Haine russophobe : pourquoi ?

  • stoprussophobie redaction
  • lundi juillet 25, 2022
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Haine russophobe : pourquoi ?
photo Izborsk-club.ru

L’OCCIDENT VS/ RUSSIE : POURQUOI TANT DE HAINE ?

Depuis la prise de fonction de Joe Biden, l’agressivité américaine vis-à-vis
de la Russie n’a pas attendu les évènements d’Ukraine pour s’exprimer
dangereusement aux Etats-Unis et dans la monde . Elle est dans la continuité
des prises de position antérieures des démocrates. Que Biden ait qualifié
Poutine de « tueur » le 17 mars 2021 est assez stupéfiant et sans précédent
dans les relations diplomatiques ordinaires. Moscou avait immédiatement
rappelé son ambassadeur. Le secrétaire d’Etat, Antony Blinken, avait ajouté :
« Nous allons travailler pour faire rendre des comptes à la Russie pour ses actes
antagonistes et ses violations des droits de l’homme. »

Au même moment, ’exercice Defender Europe 2021 des forces de l’OTAN
en Europe orientale s’était accompagné de provocations verbales du président
de l’Ukraine qui avaient obligé la Russie à faire une démonstration de force à
la frontière des deux pays.
Atmosphère de guerre à Washington
Dans leur cocon introverti, les Français ne se sont longtemps pas rendu
pas compte de l’atmosphère de haine , aujourd’hui exacerbée, qui régnait
depuis longtemps à Washington vis-à-vis de la Russie. La plupart des décideurs
démocrates sont persuadés que Poutine est Hitler et qu’il faudra l’arrêter
comme les Européens auraient dû arrêter Hitler en 1936-38. Les Européens
qui devraient être mieux informés, au moins les Britanniques, ont une vision
analogue. La Pologne (qui pourtant en son temps a profité des menées d’Hitler pour annexer un morceau de Tchécoslovaquie), 
les pays baltes et même l’Allemagne ne sont pas loin de raisonner de même.
 L’hystérie antirusse règne tout autant dans les bureaux de
Bruxelles et au Parlement européen. La France qui était en retrait en raison de
la vieille russophilie française ont rattrapé le peloton à la suite de l’entrée de
l’armée russe en Ukraine.
Les think tanks américains se livrent depuis longtemps à des simulations
dans l’hypothèse d’une guerre nucléaire limitée en Europe.
Que l’oligarchie américaine se soit persuadée que le régime russe actuel
était comparable au socialisme national allemand ( dit nazisme) explique la
haine extraordinaire qui règne aujourd’hui en son sein vis-à-vis de la Russie. Les
Russes, qui ont tendu la main à plusieurs reprises, en vain, aux Européens et
même aux Américains, ont fini par se rendre compte qu’il n’y avait rien à tirer
ni des uns ni des autres.
Il reste très difficile de savoir si l’entrée de l’armée russe en Ukraine est
une acte impérialiste pur et simple ou la réponse à des provocations 
occidentales, pas toujours ouvertes, ou encore des précautions contre de
possibles agressions ultérieures ( armes bactériologiques ou nucléaires) . Cette
haine faisant craindre le pire, il importe plus que jamais de l’analyser pour la
comprendre.
 
Le rejet du président Trump (1) par l’establishment qui a abouti à la
désignation de Biden s’explique en partie par le fait qu’il fut suspecté de vouloir
trouver un arrangement avec Poutine. Mis en accusation devant le Congrès
pour cette supposée collusion, il parvint non sans mal à être innocenté mais
sans éliminer tout soupçon. Il est à noter que l’Ukraine n’a jamais été un sujet
de conflit dans les cinq ans où il a dirigé les Etats-Unis. A Washington., il ne fait
pas bon avoir aujourd’hui une attitude pacifique envers la Russie
Puissance et valeurs
On pourrait se contenter d’expliquer cette attitude des Américains et de
leurs alliés européens par leur analphabétisme en matière d’ histoire et de
science politique. Bien qu’elle ait enseigné dans les universités de Princeton et
de Columbia, nul d’entre eux ne semble avoir lu Hannah Arendt et donc
compris la différence entre un régime totalitaire et idéologique et un simple
régime fort qui défend son intérêt national. Aussi bien dans le socialisme
soviétique que dans le socialisme national allemand, prévaut une ambition
universelle : étendre la révolution prolétarienne dans le monde entier pour le
premier, forger un homme nouveau à partir de la race supérieure, pour le
second. L’ambition universelle entraîne l’impérialisme, même si celui du
socialisme soviétique fut contenu par la guerre froide. Il est clair que, par
rapport à ces catégories, qui devraient être enseignées en première année de
sciences politiques, Poutine n’a pas la volonté de répandre ses deux références
majeures : le christianisme orthodoxe et le culte de la patrie russe et n’est donc
pas un idéologue. S’il est normal qu’il se défende, il est aussi clair qu’il n’a
nullement l’intention de partir à la conquête du monde.
En revanche, les Américains d’aujourd’hui, spécialement, ceux de la
tendance dite « néo-conservatrice » et qui sont en réalité de gauche (2), dès lors
qu’ils veulent répandre les valeurs américaines à travers le monde, en
obligeant par exemple les petits pays d’Afrique et l’Amérique latine à adopter
le mariage homosexuel, ou en voulant, comme ils l’ont fait en 2011,
démocratiser de force les pays arabes, sont naturellement enclins à
l’impérialisme. Sans même parler de leur prétention à étendre le droit américain sur toute la planète. 
 
