Différents points de vue sur les bombardements occidentaux contre la Syrie

  • stoprussophobie redaction
  • mercredi avril 18, 2018
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Différents points de vue sur les bombardements occidentaux contre la Syrie

Les véritables conséquences de l’agression occidentale contre la Syrie et du discrédit de la France  

Voici quelques points de vue sur les bombardements occidentaux contre la Syrie, dont la réalité est même parfois remise en cause.

 Un bol d’air après tout ce qu’ont pu nous asséner nos médias mainstream que nous finançons avec nos impôts, via les subventions qui leur sont accordées.

Un seul exemple de la servilité propagandiste de ces médias : aucun, sauf erreur n’a posé la simple question sur les conséquences qu’auraient pu avoir l’explosion de dépots d’armes chimiques si ces derniers avaient vraiment existé.

Heureusement que c’était du bluff mais qu’on nous a vendu pour du réél ! Des missiles à plusieurs millions d’euros pour un laboratoire pharmaceutique, ça fait cher quand on augmente la CSG contre les vieux chez nous !!

A bien lire l’article de Paul Craig Roberts, excellent et loin d’être optimiste pour la suite. Il explique bien que le chef d’Etat-major américain s’est opposé au conseiller militaire de Trump, néoconservateur un peu fou qui était prêt à une guerre avec la Russie… le chef d’Etat-major pensait que les Russes pouvaient détruire une partie de la flotte US en Méditerranée et conseillait donc des frappes mesurées et concertées avec la Russie. John Bolton, le “bête et méchant” estimait lui que les “popovs” allaient avoir peur de la supériorité américaine et “se dégonfler comme d’habitude”. Le problème c’est qu’il va tout faire maintenant pour se débarasser des militaires réticents. La guerre reste leur but, conclut Paul Craig Roberts.

Souhaitons que leur influence sur notre présidence et les conseillers les plus russophobes du ministre Le Drian ne sera pas décisive. A nous de tout faire pour les ramenaer à la raison !

A lire et diffuser :

[RussEurope-en-Exil] Stupidité et irresponsabilité, par Jacques Sapir

Russeurope en Exil

Stupidité ; c’est le mot qui semble le plus approprié pour décrire la frappe par missiles de croisière sur la Syrie à laquelle se sont livrés dans la nuit de vendredi à samedi trois pays, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et – hélas – la France. Cette frappe n’a eu, semble-t-il, que des effets très limités. Le gouvernement syrien et le gouvernement russe n’annoncent aucune victime. Ainsi, “selon des informations préliminaires, aucune victime [n’est à déplorer] au sein de la population civile ou de l’armée syrienne“, a déclaré un porte-parole de l’armée russe. De plus, selon une source officiel russe, un nombre important de missiles, 71 sur 103, auraient été abattus par la DCA syrienne[1]. Il est clair que cette frappe ne changera pas un iota dans la politique de Bachar-el-Assad.

Une action, dont on ne mesure pas les conséquences, peut-être qualifiée de stupide. Une action dont les conséquences vont à l’opposé des objectifs affichés est certainement stupide. Cette frappe se qualifie comme stupide sur ces deux terrains.

Stupidité tactique

Relevons tout d’abord que, dans ses objectifs, cette frappe semble avoir été très limitée. On ne parle que d’un centre « clandestin » d’armes chimiques (ou supposées telles) et de deux lieux de fabrication. Les installations directement militaires, et où se trouvent de nombreux soldats et officiers russes, semblent avoir été soigneusement évitées. Les derniers contacts entre Macron et Vladimir Poutine semblent avoir eu pour but de confirmer aux russes qu’ils ne seraient pas visés. Cela démontre un effet de dissuasion certain de la présence russe face aux Etats-Unis et à leurs alliés. Cet effet sera certainement noté par différents observateurs et par des pays qui sont susceptibles de devenir des cibles de la puissance des Etats-Unis.

Il faut ensuite revenir sur le chiffre – hypothétique – de 71 missiles abattus sur 103. La défense anti-aérienne russe n’est pas entrée en action, car les troupes russes n’étaient pas susceptibles d’être visées. Ce chiffre est extrêmement élevé, et ce même s’il devait être réduit à une quarantaine de missiles, par rapport aux capacités des systèmes de DCA dont l’armée syrienne est équipée. Ces systèmes sont des armes achetées du temps de l’existence de l’Union soviétique, ou qui en sont largement dérivées. Alors, on peut raisonnablement penser qu’elles ont été modernisées dans le cadre d’accords avec la Russie. Mais, cela reste insuffisant pour expliquer cette forte proportion d’interceptions et de destructions, chose dont l’armée Syrienne n’avait pas été capable jusque là. Il est possible que les troupes russes, qui disposent de systèmes de détection et de désignation de cibles sophistiqués en Syrie, aient transmises des informations à la DCA syrienne lui permettant d’intervenir avec une efficacité étonnante à priori. Cela expliquerait le nombre important d’engins détruits.

Ces engins, que Donald Trump décrivait dans un twitt comme « beaux et intelligents », et qui sont les lointains descendants des V-1 de l’Allemagne nazie[2], coûtent chers. Un missile britannique de type Storm Shadow est estimé à 800 000£. Si, pour faire exploser sur des cibles 32 missiles on doit en perdre 71, autrement dit si le taux de réussite n’est que de 31%, on s’interroge sur la capacité de pays comme les Etats-Unis et leurs alliés à mener une campagne de désarmement (comme celle menée contre l’Irak en 2003). Pour qu’une telle campagne soit efficace, il faut compter plusieurs centaines de missiles atteignant leurs cibles (de 400 à 1200 suivant la complexité du système de défense du pays). Cela reviendrait à tirer de 1300 à 4000 missiles, dans le cas d’une défense qui n’est clairement pas à la pointe du progrès, soit une dépense de 1,6 milliards de dollars à 4,8 milliards de dollars. On le comprend aisément, l’efficacité supposée de la DCA syrienne remet en question le modèle économique des frappes aériennes, modèle qui celui sur lequel les Etats-Unis vivent depuis la « guerre du Golfe » en 1991. Ils auraient fait par cette frappe, aidés par la Grande-Bretagne et par la France, la démonstration que leur modèle d’action militaire est ainsi périmé. Si ils croyaient rétablir à leur profit une forme de dissuasion, c’est évidemment raté ! Les trois pays ont en réalité affaibli leurs positions sur la question de la Syrie, et c’est une évidente stupidité.

Stupidité stratégique

Mais, les conséquences de cette frappe vont naturellement plus loin. Jean-Luc Mélenchon a ainsi twitté : “Les frappes contre la Syrie se font sans preuve, sans mandat de l’ONU et contre elle, sans accord européen et sans vote du Parlement français” (…)”C’est une aventure de revanche nord-américaine, une escalade irresponsable“[3]. Et c’est là l’aspect peut-être principal. Une frappe militaire est un acte de guerre. Cet acte doit être encadré par le droit international ou alors cela signifie que la loi du plus fort et la seule valide. Aujourd’hui, les preuves de la réalité d’une attaque chimique et de la responsabilité du régime de Bachar-el-Assad dans cette attaque n’ont pas été fournies. Compte tenu du lourd passif de mensonges et de manipulations des dirigeants des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, nul ne peut être cru sur parole.

En décidant de commettre cette frappe de manière unilatérale et sans mandat, les dirigeants des trois pays concernés, Etats-Unis, Grande-Bretagne et France ont fait la démonstration du peu de cas qu’ils font du droit international et des Nations-Unies. Cela ne peut que renforcer toute une série de pays dans leur résolution à se doter de l’arme nucléaire afin de se préserver d’actions de cette nature. En d’autres termes, Donald Trump, Theresa May et Emmanuel Macron viennent de confirmer que la prolifération nucléaire est, pour certains pays, un choix logique et inévitable. Or, il convient de préciser que outre les puissances nucléaires légales, sont déjà actuellement en possession de l’arme nucléaire Israël (avec de 200 à 250 têtes), l’Inde, le Pakistan et la Corée du Nord. Cette frappe va donc conforter non seulement les dirigeants de ces pays dans leurs choix mais aussi persuader d’autres, et l’on pense à l’Iran, à l’Arabie Saoudite, mais aussi à l’Algérie, à la Turquie, et à un certain nombre de pays d’Asie qu’ils doivent imiter les pays « proliférateurs ». Ne pas se rendre compte de cela est bien faire preuve d’une incroyable stupidité stratégique.

