Pologne : révision de l’Histoire 1939 – 2019
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![La commémoration du début de la WWII à Varsovie sous surveillance du suzerain américain. le vice-président Mike Pence. Trump n'est pas venu…](https://stoprussophobie.info/media/2019/09/60959e8d8c34f5c00b9627dfd768f462.jpg)
Une commémoration sans les Russes pour cause de passé soviétique
Il faut le crier haut et fort : c’est une honte que la Russie n’ait pas été invitée, ce 1er septembre 2019, à Varsovie aux commémorations du début de la Seconde Guerre mondiale. La raison ? Le gouvernement polonais, nous dit le vice-ministre des Affaires étrangères polonais S.Szynkowski vel Senk, se fonde sur de nouveaux critères de «vérité historique», auxquels la Russie «n’est pas intéressée».
On peut comprendre que la Pologne ne tienne pas à commémorer le pacte germano-soviétique de 1939 – en oubliant que son gouvernement avait aussi conclu un pacte avec Hitler – mais d’ici à nier le rôle soviétique pour la libérer des nazis, il y a un pas… russophobe. D’autant qu’il s’agit essentiellement de reviser l’histoire pour justifier une installation guerrière américaine contre la Russie. Bien la Russie et non l’Union soviétique. Tant pis pour la Pologne si les Russes se défendent en cas de conflit mais malheureusement notre appartenance à l’OTAN et à la dépendance des intérêts de nos amis d’outre atlantique risquent de nous entraîner dans le délire des dirigeants polonais et les calculs des états-uniens. C’est de cela que nous ne voulons pas !
Ces «nouveaux critères» qui, à n’en pas douter poussent les Polonais à réclamer une présence accrue de troupes américaines. Ou encore qui les incitent, comme ils le font depuis plusieurs années, à détruire les monuments aux soldats soviétiques – quelque 800.000 – tombés pour la libération de la Pologne. Un tel sacrifice ne mérite évidemment pas que l’on conserve des monuments. Imagine-t-on, en France ou dans d’autres pays, que l’on aille, parce qu’ainsi le voudrait un gouvernement, détruire des monuments aux soldats américains, anglais, canadiens et autres, et mêmes aux soldats allemands?
Boris Johnson, depuis peu Premier Ministre britannique, évoque à son tour le fait qu’en 1939 la Pologne se trouvait «entre le marteau fasciste et l’enclume communiste». Bel exemple d’amalgame entre la politique de l’URSS et celle du Troisième Reich. Cette même URSS attaquée par Hitler en juin 1941, et dont la Grande Bretagne fut l’alliée pendant la Seconde Guerre mondiale. Boris Johnson a sans doute une mémoire sélective, pour être ainsi oublieux d’un fait historique majeur.
Il n’est pas jusqu’au ministère des Affaires étrangères de Bulgarie qui surenchérit, en affirmant qu’on ne peut pas considérer le combat de l’URSS contre le nazisme comme une libération de l’Europe. Certains, à Sofia, ont la nostalgie du temps où la Bulgarie s’était ralliée à l’Axe Allemagne-Italie-Japon, tout en se gardant, il est vrai, de participer à l’invasion de l’URSS. Regrette-t-on, à Sofia, que la Bulgarie ait été libérée par l’Armée soviétique?
Décidément, l’hystérie russophobe donne dans une nouvelle mode d’une hypocrisie et d’une lâcheté dépassant toutes bornes, qui consiste à instiller l’idée que, finalement, la Russie – on ne parle même plus de l’URSS – a joué un rôle très exagéré dans la victoire sur le nazisme. S’affirme ainsi la prééminence d’une très dangereuse tendance à la révision de l’histoire.
Le sens de tout cela ? L’Armée soviétique n’a pas « libéré » l’Europe orientale, elle l’a « occupée ». Par voie de conséquence, les Russes sont des occupants, et non plus des libérateurs. Les républiques baltes, et bien sûr la Pologne et d’autres pays d’Europe orientale font chorus. Insinuations d’autant plus dangereuses en un temps où la méconnaissance de l’histoire, notamment dans la jeunesse, tend à gagner du terrain, et où l’on assiste à une montée des nationalismes et des populismes affichant des idéologies dont on espérait qu’elles auraient disparu, au seul souvenir de cette épouvantable boucherie que fut la Seconde Guerre mondiale.
L’Allemagne, dont on sait les crimes qu’elle a commis durant son occupation de la quasi totalité de l’Europe, est venue demander pardon aux Polonais à Varsovie, le 1er septembre, par la voix de son président Franz Walter Steinmeier. Sublime acte de contrition, 80 ans après le début de l’occupation de la Pologne, qui a connu quelque 6 millions de morts entre 1939 et 1944, année de sa libération par l’Armée soviétique.
Je ne sache pas que quiconque, parmi les dirigeants allemands de ces dernières décennies, ait demandé pardon à la Russie pour les quelque 27 millions de morts tombés en Union Soviétique entre 1941 et 1945, selon les chiffres officiels, non plus que pour les quelque 1.700 Oradour-sur-Glane biélorusses, russes et ukrainiens rasés par les hordes hitlériennes.
Il est vrai qu’en ce 1er septembre 2019, mieux vaut se rappeler que la Russie avait, en 1939, signé avec Hitler le pacte de non agression Molotov-Ribbentrop, manière de dire qu’elle est responsable du déclenchement du conflit. Un pacte auquel le Troisième Reich a mis brutalement fin le 22 juin 1941 en attaquant l’URSS. Mieux vaut aussi, en Pologne, éviter de se souvenir du Pacte de non-agression germano-polonais de 1934, valable 10 ans et du fait que la Pologne de Pilsudski a « aidé » les Allemands à envahir la Tchécoslovaquie en 1938, à la suite de la trahison de Munich, cette ville d’Allemagne où Daladier, président du Conseil français de l’époque, et Chamberlain, premier ministre anglais, le prédécesseur de Boris Johnson, ont cautionné les visées d’Hitler sur la région germanophone des Sudètes.
Alors ce nouvel argument de l’ « occupant russe » est bien commode pour justifier la nouvelle « occupation » – strictement défensive, bien entendu, et pour protéger les valeurs de la démocratie – de l’Europe par les armées américaines et leurs alliés de l’OTAN, dont la France, hélas !, solide rempart de l’Europe, installé aux frontières de la Russie, dans ces mêmes républiques baltes, et dont la Bulgarie, la Pologne, la Roumanie sont tellement heureuses d’avoir la présence. Si vis pacem, para bellum !
Les Soviétiques – on dira les Russes aujourd’hui – ont tenu leurs engagements après la réunification de l’Allemagne. Ils ont quitté l’Europe orientale en 1989, ils ont dissout le Pacte de Varsovie, laissant le champ libre à l’OTAN, autrement dit aux Américains. C’est pourquoi la Pologne a tant tenu à inviter l’OTAN, l’Union européenne et le Partenariat oriental aux cérémonies du 1er septembre à Varsovie. Curieusement, Donald Trump a fait faux bond, ainsi que quelques autres chefs d’Etat et de gouvernement. Une poussée de mauvaise conscience ou de réalisme politique ?
On n’invite pas « l’occupant » russe, mais on invite l’héritier des occupants nazis ?
Le gouvernement polonais aurait-il supprimé du dictionnaire le mot honte ?