Encore et à nouveau sur l’hystérie russophobe aux USA

  • stoprussophobie redaction
  • mardi juillet 3, 2018
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Encore et à nouveau sur l’hystérie russophobe aux USA

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Au cœur de l’hystérie russe, quels sont les faits ? Par Jack F. Matlock Jr

https://www.les-crises.fr/au-coeur-de-lhysterie-russe-quels-sont-les-faits-par-jack-f-matlock-jr/

Voici un excellent article publié dans the Nation et traduit par nos amis des Crises sur l’hystérie russophobe aux USA avant le sommet d’Helsinki Trump-Poutine.

Nous reprenons l’article original et la traduction française.

Source : The Nation, Jack F. Matlock Jr., 01-06-2018

« Les dieux commencent par rendre fous ceux qu’ils veulent détruire »

Ce dicton – souvent attribué par erreur à Euripide – me vient la plupart du temps à l’esprit le matin quand je prends le New York Times et que je lis les derniers titres concernant le « Russiagate », qui sont souvent présentés sur deux ou trois colonnes en haut de la première page. C’est un rappel quasi quotidien de l’hystérie qui domine notre Congrès et une grande partie de nos médias.

Une illustration éclatante, parmi tant d’autres des derniers mois, est arrivé à ma porte le 17 février. Mon indignation a atteint son paroxysme lorsque j’ai découvert l’éditorial principaldu Times : « Arrêtez de laisser les Russes s’en tirer comme ça, M. Trump. » J’ai dû me demander si les rédacteurs en chef du Times ont opéré la moindre vérification préalable avant de monter sur leurs grands chevaux dans ce long éditorial, qui critiquait « la Russie » (et non les Russes) pour son « ingérence » dans les élections et exigeait des sanctions accrues contre la Russie « pour protéger la démocratie américaine » ?

Je n’avais jamais réalisé à quel point notre système politique, certes dysfonctionnel, était si faible, sous-développé ou malade que de pauvres trolls du net pouvaient lui porter atteinte. Si c’est le cas, nous ferions mieux de regarder aussi beaucoup d’autres pays, pas seulement la Russie !

Le New York Times n’est, bien sûr, pas le seul à blâmer. Son attitude éditoriale a été reproduite ou exagérée par la plupart des autres médias aux États-Unis, numériques ou papier. À moins qu’une fusillade de masse soit en train de se produire, il peut être difficile de trouver un autre sujet de discussion sur CNN. De plus en plus, aussi bien au Congrès que dans nos médias, on accepte comme un fait acquis que « la Russie » est intervenue dans les élections de 2016.

Alors quels sont précisément les faits ?