La frappe décidée par Donald Trump, Theresa May et Emmanuel Macron ne rendra pas le monde plus sûr ni plus juste. C’est en réalité tout le contraire. Elle accroit les risques d’instabilités internationales et plonge un peu plus le monde dans le chaos. Ce n’est plus simplement de la stupidité stratégique, mais de l’irresponsabilité crasse.

Cette frappe a été décidée pour des raisons sans doute différentes et divergentes par les trois dirigeants qui en portent la responsabilité. Les Etats-Unis pourraient bien considérer qu’il s’agit d’une « salve d’adieu » et se décider à abandonner le terrain Syrien. La Grande-Bretagne alors suivra. La France, elle, se retrouvera dans une situation plus que délicate, s’étant compromise avec les Etats-Unis, ayant perdu ce qui faisait sa crédibilité et son honneur sur la place internationale, en particulier la défense des principes du droit international et de la souveraineté des Etats. Très clairement, la France est le pays qui a, et de loin, le plus à perdre dans cet affaire. Qu’Emmanuel Macron ne l’ait pas compris est bien la preuve qu’il n’entend rien à la politique étrangère et qu’il se révèle inapte à sa fonction, tout comme l’avait été son prédécesseur, François Hollande.

[1] https://fr.sputniknews.com/international/201804141035942222-71-missiles-syrie-coalition-largues/?utm_source=https://t.co/tOGn6jizCw&utm_medium=short_url&utm_content=hp85&utm_campaign=URL_shortening

[2] Voir Werrell K.P., The Evolution of the Cruise Missile, Air University Press, Maxwell Air Force Base, Alabama, 1985.

[3] http://www.lepoint.fr/politique/syrie-melenchon-denonce-des-frappes-menees-sans-preuve-ni-mandat-de-l-onu-14-04-2018-2210618_20.php


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COMMUNIQUE
DE PRESSE
de Jacques MYARD
Membre Honoraire du Parlement
Maire de Maisons-Laffitte
Président du Cercle Nation et République

Le16 Avril 2018

A/S :  Frappes en Syrie : analyse critique d’une faute géostratégique !


Les forces armées françaises sur ordre du President de la République, chef des Armées, ont effectué des frappes ciblées sur des installations militaires syriennes le 14 avril dernier. Ces frappes sont justifiées, aux dires du gouvernement, “en représailles” à l’utilisation d’armes chimiques à la Ghouta le 7 Avril.

Dans sa conférence de ” débriefing ” du 14 avril, la ministre des Armées a visiblement voulu minorer ces frappes en insistant sur la nécessité de passer à la phase de négociation; c’est d’ailleurs ce qu’ E. Macron a confirmé dans la foire d’empoigne avec les deux polémistes hier soir .

Malheureusement pour la France les conséquences sont tout autres qu’une simple frappe, et nous allons devoir faire face à des conséquences diplomatiques et géostratégiques néfastes .

Pour la première fois, la France a délibérément violé la Charte des Nations Unies qui interdit d’utiliser la force militaire contre un Etat sans un mandat du Conseil de sécurité (Chapitre VI de la Charte) ou sauf cas de légitime défense, individuelle ou collective ( article 51 de la Charte ).

L’utilisation unilatérale de la force entre dans le champ d’application de la Cour pénale internationale que la France a ratifiée , c’est un crime de guerre!

E. Macron a justifié ces frappes au nom de la théorie reconnue par le droit international des représailles, sauf que les représailles sont tolérées que lorsqu’un Etat est victime d’une attaque elle-même effectuée en violation du droit international et y répond. En l’occurence, la France n’a pas été attaquée par la Syrie !

L’utilisation unilatérale de la force par trois Etats membres permanents du Conseil de sécurité est d’ailleurs d’autant plus grave et inadmissible que ces Etats ont plus que tout autre l’obligation de respecter la Charte en raison des privilèges qu’elle leur confère !

De plus E. Macron parle de ces trois Etats – France, Etats-Unis et Royaume-Uni – comme représentant la Communauté internationale; c’est là une ineptie qui va faire plaisir au 190 autres Etats membres de l’ONU !

La réalité est tout autre, on assiste au retour du concept de la guerre juste et de l’idéologie des néo-conservateurs, mise en avant par les Américains pour intervenir en Irak et y créer le chaos qui dure encore aujourd’hui.

E. Macron apparaît sous son vrai visage, celui d’un atlantiste convaincu au mépris des intérêts de la France, son image est désormais fortement détériorée dans de très nombreux pays !

E. Macron a violé non seulement la Charte de l’ONU mais ses obligations – moins connues – qui découlent de la Convention de l’interdiction des armes chimiques signée à Paris le 13 Janvier 1993 et entrée en vigueur en Avril 1997.

En effet, cette Convention prévoit tout un dispositif en cas de violation de ses obligations; l’article XII stipule :

” Si la situation est particulièrement grave, la Conference ( des Etats Parties ) porte la question, y compris les informations et les conclusions pertinentes, à l’attention de l’Assemblée générale des Nations Unies et Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies. “

L’une des annexes de la Convention prévoit les modalités des inspections, c’est ce qui en cours maintenant après les frappes…

Mais en dehors du droit international délibérément violé par ces Etats qui s’érigent en Gendarmes du monde, se croyant encore à l’époque des canonnières où ils étaient les faiseurs de rois, ils vont devoir faire face aux conséquences géostratégiques de leur action unilatérale.

Il est fort à parier que nombre de pays pour se protéger et sanctuariser leur territoire décident de se doter d’armes nucléaires. On se souvient que les dirigeants nord coréens ont clairement dit aux Américains qu’ils voulaient l’arme nucléaire pour ne pas subir le sort de l’Irak de Saddam Hussein !


Les frappes sur la Syrie ne sont pas que des frappes techniques; lorsqu’on utilise la force dans les relations entre Etats, il faut savoir en peser toutes les conséquences, certes immédiates, mais surtout à moyen et long termes !

En l’occurence, elles ne font que commencer !


 Frappes du 14 avril: Point de vue d’un ancien chef du Mossad

Dans une interview accordée dimanche 15 avril à un programme radiodiffusé – soit un jour après la frappe tripartite menée par les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne contre la Syrie, l’ancien chef du Mossad (1996-1998) Danny Yatom y revient. Pour lui, la frappe est quasi nulle en termes d’acquis stratégiques.

Yatom voit surtout à travers les frappes aériennes de la coalition américano-anglo-française contre la Syrie “un geste symbolique, sans signification stratégique”.

L’officiel israélien signale: “Nous sommes en conflit avec l’Iran et j’espère que cela ne dégénérera pas en une confrontation directe. Ils nous ont accusés d’avoir attaqué des cibles et des militaires iraniens. Ils ne sont pas du genre à laisser une telle attaque sans réponse. Alors, “Nous devons prendre très au sérieux les menaces iraniennes contre Israël”, affirme l’ex-patron du Mossad.

La portée stratégique particulièrement réduite de l’agression militaire américano-franco-britannique fait aussi l’objet d’analyse et de commentaires non pas seulement en Israël mais aussi en Allemagne. Citant Abdelmotalleb al-Hosseini, l’hebdomadaire Focus estime que la coalition Washington/Londres/Paris a manqué son but qui consistait à affaiblir Assad et son armée. Assad s’en sort même renforcé puisque ces 101 missiles n’ont touché ni lui, ni son armée ni ses alliés iraniens et russes et en plus ils lui ont offert l’image d’un président inoxydable. En effet, le camp atlantiste a tout faux dans cette histoire. Il a bloqué le travail des experts de l’OIAC à Douma. Tout compte fait, la situation politique en Syrie semble meilleure que celle d’avant les frappes”.

Et l’analyste d’ajouter :”La frappe tripartite a en outre contribué à renforcer l’alliance Syrie/Iran/Russie. Pourquoi ? Puisque les Russes auront une plus grande latitude à armer et à équiper l’armée syrienne de missiles antibalistiques S-300. Or, c’est un dispositif antimissile contre quoi le Dôme de fer israélien ne peut rien. Cela risque donc de bouleverser l’équilibre de la force dans la région en faveur de Bachar al-Assad et de ses alliés russes et iraniens”, conclut l’expert.


Avis de l’ancien directeur de la DST Yves Bonnet

L’ancien directeur de la DST française, Yves Bonnet, a réitéré, dans un entretien donné le 15 avril au site d’information algériepatriotique, son appel à ce que la France quitte l’Otan suite à la participation de l’armée française aux dernières frappes contre la Syrie, dont il juge l’efficacité nulle.

