Livres dans les bonnes librairies (et les mauvaises aussi) : Ukraine
Alexandre VOLKONSKI
Ukraine: la vérité historique
« Cet ouvrage est remarquable à plus d’un titre. C’est d’abord un rappel concis et documenté des racines historiques de la Russie. Érudit, le prince Volkonski nous fait toucher de près l’unité de cet immense territoire, gouverné pendant plusieurs siècles par une seule dynastie, celle des Rurikides, dont descend sa famille. Les vicissitudes sont nombreuses: démembrement dû à l’invasion mongole, occupation de terres russes par la Pologne et la Lituanie, marche pour l’unité. Toutes participent de la formation de l’identité nationale, un facteur clef pour mieux comprendre les Russes et la Russie à travers l’histoire.
Cette unité russe retrouvée devient la cible d’une politique concertée de l’Europe. Les menées de l’Autriche-Hongrie, de l’Allemagne, puis celles des Etats-Unis d’Amérique et celles des anciens alliés de la Russie pendant la Grande guerre sont brillamment exposées et dénoncées avec vigueur par l’auteur, qui s’appuie là sur son expérience de militaire et de diplomate. Il remet les pendules à l’heure avec une vivacité qui tient constamment le lecteur en haleine. Mais sa lucidité vis-à-vis des enjeux politiques n’a d’égale que son inquiétude face à la manipulation des esprits. Par ce biais, il nous offre aussi une image émouvante de son identité d’exilé, celle des Russes de la première émigration.
La crise ukrainienne actuelle plonge ses racines dans ce passé complexe, le nier est une folie dangereuse. En ce sens, ce livre apporte une aide précieuse à qui veut y comprendre quelque chose. Bien des éléments analysés par le prince Volkonski gardent une redoutable actualité : la haine de la Russie cultivée par certains, l’étonnement douloureux que cette agressivité suscite chez les Russes, l’hypocrisie intéressée des pays européens. L’entreprise de désinformation se poursuit, favorisée comme jamais en Europe par l’ignorance de générations auxquelles on a enseigné le dédain de l’histoire et de la géographie. » – Prince Dimitri Schakhovskoy
https://editions-syrtes.com/produit/ukraine-la-verite-historique-alexandre-volkonski/
STEPHEN LENDMAN
Ukraine, le coup d’Etat
Dix-huit des meilleurs analystes nord-américains montrent ici que le 22 février 2014, place Maïdan à Kiev, après des mois de déstabilisation politique financée par les États-Unis et l’Union européenne, des groupes soutenus par l’Occident ont confisqué par un coup d’état flagrant le pouvoir d’un président démocratiquement élu. Des extrémistes néo-nazis, à l’avant-garde des manifestations, ont obtenu des ministères et d’autres postes importants dans le nouveau gouvernement non-élu. à cause de la couverture médiatique pro-Maïdan fortement influencée, sinon contrôlée, par les gouvernements occidentaux, les Européens ont généralement vécu ce changement de régime avec apathie. Ils semblent ne pas comprendre qu’il y a eu un coup d’état fasciste au coeur de l’Europe… et un coup d’état soutenu par leurs propres dirigeants. Comme en Libye, Syrie, Yougoslavie, Irak, etc., on a assisté en Ukraine au plus cruel sadisme masqué par une gigantesque puissance de feu médiatique occidentale : assassinats à Maïdan par des snipers d’élite néo-nazis maquillés en police d’État ; immolations vivantes au lance-flammes de fédéralistes pacifiques par des groupes néo-nazis téléguidés par la junte et maquillées en incendie à Odessa devant la police passive et complice ; officines déstabilisatrices de la CIA financées à hauteur de 5 milliards de dollars depuis 1991 et camouflées en ONG humanitaires « pro-démocratie », etc.