Qui d’autre a déclenché neuf guerres depuis 1990 (3)  ? Il faut
l’abyssale bonne conscience du puritanisme américain pour ne pas se rendre
compte de ce que le reste de la planète sait : ce sont eux qui menacent la paix
du monde.
Un pays est d’autant plus dangereux qu’il se croit investi de la mission de
répandre des valeurs universelles. C’est pourquoi la Russie orthodoxe est bien
moins dangereuse que la Russie communiste.
Ne pas vouloir conquérir le monde ou y répandre ses idées ne signifie pas
qu’on doive se laisser marcher sur les pieds. Hors de l’idéologie, reste le
politique classique : tout pays indépendant veut être « prospère à l’intérieur et
respecté à l’extérieur », spécialement dans son environnement immédiat.
Toute grande puissance a le droit d’exiger un glacis de sécurité minimum, ce
qui ne signifie pas qu’elle veuille l’élargir au monde entier. La France respecte
l’indépendance de la Belgique mais elle prendrait sans doute mal que celle-ci
reçoive sur son sol des batteries de missiles chinois pointées sur Paris.
Tenir la Russie pour un Etat agressif et l’Amérique pour une championne
de la paix alors que les armées de l’OTAN cernent la Russie tout autour : Pays
baltes, Pologne, et même un temps Géorgie, témoigne d’un aveuglement
singulier. Que dirait-on si c’étaient les armées russes qui stationnaient au sud
du Rio Grande avec des missiles pointés sur les Etats-Unis ?
Poutine aurait commis une violation du droit international en annexant
la Crimée. Plus grave que l’indépendance conférée par les Etats-Unis au
Kosovo ? On peut en discuter. Il reste que la révolution dite de Maidan
qui avait eu lieu en Ukraine en 2014, téléguidée de Washington (4) , conduisait à
ce que l’Ukraine rejoigne le nouveau cordon sanitaire établi par l’OTAN autour
de la Russie. Que Poutine n’ait pas accepté que Sébastopol, base navale
historique de la Russie, devienne une base de l’OTAN n’en fait pas un nouvel
Hitler. Rien à voir entre l’annexion de la Crimée et celle des Sudètes que sous-
tendait un plan de conquête du monde. Les Occidentaux ont aussi cru en 2011
que la Russie allait lâcher la Syrie, dernier allié qui lui restait au Proche-Orient,
des neuf qu’elle avait du temps du communisme 5 . Même un homme aussi
averti que Brzezinski dit sur sa fin que la politique de Poutine était
incompréhensible. Il nous semble au contraire qu’il n’y a en a pas de plus claire.
Rome et Carthage

Une autre raison de l’incompréhension des Etats-Unis pour la nouvelle
Russie tient au vieux fantasme issu de la géopolitique de Mackinder (1861-
1947) l’idée contestable que le pays qui tient la charnière entre l’Europe et
l’Asie, le heartland, tient la clef de la domination du monde. Pour le même
Breszynski, la Russie cesse d’être une grande puissance si elle ne contrôle plus
l’Ukraine. Sous les apparences scientifiques, cette théorie tient du fantasme.
Elle n’en a pas moins conduit à l‘actuelle guerre d’Ukraine. Pour les néo-
conservateurs américains, si l’Ukraine et les anciennes républiques soviétiques
échappaient au contrôle de Moscou, l’étape suivante serait un démantèlement
progressif de la Russie en provinces plus ou moins indépendantes (6) . Qui
s’étonnera que Poutine, très au courant de ces théories fumeuses, ne se soit
pas laissé faire ?