«J’étais et reste hostile à la présence de la France au sein de l’Otan. Les enseignements du général de Gaulle sont, hélas, oubliés», a déclaré Yves Bonnet, ancien directeur de la Direction de la surveillance du territoire (DST) dans un entretien donné, le 15 avril 2018, au site d’information algériepatriotique, en commentant les dernières frappes contre la Syrie auxquelles a pris part l’armée française.

«S’agissant des accusations avancées par les pays occidentaux, il est pour le moins paradoxal d’affirmer détenir des preuves et de demander l’intervention de l’autorité de contrôle, l’OIAC [l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, ndlr], sans en attendre les résultats. Il faut ajouter que le précédent scandaleux et resté impuni de l’Irak en 2003, décrédibilise singulièrement les accusations avancées sans fourniture de preuves», a-t-il ajouté en soulignant qu’avec ces violations répétées du droit et des lois internationales «Pour moi, il n’y a plus de droit international».

Concernant le risque que ces frappes dégénèrent en une guerre totale dans la région, en particulier entre les États-Unis et la Russie, l’ancien chef du contre-espionnage français a affirmé que «Les Américains ne veulent surtout pas de casus belli avec la Russie dont les capacités de riposte sont probablement fortes. On reste dans le domaine de la gesticulation. On montre ses muscles sans avoir envie de se battre». Et «il est exclu qu’une nouvelle frappe intervienne dans les prochains jours», a-t-il souligné.

À propos de l’impact des frappes sur la situation en Syrie et en particulier sur l’équilibre des forces, Yves Bonnet avance que «tout le monde semble d’accord pour estimer que ces frappes ne changent pas la face du monde, ni les positions des acteurs sur le terrain. […] Si son objectif était d’intimider Damas, il n’a pas été atteint: depuis six ans, Bachar el-Assad se sait protégé par la Russie, et je pense qu’il dort tranquille». Et c’est la raison pour laquelle «le secrétaire général de l’Otan a fait preuve de retenue et de prudence dans cette affaire, ce qui est peut-être un signe», a-t-il souligné.


 

 Avis des Pink Floyd

«Nous sommes obligés de convaincre notre gouvernement de ne pas interférer dans le conflit et de ne pas larguer de bombes», a déclaré le leader du groupe les Pink Floyd lors d’un concert. Selon lui, ce sont les Casques blancs qui sont derrière la propagande de l’attaque chimique présumée à Douma.

Roger Waters, co-fondateur et leader du groupe les Pink Floyd, a condamné lors d’un concert à Barcelone les frappes perpétrées par les États-Unis et leurs alliés en Syrie, les qualifiant d’erreur colossale. Selon lui, bien que ce soit difficile, il faudrait apprendre à distinguer la propagande de l’information véridique.

«Si nous croyons à la propagande, nous ne pousserons notre gouvernement qu’à l’hostilité», a déclaré le musicien.

Selon lui, ce sont les Casques blancs qui sont derrière la propagande de l’attaque chimique présumée.

«Nous sommes obligés de convaincre notre gouvernement de ne pas interférer dans le conflit et de ne pas larguer de bombes», a déclaré Roger Waters.

Juste après son discours, des applaudissements assourdissants et des exclamations encourageantes des spectateurs ont retenti dans la salle de concert.


Avis de Paul Quiles, ancien ministre

 

http://paul.quiles.over-blog.com/2018/04/syrie-des-explications-confuses.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail


Syrie: des explications confuses

Syrie: des explications confuses

 

      Ainsi, la « punition » vient d’être infligée cette nuit par les Etats-Unis, la Grande Bretagne et la France et je sais que beaucoup d’entre vous sont inquiets ce matin. Vous vous interrogez probablement sur les conséquences militaires et politiques de cette intervention, comme je le faisais hier sur ce blog 

      Pour y voir clair, je vous recommande vivement d’écouter cette excellenteinterview de Bertrand Badie sur France Inter. Je n’ai pas un mot à rajouter !

     Par contre, je n’ai pas apprécié la façon dont notre ministre des Affaires étrangères a justifié le bombardement de cette nuit, en faisant référence au Chapitre VII de la Charte des Nations-Unies. Voici un extrait de son discours

« En septembre 2013, le Conseil de sécurité avait pris acte de cet engagement et décidé par sa résolution 2118 que la Syrie devait s’y tenir, sous peine d’encourir des mesures relevant du chapitre VII de la Charte des Nations unies. Le chapitre VII a un sens clair : c’est le recours à des mesures militaires pour contraindre ceux qui menacent la paix et la sécurité internationale. »

      Si vous n’êtes pas familier avec le chapitre VII de la Charte des Nations unies, je vous conseille d’en lire ci-après un extrait, qui définit les conditions dans lesquelles peuvent être menées des « actions en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d’actes d’agressions ». Vous y constaterez que c’est le Conseil de sécurité qui décide de telles actions et non des pays qui s’érigeraient en défenseurs du droit international.

     Quant à la référence que fait le ministre des Affaires étrangères à la résolution 2118 du Conseil de sécurité ayant pour objet l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, adoptée à l’unanimité le 27 septembre 2013, elle n’est pas complète. Ici aussi, il est bien précisé que c’est le Conseil de sécurité qui prend la décision d’intervenir militairement et non tel ou tel Etat.


 

Chapitre VII de la Charte des Nations unies

 

Chapitre VII de la Charte des Nations unies

 

Article 39

Le Conseil de sécurité constate l’existence d’une menace contre la paix, d’une rupture de la paix ou d’un acte d’agression et fait des recommandations ou décide quelles mesures seront prises conformément aux Articles 41 et 42 pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales.

 

Article 41

Le Conseil de sécurité peut décider quelles mesures n’impliquant pas l’emploi de la force armée doivent être prises pour donner effet à ses décisions, et peut inviter les Membres des Nations Unies à appliquer ces mesures. Celles-ci peuvent comprendre l’interruption complète ou partielle des relations économiques et des communications ferroviaires, maritimes, aériennes, postales, télégraphiques, radioélectriques et des autres moyens de communication, ainsi que la rupture des relations diplomatiques.

 

Article 42

Si le Conseil de sécurité estime que les mesures prévues à l’Article 41 seraient inadéquates ou qu’elles se sont révélées telles, il peut entreprendre, au moyen de forces aériennes, navales ou terrestres, toute action qu’il juge nécessaire au maintien ou au rétablissement de la paix et de la sécurité internationales. Cette action peut comprendre des démonstrations, des mesures de blocus et d’autres opérations exécutées par des forces aériennes, navales ou terrestres de Membres des Nations Unies.


Avis d’un ancien président du Comité militaire de l’OTAN

 

« Échec politique », a ainsi qualifié l’ancien président du comité militaire de l’OTAN, Harald Kujat, l’agression tripartite menée par les États-Unis, la France et le Royaume-Uni contre la Syrie.

«L’attaque tripartite américaine contre la Syrie illustre l’échec total du processus politique pour la paix », a insisté cet ancien général de l’OTAN qui a plaidé pour une action conjointe américano-russe nécessaire pour la paix en Syrie.

S’attardant sur des frappes illégales contre la Syrie présentées comme «moralement» nécessaires, comme le prétendent Paris, Londres et Washington, cet ancien chef d’état-major de l’armée allemande, a fait remarquer qu’«il faut remercier le président russe Vladimir Poutine, pour sa position sage envers la crise syrienne, car il pouvait lui aussi se passer de cette résolution des Nations unies, et de l’article 51 de la Charte permettant d’invoquer la «légitime défense, pour punir ceux qui menacent ses intérêts dans la région et déclencher un affrontement militaire direct dangereux. »

Saluant le sang-froid de la Défense russe, cet ancien haut cadre de l’OTAN a mis en garde contre l’escalade de la crise en Syrie et les politiques de Donald Trump qui s’est dangereusement rapproché d’une «guerre chaude».

S’agissant de l’Allemagne qui n’a pas participé aux frappes en Syrie et le rôle de ce pays dans le conflit syrien, le général Kujat a exhorté la chancelière Angela Merkel, à endosser un rôle de médiateur pour restaurer la confiance entre les deux puissances russe et américaine et pour parvenir à la détente entre ces dernières.

Regrettant la difficulté à « se mettre d’accord pour une action commune en faveur de la paix en Syrie» le général allemand a plaidé pour une coopération sans condition préalable américano-russe afin d’accélérer les choses et de préparer via la diplomatie un avenir meilleur pour les Syriens.