Cependant, du développement même de cet affrontement mûrit une « vision politique » : dans le Donbass, le peuple qui pour survivre secoue le joug du libéral-fascisme, prend conscience du fait que l’alternative « ou bien mourir pour un oligarque russe ou bien mourir pour un oligarque ukrainien » n’est pas pertinente et se dépasse nécessairement en : s’approprier collectivement les biens productifs usurpés par les oligarques de toute obédience. Puisse alors ce « retour du réel et du rationnel » refluer comme un boomerang de Donetsk vers l’ouest et montrer aux pyromanes US/UE que désormais le roi est nu.
Référence : 978-2-915854-70-1
https://editionsdelga.fr/portfolio/ukraine-le-coup-detat-lendman/
Jean-Michel Vernochet
UKRAINE
L’engrenage
De la révolution orange à l’indépendance de la Crimée via la colère du Maïdan
Chroniques 2004-2014
L’industrie médiatique n’est pas purement « gratuite ». Elle ne travestit pas le réel pour le simple plaisir, mais parce qu’elle remplit une fonction essentielle à l’ordre du monde tel que nous le subissons. À ce prix, celui de la falsification, la fonction sacralisée du Quatrième pouvoir est de « dire le réel » en congruence avec l’ordre régnant.
Le drame ukrainien n’échappe pas à cette règle. Or l’observateur indépendant, et de ce fait relativement dégagé des contraintes de l’universelle tyrannie consensuelle, ne peut avoir des événementsqu’une lecture différente. En premier lieu parce qu’il ne se croira pas a priori obligé de souscrire à la bienséante détestation de la Russie et de ses dirigeants actuels. Ni d’adorer les idoles réputées démocratiques devant lesquelles nous sommes chaque jour conviés à nous prosterner.
L’Ukraine se situe aux frontières de l’Europe de Maëstricht. Pourtant les turbulences qu’elle traverse ont fait l’objet ces derniers mois d’un traitement à peine moins partial que celui réservé tout au long de ces trois dernières années à la révolte syrienne contre le pouvoir conjoint du Parti Baas et du clan Assad. Face à ce constat de carence, il importait que ces chroniques rédigées au fil des semaines s’efforcent de rétablir quelque peu l’équilibre vis-à-vis d’un traitement de l’information par trop asymétrique.
EAN : 9782917329696
http://editions.sigest.net/page00010162.html
Alexandre VOLKONSKI
Ukraine: la vérité historique
Description
« Cet ouvrage est remarquable à plus d’un titre. C’est d’abord un rappel concis et documenté des racines historiques de la Russie. Érudit, le prince Volkonski nous fait toucher de près l’unité de cet immense territoire, gouverné pendant plusieurs siècles par une seule dynastie, celle des Rurikides, dont descend sa famille. Les vicissitudes sont nombreuses: démembrement dû à l’invasion mongole, occupation de terres russes par la Pologne et la Lituanie, marche pour l’unité. Toutes participent de la formation de l’identité nationale, un facteur clef pour mieux comprendre les Russes et la Russie à travers l’histoire.
Cette unité russe retrouvée devient la cible d’une politique concertée de l’Europe. Les menées de l’Autriche-Hongrie, de l’Allemagne, puis celles des Etats-Unis d’Amérique et celles des anciens alliés de la Russie pendant la Grande guerre sont brillamment exposées et dénoncées avec vigueur par l’auteur, qui s’appuie là sur son expérience de militaire et de diplomate. Il remet les pendules à l’heure avec une vivacité qui tient constamment le lecteur en haleine. Mais sa lucidité vis-à-vis des enjeux politiques n’a d’égale que son inquiétude face à la manipulation des esprits. Par ce biais, il nous offre aussi une image émouvante de son identité d’exilé, celle des Russes de la première émigration.
