Florilège russophobe sur France-info

stoprussophobie redaction
dimanche février 19, 2017
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Capture d'écran de https://www.youtube.com/watch?v=JByZdEa2KE4

Guerre «froide» : Les invités de France Info remettent le paquet !

En ce 16 février 2016, sur France-Info dans l’émission le 7/9, tous les poncifs russophobes servis par Nicolas Tenzer, habituellement présenté comme un expert, étaient à nouveau de sortie et les menaces contre la liberté d’information et d’expression de points de vue différents des Tenzer et consorts clairement exprimés.

Nous avons évidemment eu droit à la classique et routinière «annexion de la Crimée» (déjà traitée sur Stoprussophobie ), en tant que chef d’accusation supplémentaire et distinct, à «l’invasion de l’Ukraine», thème relativement abandonné aujourd’hui par ses plus fervents propagateurs pour éviter le ridicule [6] mais que la propagande russophobe tente de relancer.

L’évocation de l’intervention en Géorgie faisait bien entendu l’impasse sur la cause du conflit, c’est à dire l’attaque de l’Ossétie du sud par les Géorgiens de Saakachvili et les soldats d’interposition sous mandat de l’ONU massacrés [7].

Celle de la guerre de Tchétchénie sous entendait que cette guerre, commencée en 1994 sous Eltsine et relancée en 1999 par le terroriste Chamil Bassaïev, avait été voulue et planifiée par le Chef d’État russe actuel. Et bien entendu, pas de bon plaidoyer anti-russe sans évocation des «crimes de guerre» en Syrie contre les “gentils rebelles” islamistes, à l’heure où plus personne ne nous parle d’Alep «tombée»… Certains commencent à se douter de la raison [8].

Et enfin, comme la géopolitique ne suffisait plus pour assouvir le besoin de haine, Tenzer eu même recourt à la dernière intox russophobe à la mode et déjà traitée sur ce site même [9] : Les violences conjugales soi-disant dépénalisées par le gouvernement russe !

Qui est donc ce Nicolas Tenzer, habituellement présenté comme fondateur de «l’Initiative pour le Développement de l’Expertise Française à l’International et en Europe» (IDEFIE) et président du «Centre d’études et de réflexion pour l’action politique» (CERAP). Ces titres qui sonnent comme la dénomination d’organismes officiels impressionneront à coup sûr le public qui ne retiendra finalement que les mots «expertise française», «études» et «international». Or, ce matin là, les études et l’expertise se sont plutôt limitées à de la propagande de guerre pure et simple à l’encontre de la Russie [1], sans même aucun soin ni effort de démonstration.

Que sont les deux organismes dirigés par Nicolas Tenzer ? Le rôle de l’IDEFIE, officiellement une association, s’apparente plutôt à une activité de consultant auprès des entreprises françaises et de l’Etat à l’international. Ses fondateurs sont principalement d’anciens hauts fonctionnaires bénéficiant de leurs réseaux de relations pour se maintenir parmi les interlocuteurs privilégiés du gouvernement, lesquels ont été rejoints par de nombreux acteurs du secteur privé.

Même s’il est évident que la dite association milite activement pour une orientation bien définie de la politique économique et commerciale du monde, sa connotation politique plus générale et son orientation géopolitique ne sont pas si tranchées que celles du CERAP. Car le CERAP (à ne surtout pas confondre avec l’organisme consultant en radioprotection du même nom, bien plus ancien) annonce plus clairement la couleur, par le biais de sa «Revue le Banquet» [2] qui en présente ainsi l’orientation : «Les textes politiques voisinent avec des articles philosophiques, l’histoire y côtoie l’économie, la sociologie jouxte la politique étrangère». Insistant sur une prétendue pluralité des points de vue, il est ajouté : «L’esprit critique et la liberté de jugement font partie des valeurs fondamentales que défend Le Banquet». Cela n’empêchera pourtant pas Tenzer d’exposer, lors de l’intervention sur France Info, des assertions sur un ton impératif et interdisant toute discussion.

Lors d’interventions dans les médias, quoi de mieux, lorsqu’on souhaite diffuser ce qu’on peut qualifier de propagande, que de jouer sur un tel mélange des genres ? C’est donc sous l’aspect « faiseur d’opinion » qu’il faut considérer le passage de l’intéressé ce matin-là sur France Info, et non sous celui de l’expert neutre convoqué pour dispenser généreusement ses talents aux auditeurs. Evidemment et comme d’habitude maintenant notamment sur les médias de services publics que nous payons tous pourtant, aucun point de vue alternatif ou simplement de rétablissement des faits n’est présenté ou même autorisé à s’exprimer. Donc voie libre aux contre-vérités et aux poncifs.