 


5 – Avis de Paul Craig Roberts (ancien vice ministre US) excellent et sourcé (mais en anglais)

 

https://www.paulcraigroberts.org/2018/04/14/us-uk-fomented-crisis-syria

 

Are We Over the US/UK Fomented Crisis In Syria?

Paul Craig Roberts

It appears from the very limited US missile attack, most of which were intercepted and destroyed by Syrian air defenses, that the US military prevailed over the crazed John Bolton and carefully avoided a strike that would have resulted in a Russian response. No significant Syrian site appears to have been targeted, and no Russians were endangered.

https://www.fort-russ.com/2018/04/in-depth-syria-stuns-world-thwarts-us-attack/

The US ambassador to Russia said that the US strikes were coordinated with Russia to avoid a great power confrontation.

https://www.rt.com/news/424132-us-russia-syria-strikes/

Russia Insider concludes that the exercise was a face-saver for Trump

https://russia-insider.com/en/out-whimper-trump-blinks-delivers-limited-strikes/ri23132

The main effect seems to be that Trump has further discredited himself and the US by violating the UN Charter and international law and committing an act of aggression, which is a war crime for which Nazi civilian and military officials were executed. Russia’s President Putin said that the wanton and illegal use of force by Washington has had “a devastating impact on the whole system of international relations” and called for an emergency meeting of the UN Security Council. China also condemned the illegal US attack.

https://www.fort-russ.com/2018/04/china-says-us-led-attacks-against-syria-are-illegal-and-against-international-law/

How was the feared conflict between the US and Russia avoided? From what I have been able to learn, the US Joint Chiefs of Staff would not accept the risk of conflict with Russia. The reason is not that the Joint Chiefs are more moral, more caring about the deaths and injuries that would result, or less inclined to go to war based on lies. Their objection was based on the lack of protection US Navy ships have from the new Russian weapons systems. An attack that brought a Russian response could sink the US flotilla and present the US with a humiliating defeat that would discredit American military prowess.

Bolton’s position was that Putin is a pussy who, as in every previous case, will do nothing. Bolton’s position is that the Russians are so scared of US military might that they will not respond to any US attack on their forces and Syrian forces. The Russians, Bolton says, will do what they always do. They will whine about the crime to the UN, and the Western media will ignore them as always.

The US Secretary of War, Mattis, represented the Joint Chiefs opinion. What, Mattis asked, if the Russians have had enough and do what they are capable of and sink the US flotilla? Is Trump prepared to accept a defeat engineered by his National Security Adviser? Is Trump prepared for a possible wider conflict?

The Joint Chiefs would rather use the orchestrated “Syrian crisis” to argue for more money, not to go to war that could be terminable of their retirement plans. The Joint Chiefs can tell Congress: “We couldn’t risk conflict with Russia over the use of chemical weapons in Syria because we were outgunned. We need more money.” The older American generation will remember the fantasy “missile gap” of the Nixon/Kennedy presidential campaign that was used to boost US defense spending.

It would be a mistake for anyone to conclude that common sense has prevailed and the conflict has been resolved. What has prevailed is the Joint Chiefs’ fear of a defeat. The next crisis that Washington orchestrates will be on terms less favorable to Russian arms.

Bolton, the neoconservatives and the Israeli interest that they represent will go to work on Mattis and the dissenting generals. Leaks will appear in the presstitute media that are designed to discredit Mattis and to foment Trump’s distrust. The neoconservatives will advance military men more in line with the neoconservatives’ aggressiveness to positions on the Joint Chiefs.

Syria is not about any chemical weapons use. Ahmet Uzumcu, director general of the Organization for the Prohibition of Chemical Weapons, reported that all chemical weapons had been removed from Syria. “Never before has an entire arsenal of a category of weapons of mass destruction been removed from a country experiencing a state of internal armed conflict, and this has been accomplished within very demanding and tight time frames.”

https://www.military.com/daily-news/2014/06/24/last-of-syrias-chemical-weapons-removed.html

Syria is not about dictatorship or building democracy. It is not about the alleged 70 victims of chemical weapons. It would take a complete idiot to believe that Washington and its European vassals, who have killed, maimed, orphaned, and displaced millions of Muslims in seven countries over the last 17 years to be so upset over the deaths of 70 Muslims that they are willing to risk war with Russia.

Syria and Iran are an issue, because Syria and Iran supply the Lebanese militia, Hezbollah, with money and weapons. This support from Syria and Iran gives Hezbollah the capability of preventing Israel’s occupation and annexation of southern Lebanon, whose water resources Israel covets.

Twice the vaunted Israel Army has been chased out of Lebanon by Hezbollah. Israel’s military reputation cannot risk a third defeat by a mere militia, so Israel is using its control over US foreign policy and its rock solid alliance with the neoconservatives to use the US military to destabilize Syria and Iran as the US did to Iraq and Libya.

Additionally, there is the crazed neoconservative ideology of US world hegemony. The interests of Russia and China are in the way of US hegemony. Therefore, these two countries are defined as “threats.” Russia and China are not threats because they intend to attack the US, which neither has shown any indication of doing. They are threats because they are in opposition to US unilateralism which overrides their sovereignty. In other words, to be clear, the US cannot tolerate any country that has an independent foreign or economic policy.

That Russia and China have independent policies is the reason that they are “threats.”

It would be a mistake to conclude that diplomacy has prevailed and common sense has returned to Washington. Nothing could be further from the truth. The issue is not resolved.

War remains on the horizon.


Avis de l’observatoire géostratégique Proche et Moyen Orient

 

http://prochetmoyen-orient.ch/syrie-bombardements-foireux-a-la-diafoirus/

SYRIE : BOMBARDEMENTS FOIREUX A LA DIAFOIRUS !

D’abord, qu’on arrête de parler de « frappes ». Chirurgicales ou non, ces actes de guerre sont destinés à tuer et à détruire et ne sauraient s’assimiler à de simples fessées punitives. Paradoxalement, les bombardements occidentaux du 14 avril 2018 effectués sur la Syrie n’ont fait que trois blessés légers ; ils ont suscité en tout cas des scènes de liesse populaire et renforcé le prestige de Bachar al-Assad, leader arabe qui aura mis en échec la stratégie occidentale au Proche-Orient. Brillant résultat !

En dehors de toutes considérations géopolitiques (nous y reviendrons), on a atteint – avec les dernières péripéties de la crise syrienne -, des sommets himalayens de bêtise et de vulgarité. Bêtise globalisée, méchante et d’un manque total de distinction dans les deux sens du terme – séparation et excellence -, élevée au plus haut niveau d’une communication politique et diplomatique tellement primitive, mais érigée en modèle car émanant du président le plus puissant de la planète. L’un de ses derniers Tweets avant les bombardements : « que la Russie se tienne prête, car ils arrivent nos missiles, beaux, nouveaux et intelligents ». De précédents messages parlaient de « Bachar, l’animal… » Quoiqu’on puisse penser du président syrien, l’emploi d’un tel vocabulaire ajoute inutilement morgue, grossièreté et mépris aux malheurs du monde.

En l’occurrence, la comparaison souvent faite entre Donald Trump et Le Docteur Folamour1, bien trop faible, est loin d’épuiser l’hallucination collective provoquée par cette « diplomatie de l’injonction » et ces tweets à la tronçonneuse du président américain. Et qu’on évite – ici – de parler du « pragmatisme américain » pour « appeler un chat, un chat » et soulignons plutôt que Donald Trump nous impose ses certitudes et son style : celui d’un parvenu persuadé que l’argent est la mesure de toutes choses, celui d’un rustre dont l’éducation nous ramène à l’ère des australopithèques ; en définitive, celui d’une autre catégorie de personnages si bien qualifiés par Michel Audiard : « les cons, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît ».

Cette phénoménologie de l’indigne est trop peu relevée pour qu’ ici nous lui consacrions justement quelques lignes, d’autant que les journalistes s’en font les zélés diffuseurs, voire les propagandistes dociles, sans même se rendre compte qu’elle finit par atteindre la structure de leur langue et de leurs raisonnements. Mais avant d’essayer d’évaluer les conséquences de l’attaque occidentale, reprenons l’enchainement étonnant que viennent de nous imposer trois des grands dirigeants occidentaux et leurs intervieweurs.