La crise ukrainienne actuelle plonge ses racines dans ce passé complexe, le nier est une folie dangereuse. En ce sens, ce livre apporte une aide précieuse à qui veut y comprendre quelque chose. Bien des éléments analysés par le prince Volkonski gardent une redoutable actualité : la haine de la Russie cultivée par certains, l’étonnement douloureux que cette agressivité suscite chez les Russes, l’hypocrisie intéressée des pays européens. L’entreprise de désinformation se poursuit, favorisée comme jamais en Europe par l’ignorance de générations auxquelles on a enseigné le dédain de l’histoire et de la géographie. » – Prince Dimitri Schakhovskoy
Ukraine “la vérité historique” du russe Volkonski
“L’Ukraine, la vérité historique” est un pamphlet écrit par le prince russe Alexandre Volkonski en 1920. Un texte qui fait écho de façon saisissante aux évènements actuels qui déchirent la Russie et l’Ukraine.
“Le démembrement de la Russie fut un des buts du monde germanique dans la Grande guerre. Les puissances de l’Entente suivent dans cette question la voie tracée par l’Allemagne: il ne leur reste plus que de reconnaître l’indépendance de tout le Sud de la Russie, et le rêve germanique sera réalisé.
Quand on médite une injustice, on accepte volontiers comme certain tout ce qui paraît la justifier. C’est ainsi que la légende de l’existence d’un peuple ukrainien et du joug russe qui pèserait sur lui, a trouvé du succès dans la presse des pays de l’Entente. Si l’on cherchait un exemple pour démontrer la façon dont la presse crée une opinion publique fausse, on n’en trouverait pas un meilleur que celui de la propagande du parti ukrainophile.
(…) Qui lira ces pages connaîtra la vérité historique.”
Ainsi commence le texte du prince Alexandre Volkonski, à travers lequel il répond au traité de Varsovie du 22 avril 1920 signé par Simon Petlioura, le leader nationaliste ukrainien, qui entérinait l’indépendance de l’Ukraine.
En se basant sur l’historiographie traditionnelle russe, l’auteur s’efforce de prouver que Russes et Ukrainiens n’ont jamais été ennemis et constituent un même peuple. Pour lui, l’idée des Moscovites comme “ennemis séculaires des Ukrainiens” serait née de la manipulation des grandes puissances étrangères, suite au traité de Versailles.
Dans son texte, Alexandre Volkonski dénonce la haine de la Russie cultivée par certains, l’étonnement douloureux que cette agressivité suscite chez les Russes, l’hypocrisie intéressée des pays européens… et s’emporte face aux théories historiques qui justifient le démembrement de l’Empire russe, lui qui ne définit pas sa patrie par des références géographiques mais par la langue, le vieux russe
La langue au cœur des idéaux politiques
Cet ouvrage est préfacé par Jean-Pierre Arrignon, historien et spécialiste de la Russie. Ce dernier rappelle l’importance du contexte historique pour comprendre le texte de Volkonski. A savoir la renaissance slave en Europe, avec le désir pour les peuples slaves du Sud et d’Europe centrale de donner naissance à une slavistique slave indépendamment de la slavistique russe.
Dans sa préface, Jean-Pierre Arrignon met ainsi en évidence le long processus de création de la langue ukrainienne, issue de la tradition de linguistique de la Rus’ de Kiev, qui unifiait l’Ukraine à celle du peuple russe. Jusqu’au moment où la civilisation russe et la civilisation ukrainienne ont éprouvé le besoin de “se définir l’une par rapport à l’autre au XIXe siècle dans une démarche de rupture.”
Il explique que ces tensions entre les deux langues et les deux cultures sont portées par deux éminents protagonistes : les historiens russe et ukrainien Vassili Ossipovitch Klioutchevski (1841-1911) et Mikhaïl Hrouszewki (1866-1934).
Pour le premier l’unité de la Rus’ de Kiev se prolonge dans la Moscovie, l’Empire des tsars, et enfin l’Empire russe. C’est une vision unitaire de l’histoire russe. Le second développe l’idée opposée de la séparation de l’ethnogenèse et du vecteur des peuples ukrainiens et russes. Pour lui, la Rus’ de Kiev a une identité propre qui se prolonge naturellement dans l’Ukraine moderne. Ces deux approches, relayées par ces historiens, s’affrontent directement dans les premières années du XXe siècle.
