Qui a vaincu le nazisme en 1945? Sondages édifiants
Un sondage mené par l’Ifop en mai 1945, sur l’ensemble du territoire français désormais libéré (et confirmant un sondage de septembre 1944 auprès des Parisiens), a montré que les interviewés apparaissent bien conscients du rapport de force et du rôle des alliés dans la guerre, et ce malgré la censure et la difficulté sous l’occupation à accéder à une information fiable.
Ainsi, une très nette majorité (57 %) considèrent que l’URSS est la nation qui a le plus contribué à la défaite allemande alors que les États-Unis et l’Angleterre, pourtant libérateurs du territoire national, ne recueillent respectivement que 20 % et 12 %.
Mais ce qui est proprement sidérant est que cette vision de l’opinion publique s’est inversée de manière très spectaculaire avec le temps, comme l’ont montré deux sondages réalisés en 1994, en 2004 et en mai 2015 :
C’est tout de même formidable : en 1945, les Français qui ont vécu sous la censure ont bien compris qui a vraiment battu l’Allemagne, mais 70 ans plus tard, c’est une Histoire totalement différente qui est dans nos esprits !
source : https://www.les-crises.fr/la-fabrique-du-cretin-defaite-nazis/
La substitution de l’histoire par la mémoire à des fins politique a fait son œuvre, comme en témoigne la perception du rôle des différents belligérants dans la victoire sur l’Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale.
Alors que tous les historiens admettent que l’URSS fut le pays qui a le plus contribué à la chute du IIIe Reich (bataille de Stalingrad, prise de Berlin, libération des camps, etc.) au prix de 26,9 millions de morts dans ses rangs (soit 16,11 % de sa population), les États-Unis apparaissent dans un sondage IFOP en 1994 et 2004 comme le principal contributeur à la défaite de l’Allemagne en 1945. Pourtant, les pertes étasuniennes se sont élevées « seulement » à 418 500 morts (soit 0,32 % de leur population), dont la plupart sur le front pacifique, non pas contre l’Allemagne mais contre le Japon. L’importance du rôle de l’URSS par rapport à celui des États-Unis n’a d’ailleurs jamais fait aucun doute, ce qui explique entre autres la conférence de Yalta en Crimée ou encore les gains territoriaux du bloc communiste dans l’immédiat après-guerre.
Pourtant, l’évolution sur soixante ans de ce sondage IFOP (ci-dessous) montre une inversion flagrante des proportions dans l’inconscient collectif et une méconnaissance généralisée de l’histoire. Le résultat d’une propagande quotidienne entretenue par le cinéma et les grands médias et que l’école n’a pas compensée – quand elle ne l’a pas tout simplement accompagnée et amplifiée.