DOUBLE PERNOD

Le 12 avril dernier, Jean-Pierre Pernaut, le « journaliste de proximité » de TF1 – qui présente le journal de 13 heures – a donc interviewé le président de la République dans l’école communale d’un petit village de l’Orne : Berd’huis. Lorsque Emmanuel Macron affirme détenir « les preuves » d’une attaque chimique (ou plutôt au chlore), attribuable à Bachar al-Assad soi-même, le « journaliste » n’a pas le réflexe professionnel minimal de lui demander « lesquelles ! Plus concrètement « de quelles preuves disposez-vous Monsieur le président ? », ni de le relancer sur les fondements d’ une totale absence de doute… « Double Pernod » – comme l’a baptisé la profession depuis des années – va ainsi servir la soupe durant toute la durée de l’entretien, sans poser une seule question anglée, sinon dérangeante.

La mansuétude des journalistes français, chargés d’interroger les présidents de la République, est un vieux serpent de mer, puisque c’est le service de communication de l’Elysée qui traditionnellement s’invite dans le média de son choix, en choisissant les journalistes-intervieweurs et les thèmes de l’entretien. Survivances du Roi-Soleil, ces pratiques font, depuis longtemps, la risée de notre pays et de sa caste médiatique dans le monde entier, à qui nos dirigeants continuent pourtant à donner des leçons quotidiennes en matière de droits humains et de liberté de l’information !

Deux jours auparavant, la chaine américaine Fox-News – créée par Rupert Murdoch et pourtant réputée pour sa ligne éditoriale néo-conservatrice – interviewait un sénateur républicain partisan de Donald Trump. D’une manière professionnelle, le journaliste Tucker Carlson est revenu à plusieurs reprises sur la question des « preuves » de la présumée attaque chimique et sur les objectifs des « frappes annoncées », ainsi que sur la suite et les conséquences de cette attaque militaire. Affichant sa parfaite connaissance du dossier, le journaliste de Fox-News a rappelé que les « frappes américaines » de l’année dernière sur une base aérienne syrienne avaient été suivies quelques mois plus tard d’un mea culpa du secrétaire à la Défense James Mattis, reconnaissant que les preuves d’une attaque chimique « n’avaient pas été suffisamment complètes et certaines » pour justifier une telle attaque.

Ne s’en laissant pas compter par le sénateur républicain, le journaliste a rappelé que la Maison Blanche avait déclaré solennellement que l’objectif n’était pas celui d’un « Regime Change » en Syrie. Question légitime suivante, « alors quelles étaient les objectifs de ces frappes ? ». Acculé, le sénateur devait reconnaître qu’Israël avait demandé cette intervention militaire américaine, afin d’affaiblir « une Syrie, alliée du Hezbollah libanais ». Ultime question : « on comprend bien l’intérêt israélien, mais pas l’intérêt américain… » Le sénateur devait conclure en se prenant les pieds dans le tapis essayant d’expliquer que les intérêts israéliens étaient « les mêmes que ceux des Etats-Unis… »

C’est quand même autre chose que Double Pernod, même si on passe d’un excès à l’autre : de l’aplaventrisme des Pernod/Delahousse aux fausses ruptures Bourdin/Plenel d’hier soir. Emmanuel, Emmanuel… visiblement, ces deux-là ne savent pas que M. Macron est président de la République. Nous y reviendrons la semaine prochaine, toujours est-il que ces dommages collatéraux médiatiques n’auront pas empêcher l’emballement d’une machinerie absurde et malheureusement inéluctable.

LOGIQUE A MARCHER SUR LA TÊTE

Première étape : entre tweets et communiqués officiels, les Etats-Unis, la France et la Grande Bretagne affirment qu’ils vont attaquer, quoiqu’il arrive, et que leur riposte à des « attaques chimiques » présumées est inéluctable. Donc, s’ils ne le font pas, ils se déjugent, et fixent eux-mêmes l’ engrenage du déclenchement d’une opération militaire.

Deuxième étape : ensuite seulement, on cherche des preuves qu’on aurait dû, semble-t-il, accumuler avant d’affirmer qu’on allait attaquer.

Troisième étape : enfin, on attaque « l’arsenal chimique clandestin du régime syrien », selon les propres termes du communiqué de l’Elysée du 14 avril dernier. Ouf ! Ainsi on peut considérer que le problème est réglé et définitivement réglé !

A ce stade, une question fondamentale s’impose : si l’arsenal chimique syrien n’a pas été démantelé comme prévu après l’accord russo-américain de septembre 2013 et que subsistent des laboratoires de recherche, des stocks de composants chimiques et des unités spécialement entraînées à utiliser ce type d’armements, pourquoi n’a-t-on pas réagi beaucoup plus tôt en amont, pourquoi après la dernière attaque présumée n’a-t-on pas immédiatement déployé – sur le terrain – les inspecteurs de l’Organisation de l’interdiction des armements chimiques (OIAC)2 ?

Pourquoi l’OIAC est-elle immédiatement saisie dans l’affaire de l’ex-espion russe empoisonné en Grande Bretagne, alors qu’on traîne les pieds pour envoyer les inspecteurs de l’ONU en Syrie ? La réponse à cette question est très simple : en 2002, le premier directeur général de l’OIAC – le grand diplomate brésilien José Bustani avait eu l’outrecuidance de vouloir envoyer ses inspecteurs en Irak afin de chercher les fameuses armes de destruction massives dans leur version chimique – armes qui, selon George W. Bush et Tony Blair, pouvaient menacer la terre entière en moins de 45 minutes !

A l’époque sous-secrétaire d’Etat pour le contrôle des armes et la sécurité internationale, John Bolton ( patron depuis quelques jours du Conseil américain de sécurité nationale) s’était précipité au siège de l’OIAC à La Haye pour obtenir la tête de José Bustani, en menaçant au passage les enfants du diplomate brésilien vivant à New York. De fait, depuis 2002, l’OIAC est marginalisée par les Etats-Unis qui préfèrent s’adresser à des inspecteurs « indépendants », souvent rattachés aux services spéciaux américains ou britanniques…

Toujours est-il que face aux preuves des Casques blancs et de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov réplique que « l’attaque chimique présumée en Syrie est une mise en scène à laquelle ont participé les services spéciaux d’un État » (non nommé), mais désigné comme « russophobe ». Sergueï Lavrov en conférence de presse : « nous disposons de preuves irréfutables qu’il s’agissait d’une nouvelle mise en scène, et que les services spéciaux d’un État actuellement en première ligne d’une campagne russophobe ont participé à cette mise en scène ».

En effet, images et témoignages de la dernière attaque chimique présumée de la Ghouta ont été principalement rapportés par deux sources : l’ONG des Casques blancs – créée de pied en cap par le MI6 (service britannique du renseignement extérieur) pour appuyer Jabhat al-Nosra (c’est-à-dire la Qaïda en Syrie) durant la reconquête d’Alep par l’armée gouvernementale syrienne ; et l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), basée à Londres et citée par les médias occidentaux comme une agence de presse alors qu’elle est une officine politique liée aux Frères musulmans. Ces deux sources sont-elles suffisamment crédibles pour fonder une opération militaire d’envergure ?

Comme en septembre 2013, les autorités françaises exhibent une « note » des « services de renseignement ». Diantre ! Celle brandie à l’époque par le premier ministre Jean-Marc Ayrault était une collection de laborieuses suppositions.

La dernière n’est pas meilleure, puisqu’elle rassemble un condensé d’images collectées sur You-tube. Du solide ! En février 2003, l’auteur de ces lignes a assisté à la séance du conseil de sécurité qui a vu le général Colin Powell (alors secrétaire d’Etat) brandir un prétendu échantillon des armes chimiques irakiennes et projeter un diaporama voulant prouver que Saddam Hussein et Oussam Ben Laden étaient les meilleurs copains… On connaît la suite !

Toujours est-il que les sources des services spéciaux contactées (qui ne peuvent s’exprimer publiquement) ne sont pas très enthousiastes de se voir ainsi, une fois de plus, instrumentalisées pour justifier – a posteriori – une décision du pouvoir exécutif, prise sur la base de considérations plus politiques que tactiques ou stratégiques, en tout cas en fonction d’un enchaînement d’une logique à marcher sur la tête… qui ne tient pas debout. C’est peu de le dire ! Les journalistes – plus que jamais dans leur rôle de passe-plats de propagande – ont repris en coeur : « quelle riposte apportée à des attaques chimiques présumées ? ». Des ripostes présumées ?

POTION DE DOCTEURS DIAFOIRUS

S’ils avaient relu, ou seulement lu De la guerre, le fameux traité de Carl von Clausewitz, nos dirigeants auraient compris que toute opération militaire vise deux finalités : des objectifs opérationnels et des buts politiques. Avant de revenir sur ce dernier aspect, voyons donc les objectifs.

