Clinton-Macron : encore Poutine, selon le Monde

  • stoprussophobie redaction
  • samedi février 18, 2017
  • 106
Clinton-Macron : encore Poutine, selon le Monde

Il ressort de deux articles que Le Monde a publiés le 14 février (datés 15) afin d’appeler les citoyens à «sauver la patrie en danger» que Vladimir Poutine est devenu la providence de la pensée unique, le recours des bien-pensants, dès que leurs champions sont mis en difficultés par la volonté des petites gens qui commencent à renâcler sous le joug des «élites».

On se croirait revenus aux beaux jours des comités de salut public. Cette fois pour promouvoir «l’homme du Siècle» dont on nous assène le nom à longueur d’antenne et de colonnes de journaux. Bizarre que les arguments russophobes, dont le Monde se fait une délectation, soient considérés comme pouvant apporter des voix à celui qui est déjà l’objet d’une campagne médiatique assez indécente. Cela souligne une fois encore à contrario à quel point la russophobie est un mal pour nous en France puisqu’elle en arrive à fausser le débat national.

Suivant l’exemple d’Hilary Clinton, qui accuse des hakers russes de lui avoir volé sa victoire, Emmanuel Macron, qui dévisse dans les sondages, a cru en effet trouver la parade en accusant deux sites, Russia Today et Sputnik News, de «vouloir déstabiliser la présidentielle en répandant les rumeurs les plus diffamatoires». Accusations absurdes plus commodes que de présenter un programme. 

On pourra déjà trouver curieux qu’avec seulement deux sites mal fagotés, la Russie est capable de contaminer la planète avec de mauvaises pensées, alors que les Etats-Unis, si on en croit les révélations de Snowden et d’Assange, espionnent sans relâche nos moindres pensées en contrôlant les réseaux sociaux et la totalité des moyens mondiaux d’information.

Mais ces lanceurs d’alerte étant eux-mêmes accusés d’être «des agents du Kremlin», il est évident que les faits malséants qu’ils dénoncent ne sauraient être pris en compte. Dans ce cas, il n’est pas besoin de conforter les accusations les plus graves par des preuves objectives, concrètes, incontestables.

Quand on a décidé que les «démocraties» ont toujours raison et les «dictatures» toujours tort, toute démonstration est inutile. D’autant qu’on a pris soin de décréter qui est « démocratique » et qui est « dictatorial ». Mais on ne se donne jamais la peine de s’interroger sur le bien-fondé de ces présupposés idéologique qui n’ont de valeur que celle qu’ils prennent dans les esprits.

Même Obama, quand il a expulsé les diplomates russes à la fin décembre 2016, avait pris la précaution d’employer le conditionnel pour les mettre en cause. Il savait sans doute ce qu’il faisait car les accusations étaient pour le moins fragiles et infondées mais abondamment véhiculées par les médias. Quand on remplace la pensée critique par des litanies conjuratoires on ne s’embarrasse pas de pareils scrupules.

Les affirmations fracassantes sans l’ombre d’un seul fait avéré résonnent avec l’autorité des articles de foi dans une transcendance par essence indémontrable. C’est là où les croyants de la religion libérale rejoignent les illuminés de l’Etat islamique. Et c’est ainsi qu’au nom des grands principes, on couvre les réalités les plus incontestables, les mieux vérifiées, sous des affabulations données comme l’expression d’une vérité innée aussi foudroyante que le cogito de Descartes ou la raison pure de Kant.

Quand des «hakers» invisibles, des fantômes inventés pour le bien de la cause, ont mis à jour les manigances d’Hilary Clinton pour écarter un concurrent de son propre parti, on ne s’émeut pas des forfaitures de cette noble dame, au-dessus de tout soupçon , mais on s’indigne de l’ingérence présumée d’une puissance étrangère, «qui n’est pas une démocratie », dans les élections américaines.

C’est la thèse développée par Neera Tanden, également au-dessus de tout soupçon, puisqu’elle se présente comme «la présidente et directrice générale du think thank Center for Americain Progress », à Washington. En juxtaposant ses exhortations à celles de Richard Ferrand, député du Finistère (parti socialiste) et secrétaire général d’En marche, Le Monde a voulu appuyer les énoncés invérifiables de l’un par les incantations de l’autre.

De tels échafaudages d’un complot imaginaire ont, en effet, d’autant plus d’impact sur des esprits crédules qu’ils éliminent d’emblée toute précaution d’ordre rationnel pour asséner des vérités premières qu’il serait indécent de mettre en doute.

Il semble pourtant que les auteurs eux-mêmes de ces déclarations de guerre soient vaguement conscients de la «fragilité» de leurs informations. Après avoir dénoncé, droit dans les yeux, «l’ingérence d’un Etat étranger déterminé à déstabiliser l’un des candidats», le fin stratège de la démocratie «en marche», ajoute ceci :

«Cette affirmation grave pourrait prêter à sourire si les éléments la corroborant n’étaient aussi manifestement publics». Mais à aucun moment ces «éléments» ne sont démontrés, et l’accusateur public se contente comme preuve d’empiler chaque affirmation grave par une affirmation encore plus grave, comme lorsqu’il martèle que «le simple fait de manier le soupçon et la menace constitue un élément de déstabilisation démocratique».

Ou que plus loin il écrit que «la proximité de Monsieur Assange avec le régime russe n’est un mystère pour personne». L’art des amalgames a toujours été un procédé favori de la propagande totalitaire.

Le lecteur friand de ces tours de passe-passe trouvera dans ces articles des «éléments» qui le distrairont un moment de ses inquiétudes sur le sort d’une élection présidentielle de plus en plus problématique. Dommage que ce soit une fois encore aux dépens de nos intérêts géopolitiques, économiques, culturels et humains en pratiquant cette haine du Russe qui ne peut rien apporter de bon à la paix en Europe.