Ne nous y trompons pas, il ne s’agit pas ici pour l’intervenant de suivre simplement la tendance pour se faire remarquer positivement au sein de la sphère politco-médiatique. Son militantisme obsessionnel anti-russe profond et systématique ne date pas d’aujourd’hui, au point que tous ceux qui en Europe peuvent s’apparenter de près ou de loin à des ennemis de la Russie font l’objet d’encouragements de sa part.

On peut supposer une certaine déception chez lui quand on voit qu’en 2011, pour «Actu’ Entreprise» [10], il déclarait tout heureux et sous l’angle du mépris : «c’est maintenant que la Russie va disparaitre du monde». Il ajoutait plus loin : «C’est un pays en perdition! C’est un pays en déclin démographique! » accompagnés des autres clichés de plus en plus périmés de nos jours.

C’est d’ailleurs cela qui semble bien l’inquiéter : Non seulement la Russie se redéveloppe, ne confirmant pas ses prédictions, mais de plus elle ne suit pas la doxa de ce que Tenzer appelle lui-même assez souvent et de manière décomplexée : «l’ordre libéral». L’ambiguïté de ce terme, emprunté aux interventionnistes américains tels que John MacCain, donne une idée de la façon dont il envisage la politique étrangère et les relations internationales avec ceux qui ne veulent pas s’aligner.

Une autre allusion lors du même entretien le confirme : « Je crois que la générosité et la conquête ne sont pas du tout des termes opposés. Il faut se battre. Mais il faut se battre non pas, je dirais de manière envieuse, mais il faut se battre dans une manière ouverte».

De manière ouverte, soit. Mais notre combattant joue-t-il pour autant le jeu avec honnêteté ? Sûrement pas. Notre démocrate conquistador n’hésite pas à s’attaquer violemment aux blogs et sites d’information alternatifs défendant ou expliquant la position de la Russie ou pronant simplement la complémentarité européenne entre l’ouest et l’est du continent, comme stoprussophobie. Il les appelle évidemment des «relais» de la presse russe… Il ne précise pas laquelle puisqu’il tente de faire croire qu’elle serait monolithique.

Mais on ne s’arrête pas au simple jugement de valeur. Ça va beaucoup plus loin : «On peut surveiller les relais, fermer les relais», affirme-t-il sans scrupules de démocratie, probablement parce-qu’il est plus facile de débattre de cette manière, face à une journaliste qui ne fait que l’inviter à en rajouter encore et encore. C’est quasiment à regrets qu’ils admettent ensemble qu’on ne peut pas faire fermer les agences de presse russes qui auraient comme particularité d’être liées à leur gouvernement… Connaissez vous un pays dont les agences de presse internationales ne dépendent pas du gouvernement et tirent à boulets rouges sur sa politique internationale ?

Toute prise de position, même bien timide, en faveur d’un rapprochement franco-russe est condamné sans appel, même dans le spectre politique des plus traditionnels. Ce n’est pas pour rien que notre combattant de «l’ordre libéral» est allé casser du sucre sur un candidat à la présidentielle jusqu’en Ukraine [11]. Mais bien sûr, il a le droit de faire cela, ainsi que d’intervenir dans la politique roumaine [12], contrairement aux prétendus propagandistes russes, puisqu’il est le chevalier de «l’ordre libéral». Et peu importe pour beaucoup qu’il use de sa position volontairement ambigüe, mi officielle mi indépendante, pour perpétrer ses opérations d’influence.

Mais finalement, quel était le sujet clé de l’émission ? On l’a presque oublié, tant il était futile. Ah oui ! Une candidate américaine était prête à déclencher une guerre nucléaire pour ça : Un supposé piratage des moyens de campagne d’un parti politique, et une supposée diffusion de fausses informations au sujet d’un candidat [13]…

Renvois aux liens :

[1] L’émission en question sur France Info :

http://www.francetvinfo.fr/politique/emmanuel-macron/presidentielle-il-y-a-une-vulnerabilite-de-tous-les-sites-informatiques-de-campagne_2062667.html

[2] Page d’accueil de la « Revue le Banquet » :

http://www.revue-lebanquet.com/presentation-de-la-revue-2/

[3] Interview accordée à Bruno Racouchot en février 2012 :

http://www.comes-communication.com/files/newsletter/Communication&Influence_Fevrier2012_Bruno_Racouchot.pdf

[4] Le cas de la Crimée (plus court) :

http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/le-vieux-pretexte-de-la-crimee-qui-189332

[5] Le Mémorandum de Budapest (plus détaillé, reprenant la Crimée) :

http://www.stoprussophobie.info/index.php/top-actu-menu/item/95-qui-a-annexe-la-crimee

[6] Les « invasions de l’Ukraine » commentés par les ukrainiens eux-mêmes: