire à tout expliquer. Ce sont les motivations politiques de ces derniers et des experts à qui ils tendent fréquemment le micro qui sont à interroger.