La communication gouvernementale officielle nous dit que les cibles ont été au nombre de trois. D’abord le CERS (Centre d’études et de recherches scientifiques de l’armée syrienne), situé au-dessus de Damas. Dès les années 1970, Allemands de l’Est, puis Allemands de l’Ouest y collaboraient avec des scientifiques arabes de plusieurs nationalités, tandis que des agents français y donnaient des cours de langue… Des bureaux de la Garde républicaine, dont la mission est de protéger Damas, sont aussi installés dans le bâtiment du CERS. Le chef de cette unité d’élite, Maher al-Assad (le frère de Bachar) aurait pu, selon différentes sources, commanditer la dernière attaque présumée chimique dans le dos de son frère ! A voir… Toujours est-il que ces locaux avaient été déménagés depuis belle lurette et qu’on y a vraisemblablement bombardé des cages à poules vides.

Les deux autres cibles se trouvent dans la région de Homs – sur l’Oronte au centre du pays – abritant des « centres de production et de stockage du programme clandestin chimique du régime ». Là-aussi, il semble bien que les locaux fussent désertés et que les missiles occidentaux aient fait chou blanc. A ce stade, une conclusion provisoire devrait s’imposer : cette fois-ci l’arsenal chimique syrien est détruit et on peut estimer que c’en est définitivement fini des attaques chimiques, donc aussi des bombardements occidentaux. Or Trump dit qu’il est encore prêt à dégainer ?

Dans tous les cas de figures, ces objectifs opérationnels s’avèrent mineurs et leur destruction ne change en rien l’anatomie et les évolutions majeures de la guerre qui se poursuit en Syrie. Selon le ministère russe de la Défense, sur une centaine de missiles tirés par la coalition occidentale, 73 auraient été neutralisés et déviés de leur cible par l’armée syrienne !? Ce bilan s’apparente à une potion digne du docteur Diafoirus de Molière ou du Knock de Jules Romains : « est-ce que ça vous chatouille ou est-ce que ça vous gratouille ? » Bref, n’importe quoi !

Diligenté au nom de la morale et des valeurs universelles visant à « protéger les populations », cette potion très inappropriée, risque au contraire d’aggraver le mal qu’elle était censée atténuer en confortant les différentes logiques conflictuelles en œuvre dans la guerre civilo-globale de Syrie.

GEOPOLITIQUE EN CARTON

Le 17 février dernier, depuis la Conférence sur la sécurité de Munich, prochetmoyen-orient.ch révélait le contenu d’un télégramme diplomatique britannique détaillant la nouvelle stratégie occidentale en Syrie3. En pure démonstration clausewitzienne, les objectifs militaires étaient parfaitement définis : miser sur la poursuite de la guerre en attisant la rivalité turco-kurde et la multiplication des ingérences militaires israéliennes. Sur le plan des buts politiques, sinon géopolitiques, même clarté de mise : punir Assad, intimider les Russes, menacer les Iraniens.

Avant d’engager toute espèce d’opération militaire, les dirigeants occidentaux devraient penser – bien-sûr – au jour d’après. Et l’on pense communément qu’ils sont suffisamment responsables pour le faire. Le fait est que plusieurs précédents récents ne confirment pas ce réflexe de bon sens : Irak (2003), Libye (2011), Yémen (2014). Alors que peut-il se passer maintenant ?

Le prestige de Bachar al-Assad est conforté : comme Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, et Hassan Rohani, le président iranien, il incarne une espèce de nouveau Nasser qui résiste aux Occidentaux. Les Russes gardent tête et diplomatie froides, mais ils sont furieux et feront payer la note, tôt ou tard. De fait, le Hezbollah n’est pas (encore) puni, les Russes ne sont pas intimidés et les Iraniens se préparent à la décision de Donald Trump qui vraisemblablement abrogera l’accord sur le nucléaire iranien le 12 mai prochain.

Par conséquent, les buts de guerre des bombardements occidentaux s’avèrent particulièrement désastreux et il n’est pas exagéré de les qualifier de « fiasco diplomatique », d’autant que la France en rajoute sur le plan de la russophobie ordinaire. Il faut ré-écouter les déclarations de François Delattre – notre ambassadeur aux Nations unies – pour se demander quels sont les intérêts qui poussent ainsi notre pays à se mettre en pointe contre Moscou. En janvier 2016, l’auteur de ces lignes assiste – médusé – au discours de la Sorbonne de Jean-Yves Le Drian (alors ministre de la Défense), dissertant sur les deux ennemis principaux de la France : Dae’ch – l’Organisation « Etat islamique » et… la Russie !

Il y a quelques jours, le même (devenu ministre des Affaires étrangères) s’est rendu à Kiev où il a pris ouvertement parti pour les Ukrainiens contre les « séparatistes pro-russes », annulant ainsi d’un mot les accords de Minsk pourtant partiellement initiés par la diplomatie française. Le chercheur Emmanuel Todd intervenait, il y a quelques jours, sur l’antenne d’une radio de service public en s’étonnant de deux choses : de « l’hystérie russophobe française » et de cette insistance à combattre en Syrie et ailleurs « des gens qui partagent nos valeurs les plus fondamentales » en s’alliant à des pays (dont l’Arabie saoudite) qui financent et propagent l’Islam radical dans le monde entier depuis plus de trente ans !

Dans la production entretenue de ce délire anti-russe, la palme revient – en particulier – à deux hauts fonctionnaires : Jean-Claude Mallet (inamovible conseiller de Jean-Yves Le Drian) et Jérôme Bonnafont, le patron d’ANMO (la direction proche-Orient du Quai d’Orsay) qui déclarait à des proches qu’il préférait voir Dae’ch à Damas que Bachar al-Assad… Charles (de Gaulle), réveille- toi, ils sont devenus fous, complètement fous !

NE PAS CONFONDRE LA SYRIE AVEC NOTRE-DAME DES LANDES

Comme toujours avec Emmanuel Macron, il s’agit de respecter les formes. Il a précisé que « conformément à l’article 35, alinéa 2, de la Constitution, le Parlement sera informé et un débat parlementaire sera organisé, suite à cette décision d’intervention de nos forces armées à l’étranger ». On engage d’abord les forces armées et on demande l’avis de la représentation nationale après… La démocratie française est vraiment curieuse. Heureusement, le service communicationnel après-bombardement est parfaitement assuré. Le général François Lecointre (Chef d’état-major des armées/CEMA) et la ministre de la défense Florence Parly montent à l’antenne pour saluer une « performance opérationnelle », sans bavure aucune. Et ils ont raison, car nos armées sont excellentes et (heureusement) exécutent rigoureusement les ordres que leur donne le pouvoir exécutif. Mais, comme en Libye avec l’opération Harmattan, l’excellence d’exécution militaire ne suffit pas. « Performance opérationnelle » certainement, « fiasco politique » assurément !

« En matière de politique étrangère, Emmanuel Macron fait pire que son prédécesseur François Hollande », déplore un ambassadeur de haut rang, « car prétendre qu’après ces bombardements la France pourra revenir dans le jeu diplomatique du Proche Orient est une parfaite illusion. Notre pays s’y est mis hors-jeu depuis mars 2012, lorsque Alain Juppé a pris la funeste décision de fermer notre ambassade à Damas ».

 
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En définitive, Emmanuel Macron a confondu la Syrie avec la ZAD de Notre Dame des Landes : déclencher une opération de police pour faire respecter le droit en faisant attention de ne pas faire de mort… Mais, hélas, dans tous les cas de figures, cette opération ne modifiera en rien les évolutions de la guerre en Syrie, ni ne favorisera le retour de la France aux Proche et Moyen-Orient.

Bonne lecture et, néanmoins bonne semaine.

Richard Labévière
16 avril 2018

1 Docteur Folamour ou : comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer la bombe (Dr. Strangelove or: How I Learned to Stop Worrying and Love the Bomb) est une comédie militaire et satirique sortie en 1964 et réalisée par Stanley Kubrick d’après le thriller  «  120 minutes pour sauver le monde », écrit par Peter George sous le pseudonyme de Peter Bryant. .