   Derrière cette volonté de réduire à néant la puissance russe qui
s’exprime dans les sphères dirigeantes américaines, l’image de la rivalité entre
Rome et Carthage. Curieusement, alors que durant la guerre froide, l’enjeu
idéologique de la rivalité était essentiel, l’habitude avait été prise en Occident
de penser que le communisme soviétique était une réalité pérenne avec
laquelle, tout en la contenant, il fallait composer. Depuis que la Russie n’est
plus porteuse d’une idéologie expansionniste et qu’il est donc possible de
composer avec elle, c ‘est alors qu’on veut l’anéantir.
Mais ces considérations ne nous ont pas encore amené à la pointe
extrême de l’explication de l’hostilité hystérique des cercles dirigeants
occidentaux à l’égard de la Russie de Poutine. Pour la comprendre pleinement,
il faut prendre en compte le fait idéologique.
Le fait idéologique
Les Russes le connaissent parfaitement : ils en sortent. Pendant 73 ans,
de 1917 à 1990, ils ont vu chez eux les effets désastreux de l’idéologie
marxiste-léniniste : oppression totalitaire, goulag, inefficacité économique,
clochardisation morale sous l’effet de la destruction des valeurs traditionnelles,
notamment religieuses. Ayant vécu une telle expérience, les ex-soviétiques
sont, si l’on peut dire, vaccinés et n’ont nullement envie de la refaire. Ils savent
que c’est l’attachement officiel à la religion orthodoxe, principale cible du
marxisme et aux principes d’une politique purement nationale qui les en
préserve.
Ils ne manquent pas de voir, avec bien plus de lucidité que nous, à quel
point le fait idéologique, sous un nouvel avatar, s’est emparé aujourd’hui de
l’Occident : démocratie et libéralisme mensongers, prétention de répandre des
valeurs tenues pour universelles, prétention de faire un homme nouveau par la
négation de la nature (au travers par exemple de la théorie du genre), négation
des valeurs spirituelles et matérialisme antichrétien, recul des libertés.
Qu’est-ce que l’idéologie ? Nous dirons qu’il s’agit d’une théorie
politique ayant le double caractère d’être simplifiée et de se vouloir
messianique. Simplifiée parce qu’elle enferme la réalité sociale dans des idées
trop simples : lutte des classes ou lutte des races, suppression de la propriété,
de la famille ou de la nation, libre-échange tenu pour un absolu. Inadaptés à
une réalité sociale nécessairement complexe, ces principes ont toujours des
effets pervers qui suscitent la dissidence des peuples.
Mais l’idéologie se veut également messianique : elle ambitionne de
faire avancer l’humanité vers un stade supérieur, une « fin de l’histoire », ce
que l’on appelle de manière édulcorée le « progressisme ». L’enjeu du combat
politique n’est donc pas seulement politique mais moral et métaphysique.
Même si le royaume de l’idéologie est de ce monde, il suscite, compte tenu de
son enjeu, un fanatisme religieux qui a de nombreux effets : le manichéisme, la
politique conçue comme une lutte du bien contre le mal, la légitimation, au
nom de l’idéologie, de toutes les entorses aux principes les plus sacrés : lois
constitutionnelles, régularité électorale, morale commune, honnêteté,
libertés, démocratie, vérité. Entorses fondées sur l’idée que les peuples,
naturellement rétrogrades, n’avanceront dans le sens du supposé progrès que
si on les y contraint. Comme on le voit aujourd’hui en Occident, l’idéologie
(autrement dit le « politiquement correct ») refuse le débat et même le
pluralisme, tout opposant à l’idéologie dominante « ne méritant pas
d‘exister ». Les vrais ennemis de l’idéologie sont la common decency chère à
Orwell, le bon sens, la nature, la raison et, la plupart du temps, le fait religieux.
L’héritage des Lumières
Le fait idéologique, aujourd’hui si répandu, n’a pas toujours existé. Il est
une suite de la philosophie des Lumières. Tout dans les Lumières n’est pas
idéologique. Mais elles ont pu, dans certains contextes, dégénérer en idéologie.
Le rationalisme porte en lui la folie quand il part de schémas simples, trop
simples, point de départ d’une logique implacable qui ne sait pas s’arrêter.
Comment l’arrêter en effet sans basculer sur une autre logique, ce que
l’idéologue est incapable de faire ? La déraison idéologique n’est pas le
contraire de la raison, elle est la raison devenue folle dès lors qu’elle part de
prémisses fausses – ou au mieux ultra-simplifiées – et que de là elle poursuit
une démarche logique dont les conséquences ultimes sont absurdes. En tout
