Donbass/Kherson: Un observateur français sur les referendums d’autodétermination

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  • jeudi novembre 24, 2022
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Donbass/Kherson: Un observateur français sur les referendums d’autodétermination
stoprussophobie
Retour de Russie

Alain Corvez
Conseiller en stratégie internationale

 

Une information alternative . Personne n’a pu relever des irrégularités dans les votes .
Mais tout débat est empêché sur ce sujet comme sur d’autres. La pensée est unique .


J’ai souhaité me rendre sur le terrain comme observateur international des référendums, pour voir réellement les déroulements et sentir les sentiments des populations, au-delà des présentations orientées, voire mensongères, qu’en font les médias.
Voici le CR de mes observations factuelles et les réflexions géopolitiques qu’elles m’ont suscitées.
Alain Corvez
 
 

Retour de Russie

 

Dans ses « Mémoires d’outre-tombe » Chateaubriand écrit :

 

” Il y a sympathie entre la Russie et la France ; la dernière a presque civilisé la première dans les classes élevées de la société ; elle lui a donné sa langue et ses mœurs. Placées aux deux extrémités de l’Europe, la France et la Russie ne se touchent point par leurs frontières, elles n’ont point de champ de bataille où elles puissent se rencontrer ; elles n’ont aucune rivalité de commerce, et les ennemis naturels de la Russie (les Anglais et les Autrichiens) sont aussi les ennemis naturels de la France. »

Et :

« En temps de paix, que le cabinet des Tuileries reste l’allié du cabinet de Saint-Pétersbourg, et rien ne peut bouger en Europe. En temps de guerre, l’union des deux cabinets dictera des lois au monde. »

 

De Gaulle qui était un admirateur du Vicomte François-René – sans doute le plus grand écrivain français moderne- au point d’emporter les « Mémoires d’outre-tombe » dans ses bagages lors de son voyage en Irlande après avoir quitté de lui-même le pouvoir en avril 1969, avait dit à son retour de « la Russie des soviets » à l’Assemblée Consultative française en décembre 1944 :

« Pour la France et la Russie, être unies, c’est être fortes ; se trouver séparées, c’est se trouver en danger. En vérité, il y a là comme un impératif catégorique de la géographie, de l’expérience et du bon sens. »

Le 30 juin 1966 dans un discours à Moscou :

 « L’entente, la détente, la coopération qui annoncent une nouvelle ère des relations internationales. »

Ces pensées visionnaires m’habitaient lorsque je suis venu avec plus de 120 observateurs internationaux d’Afrique, d’Asie, d’Amérique Latine, d’Europe, représentant 45 pays, constater sur le terrain le déroulement des élections dans les quatre régions ukrainiennes qui s’exprimaient par référendum sur leur rattachement à la Fédération de Russie : Donetsk, Lougansk, Kherson, Zaporojie.

Interrogé sur mes constatations par de nombreux journalistes de différents médias couvrant ces évènements historiques, je ne manquais pas de dire que j’étais là pour voir de mes propres yeux la réalité des choses et non m’en tenir à la présentation orientée que les médias occidentaux en faisaient, cherchant à sentir la volonté des populations habitant ces régions. 

La philosophie politique gaulliste qui m’anime est une philosophie humaniste, c’est-à-dire qu’elle se fonde sur l’âme humaine, comme le juriste, sociologue et philosophe français du XVIème siècle Jean Bodin l’a résumée : « Il n’est de richesse que d’homme ».

Imprégné de ces concepts, le Général défendait inlassablement le droit des peuples à disposer eux-mêmes de leur destin et de leur façon d’être gouvernés sans aucune ingérence étrangère. Il n’a cessé de dénoncer les oppressions des volontés populaires dans le monde, ce qui lui a valu une aura qui, aujourd’hui encore persiste dans les cœurs des hommes qui voyaient alors dans la France le phare de la justice, de la liberté et de la fraternité mondiales.

On ne peut bâtir un monde paisible que sur le respect des aspirations et des volontés populaires exprimées par les nations. Toute négation de ces réalités est source de haine, d’affrontements et, en définitive, de guerre.

Je ne décrirai pas dans les détails mes observations factuelles du déroulement de ces processus électoraux, me contentant de m’associer à la déclaration finale de tous les observateurs internationaux qui déclare que ces referendums d’adhésion à la Russie se sont déroulés dans une transparence totale et dans le respect des règles internationales liées aux processus électoraux, notamment sur le secret et la sécurité, aucune pression de quelque sorte n’ayant été observée.

J’ai constaté que beaucoup des votants montraient leur joie de pouvoir exprimer enfin leur volonté. La population observée manifestait discrètement, ou plus ostensiblement pour certains, son bonheur de sortir d’un drame qui durait depuis huit ans. Certaines personnes interrogées par l’intermédiaire d’un interprète exprimaient même des reproches à la Russie de n’être pas intervenue plus tôt pour les secourir face à l’hostilité du gouvernement de Kiev à leur égard, les laissant subir les ostracismes puis les agressions permanentes depuis 2014 qui ont entraîné la mort de plus de 14.000 hommes, femmes et enfants, tout simplement parce qu’elles parlaient et se sentaient de culture russe.

Des pressions énormes de Kiev ont tenté d’empêcher la tenue de ces referendums, allant de menaces par téléphone, par sms, par courrier sur les organisateurs et les membres bénévoles des bureaux de vote, allant même jusqu’à l’assassinat d’une responsable d’un bureau de vote à Berdiansk. Des gardes du corps de l’armée russe nous protégeaient donc pendant nos déplacements, et beaucoup des bureaux de vote étaient également protégés par des soldats lorsqu’ils étaient placés dans des zones jugées à risque. Aucune pression n’était exercée par ces soldats qui faisaient preuve d’une grande discrétion associée au professionnalisme d’une armée disciplinée. Ils accompagnaient aussi les scrutateurs qui se rendaient chez des habitants qui l’avaient demandé pour cause d’infirmité ou de maladie mais qui désiraient ardemment voter, apportant alors des urnes avec des scellés pour assurer la régularité des votes.

