Du possible au plausible pour justifier des actes de guerre
Frappes sur la Syrie : la manipulation du possible en plausible et finalement en preuve
A la suite des récentes frappes aériennes sur la Syrie dans la nuit du Samedi 14 à Dimanche 15 Avril par une coalition regroupant les Etats Unis, la Grande Bretagne et la France, durant laquelle il semblerait que plus d’une centaine de missiles aient été envoyés sur Damas et ses environs, il convient de s’interroger sur quelle base exacte ces pays se sont appuyés pour justifier cette action militaire qui bafoue la souveraineté de la Syrie, piétine le droit international, et se dispense de toute autorisation du Conseil de Sécurité des Nations Unies.
Dans les heures et jours suivant le 07 Avril des rapports et vidéos émanant d’organisations non gouvernementales et « d’activistes » locaux seraient apparus sur internet dans lesquels sont décrites des attaques chimiques perpétrées par les forces gouvernementales Syriennes le 7 Avril 2018 sur la population civile à Douma dans la province de l’Est du Ghouta en Syrie.
Ces ONG incluent le Syrian American Medical Society (dont les liens avec USAID c’est à dire le gouvernement Americain sont bien connus) et l’Union of Medical Care and Relief Organizations (fondée en France et dont le site web exprime peu de sympathie pour le gouvernement Syrien).
Sur la base de ces rapports et sans aucune investigation sur leur degré d’authenticité, le cénacle des pays atlantistes (Etats Unis, Canada, Australie et Europe) s’est immédiatement déclaré outragé et horrifié par ces supposées attaques chimiques, et en a avec une célérité véritablement impressionnante attribué « l’irréfutable » responsabilité au gouvernement Syrien.
Ce qui est tout aussi impressionnant c’est l’absence d’informations concrètes validant ces preuves « irréfutables », et aussi bien l’absence d’information sur l’identité et la nature de leurs sources ultimes ou réelles.
En particulier des vidéos choquantes ont été diffusées montrant des syriens adultes et enfants gisant inanimés, dont certains avec une mousse blanchâtre sur les lèvres pour illustrer l’ampleur de la catastrophe humanitaire et la cruauté du régime de Damas.
Sur la base de ces vidéos et rapports on s’attendrait à une profusion de cadavres et de malades empoisonnés. Cependant comme Vladimir Chizov ambassadeur Russe auprès de UE a récemment déclaré, les inspecteurs et docteurs russes après une inspection détaillée et méthodique de la supposée zone d’attaque chimique n’y ont trouvé aucun cadavre et aucun malade soigné pour inhalation de gaz toxique dans (l’unique) hôpital de Douma.
Une source avancée pour justifier les accusations contre Damas est la déclaration de la WHO (Organisation Mondiale de la Santé) selon laquelle il y aurait eu effectivement attaque chimique à Douma. Mais à bien y regarder sur le site du WHO il apparait que les sources du WHO seraient uniquement des rapports de « certains partenaires » du groupe Health Cluster du WHO (dont l’objet officiel est de formuler et mettre en œuvre des plans de secours d’urgence en cas de catastrophes sanitaires ou humanitaires).
Mais selon Gennady Gatilov, représentant Russe auprès des Nations Unies à Genève, ces “partenaires” ne seraient autres que les (in)fameux “Casques Blancs” eux mêmes … Dont on rappelle qu’ils sont au moins en partie financés et par le Foreign Office Britannique et par le State Department Américain. Deux administrations appartenant à des nations férocement opposées au gouvernement Syrien. La neutralité des Casques Blancs vis à vis du gouvernement de Bachar El Assad et la visée strictement humanitaire de leur actions sont donc hautement disputables et disputées. De plus l’armée syrienne a récemment découvert à Saqba en Ghouta de l’Est plusieurs studios de prise de vue et de filmage appartenant aux Casques Blancs pour la production de vidéos. On se demande l’intérêt que peut présenter pour une organisation supposée humanitaire des locaux et équipement de tournage de film si ce n’est pour créer des « preuves » incriminant le gouvernement syrien.