Un texte militant
Le prince Volkonski s’est fortement intéressé aux travaux de Hrouszewki pour rédiger son étude. Il s’applique à dénoncer les inexactitudes et les erreurs de l’historien ukrainien qui ont abouti, selon lui, à une falsification de l’histoire. Il titrera ainsi son ouvrage : La vérité historique et la propagande ukrainophile !
A l’heure où il écrit, Alexandre Volkonski, issu de l’une des plus vieilles familles de la noblesse impériale russe et officier de la Garde impériale, souffre de voir sa patrie déchirée. Son ouvrage, comme l’écrit Jean-Pierre Arrignon, est “une lecture militante d’un homme meurtri de voir sa patrie, la Russie, dépecée, marginalisée, humiliée par les alliés anglais, américains et français vainqueurs de la Grande Guerre“.
Le prince Volkonski est aussi l’auteur d’analyses politiques et de nombreux articles où il assume son opposition aux mouvements nationalistes ukrainiens, “soutenus et financés par I’Allemagne“. Farouche défenseur de sa patrie, Volkonski se positionne« contre la force montante du nationalisme ukrainien» et accuse les puissances alliées d’utiliser “les nationalismes pour renforcer leur puissance et affaiblir leurs adversaires.“
La lecture de ce livre s’inscrit de façon troublante dans une actualité bouleversée par la guerre entre la Russie et l’Ukraine, où l’on retrouve des théories similaires à pratiquement un siècle d’écart.
Alexandre Volkonski, L’Ukraine, la vérité historique
Aux Editions des Syrtes, 2015
288 pages
On entend souvent qu’il est bien difficile de s’y retrouver dans la crise ukrainienne actuelle. C’est à la fois une des causes et une conséquence des mensonges et dissimu lations massifs véhiculés par la presse dominante. Analyse de Dimitri de Kochko.
Dans le cas de l’Ukraine, un ouvrage d’histoire paru récemment en français, permet d’aller aux racines du mal.
Le livre est paru en 1920, donc en aucun cas pour surfer sur la vague du «Maidan» actuel. Intitulé: «Ukraine, la vérité historique», il est d’une surprenante actualité. Par son existence même, la date de sa publication et la polèmique historique qu’il entame au moment même où se créent les mythes et thématiques qui aujourd’hui sont invoqués, sur fond de guerre civile, dont ils sont une des causes.
L’auteur Alexandre Volkonski, est un prince de la lignée des Rurik, premiers souverains russes à Kiev. Mais il est devenu à la fin de sa vie prêtre greco-catholique («uniate» — catholique de rite oriental), qui le rend pour le moins compréhensif et sensible aux Ukrainiens de l’ouest, devenus catholiques sous la domination polonaise. Ils sont aujourd’hui les plus influencés par un nationalisme exacerbé, hostiles à leurs concitoyens russes ou même russophones. Ce n’est pas le cas de Volkonski.
UN SEUL PEUPLE
Il montre en effet par son rappel historique détaillé et documenté que les peuples russes et ukrainiens ne sont en fait qu’un seul et même peuple. Que leurs territoires ont été morcelés et divisés par l’histoire et que les conquérants successifs ont cherché à les diviser. Souvent en tentant de réécrire l’histoire, parfois contre toute évidence.
Comme chacun sait aujourd’hui, la Rus’ urbaine, c’est à dire la Russie, est née à Kiev et Novgorod, environ au IX ème siècle. Le grand Prince, premier entre ses pairs (et frères) qui règnaient sur les autres cités russes était à Kiev. Cela provoquait des guerres interminables au moment des successions.