état de cause, l’idéologie ne saurait appréhender la complexité du monde ou la
complexité de ce qu’il faut prendre en compte pour gérer une société selon les
voies de la politique ordinaire. Elle se réfère néanmoins à la science, une fausse
science. Karl Marx, athée militant, disciple de Hegel et dont le système avait
une prétention scientifique, s’inscrivait clairement dans la suite de la
philosophie des Lumières. Malgré les apparences, Hitler aussi, au moins en
partie, en ce que, déjà transhumaniste, il croyait à la possibilité de faire
émerger par une démarche scientifique de type darwinien, le surhomme
annoncé par Nietzsche. L’idéologie ultra-libérale et libertaire moderne a
également des présupposés scientifiques faux, comme la théorie du genre.
Les idéologies ont un caractère fusionnel : fusion de individus dans l’Etat
fasciste et nazi, fusion des classes sociales et des propriétés individuelles dans
le communisme, fusion des Etats, des sexes (genres), des races dans la théorie
« libérale » libertaire et mondialiste. Elle suit ainsi la démarche inverse de la
Genèse où Yahvé crée le monde par des dissociations progressives : la lumière
et les ténèbres, la terre et le ciel, la terre et l’eau, les plantes et les animaux, les
animaux et l’homme, l’homme et la femme. Elle s’oppose plus largement à la
vie qui est différence. Le but de l’idéologie est au contraire l’indifférenciation,
autre nom de la mort.
L’autre caractère de l’idéologie est la prétention à faire le salut de
l’homme, non par un Royaume des cieux au caractère eschatologique, mais dès
ce monde ci en faisant accoucher une société parfaite ou, au moins, en
suscitant le « progrès » vers cet horizon – progrès qui rejette, sans débat, aux
« poubelles de l’histoire » (7) , au statut de vil réactionnaire, tout ce qui pourrait
s’y opposer. La croyance à un progrès séculier, voire à un salut terrestre,
opposé au salut eschatologique judéo-chrétien est aussi une conséquence des
Lumières.
   L’actuel régime russe, issu de la chute du communisme, lequel avait
montré les conséquences funestes d’une démarche idéologique issue des
Lumières, est fondé, sur le rejet de toute idéologie et sur le retour aux valeurs
traditionnelles du christianisme russe et de la tradition nationale. C’est en un
sens une négation des Lumières, non pas pour un retour à un obscurantisme
supposé comme le disent ses opposants idéologues, mais pour des réalités
humaines à la fois traditionnelles et fondamentales, comme la famille, plus
naturelles et moins dangereuses que les raisonnements abstraits et pour finir
criminels des idéologies.
   A partir de là, Il est clair que la Russie actuelle s’inscrit comme une
négation de toutes les idéologies, notamment du communisme et de
l’ultralibéralisme libertaire. Ce que la guerre froide n’a pas permis de voir : la
parenté profonde du communisme et du libéralisme occidental, qui ne sont
que deux branches des courants issus des Lumières ; en définitive, la Russie de
Poutine, si elle est bien moins dangereuse pour la paix du monde, représente
une contestation beaucoup plus radicale du libéralisme libertaire que ne
l’était le communisme. Nous le voyons dans les anciens pays de l’Est où les
adeptes les plus motivés de l’Europe supranationale (branche du mondialisme
idéologique) et de ses prolongements libertaires sont les anciens
communistes alors que les anciens dissidents, comme Orban, soutiennent au
contraire les voies traditionnelles.
On pourrait considérer la voie choisie par la Russie comme une voie
parmi d’autres laquelle, après tout, ne devrait gêner personne et
n’empêcherait pas de suivre leur propre chemin les pays ayant adopté des
régimes idéologiques dits « progressistes », comme l’ont fait les pays
occidentaux, en tous les cas leurs dirigeants ; mais, avons-nous dit, l’idéologie
est à la fois universaliste et intolérante. Ajoutons que sa capacité à s’étendre
hors de sa sphère d’origine est, pour ses tenants, la preuve de sa vérité. C’est
pourquoi l’existence même des choix traditionnalistes, comme celui de la
Russie de Poutine, constitue une contradiction insupportable pour les adeptes
du progressisme libéral libertaire occidental. Pout les adversaires les plus
enragés de la Russie, comme Hillary Clinton, si Poutine a raison, alors tout ce
sur quoi ils ont fondé non seulement leur carrière mais leur vie perd sons sens.
Poutine est haï parce que ses choix remettent en question à leur racine les