Il est établi que quelques Russes ont payé des gens comme trolls sur internet et qu’ils ont acheté des publicités sur Facebook pendant et après la campagne présidentielle de 2016. La plupart d’entre elles ont été prises ailleurs, et elles ne représentaient qu’une infime partie de toutes les publicités achetées sur Facebook durant cette période. Cela s’est poursuivi après l’élection et comprenait l’organisation d’une manifestation contre le président élu Trump.
Il est établi que des courriels provenant de la mémoire de l’ordinateur du Comité national démocrate ont été transmis à Wikileaks. Les agences de renseignement américaines qui ont publié le rapport de janvier 2017 étaient convaincues que les Russes avaient piraté les courriels et les avaient fournis à Wikileaks, mais elles n’ont fourni aucune preuve à l’appui de leurs affirmations. Même si l’on admet que les Russes sont responsables, ces courriels étaient authentiques, comme l’atteste le rapport des services de renseignements américains. J’ai toujours pensé que la vérité était censée nous rendre libres, et non pas dégrader notre démocratie.
Il est vrai que le gouvernement russe a mis en place un service de télévision sophistiqué (RT) qui diffuse des divertissements, des informations, et – en effet – de la propagande à destination des audiences étrangères, y compris celle des États-Unis. Son audience est incomparablement plus réduite que celle de Fox News. Fondamentalement, sa mission est de présenter la Russie sous un jour plus favorable que dans les médias occidentaux. Il n’y a pas eu d’analyse de ses éventuels effets sur le vote aux États-Unis. Le rapport des services de renseignement américains de janvier 2017 déclare d’emblée : « Nous n’avons pas évalué l’impact des activités russes sur le résultat des élections de 2016 ». Néanmoins, ce rapport a été cité à maintes reprises par des hommes politiques et les médias comme l’ayant eu.
Il est vrai aussi que de nombreux responsables russes (mais pas tous, et de loin) ont exprimé une préférence pour la candidature de Trump. Après tout, la secrétaire d’État Hillary Clinton avait comparé le président Poutine à Hitler et avait demandé que l’armée américaine intervienne plus activement à l’étranger, alors que Trump avait dit qu’il serait préférable de coopérer avec la Russie plutôt que de la traiter comme une ennemie. Le jugement d’analystes professionnels ne devrait pas être nécessaire pour comprendre pourquoi de nombreux Russes trouvaient les déclarations de Trump plus cordiales que celles de Clinton. Sur le plan personnel, la plupart de mes amis et contacts russes avaient des doutes sur Trump, mais tous trouvaient désagréable le ton russophobe de Clinton, ainsi que plusieurs déclarations faites par Obama à partir de 2014. Ils ont considéré le commentaire public d’Obama selon lequel « la Russie ne produit rien » comme une insulte gratuite (ce qui était le cas), et se sont inquiété du désir exprimé par Clinton d’apporter un soutien militaire accru aux « modérés » en Syrie. Mais le Russe moyen, et sans doute n’importe quel fonctionnaire de l’administration Poutine, avaient compris que les commentaires de Trump étaient favorables à l’amélioration des relations, ce qu’ils préféraient incontestablement.
Il n’y a aucune preuve que les dirigeants russes pensaient que Trump l’emporterait ou qu’ils pourraient avoir une influence directe sur le résultat. Il s’agit d’une allégation qui n’a pas été corroborée. Le rapport de janvier 2017 de la communauté du renseignement indique qu’en fait les dirigeants russes, comme la plupart des autres, pensaient que Clinton serait élue.
Il n’y a aucune preuve que les activités russes aient pu avoir un impact tangible sur le résultat de l’élection. Personne ne semble avoir fait une étude, même superficielle, de l’effet des actions russes sur le vote. En revanche, le rapport de la communauté du renseignement indique explicitement que « les types de systèmes que nous avons vus ciblés ou compromis par des acteurs russes ne sont pas impliqués dans le décompte des voix ». De plus, l’ancien directeur du FBI James Comey et le directeur de la NSA Mike Rogers ont témoigné qu’il n’y a aucune preuve que les activités russes ont eu un effet sur le décompte des voix.
Rien ne prouve non plus qu’il y ait eu une coordination directe entre la campagne Trump (à peine un effort bien organisé) et les responsables russes. Jusqu’à présent, les accusations du procureur spécial portent sur le fait d’avoir menti au FBI ou concernent des infractions non liées à la campagne, comme le blanchiment d’argent ou le fait de ne pas s’être enregistré en tant qu’agent étranger.
Quel est donc le fait le plus important en rapport avec le résultat des élections américaines ?

Le fait le plus important, masqué dans l’hystérie du Russiagate, est que les Américains ont élu Trump selon les termes établis dans la Constitution. Les Américains ont créé le collège électoral, qui permet à un candidat ayant une minorité de votes populaires de devenir président. Les Américains sont ceux qui ont manipulé les circonscriptions électorales pour les truquer en faveur d’un parti politique donné. La Cour suprême a rendu la décision tristement célèbre, dite Citizens United, qui permet aux entreprises de financer les candidats à des postes politiques. (Hé oui, l’argent parle et exerce sa liberté d’expression ; les entreprises sont le peuple !) Les Américains ont créé un Sénat qui est tout sauf démocratique, puisqu’il donne une représentation disproportionnée à des États dont la population est relativement réduite. Ce sont les sénateurs américains qui ont établi des procédures non démocratiques qui permettent à des minorités, même parfois à de simples sénateurs, de bloquer la législation ou la confirmation des nominations.

Cela ne veut pas dire que la présidence de Trump est bonne pour le pays, simplement parce que les Américains l’ont élu. A mon avis, les élections présidentielles et législatives de 2016 représentent un danger imminent pour la République. Elles ont créé des catastrophes potentielles qui mettront sérieusement à l’épreuve les contrôles et les équilibres prévus dans notre Constitution. Cela est particulièrement vrai dans la mesure où les deux chambres du Congrès sont contrôlées par le Parti républicain, qui représente lui-même moins d’électeurs que le parti d’opposition.