C’est là que le Grand Prince Vladimir a «baptisé» la Russie en 988 au rite chrétien byzantin. Celà reste une référence commune fondatrice pour tous les Russes, y compris ceux d’Ukraine. La langue d’alors, le vieux russe, était commune à tous. L’ukrainien, issus d’au moins trois dialectes essentiellement galiciens, et qui fut un élément identitaire lors de la domination autrichienne ou polonaise, n’a été fixé qu’au XIXème siècle.
Mais Kiev fut détruite en 1240 par les Tatares. Et la steppe vers l’est resta quasi déserte durant près de 300 ans. Elle se repeupla peu à peu de cosaques, composés essentiellement de fugitifs (servage, persécutions religieuses, évasions…) de diverses nationalités. Quant à l’autre partie, celle de l’ouest, elle fut conquise par les Lituaniens unis ensuite aux Polonais dans le royaume «unissant les deux mers» (de la mer Baltique à la mer Noire). Ce royaume historique hante encore aujourd’hui l’esprit nostalgique de nombreux nationalistes polonais. ET il est l’un des objectifs de géopoliticiens américains.
Jamais avant 1918, écrit Volkonski, l’Ukraine n’a été un état indépendant, contrairement à ce que prétend la propagande ukrainophile. Cette dernière se réfère à un «état cosaque» aux XVI ème et XVII ème siècle. Or, écrit Volkonski, «durant ces siècles, l’Ukraine n’était qu’une partie de l’état polonais…. C’est lui qui fixe le nombre des cosaques: 60,000 hommes en 1575, 6.000 en 1627, 1.200 en 1638. Il introduit le servage et y soumet une partie des cosaques, la liberté de conscience octroyée à la population petite-russe (nom d’une partie de l’Ukraine) est telle que le métropolite orthodoxe de Kiev prie (en 1625) le tsar de Moscou de prendre l’Ukraine sous sa souveraineté….. Les Ukrainiens de l’époque ne se considéraient pas comme libres et, durant tout un siècle, ils ont avec ténacité sacrifié leurs vies dans le vain espoir de secouer le joug étranger». En 1654, sous le commandement du hetman Bogdan Hmelnitski, l’Ukraine et la Russie unissent à nouveau leurs destins. C’est la célébration du tricentenaire de ce Traité de Pereïslav qui servit de pretexte à Nikita Khrouchtchev pour offrir la Crimée (sans Sébastopol) à l’Ukraine soviétique en 1954.
UNE CREATION AUTRICHIENNE APPLIQUEE PAR LES BOLCHEVIKS
L’ouvrage de Volkonski est œuvre d’historien. Très précis et détaillé, il vise à répondre aux thèses et aux contre-vérités historiques véhiculées par une des pères fondateurs du nationalisme ukrainien, Mikhail Hrouszewski, historien et homme politique qui fut le premier président de la Rada (parlement) fondée à Kiev après la révolution bolchévique, avant de devenir sous le pouvoir stalinien, membre de l’Académie des sciences de l’URSS pour favoriser «l’ukrainisation» de l’Ukraine… Car cette dernière n’allait pas du tout de soi. Et Volkonski démonte les nombreux subterfuges de Hrouszewski pour tenter de créer une Ukraine historique qui n’existe guère. Hrouszewski décrit par exemple une dynastie de princes ukrainiens d’avant les Tatares, en oubliant tout simplement ceux qui ont régné par rotation dans les autres villes russes. Il recourt à la création autrichienne des Ruthènes, en fait des Russes pour la plupart, pour tenter de justifier l’existence d’un peuple différent des autres Russes…
Pour résumer, on peut dire que ce sont les bolcheviks communistes qui ont appliqué sur le terrain une création austro-allemande, reprise par les polonais en s’appuyant sur quelques intellectuels galiciens (Région de Lvov dominée par l’Autriche jusqu’en 1918, puis polonaise avant de devenir soviétique en 1939 puis en 1945). Pour les Autrichiens et les Prussiens ensuite (Volkonski cite des cartes trouvées au début de la première guerre mondiale sur des officiers allemands montrant une petite Pologne et une grande Ukraine), il s’agissait bien sûr d’affaiblir la Russie en la divisant. Comme c’est ce que visent aujourd’hui les USA, ils ont repris l’idée avec tous leurs moyens. Pour l’Allemagne, les choses ont changé mais le poids de ses choix historiques en diplomatie explique en partie ses positions ambigües sur la question ukrainienne et vis-àvis de la Russie.