Bref, tout a été fait pour que tous les habitants qui désiraient voter puisse le faire en toute transparence et en sécurité.

Ces referendums constituent donc l’expression claire de la volonté des populations de ces quatre régions administratives d’Ukraine d’appartenir désormais à la Fédération de Russie qu’elles considèrent comme leur mère patrie. Il s’agit là de la volonté du peuple exprimée librement. Les nations occidentales sont mal placées pour donner des leçons de démocratie quand elles ont créé le Kosovo au cœur de l’Europe en l’arrachant à la Serbie à coups d’obus américains et européens, sans referendum évidemment, ou quand elles ont refusé en 2005 de reconnaître le rejet par les peuples français et hollandais de la Constitution européenne proposée par referendum.

Les Ukrainiens, qu’ils soient plutôt favorables à l’UE et aux EUA, ou au contraire qu’ils penchent vers la Russie, subissent les affres d’une guerre qui leur est imposée de l’extérieur par les Etats-Unis qui veulent en réalité détruire la Russie vue comme une puissance capable, en coopérant avec l’ouest du continent, de constituer un ensemble important qui deviendrait une menace, pensent-ils. Une Russie développée et unie, qui défend son existence comme nation indépendante, forte de ses richesses naturelles et spirituelles, et qui a su reconstruire une économie florissante après les dévastations et les pillages qui ont suivi l’effondrement de l’URSS, est un mauvais exemple pour des Etats-Unis encore puissants mais minés par des théories morales subversives et des frictions internes exacerbées. Il est dramatique de voir les gouvernements européens s’associer à cette guerre qui dessert les intérêts évidents de leurs peuples et qui décime les malheureux Ukrainiens.

Cette position européenne paradoxale de soumission aveugle aux Etats-Unis dont le but, on le sait maintenant de façon documentée, est d’empêcher la formation d’une entente entre l’est et l’ouest du continent qui déboucherait logiquement sur une puissance pas nécessairement hostile mais certainement rivale de l’Amérique, soulève de plus en plus de désaccords des peuples européens qui subissent le contre-coup des sanctions contre la Russie dont les fournitures d’énergie sont indispensables au fonctionnement des économies.

Cette « soumission volontaire » au tyran pour employer les termes d’Etienne de La Boëtie au XVIème siècle est le résultat d’une incroyable propagande pro-américaine depuis la fin de la seconde guerre mondiale et de la puissance d’une oligarchie financière basée à Wall Street et la City qui a pu acheter tous les médias occidentaux et corrompre les acteurs décisifs des pouvoirs européens.

Pour y remédier, La Boëtie dans son court « Discours de la servitude volontaire » nous indique le précepte à suivre : « Soyez résolus de ne le servir plus, et vous voilà libres, je ne veux pas que vous le poussiez, ou ébranliez : mais seulement ne le soutenez plus, et vous le verrez comme un grand colosse, à qui on a dérobé la base, de son poids, de soi-même, fondre en bas et se rompre. »

Lee Etats-Unis sont devenus avec l’administration démocrate une puissance décadente propageant des perversions morales débilitantes comme les théories du genre, toujours au nom de la démocratie et du libéralisme qui ont perdu leur sens originel. Leur matérialisme, leur avidité, leur absence de spiritualité les amène à détruire tout ce qui s’oppose à leur imperium, comme autrefois au Vietnam et plus récemment en Afghanistan, en Libye, en Irak, en Syrie où ils pillent sans aucune vergogne les richesses agricoles et pétrolières.

Mais apparaissent chez eux de plus en plus de ferments de division qui devraient s’exprimer lors des élections de mi-mandat du 8 novembre prochain et qui pourraient être le début de l’ébranlement de leur puissance, et donc de leur influence sur l’Europe. Car sur notre continent, la guerre en Ukraine fait apparaître de plus en plus le caractère artificiel de l’union entre les états, et les sujets de désaccords entre eux, les pressions des peuples mécontents apparaissent de plus en plus fortes : l’UE devenue ivre de sa technostructure, déconnectée des réalités, est au bord de l’effondrement.

Sous ces influences matérialistes athées et perverses, la grande civilisation occidentale est menacée de disparaître. Mais la Russie, appuyée sur la spiritualité orthodoxe, apparaît désormais comme un rempart et, comme Dostoïevski l’a prédit dans son œuvre magistrale, pourrait devenir le phare de la résistance à l’œuvre du Démon pour toute l’Europe.

En outre, la Russie n’est pas seule et on voit de plus en plus d’alliés la rejoindre car elle bâtit des coopérations multilatérales avec de nombreux états qui gardent cependant leurs souverainetés, à l’inverse de l’Union Européenne qui se veut de plus en plus supranationale, c’est-à-dire aux ordres de l’empire.

Le monde occidental qui s’auto-proclame « communauté internationale » n’est en fait qu’une petite partie de cette dernière, de moins en moins influente : le barycentre du monde s’est déplacé vers l’est et la Russie, puissance européenne et asiatique, est un pilier du nouveau monde en gestation.

Exerçant leur droit à l’autodétermination, les populations des quatre régions de Donetsk, de Lougansk, de Zaporojie et de Kherson se sont clairement exprimées dans des referendums qui se sont déroulés conformément aux règles électorales universelles et reflètent leur volonté de rejoindre la Fédération de Russie.

AC