Personnellement, je n’ai pas voté pour Trump, mais je trouve ridicule, pathétique et honteux les accusations selon lesquelles les actions russes auraient interféré dans l’élection et – du coup – détérioré la qualité de notre démocratie.

« Ridicule » parce qu’il n’y a aucune raison logique de penser que ce qu’ont fait les Russes a pu avoir une influence sur la manière dont les gens ont voté. Dans le passé, lorsque les dirigeants soviétiques ont tenté d’influencer les élections américaines, cela s’est retourné contre eux – comme ça se passe avec l’ingérence étrangère généralement partout. En 1984, Yuri Andropov, le dirigeant soviétique de l’époque, a donné pour deuxième tâche la plus importante au KGB d’empêcher la réélection de Ronald Reagan. Tout ce que les Soviétiques ont réussi – en dépeignant Reagan comme un belliciste alors qu’Andropov refusait de négocier sur les armes nucléaires – c’est aider Reagan à remporter 49 États sur 50.

« Pathétique » parce qu’il est clair que le Parti démocrate a perdu l’élection. D’accord, il a remporté le vote populaire, mais les présidents ne sont pas élus par le suffrage populaire. Blâmer quelqu’un d’autre pour ses propres erreurs est un cas pathétique d’aveuglement.

« Honteux » parce que c’est fuir ses responsabilités. Cela empêche les démocrates et ceux parmi les républicains qui veulent à Washington un gouvernement responsable et se basant sur les faits de se concentrer sur les moyens pratiques de réduire la menace que la présidence Trump fait peser sur nos valeurs politiques et même sur notre existence future. Après tout, Trump ne serait pas président si le Parti républicain ne l’avait pas investi. Il est également fort peu probable qu’il aurait gagné le Collège électoral si les démocrates avaient investi quelqu’un d’autre – presque n’importe qui – que la candidate qu’ils ont choisie, ou si cette candidate avait mené une campagne plus professionnelle. Je ne prétends pas que rien de tout cela était juste ou rationnel, mais qui est naïf au point de prétendre que la politique américaine est juste ou rationnelle ?

Au lieu d’affronter les faits et de faire face à la réalité actuelle, les promoteurs du Russiagate, tant au sein du gouvernement que dans les médias, détournent notre attention des véritables menaces.

Je devrais ajouter « dangereux » à ces trois adjectifs. « Dangereux » parce que faire un ennemi de la Russie, l’autre superpuissance nucléaire – oui, il y en a encore deux – est aussi proche de la folie politique que tout ce à quoi je peux penser. A plus longue vue, nier le réchauffement climatique est aussi en haut de mon classement, mais seules les armes nucléaires représentent, par leur existence même et les quantités qui sont stockées en Russie et aux États-Unis, une menace immédiate pour l’humanité – pas seulement pour les États-Unis et la Russie et pas seulement pour la « civilisation ». La triste réalité, souvent oubliée, c’est que, depuis la création des armes nucléaires, l’humanité a la capacité de se détruire et de rejoindre d’autres espèces disparues.

Lors de leur première rencontre, le président Ronald Reagan et le secrétaire général Mikhaïl Gorbatchev ont convenu « qu’une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée ». Tous deux croyaient en cette vérité simple et évidente, et leur conviction leur a permis de mettre les deux pays sur une voie qui a mis fin à la guerre froide. Nous devrions réfléchir sérieusement pour déterminer comment et pourquoi cette vérité simple et évidente a été ignorée dernièrement par les gouvernements des deux pays.

Nous devons renoncer à notre folie russophobe actuelle et encourager les présidents Trump et Poutine à rétablir la coopération dans les domaines de la sécurité nucléaire, de la non-prolifération, du contrôle des matières nucléaires et de la réduction des armes nucléaires. C’est dans l’intérêt vital des États-Unis et de la Russie. C’est la question centrale sur laquelle des gouvernements sains d’esprit et les populations saines d’esprit devraient concentrer leur attention.

Jack F. Matlock Jr, ambassadeur en Union soviétique de 1987 à 1991, est l’auteur de Reagan and Gorbatchev : How the Cold War Ended [Reagan et Gorbatchev: Comment la Guerre Froide a pris fin, NdT] et Superpower Illusions : How Myths and False Ideologies Led America Astray – And How to Return to Reality [Les illusions de superpuissance: comment les mythes et les fausses idéologies ont égaré l’Amérique et comment revenir à la réalité, NdT].