Il est pour le moins paradoxal que les nationalistes ukrainiens au pouvoir aujourd’hui à Kiev, qui ont il est vrai ajouté à leur Panthéon, où figure Hrouszewski, des collaborateurs des Allemands durant la deuxième guerre mondiale, accusent les communistes de tous les maux de l’Ukraine, alors que ces derniers sont eux qui ont créé l’Ukraine et tenté de la rendre viable.
Aujourd’hui encore, la diversité du pays et le refus d’en tenir compte, font que la partie n’est toujours pas gagnée. Et même si aujourd’hui, après tant de décennies, une nationalité ukrainienne s’est formée, est-il vraiment dans l’intérêt des autres européens d’encourager les discours de haine pour continuer à jouer la division entre peuples russes historiques? Elle fut imaginée à Vienne, Berlin et Varsovie en des temps qui ont mené à la catastrophe européenne de la première guerre mondiale. Veut-on à ce point que l’histoire se répète?
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que la responsabilité de son auteur. Elles ne reflètent pas nécessairement la position de la rédaction de Sputnik.
Présentation de “L’Ukraine: la vérité historique” par le prince Volkonski
Date de publication: 16.06.2015
Présentation par le professeur Jean-Pierre Arrignon
de l’ouvrage
“Ukraine: la vérité historique”
par le prince Alexandre Volkonski,
publié en 1920, réédité aux Editions des Syrtes,
IDC Paris, mardi 16 juin 2015
Lorsque le prince Alexandre Milhailovič Volkonski, rédige son ouvrage L’Ukraine la Vérité historique, en 1920, il constate les effets dramatiques de la Première Guerre mondiale et le bouleversement géopolitique qui en résulte. L’empire russe a disparu, emporté par la révolution bolchevique en 1917; la guerre civile ravage le pays de 1917 à 1923. Quant aux empires centraux, l’empire allemand ou deuxième Reich (1871-1918) disparaît le 9 novembre 1918; Karl Liebknecht proclame la république socialiste. Enfin, l’empire d’Autriche-Hongrie (1867-1918) disparaît lui aussi, mais de surcroît, il est littéralement dépecé par les Traités de Trianon (1918) et de Saint-Germain (1919). Cette intense activité diplomatique repose entre autres, sur l’article 9 de la déclaration du Président Wilson qui reconnaît le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Dans ce contexte, le prince A.M. Volkonsky souligne l’activité des milieux intellectuels pour instrumentaliser l’histoire et la linguistique pour justifier les créations de nouvelles entités politiques. C’est dans ce contexte qu’il souligne l’activité de deux historiens remarquables : V.O. Kliujčevskij pour les Russes et M. S. Hruševskij pour les Ukrainiens. Le premier, s’appuyant sur les chroniques, en particulier sur la chronique des Temps passés, souligne la continuité historique entre la Rus’ de Kiev, la Moscovie et l’empire russe. Il est le promoteur d’une approche sociologique et économique de l’Histoire : « l’homme en lui-même n’est point l’objet de l’étude historique. Son objet, c’est la vie des hommes en commun ». Pour lui, la Rus’ de Kiev se prolonge dans la Moscovie, l’empire des tsars enfin l’empire russe. Cette vision unitaire de l’Histoire russe suscite l’enthousiasme du prince A.M. Volkonski. Pour le second, au contraire, s’appuyant sur la théorie de l’ethnogénèse des peuples, dont il est un précurseur, la Rus’ de Kiev comporte en elle tous les éléments spécifiques qu’il recherche dans les bylines, les chants populaires créés dans la Russie septentrionale, autour des lacs Onega et Ladoga, puis mis par écrit au 19e s., pour pallier l’absence du terme d’Ukraina dans les Chroniques. Ces arguments lui permettent de revendiquer une continuité historique entre la Rus’ de Kiev et l’Ukraine moderne. La confrontation des deux historiens est un des thèmes majeurs du livre et aboutit à valider l’historien russe et à discréditer l’historien ukrainien qualifié de « falsificateur de l’Histoire russe ».