bases de l‘idéologie sur laquelle fonctionne aujourd’hui l’Occident : leurre,
l’Etat mondial, leurre, le libre-échange généralisé, leurre, la croyance au
progrès (en dehors du progrès scientifique et technique), leurre la fin de
l’histoire par la généralisation de la démocratie libérale (qui n’est plus ni
démocratique ni libérale), leurre la théorie du genre etc. Poutine pose aux
dirigeants occidentaux une question de vie et de mort, non parce qu’il les
menacerait militairement mais parce qu’il remet en cause radicalement tout ce
qu’ils croient et en définitive ce qui fait leur raison d’être et leur pouvoir.
Idéologie et autisme
Ajoutons que la démarche idéologique engage ses adeptes dans une
vision autiste du monde, encadrée par des concepts simplifiés, comme nous
l’avons vu, et les rend radicalement incapables de comprendre ceux qui ne sont
pas dans le même système, à fortiori ceux qui ne sont dans aucun système.
C’est ce qui explique l’invraisemblance bonne conscience du mainstream
américain incarné aujourd’hui par le parti démocrate : les Etats-Unis ont des
troupes tout autour de la Russie et c’est la Russie qui est agresseur. Tous les
médias soutiennent Biden, les opinions dissidentes sont pourchassées par les
Gafas, et c’est l’Amérique qui est le pays de la liberté et la Russie qui ne
l’est pas. Biden a été le vice-président d’Obama qui a décidé des centaines
d’assassinats sans jugement à travers le monde et c’est lui qui traite Poutine
de tueur ! Biden est soupçonné d’une gigantesque fraude électorale dont seule
l’ampleur est incertaine et il ne doute pas d’ incarner la démocratie, C’est ce
qu’on appelle l’inversion accusatoire, propre à tout système idéologique mais
particulièrement inquiétante quand elle est de bonne foi.
Il est bien connu que les Américains ont toujours eu du mal à
comprendre le reste du monde. Cette incapacité n’a fait que s’accroître (en
exceptant la parenthèse Trump), au fur et à mesure que le régime américain
est devenu de plus en plus idéologique. A cet égard, la situation n’est pas la
suite de ce qu’elle était du temps du communisme. Les universités et les think
tanks américains savaient comment fonctionnait le communisme. La CIA aussi.
Les Soviétiques, loin d’être aveuglés par leur idéologie, connaissaient leur
adversaire libéral, surtout depuis que Staline avait tempéré le léninisme pur et
dur en réhabilitant certaines réalités naturelles comme la patrie ou la famille.
Autre dissymétrie : l’oligarchie soviétique, dès les années cinquante , avait
perdu la foi dans le communisme ; elle vivait dans le mensonge en le sachant ,
ce qui lui permettait de comprendre le reste du monde , alors que l’oligarchie
mondialiste d’aujourd’hui , elle, croit toujours à son idéologie ; elle croit que
Poutine est Hitler, elle croit , contre l’évidence, qu’elle défend la démocratie
libérale et la paix, elle croit que l’avenir est à un Etat mondial, elle se ment à
elle-même mais elle ne le sait pas. « Nous pouvons instaurer la justice raciale
et faire en sorte que l’Amérique redevienne la première force du Bien dans le
monde » dit en toute bonne foi Biden. A la différence des dirigeants américains
de la guerre froide, l’Amérique n’est guère armée intellectuellement pour
comprendre la Russie. Alors que, sous la guerre froide, ils se comprenaient
réciproquement, aujourd’hui, les Russes comprennent très bien les Américains
car ils savent comment fonctionne l’idéologie, mais les Américains ne
comprennent pas les Russes. Est-il nécessaire de dire qu’une telle situation est
porteuse des plus dangereux malentendus ?

Roland HUREAUX

1 Il fait peu de doutes que les démocrates se sont livrés à une fraude gigantesque dans cette élection. A-t-elle renversé le résultat ? Il est difficile de le dire.
2 Le néo-conservatisme est un terme fallacieux : désignant un impérialisme idéologique fondé sur les valeurs dites « libérales », il a été fondé par des trotskystes qui se sont d’abord appuyés sur les Républicains, puis sur les Démocrates.
3 Koweït (la plus excusable, en théorie défensive), Rwanda (selon Boutros-Ghali), Kosovo, Afghanistan, Irak, Libye, Syrie, Ukraine, Yémen.
4 « Un coup d’Etat de la CIA » (Valéry Giscard d’Estaing)
5 Syrie, Irak, Libye, Algérie, Yémen du Sud, Ethiopie, Somalie, OLP, Afghanistan après 1979.
 6 Zbigniew Brezinski, Le grand échiquier, 1998.

7 Une expression aujourd’hui perdue de vue, issue de la doxa marxiste du temps de Staline