Afghanistan : Un échec avec perspectives anti-russes

  • stoprussophobie redaction
  • jeudi mars 17, 2022
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Afghanistan : Un échec avec perspectives anti-russes

 Afghanistan : Des images qui ne montrent pas tout 

 
Le monde entier a été frappé par les images désastreuses de l’évacuation américaine de Kaboul et de l’arrivée plus rapide que prévue des taliban dans la capitale afghane. On a comparé avec l’évacuation de Saigon en 1975. L’impression générale est évidemment loin d’être glorieuse pour les Américains et leurs alliés. Bien sûr, le bilan de 20 ans d’occupation du pays, justifiée, si l’on peut dire, par des projets d’implanter la démocratie à l’américaine ou à l’idée qu’on est prié d’en avoir, peut aisément être assimilé à une échec. Et c’est ce que nos médias, pourtant généralement enclins à l’admiration du “rêve américain” et de ses menées géopolitiques, ne se sont pas privés de commenter abondamment. 
 
Pourtant, réduire à un échec la décision de retraite précipitée et désordonnée de Washington sous Trump, puis Biden, serait méconnaître certains aspects qui ne sont pas négatifs pour la politique des Etats-unis. Les objectifs d’implanter la “démocratie” en Afghanistan n’étant que la façon habituelle de justifier leur action, les USA n’avaient plus vraiment de raisons de se maintenir eux-mêmes en Afghanistan. Bien sûr des lobbies vivant de la corruption et des détournements des fonds importants dépensés soit-disant pour l’Afghanistan et des trafics de drogue et autres contrebandes faisaient tout pour maintenir une présence militaire coûteuse. Mais une présence directe ne s’imposait plus et était même contraire aux intérêts américains et à leur coutume de faire combattre les autres pour eux. C’est du reste ce qui se préparait plus près de l’objectif en Ukraine.
 
C’était donc ce qu’il convenait de mettre au point pour dégager ses troupes, sans d’ailleurs trop se préoccuper des autres alliés entraînés dans l’aventure et encore moins des Afghans qui ont joué la collaboration. Trouver des exécutants demandait de la négociation et c’est ce qu’avait commencé à faire Trump. Il y avait avec qui discuter puisque les Américains avec l’aide des Pakistanais, avaient formé, armé et financé les moudjahidine lors de l’intervention soviétique dans les années 80.  A l’époque, il était convenu de les appeler “freedom fighters” mais ce sont les mêmes pour beaucoup qui sont devenus taliban, voire Etat islamique. La répartition des rôles entre les deux s’avère assez compliquée mais c’est d’autant mieux pour la tradition anglo-saxonne du diviser pour régner.  
 
Le retrait aussi rapide et indigne qu’il ait pu paraître aux autres signifiait simplement que l’implication directe avait assez duré et que les objectifs stratégiques américains pouvaient être assurés par des supplétifs, au moment où d’autres théâtres se profilaient. Évidemment, plus question des histoires de démocratie utilisées pour le bon peuple. Il fallait être sûr que les forces capables d’intervenir en direction de l’Asie centrale ex-soviétique et donc dans le prolongement, contre la Russie, étaient en place. Pour le matériel militaire, ce qui était laissé sur place devait pouvoir suffire dans un premier temps. C’était moins cher et plus simple de tout laisser sur place et celà pouvait calmer des lobbyistes du secteur de l’armement US. 
 
Sur place, les forces potentielles à utiliser contre le nord, comprennent les talibans, qui ont l’inconvénient d’être des musulmans “nationaux” et les forces de l’Etat islamique Daech. Les deux s’affronteront mais c’est de toutes les façons dans la tradition afghane. La diplomatie russe joue au maximum cette différence entre les deux tendances et soigne sa relation avec le gouvernement de Kaboul précisèment pour éviter qu’il soit utilisé contre elle par le biais des Etats d’Asie centrale dont la plupart sont membres de l’OTSC (Organisation du Traité de sécurité collective) qui a montré son efficacité au Kazakhstan en 2022. 
 
Quant à l’objectif de l’Asie centrale, on peut compter sur le Pakistan pour le mettre en œuvre s’il y a besoin. Depuis le partition du sous-continent indien en 1947 et les affrontements religieux entre hindouistes et musulmans, l’objectif stratégique des militaires fondamentalistes pakistanais a toujours été de s’assurer une influence en Asie centrale pour en faire une arrière cour indispensable en vue de l’affrontement jugé inéluctable dans le futur avec les “Kafirs” indiens. Du temps soviétique, l’objectif était lointain mais avec l’intervention soviétique en Afghanistan entre 1979 et 1989, c’est devenu beaucoup plus réaliste. Et après l’implosion de l’URSS, la présence et l’influence islamiste en Asie centrale n’a cessé de croître. La situation économique des pays concernés contribuant à ces implantations. Une guerre civile prolongée a eu lieu au Tadjikistan et des incidents interethniques ainsi qu’une révolution de couleur sorosienne ont eu lieu au Kirghizstan. 
 
Depuis le retrait des forces US d’Afghanistan, les infiltrations islamistes en Asie centrale sont de plus en plus nombreuses. Elles prennent la forme des pénétrations sorosiennes d’aides et de formations diverses, selon les témoignages locaux.  Pour le moment, des intervenants armés ne sont apparus que marginalement au Kazakhstan, lors des émeutes de janvier 2022 (cf. stop russophobie). Des djihadistes ont été amenés de Syrie par les Turcs sur le front arménien lors de la guerre du Karabakh  avec l’Azerbaidjan puis transportés en Ukraine, le long de la ligne de démarcation avec les deux républiques rebelles du Donbass. Des renforts d’Afghanistan sont susceptibles de leur être envoyés et c’est peut-être le cas pour affronter les Russes lors de leur intervention militaire en Ukraine. 
 
La retraite rapide a certes montré que les Etats-unis n’avaient rien à faire de leurs alliés et encore moins de leurs compradores locaux, sans parler des excuses idéologiques pour justifier des interventions totalement illégales. Mais les moyens matériels et humains laissés sur place montrent qu’il ne s’agit pas forcément d’un échec du point de vue de l’objectif obsessionnel des USA de dépecer la Russie.