Pour bien comprendre la démarche de l’auteur, il faut également rappeler l’histoire des débuts de la slavistique européenne dont Vienne et Prague sont les grandes capitales, du milieu du 19e au début du 20e s. C’est assez tardivement que les peuples slaves du Sud et d’Europe centrale sont animés d’une véritable libido scienti pour assumer leur langue, leur culture et leur histoire. Ainsi se prépare un véritable renaissance slave qui voit s’affirmer une nouvelle slavistique étroitement liée à la germanistique dont l’épicentre fut la Vienne impériale. Un des personnages clés de cette renaissance slave est Jernej Kopitar (1780-1844) qui porta tout son intérêt à éditer les textes vieux-slaves de l’époque des « apôtres des slaves » les saints Cyrille (vers 812-869) et Méthode (vers 826-885). C’est lui qui crée à Vienne une Académie slave destinée à devenir le point central de toutes les études slaves. C’est là que se créent le serbo-croate et l’ukrainien standard élaboré au 19e s., usité principalement dans les villes avec deux variantes, à l’est avec de nombreux russismes à l’ouest avec de nombreux ukraïnismes, sans parler de cette langue composite le sourysk qui mêle dans la conversation l’ukrainien et le russe dans un rapport exclusivement personnalisé. Cette langue sert de support à l’apparition d’une culture ukrainienne dont les plus illustres représentants sont I. P. Kotljarevskij (1769-1868), auteur de l’Enéide publiée en 1842 et, bien sûr, Taras Chevtchenko (1814-1861 dont le poème Kobzar devint la manuel d’apprentissage de la langue ukrainienne.
Ce qui est frappant, c’est que cette renaissance slave des petits peuples d’Europe du sud et centrale se fait dans l’empire d’Autriche-Hongrie, loin de toute influence russe. Pour Kopitar, la Russie, puissance slave reconnue porteuse d’une civilisation brillante qui s’épanouit dans « l’âge d’argent », lui apparaît comme un danger pour les petits peuples slaves et trop arriérée sur le plan politique et social pour servir de points de ralliement aux Slaves du sud et du centre. De plus les intellectuels russes sont, à cette époque, totalement tournés vers l’occident et en particulier la France. Ils ne s’intéressent pas aux petits peuples slaves qui trouvent à Vienne et à Prague, les cadres qui permettent leur renaissance.
Enfin il faut dire quelques mots de l’auteur le prince A.M. Volkonsky, colonel de l’Etat-major général. L’auteur appartient à l’une des plus brillantes familles nobiliaires russes descendant du prince de Černigov, et Grand Prince de Kiev Michel Vsevolodovič, martyrisé à la Horde d’Or en 1246. Après de brillantes études, il embrasse la carrière militaire qu’il conduit avec succès et est chargé de nombreuses missions diplomatiques en Perse en 1895, en Chine en 1897, à Rome en 1908. A l’issue de sa mission en Chine, il rédige un rapport à destination de Nicolas II, dans lequel il évoque la proximité et l’inévitabilité d’un conflit avec le Japon, conflit auquel la Russie n’était absolument pas préparé ! En cette même année 1897 il doit faire face à la mort de sa mère convertie au catholicisme dont les funérailles furent très difficiles face à l’opposition des prélats orthodoxes. Ce fut un moment de grande douleur qui a pu l’amener, à Rome, à se convertir, en 1930, à l’église catholique de rite chrétien oriental (Uniate) dont il devint prêtre, non pas dans un esprit d’affrontement avec l’église orthodoxe, mais au contraire pour œuvrer à la réconciliation des deux églises comme cela ressort de son livre «Catholicité et Jugement sacré de l’Orient» publié en 1933. Surpris à Rome par la Révolution d’Octobre, il poursuit la lutte contre les Rouges au côté des Blancs du général Wrangel. Il meurt à Rome en 1934.