Source : The Nation, Jack F. Matlock Jr., 01-06-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Et voici la version originale de THE NATION

Amid ‘Russiagate’ Hysteria, What Are the Facts?
We must end this Russophobic insanity.

By Jack F. Matlock Jr.JUNE 1, 2018
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Special counsel Robert Mueller departs the Capitol after a meeting with the Senate Judiciary Committee in Washington on June 21, 2017. (AP Photo / J. Scott Applewhite)

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“Whom the gods would destroy, they first make mad.”

That saying—often misattributed to Euripides—comes to mind most mornings when I pick up The New York Times and read the latest “Russiagate” headlines, which are frequently featured across two or three columns on the front page above the fold. This is an almost daily reminder of the hysteria that dominates our Congress and much of our media.

A glaring example, just one of many from recent months, arrived at my door on February 17. My outrage spiked when I opened to the Times’ lead editorial: “Stop Letting the Russians Get Away With It, Mr. Trump.” I had to ask myself: “Did the Times’ editors perform even the rudiments of due diligence before they climbed on their high horse in this long editorial, which excoriated ‘Russia’ (not individual Russians) for ‘interference’ in the election and demanded increased sanctions against Russia ‘to protect American democracy’?”

It had never occurred to me that our admittedly dysfunctional political system is so weak, undeveloped, or diseased that inept Internet trolls could damage it. If that is the case, we better look at a lot of other countries as well, not just Russia!

The New York Times, of course, is not the only offender. Its editorial attitude has been duplicated or exaggerated by most other media outlets in the United States, electronic and print. Unless there is a mass shooting in progress, it can be hard to find a discussion of anything else on CNN. Increasingly, both in Congress and in our media, it has been accepted as a fact that “Russia” interfered in the 2016 election.

So what are the facts?

It is a fact that some Russians paid people to act as online trolls and bought advertisements on Facebook during and after the 2016 presidential campaign. Most of these were taken from elsewhere, and they comprised a tiny fraction of all the advertisements purchased on Facebook during this period. This continued after the election and included organizing a demonstration against President-elect Trump.
It is a fact that e-mails in the memory of the Democratic National Committee’s computer were furnished to Wikileaks. The US intelligence agencies that issued the January 2017 report were confident that Russians hacked the e-mails and supplied them to Wikileaks, but offered no evidence to substantiate their claim. Even if one accepts that Russians were the perpetrators, however, the e-mails were genuine, as the US intelligence report certified. I have always thought that the truth was supposed to make us free, not degrade our democracy.
It is a fact that the Russian government established a sophisticated television service (RT) that purveyed entertainment, news, and—yes—propaganda to foreign audiences, including those in the United States. Its audience is several magnitudes smaller than that of Fox News. Basically, its task is to picture Russia in a more favorable light than has been available in Western media. There has been no analysis of its effect, if any, on voting in the United States. The January 2017 US intelligence report states at the outset, “We did not make an assessment of the impact that Russian activities had on the outcome of the 2016 election.” Nevertheless, that report has been cited repeatedly by politicians and the media as having done so.
It is a fact that many senior Russian officials (though not all, by any means) expressed a preference for Trump’s candidacy. After all, Secretary of State Hillary Clinton had compared President Putin to Hitler and had urged more active US military intervention abroad, while Trump had said it would be better to cooperate with Russia than to treat it as an enemy. It should not require the judgment of professional analysts to understand why many Russians would find Trump’s statements more congenial than Clinton’s. On a personal level, most of my Russian friends and contacts were dubious of Trump, but all resented Clinton’s Russophobic tone, as well as statements made by Obama from 2014 onward. They considered Obama’s public comment that “Russia doesn’t make anything” a gratuitous insult (which it was), and were alarmed by Clinton’s expressed desire to provide additional military support to the “moderates” in Syria. But the average Russian, and certainly the typical Putin administration official, understood Trump’s comments as favoring improved relations, which they definitely favored.
There is no evidence that Russian leaders thought Trump would win or that they could have a direct influence on the outcome. This is an allegation that has not been substantiated. The January 2017 report from the intelligence community actually states that Russian leaders, like most others, thought Clinton would be elected.
There is no evidence that Russian activities had any tangible impact on the outcome of the election. Nobody seems to have done even a superficial study of the effect Russian actions actually had on the vote. The intelligence-community report, however, states explicitly that “the types of systems we observed Russian actors targeting or compromising are not involved in vote tallying.” Also both former FBI director James Comey and NSA director Mike Rogers have testified that there is no proof Russian activities had an effect on the vote count.
There is also no evidence that there was direct coordination between the Trump campaign (hardly a well-organized effort) and Russian officials. The indictments brought by the special prosecutor so far are either for lying to the FBI or for offenses unrelated to the campaign such as money laundering or not registering as a foreign agent.
So, what is the most important fact regarding the 2016 US presidential election?