Il apparaît donc le WHO en tant qu’organisation de stature internationale, issue des Nations Unies s’est basé sans attendre (encore une fois cette célérité étonnante dans toute cette affaire) aucune corroboration sur des informations de nature et de source fortement douteuses, non authentifiées et probablement partisanes et ce pour conclure que le gouvernement syrien était coupable d’attaques chimiques à Douma.
Ceci est crucial, à cause de la crédibilité et visibilité du WHO en matière de santé, auprès des gouvernements, des média, et surtout auprès de l’opinion publique. Tout cela a donc suffit pour les gouvernements des Etats Unis, Grande Bretagne, et France pour s’estimer libre de frapper un pays souverain sans qu’aucune investigation indépendante et recherche de responsabilité n’aient été véritablement entreprises.
Finalement, il y a eu un grand absent dans toute cette affaire. Un absent de poids car c’est en effet l’Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques, abrégée en OIAC, fondée en 1997 et basée au Pays Bas, dont le rôle officiel est de veiller à ce que la Convention internationale sur les armes chimiques soit bien appliquée par les États l’ayant signée, mais aussi d’envoyer des inspecteurs sur place pour analyser et mesurer la possibilité et nature d’une attaque chimique.
Suite aux accusations d’attaques chimiques le 07 Avril, l’OIAC a donc décidé d’envoyer une équipe d’inspecteurs sur place à Douma pour effectuer ce travail d’investigation. Ils sont arrivés Samedi 14 Avril.
Mais quel que soit le résultat de leur inspection, il n’aura pas empêché les USA, GB, et France de bombarder au préalable la Syrie…
Finalement, nous en venons à la position de la France dans cette affaire. Cette position est résumée dans un document officiel de 7 pages intitulé :
« Évaluation nationale, Attaque chimique du 7 avril 2018 (Douma, Ghouta orientale, Syrie)
Programme chimique syrien clandestin » 14 avril 2018
dans lequel il est presque uniformément déclaré sans preuve ni évidence et juste sur la base de suspicion, de supposition, et autres inférences que :
- d’après examen visuel de photographies et de vidéos montrant des victimes des « experts Français » ont conclu à une attaque chimique.
- l’usage du chlore étant probable puisque utile d’un point de vue tactique et stratégique et que le gouvernement était suspecté de l’avoir déjà utilisé en 2016.
- le gouvernement Français ne dispose pas d’informations sur la possibilité que les forces rebelles aient procédé à des attaques chimiques ou aient détenus des stock d’agents chimiques.
- le gouvernement Syrien, en dépit du désarmement chimique effectué en 2013 sous l’égide de l’OIAC, a conservé des laboratoires et stock d’agents chimiques secrets.
- de plus en plus d’attaques chimiques ont eu lieu depuis 2017 et dans lesquelles le rôle du gouvernement Syrien est considéré probable.
Le document conclut donc que sur la base de ces éléments :
« la France considère qu’au delà de tout doute possible une attaque chimique sur de civils a eu lieu à Douma le 07 Avril 2018 et qu’il n’y a d’autre plausible scénario qu’une attaque de la part des forces du gouvernement Syrien dans le cadre d’une offensive de large envergure dans l’enclave de l’Est du Ghouta. »
Je laisse au lecteur le soin d’apprécier, et aux inspecteurs de l’OAIC de commencer leur difficile tâche à Douma.
Et pour conclure, la déclaration du président de la république dans laquelle le possible, le supposé, le tendancieux, l’incomplet, et le partisan, sont chacuns devenus ….preuve :
“Nous avons la preuve, que la semaine dernière, il y a maintenant près de dix jours, des armes chimiques ont été utilisées-au moins du chlore-et quelles ont été utilisées par le régime de Bachar Al Assad”
Emmanuel Macron
12 Avril 2018
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