Ce livre du prince A.M Volkonski présente une modernité exceptionnelle ; l’Ukraine d’aujourd’hui se trouve en effet dans une situation très proche de celle où elle se trouvait en 1920. Pour sortir de ce conflit qui a fait beaucoup trop de victimes, il est nécessaire de désarmer les héritages culturels instrumentalisés au service d’idéologies dogmatiques et de se tourner enfin vers l’avenir pour construire une société nouvelle dans le respect mutuel de tous ceux qui la composent.
Les Editions des Syrtes republient «Ukraine, la vérité historique» d’Alexandre Volkonski, un aristocrate exilé qui pensait que l’Occident voulait affaiblir la Russie
Lectures
Un Russe blanc face au nationalisme ukrainien
En 1920 Alexandre Volkonski publiait un petit ouvrage intitulé Ukraine, la vérité historique, dont le titre constitue en soi un manifeste. Aristocrate en exil, ancien officier de l’armée tsariste, le prince Volkonski écrit dans un contexte politique qu’il perçoit hostile à la Russie, alors que le souvenir du traité de Brest-Litovsk signé en mars 1918 entre les Empires centraux et le gouvernement bolchevik russe, mais aussi de l’éphémère république indépendante d’Ukraine sont encore frais.
Une nation ukrainienne?
C’est l’époque où non seulement les pays Baltes, la Finlande, jusqu’alors partie de l’Empire russe, mais aussi la Pologne accèdent à l’indépendance: autant de mesures visant à affaiblir et isoler la Russie. Le propos du petit livre de Volkonski est de démontrer que l’idée même qu’il existe une nation ukrainienne distincte de la russe est une fable née de la combinaison du romantisme du XIXe siècle et de la propagande occidentale.
Ce point de vue prend à l’époque contemporaine un relief tout à fait particulier. En décembre 1991 l’URSS est dissoute, quelques mois après l’abrogation du Pacte de Varsovie. Contrairement aux engagements qu’aurait pris James Baker, alors secrétaire d’Etat américain, envers Mikhaïl Gorbatchev, les pays Baltes, anciennes républiques soviétiques, sont admis au sein de l’OTAN, de même que les anciens pays satellites de l’URSS. Pendant ce temps-là, l’Ukraine nouvellement indépendante peine à trouver son équilibre et devient la proie d’influences extérieures qui attisent ce même sentiment nationaliste que dénonçait le prince Volkonski il y a près d’un siècle.
Clin d’œil de l’histoire
On doit aux Editions des Syrtes à Genève, une maison spécialisée dans l’histoire et la culture de la Russie, d’avoir publié à nouveau le livre de Volkonski. Une préface très fouillée quoiqu’un peu ardue pour le profane, due à la plume de Jean-Pierre Arrignon, historien français spécialiste de la Russie, vise à permettre au lecteur contemporain de situer le livre de Volkonski non seulement dans le cadre historique complexe de l’histoire russe, mais aussi dans le contexte de la situation actuelle de l’Ukraine, toujours fluide.
Ce livre s’adresse certes à un lectorat au fait de l’histoire de la Russie mais, au-delà, à tous ceux qui s’intéressent aux événements contemporains, par-delà ce que peuvent en dire les médias.