Violences familiales et russophobie

  • stoprussophobie redaction
  • mardi janvier 31, 2017
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Violences familiales et russophobie

Violences faites aux femmes : Poutine autoriserait !

Les sujets favoris abondamment exploités pour dépeindre la Russie comme l’enfer sur Terre commencent à susciter de moins en moins d’intérêt, voire pire de plus en plus de scepticisme, de la part du public. On cherche donc du nouveau, comme la reprise d’un sujet réellement grave et sérieux : Les violences faites aux femmes et aux enfants Mais abordé, comme il se doit, avec toute la mauvaise foi et la transformation des faits qu’on pouvait attendre .

L’histoire invoquée aujourd’hui dans nos médias russophobes commence en fait en juillet 2016, lorsqu’une loi sur les violences familiales est proposée à la Douma. Cette loi était assez semblable au célèbre projet de loi français récent, interdisant strictement jusque la simple fessée appliquée aux enfants.

Si on s’en tient aux seuls faits, les lois et projets dont il fut question en Russie de 2016 à nos jours sont les suivants :

* Juillet 2016 : Vote d’une loi « à la française » pouvant théoriquement punir l’administration d’une fessée par une peine allant jusqu’à deux ans de prison, sans plus de garanties contre la vraie maltraitance (déjà sanctionnée bien entendu par le code pénal).

* Le 25 Janvier 2017 : Restriction du champ d’application de cette loi dans les cas suivants : Pas de traces de violences constatables ni de plaintes pour traitements dangereux pour l’intégrité physique et la santé de la victime. Cette restriction ne valant par ailleurs que pour une plainte formulée pour la première fois.

Cette révision était en plus motivée aussi par une autre disposition restreignant l’application de la loi dans les mêmes conditions, en cas d’affrontements physiques sans préjudices entre tiers quelconques ou de voies de fait sur votre enfant par un tiers ! C’était pour le moins incohérent.

La restriction ne signifie pas impunité : des peines sont tout de même prévues dans les cas où cette restriction s’applique : 15 jours d’emprisonnement, 120 jours de travaux d’intérêt général, et non une unique et simple amende, comme le prétend Irina Khakamada, opposante reprise par RFI ( http://www.rfi.fr/europe/20170125-russie-vers-depenalisation-violences-familiales-douma ).

Une récapitulation beaucoup plus détaillée et exhaustive est disponible ici: http://russiepolitics.blogspot.fr/2017/01/non-la-russie-ne-legalise-pas-la.html .

Il est donc surprenant de voir de nombreux articles français traitant de cette affaire laissant entendre qu’il y aurait dorénavant impunité pour les auteurs de violences familiales.

L’opération de communication en France:

Une véritable opération de diabolisation a été menée, s’appuyant sur deux leviers : la pseudo « dépénalisation de la violence faite aux femmes » à partir des restrictions évoquées plus haut et l’exagération excessive de la situation des violences familiales en Russie.

Le premier a dernièrement pris du plomb dans l’aile : le législateur russe est revenu sur certains aspects et en France le Conseil Constitutionnel a censuré «l’amendement fessée» le 26 janvier. Faut-il en accuser Poutine une fois encore ?

http://www.lemonde.fr/politique/article/2017/01/26/fessee-ecole-hors-contrat-hlm-le-conseil-constitutionnel-censure-des-dispositions-du-texte-egalite-et-citoyennete_5069736_823448.html

 Voilà beaucoup «d’affreux défenseurs de bourreaux» à combattre en perspective ! Il est toutefois inquiétant de voir à nouveau appliqués les jugements à géométrie variable sur des situations législatives et techniques assez comparables en France et en Russie : annulation d’un article jugé inconstitutionnel ou incohérent en France et « porte ouverte au massacre des femmes » en Russie.

Alors pour bien enfoncer le clou, on développe le second levier. Nous avons droit à un semblant d’explication du contexte social russe, basé purement et simplement sur des mensonges et des déformations de statistiques. Le Monde, le Huffington Post, le Parisien et quelques autres concourent à qui présentera les statistiques les plus terrifiantes.

Le Monde va jusqu’à annoncer ( http://www.lemonde.fr/europe/article/2017/01/26/contre-les-valeurs-occidentales-la-russie-depenalise-les-violences-domestiques_5069197_3214.html ) que 10.000 femmes russes meurent chaque année sous les coups de leur conjoint… Alors que les statistiques criminelles globales de 2016, incluant les meurtres ET les tentatives de meurtre, toutes catégories de victimes comprises, totalisent ensemble 15.875 crimes recensés (données de «crimestat.ru»). Il n’y aurait donc pas d’autres crimes en Russie ?

On notera, à titre de comparaison, que ne fait pas le Monde, que ce taux de violence global qui est de 0,9 pour 10.000 n’est pas si loin des 0,5 pour 10.000 de la France (un peu plus de 3000 tentatives de meurtres pour 70 millions d’habitants, ayant souvent laissé des séquelles, le meurtre ayant par ailleurs «réussi» dans un cas sur trois).

La situation est effrayante en Russie et en France elle est loin d’être brillante. Un développement économique de la Russie en profondeur est sans doute une (mais pas la seule) des conditions d’une inversion des tendances, ce qui a déjà commencé en Russie au vu des évolutions constatées. Mais ce n’est certainement pas en prônant des sanctions économiques et en se réjouissant quasiment de soit-disant «mesures de Poutine» contre les femmes russes que nos donneurs de leçons arriveront à combattre réellement la situation. Est-ce vraiment leur propos ?

Car le bidouillage des chiffres ne s’arrête pas là. En France, l’année 2014 recensait déjà plus de 68.000 faits de coups et violences conjugales, selon l’observatoire national des violences faites aux femmes, (- http://stop-violences-femmes.gouv.fr/IMG/pdf/Lettre_ONVF_8_-_Violences_faites_aux_femmes_principales_donnees_-_nov15.pdf)

Il fallait donc marquer le coup pour toucher le public en multipliant ce chiffre par dix, afin d’en faire une statistique russe. Ainsi, le Parisien en a remis une bonne couche, affirmant : « Plus de 650.000 femmes sont battues chaque année par leurs maris ou par un proche ». Déjà, non seulement la mention « par un proche » est une définition très floue pour désigner le cadre familial, mais surtout cette affirmation laisse perplexe quand on sait que le recensement de toutes les violences faites aux femmes en Russie, par qui que ce soit et toujours en 2014, plafonnait à 165.750 cas. Rosstat recense ensuite parmi ces cas, 18,7 % de violences conjugales, soit un nombre d’environ 31.000.

Pas de chance pour nos pourfendeurs de « sociétés patriarcales » : Même sans ramener cette donnée au nombre de cas par habitant, la France ne serait pas mieux lotie que la Russie ! Ces chiffres n’empêchent pas Le Monde d’affirmer que 40 % des violences faites aux femmes et aux enfants en Russie le seraient dans le cercle familial. Une petite multiplication par deux par rapport aux 18,7 % évoqués plus haut. La France des salons, représentée par un microcosme politico-journalistique, s’appuyant sur l’ignorance, les préjugés et les mensonges, peut encore donner des leçons à la Russie.