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The most important fact, obscured in Russiagate hysteria, is that Americans elected Trump under the terms set forth in the Constitution. Americans created the Electoral College, which allows a candidate with a minority of popular votes to become president. Americans were those who gerrymandered electoral districts to rig them in favor of a given political party. The Supreme Court issued the infamous Citizens United decision that allows corporate financing of candidates for political office. (Hey, money talks and exercises freedom of speech; corporations are people!) Americans created a Senate that is anything but democratic, since it gives disproportionate representation to states with relatively small populations. It was American senators who established non-democratic procedures that allow minorities, even sometimes single senators, to block legislation or confirmation of appointments.

Now, that does not mean that Trump’s presidency is good for the country, just because Americans elected him. In my opinion, the 2016 presidential and congressional elections pose an imminent danger to the republic. They have created potential disasters that will severely try the checks and balances built into our Constitution. This is especially true since both houses of Congress are controlled by the Republican Party, which itself represents fewer voters than the opposition party.

I did not personally vote for Trump, but I consider the charges that Russian actions interfered in the election, or—for that matter—damaged the quality of our democracy ludicrous, pathetic, and shameful.

“Ludicrous” because there is no logical reason to think that anything that the Russians did affected how people voted. In the past, when Soviet leaders tried to influence American elections, it backfired—as foreign interference usually does everywhere. In 1984, Yuri Andropov, the Soviet leader then, made preventing Ronald Reagan’s reelection the second-most-important task of the KGB. (The first was to detect US plans for a nuclear strike on the Soviet Union.) Everything the Soviets did—in painting Reagan out to be a warmonger while Andropov refused to negotiate on nuclear weapons—helped Reagan win 49 out of 50 states.

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“Pathetic” because it is clear that the Democratic Party lost the election. Yes, it won the popular vote, but presidents are not elected by popular vote. To blame someone else for one’s own mistakes is a pathetic case of self-deception.

“Shameful” because it is an evasion of responsibility. It prevents the Democrats, and those Republicans who want responsible, fact-based government in Washington, from concentrating on practical ways to reduce the threat the Trump presidency poses to our political values and even to our future existence. After all, Trump would not be president if the Republican Party had not nominated him. He also is most unlikely to have won the Electoral College if the Democrats had nominated someone—almost anyone—other than the candidate they chose, or if that candidate had run a more competent campaign. I don’t argue that any of this was fair, or rational, but then who is so naive as to assume that American politics are either fair or rational?

Instead of facing the facts and coping with the current reality, the Russiagate promoters, in both the government and the media, are diverting our attention from the real threats.

I should add “dangerous” to those three adjectives. “Dangerous” because making an enemy of Russia, the other nuclear superpower—yes, there are still two—comes as close to political insanity as anything I can think of. Denying global warming may rank up there too in the long run, but only nuclear weapons pose, by their very existence in the quantities that are on station in Russia and the United States, an immediate threat to mankind—not just to the United States and Russia and not just to “civilization.” The sad, frequently forgotten fact is that, since the creation of nuclear weapons, mankind has the capacity to destroy itself and join other extinct species.

In their first meeting, President Ronald Reagan and then General Secretary Mikhail Gorbachev agreed that “a nuclear war cannot be won and must never be fought.” Both believed that simple and obvious truth and their conviction enabled them to set both countries on a course that ended the Cold War. We should think hard to determine how and why that simple and obvious truth has been ignored of late by the governments of both countries.

We must desist from our current Russophobic insanity and encourage Presidents Trump and Putin to restore cooperation in issues of nuclear safety, non-proliferation, control of nuclear materials, and nuclear-arms reduction. This is in the vital interest of both the United States and Russia. That is the central issue on which sane governments, and sane publics, would focus their attention.

Jack F. Matlock Jr.Jack F. Matlock Jr., ambassador to the Soviet Union from 1987 to 1991, is the author of Reagan and Gorbachev: How the Cold War Endedand Superpower Illusions: How Myths and False Ideologies Led America Astray—And How to Return to Reality.