2 OIAC : l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, abrégée en OIAC est l’agence internationale des Nations unies qui veille à ce que la Convention internationale sur les armes chimiques soit bien appliquée par les États membres l’ayant signée. Elle a été créée le 29 avril 1997. Elle est basée à La Haye et son laboratoire à Rijswijk, aux Pays-Bas

3 Prochetmoyen-orient.ch : « Syrieleaks : un câble diplomatique britannique dévoile la stratégie occidentale ».

 


8 – Avis paru sur IVERIS (Institut de Veille et d’Etudes des Relations Internationales et Stratégiques

https://www.iveris.eu/list/notes_danalyse/327-le_plan_secret_des_usa_visant damas_a_ete_dejoue

 

Le plan secret des USA visant Damas a été déjoué

    
15 avril, 2018
Note d’analyse
Elijah J. Magnier    

Donald Trump a dû redescendre du piédestal sur lequel il était monté il y a quelques jours en rassemblant une force militaire imposante et une puissance de feu rappelant « l’opération Tempête du désert », sans toutefois engager les forces terrestres. Le « plan A » prévoyait une attaque dévastatrice sur la Syrie afin de détruire son armée, le palais présidentiel, ses centres de commandement et de contrôle, ses troupes d’élite, ses entrepôts militaires et de munitions stratégiques, ses radars, ses systèmes de défense et les institutions de ses dirigeants politiques.

 Le rôle de la Russie avant et après, l’attaque des USA, du Royaume-Uni et de la France, révélé

Avant la triple attaque contre la Syrie par les USA, la Grande-Bretagne et la France, la Russie et le président Vladimir Poutine, en personne, ont maintenu des contacts intensifs jusqu’à 4 heures du matin, afin de réduire la portée de l’attaque et passer à un « plan B » sans conséquence. Dans ses prises de contact avec plusieurs chefs d’État, la Russie a rejeté toute frappe susceptible de paralyser l’armée syrienne, et a informé les dirigeants de Damas que l’Occident allait dorénavant mûrement réfléchir avant de changer radicalement l’équilibre du pouvoir au Levant.

Mais quelle est la véritable raison de ces frappes ? Est-ce la prétendue « attaque chimique » à Douma ? L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques était déjà à Damas et ses membres sont allés à Douma samedi pour inspecter le lieu où l’attaque chimique en question aurait eu lieu. Pourquoi alors n’ont-ils pas attendu de connaître les résultats avant de frapper ?  

Des sources à Damas expliquent qu’avant l’intervention militaire des USA, du Royaume-Uni et de la France, l’armée syrienne et ses alliés, avec l’appui de la Russie, étaient en train de mener une attaque d’envergure dans la région rurale d’Idlib et avaient atteint l’aéroport d’Abou al-Duhur lorsque subitement ils ont cessé leur opération pour ce diriger vers la Ghouta.

En effet, la Russie avait informé les dirigeants syriens d’un grand rassemblement de troupes sur la base militaire occupée par les USA à Al-Tanf, à la frontière syro-irakienne, où des dizaines de milliers de mandataires des USA suivent un entraînement militaire continu. Les Russes avaient décelé des mouvements inhabituels et compris que les USA se préparaient à dépêcher leurs mandataires vers la Ghouta orientale, afin d’établir un lien avec les quelque 30 000 djihadistes qui se trouvaient encore dans la Ghouta. Une attaque était planifiée en même temps qu’une diversion provenant de Daraa, au sud de la Syrie, de façon à attaquer le sud de Damas pour duper l’armée syrienne et ses alliés en les amenant à réduire le nombre de leurs combattants autour de la capitale.

Selon les sources, le plan consistait à soutenir leurs mandataires et les djihadistes de la Ghouta pour qu’ils atteignent Damas et en prennent le plein contrôle. Sauf que le déplacement de l’opération militaire de la région rurale d’Idlib à la Ghouta a contrecarré le plan américain qui consistait à imposer à la Russie un confinement forcé à Lattaquié et Tartous pour parvenir enfin à un changement de régime. Ce « plan de génie » aurait gâché tous les efforts déployés par la Russie après presque trois ans de participation soutenue à la guerre en Syrie, tout en permettant aux USA de prendre le dessus, au moment même où Moscou et l’armée syrienne étaient sur le point de mettre fin à la guerre en Syrie, il ne reste que quelques poches de résistance à libérer.

La riposte de la Russie dans la Ghouta a réduit le plan des USA en miettes, en imposant le retrait de dizaines de milliers de militants de la Ghouta avec leurs familles, vers le nord de la Syrie. La capitale est dorénavant beaucoup plus sûre et il ne reste plus qu’une zone au sud de Damas occupée par al-Qaeda et le groupe armé « État islamique » (Daech), au camp de Yarmouk et à al-Hajar al-Aswad.

Aujourd’hui, la Russie a vidé la frappe des USA, du Royaume-Uni et de la France de son contenu et de son objectif en imposant une « attaque restreinte » sans valeur, qui a très peu de chance de changer quoi que ce soit sur le terrain en Syrie.

Lorsque la Russie a promis d’abattre tout missile lancé contre la Syrie, Trump a répondu ceci : « Tiens-toi prête Russie, parce qu’ils arrivent, beaux, nouveaux et intelligents ». Après la frappe, la Russie a répliqué : « Nous avons utilisé de vieux systèmes de défense antiaérienne soviétique contre ces missiles intelligents, nouveaux et très coûteux lancés par les Américains ». Mais ce n’est pas tout. Les frappes des USA et du Royaume Uni.ont atteint des objectifs qu’Israël bombarde pratiquement à partir d’une base régulière. En ayant réussi à intercepter les deux tiers des missiles, comme l’a affirmé la Russie, la Syrie perçoit l’attaque comme une sorte « d’entraînement avec des munitions réelles, en préparation à une éventuelle attaque israélienne sur le territoire syrien ». Israël est très déçu et ne semble pas du tout apprécier le résultat final.

Faisant preuve de retenue et de maîtrise de soi, le secrétaire à la Défense James Mattis, qui avait dit « le Pentagone n’a toujours pas de preuves indépendantes pour confirmer qu’il y a eu une attaque chimique en Syrie la semaine dernière », a signalé que toute attaque de grande envergure en Syrie pouvait provoquer un engagement direct de la Russie et une riposte mortelle contre des objectifs des USA. Mattis a accepté une « frappe honorable » pour sauver la face de son patron inexpérimenté. La frappe du trio en Syrie semble avoir redoré le blason du président syrien Bachar al-Assad. Les gens sont sortis célébrer dans les rues de Damas, en se moquant de l’attaque de l’Occident contre leur pays !

Le trio a évité de provoquer directement la Russie, en contournant les bases et les théâtres opérationnels des Russes au lieu de les survoler. La Russie a imposé sa présence et a provoqué la marine américaine et la marine française en effectuant des simulations d’attaques aériennes, afin de montrer qu’elle était prête à rétorquer. La marine russe était positionnée à l’opposé de la côte libanaise afin de couvrir cette partie et d’éviter les angles morts.

Moscou est parvenu à éviter une confrontation directe avec Washington à l’extérieur de son territoire. La Syrie est entourée de bases militaires US (Israël, Jordanie, al-Tanf, Hassaké, Arabie saoudite, Koweït, Qatar, Bahreïn, Irak, Turquie). La Russie se souvient comment Leonid Brejnev est tombé dans le piège que lui avait tendu la CIA en 1979, en soutenant les moudjahidines six mois avant l’invasion soviétique de l’Afghanistan. Zbigniew Brzezinski a dit que l’invasion de l’Afghanistan par les Soviétiques avait été délibérément provoquée par les USA : « C’était une excellente idée. Elle a entraîné les Soviétiques dans la guerre afghane et nous leur avons procuré une guerre du Vietnam. » Presque 40 ans plus tard, Poutine a évité de tomber dans le même piège. Quelle sera la prochaine étape ?

Maintenant que la sécurité de Damas est assurée, tous les yeux sont tournés vers la ville d’Idlib, au nord de la Syrie, qui est sous le contrôle d’Al-Qaeda. Pourquoi Idlib?

La situation dans le camp de Yarmouk, au sud de Damas, semble liée directement à celle qui prévaut à Foua et Kafraya. Lors des négociations de Zabadani, Al-Qaeda et les alliés de Damas se sont entendus pour qu’al-Yarmouk d’une part, et les deux villes assiégées au nord de la Syrie d’autre part, ne soient pas attaquées. Cependant, Damas fait pression pour nettoyer la capitale complètement, en tentant de persuader ses alliés de revenir sur leurs engagements précédents.

En ce qui concerne Daraa et Quneitra dans le sud, il semble que personne en Syrie n’est prêt à provoquer les USA et Israël en ce moment de tension. Il se pourrait qu’ils ne s’en occupent qu’à la toute fin. Dans la Badia (les steppes syriennes), Daech est complètement encerclé et n’a d’autre choix que d’attendre son extermination dans les prochains mois.

