Etudes médiévales et russophobie
La peste au Moyen-âge : c’est la faute aux Russes !
Nous voilà enfin fixés ! C’est au Moyen-Age qu’il faut remonter pour comprendre l’acharnement que mettrait la Russie à nuire à l’Europe.
Qui l’eût cru ?
La souche de la peste noire qui a dévasté l’Europe au XIVème siècle, le bacille Yersinia pestis, proviendrait de la région de la Volga, donc bien en Russie. Du moins si l’on s’en réfère à un article de la revue américaine (qui l’eût cru!) Science de ce 3 octobre 2019, sous la plume d’Ann Gibbons.
Sous le titre «L’analyse d’un ADN du Moyen-Âge montre que la région de la Volga est un possible foyer de l’épidémie de peste » l’auteur procède de la façon suivante :
- Les premières mentions documentées de l’apparition de la peste en Russie, dans la Basse Volga, remontent à 1346, sans toutefois que l’on connaisse vraiment l’origine de la souche.
- Des chercheurs de la société allemande Max Planck, à Iéna, ont procédé à des études de 34 génomes du bacille de la peste à partir de restes humains, notamment à Toulouse. «Ils ont découvert, écrit Ann Gibbons, les témoignages les plus anciens connus de cette pandémie dans des charniers non loin de la ville de Laïchevo, dans la région de la Volga en Russie. Les chercheurs y ont trouvé la souche Y.Pestis, ancêtre commun de tous les autres génomes qu’ils avaient étudiés et qui ne se distinguait de ceux qui ont causé la peste noire en Europe que par une seule mutation. Ces scientifiques ont fait part de leur découverte dans le numéro d’aujourd’hui de la revue scientifique Nature Communications».
- Et de conclure avec ce par quoi il aurait fallu commencer: il n’est pas sûr que la région de la Volga soit l’épicentre de cette peste noire. Il se peut que l’origine soit en Asie occidentale, où il faudra que les chercheurs aillent traquer le vieil ADN.
Trois remarques:
- Il est fort louable que des chercheurs s’intéressent aux origines d’une maladie qui a effectivement causé des pertes immenses en Europe au Moyen-Âge. Simplement, si les historiens s’accordent sur la datation – le milieu du XIVème siècle – de cette première grande peste qui a fait 25 millions de victimes, la plupart sont unanimes à reconnaître que les foyers sont multiples: Asie, Moyen Orient, Maghreb et, peut-être, l’Afrique sub-saharienne.
- Pourquoi tenter aussi insidieusement d’incriminer la Russie, précisément aujourd’hui, dans le contexte géopolitique actuel extrêmement tendu ? Un argument de plus pour convaincre le plus grand nombre qu’il faut fuir les Russes «comme la peste»?
- Encore moins drôle : souhaitons que ces nouvelles “découvertes” sur la peste ne soient pas liées à des recherches américaines de guerre bactériologique, comme certaines fuites en Géorgie et en Ukraine pourraient le faire croire.