Idlib demeure un problème malgré l’entente économique et financière entre les Turcs, les Russes et les Iraniens. Il ne fait aucun doute que des différences marquées de nature économique existent entre ces partenaires à propos de la Syrie.

Le président turc Erdogan a exprimé son soutien, puis sa satisfaction, à l’égard des frappes américaines en Syrie. La Russie a répondu en lui demandant de remettre la ville d’Afrin au gouvernement syrien. L’envoyé spécial iranien pour les affaires syriennes, Ali Akbar Velayati, a dit ouvertement qu’Idlib est le prochain objectif. Il est donc possible que la Turquie se retire des dizaines de postes d’observation qu’elle possède autour d’Idlib, comme les Russes l’ont fait à Afrin avant l’attaque turque. La Russie s’attend aussi à ce qu’Erdogan annule d’un jour à l’autre la vente précédemment convenue de missiles S-400.

Ainsi, l’aiguille de la boussole pointe vers Idlib, Rastan et Jisr al-Shoughour et les forces armées syriennes se rassemblent dans la région rurale de Lattaquié, en étant prêtes à diviser Idlib après avoir libéré les nombreux villages qui l’entourent.

Ce qui nous amène à la prochaine représentation d’une « attaque chimique » sur le théâtre opérationnel de l’armée syrienne et de ses alliés. Les USA vont-ils défendre Al-Qaeda ? Pourquoi pas ? Il n’a jamais vraiment été question d’utilisation d’armes chimiques, puisque ce sont les USA, eux-mêmes, qui possèdent le plus gros arsenal d’armes chimiques au monde. Le véritable enjeu, c’est la défaite des USA et la domination du Levant par la Russie.


 

Frappes occidentales : combat sur le front de l’information

https://francais.rt.com/opinions/49953-frappes-occidentales-combat-sur-front-information

L’expert en Défense Philippe Migault décrypte pour RT France le bilan des frappes occidentales en Syrie. Si Moscou affirme que 71 des 103 missiles de croisière lancés ont été interceptés, les Occidentaux revendiquent un succès total.

Eblouissante démonstration de la supériorité technologique occidentale pour les uns, échec cinglant pour les autres, la frappe conduite contre la Syrie le 14 avril dernier par les forces américaines, françaises et britanniques, suscite une bataille annexe sur le front de l’information.

Le ministère de la Défense russe a assuré que 71 des 103 missiles de croisière lancés avaient été détruits avant d’atteindre leurs objectifs. Un ratio déjà très élevé pour une armée de haut niveau, mais d’autant plus élevé qu’il serait à mettre en l’occurrence au seul actif des forces armées syriennes. Car toutes les sources, russes et occidentales, sont concordantes : la Russie est restée l’arme au pied lors de cette opération, laissant son allié syrien agir seul. Le chiffre d’interceptions annoncé provoque donc, nécessairement, l’incrédulité.

En premier lieu parce que les militaires occidentaux ont revendiqué un succès complet et nié toute efficacité de la défense antiaérienne syrienne. Le chef d’Etat-major des armées françaises, le général Lecointre s’est félicité du déroulement de l’opération, estimant que l’opposition avait été «très faible, voire moins que cela».

En second lieu parce que ce serait la première fois, depuis 1990 et la première guerre du Golfe, qu’un système de défense de conception soviétique, certes modernisé, mais néanmoins de facture ancienne, remporterait un succès tactique contre une tentative de frappe massive conduite par les Occidentaux… Irak, Serbie, Libye ont été totalement impuissants à protéger leurs infrastructures et leurs populations, malgré la destruction réussie de quelques aéronefs ennemis.

Alors ? Damas aurait-il la meilleure DCA du monde ? Cela semble difficilement concevable tant les avions de combat israéliens violent régulièrement et – le plus souvent – sans accrocs, l’espace aérien syrien. On ne peut exclure cependant une récente et réelle montée en gamme.

Construite sur le modèle du VPVO de l’URSS, la défense antiaérienne est une arme indépendante au sein des forces armées syriennes. A la différence de son ancienne homologue soviétique, elle ne conjugue pas systèmes antiaériens et avions d’interception, se limitant aux seuls dispositifs sol-air. En dehors de ce distinguo, la philosophie est cependant la même. Il s’agit d’assurer une défense antiaérienne élargie multicouches, capable d’intercepter, à courte comme à longue distance, à haute altitude comme à quelques mètres du sol, l’ensemble des dispositifs aériens adverses : aéronefs à voilures fixes ou tournantes, pilotés ou non, missiles de croisière et balistiques. Un objectif ambitieux, que deux Etats seulement au monde maîtrisent correctement : Israël et la Russie. Voisine et ennemie de l’une, alliée de l’autre, la Syrie est à ce titre allée à bonne école. Mais elle est loin, très loin, de l’excellence russe.

On ne compte plus le nombre d’articles qui ont été rédigés sur le déploiement en Syrie des S-400 et des Pantsir S-1 russes. Armes de dernière génération, ces systèmes sont capables de dresser une bulle A2/AD (Anti Access/Area Denial) d’un diamètre de 250 à 400 kilomètres, opérationnelle des basses couches de l’atmosphère à des altitudes exoatmosphériques, selon le type de missiles mis en œuvre. Complexes, ils conjuguent différents types de senseurs (radars…) et d’effecteurs (missiles, canons), susceptibles d’opérer au sein d’un système de commandement et de contrôle intégré, le 30K6E. Celui-ci, qui centralise toutes les fonctions de détection, poursuite et guidage, est non seulement en mesure de conduire en mode automatique une bataille antiaérienne contre une tentative de frappes massive, mais aussi d’élargir son champ d’action. L’ensemble des systèmes antiaériens russes peuvent en effet se joindre à lui pour interagir en réseau et en temps réel. Conjuguant son action à celle d’un ou plusieurs avions d’alerte aéroportée A-50U (l’équivalent russe des AWACS de l’OTAN), il peut accroître encore ses capacités et assurer une défense quasi-hermétique contre toute tentative de pénétration d’aéronef ou de missile de croisière. Mais cela est valable pour les forces russes, et pour les forces russes seulement.

On ne peut cependant totalement exclure que la défense antiaérienne syrienne se soit honorablement battue. D’abord parce qu’elle dispose de quelques atouts. Elle possède elle aussi des Pantsir-S1, aptes à l’interception de missiles évoluant à basse altitude, mais aussi quelques systèmes S-125 Petchora 2M et Buk-M2, plus anciens, mais conçus également afin d’être en mesure de neutraliser aéronefs et missiles de croisière. Bien placés et bien commandés, ces engins ont pu marquer des points.

D’autant que sans bénéficier du renfort des armements de leurs alliés russes, on ne peut exclure que les militaires syriens aient profité d’un «coup de pouce» de ces derniers, notamment de leurs capacités de détection. Ce n’est pas parce qu’ils n’ont lancé aucun missile que leurs radars n’ont pas attentivement scruté ce qui se passait. Si un A-50U se promenait au-dessus du théâtre des opérations – assuré de ne pas être visé par les forces occidentales – il a pu détecter l’arrivée des missiles d’autant plus facilement que les axes d’attaque (Méditerranée orientale, mer Rouge…) étaient connus et les plateformes de lancement occidentales susceptibles d’opérer, notamment les navires, identifiées. Et si les Russes ont transmis aux opérateurs syriens ces renseignements, ceux-ci ont pu tirer le meilleur de leurs matériels, a fortiori avec la présence d’un camarade russe dans le poste de commandement.

Cette hypothèse reste, bien entendu, à démontrer. Mais même si elle devait se vérifier, le chiffre de 71 missiles détruits sur 103 lancés laisse sceptique. Il est vrai que l’on peine à s’expliquer qu’il ait fallu lancer 103 missiles pour détruire seulement trois sites. La thèse selon laquelle de nombreux autres objectifs auraient été visés, et que les attaques aient échoué, s’appuie sur cette incohérence comptable. Une fois encore, nous sommes dans la guerre de communication, la manipulation et le mensonge.

Si les Syriens ont obtenu le succès revendiqué, alors la Russie vient de réussir une des plus belles opérations marketing de l’histoire de son industrie de défense. Rosoboronexport, l’agence gouvernementale russe en charge des exportations d’armement, a du travail pour vingt ans.

Si ce n’est pas le cas, cela ne signifie pas non plus que les Occidentaux n’aient réellement essuyé aucune perte.

Une seule certitude, en matière de maskirovka et de manipulation des opinions, les Occidentaux ont aussi bien lu Tchakhotine que les Russes…