Kazakhstan : Tentative de coup d’état “oligarco-maidaniste”

  • stoprussophobie redaction
  • mercredi janvier 19, 2022
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Kazakhstan : Tentative de coup d’état “oligarco-maidaniste”
Arrivée d’avions de transport militaire à l’aérodrome d’Almaty

Kazakhstan

Ce qui s’est passé au Kazakhstan au tout début de l’année 2022 est assez difficile à comprendre en France car toute cette région du monde, pourtant au coeur même du continent eurasiatique, est un quasi “trou noir” dans notre culture historique et géographique. Pourtant, ces événements et ce pays nous concernent pour plusieurs raisons. En voici quelques unes brièvement et nous donnerons la parole au saker francophone pour une analyse plus complète des faits eux-mêmes et des perspectives.


Tout d’abord, nous Français, sommes concernés pour des raisons économiques : le Kazakhstan est un de nos principaux fournisseurs d’uranium et Areva y est implanté. C’est aussi un pays gros producteur de gaz et de pétrole et d’autres matières premières, dont potentiellement des terres rares.

Il se trouve que la plupart des richesses de matières premières du Kazakhstan sont aux mains de compagnies étrangères. Elles sont majoritaires ou ayant une forte participation, avec des oligarques locaux qui profitent de la manne à la façon “comprador”, sans en faire beaucoup profiter la majorité de la population. En relativisant bien sûr car par rapport aux pays voisins du sud, les Kazakhs sont plutôt mieux lotis.

Il n’empêche que c’est à cause d’une réforme libérale à la sauce américano-union européenne que la révolte a éclaté : le marché du gaz est passé, comme chez nous, d’une pratique contractuelle à un marché dit “spot”, c’est à dire immédiat et en fonction de l’offre et de la demande pour schématiser. Immédiatement, les compagnies étrangères et leurs compradors locaux, très liés souvent à la famille de l’ancien président Nur Sultan Nazarbaïev, en ont profité pour se livrer à une spéculation qui a fait monter les prix, notamment du GPL, très utilisé, de plus de 20%. La révolte, au départ spontanée sans doute, a servi de prétexte à plusieurs forces pour déclencher une offensive politique avec des motivations différentes et des arrières-pensées variées. Mais l’objectif commun était la mise à bas du président Kassym Jomat Tokaev, ancien Premier ministre et diplomate de l’ancienne équipe Nazarbaïev, à laquelle il n’a plus eu l’heur de plaire plus longtemps, pour des raisons vraisemblablement de népotisme et de pillage du pays, auquel se livrait la “famille” depuis en fait l’indépendance du pays au début des années 90. Ceci avec la complaisance, voire la complicité de nombreux investisseurs étrangers.

Des groupes armés aux effectifs non négligeables et bien entraînés se sont donc joints aux manifestants de type “gilets jaunes”, au sud du pays et se sont livrés à des attaques d’édifices du pouvoir et de centres commerciaux. Des détenus de droit commun ont été libérés et lancés dans les émeutes. Se sont joints à eux les divers réseaux préparés et formés depuis des années, sous forme d’ONG, par les gouvernement occidentaux qui mènent toutes sortes d’encouragement à promouvoir ou créer un climat russophobe dans le pays. Ce dernier comptait une majorité de Russes au moment de l’indépendance et il en reste beaucoup au nord du pays, qui avant la révolution de 1917 était une terre de cosaques. Le nord du pays n’a pas été touché par les émeutes. Mais les propagandes et les encouragements matériels à la russophobie ont porté des fruits et de très nombreux Russes ont quitté le pays qui connaît pourtant une insuffisance démographique.

Entre l’influence des compagnies étrangères et les programmes occidentaux, c’est un potentiel de coup d’État à l’Ukrainienne, type Maidan, ou à la syrienne de 2011, après le refus du gazoduc qatari par Bachar el Assad, qui était préparé pour une occasion propice. Les choses n’étaient pas encore tout à fait mûres, mais des forces ont été mobilisées et une “répétition” pour l’avenir a eu lieu. C’est la deuxième raison qui fait que nous sommes concernés puisque ce sont là des dispositifs géopolitiques que les occidentaux mettent en place contre la Russie. Comme en Ukraine, en Moldavie, en Biélorussie. Il nous faut réfléchir aux conséquences de cette politique motivée par la russophobie et menée par des initiatives anglo-saxonnes aidées des pays anti-russes de l’union européenne.

Car derrière ces menées de type “révolution de couleur” à but “maidanistes à l’ukrainienne”, se profilent les islamistes, appuyés et parfois téléguidés par la Turquie, pour qui le Kazakhstan est une zone d’influence importante et riche. Et à l’influence turque, il faut adjoindre l’infiltration de guerriers afghans, expérimentés et affamés, avec leur cortège d’armes et de drogue. C’est la troisième raison pour laquelle nous devrions être inquiets. Un sanctuaire djihadiste est tout à fait possible en Asie centrale. Certaines composantes de l’OTAN, à commencer par nos amis d’outre-atlantique et bien sûr leur allié turc n’y verraient sans doute pas d’inconvénient pour lutter contre la Chine (des organisations ouïghoures plus ou moins islamistes ont été signalées avec les insurgés) et la Russie. Mais il n’est pas sûr que nous y ayons autant intérêt.

Enfin quatrième raison, le sud Kazakhstan où ont eu lieu les affrontements, est traversé par une route très fréquentée de camions venant de Chine vers la Russie et l’Europe occidentale. C’est la nouvelle route de la soie par voie terrestre, ce qui remet en cause bien sûr la traditionnelle domination anglo-saxone sur les voies maritimes. Donc, nous sommes aussi au cœur d’une des raisons de la rivalité sino-américaine. Il n’est pas sûr que nous dussions épouser sans réfléchir la cause des Américains.

Chose imprévue de la part des fomenteurs du projet de coup d’état, le président Tokaev a décidé de se défendre. Il a fait appel à l’OTSC qui a ainsi joué un rôle pour la première fois et qui a démontré son efficacité, grâce à la logistique russe mais aussi l’accord politique de gens comme le président arménien Pachinian, pourtant très atlantiste (beaucoup moins depuis la guerre contre l’Azerbaidjan et la perte de la moitié du Karabakh). L’accord des partisans de politiques dites “multivectorielles” à la biélorusse (que le président Loukachenko a quelque peu abandonné depuis l’offensive occidentale contre son pays), comme celle menée au Kazakhstan notamment, où les mesures anti-russes ont commencé à s’accumuler ces dernières années mérite aussi d’être relevé. C’est ce qui a garanti le succès de l’opération. Tous les pays en -stan de la région ainsi que l’Arménie et la Biélorussie savent bien qu’ils risquent d’avoir besoin du bouclier russe. L’un des plus menacé est le Tadjikistan, qui a déjà connu une guerre civile cruelle juste après l’indépendance, en raison de la proximité de l’Afghanistan.

Dès que l’intervention des forces de l’OTSC a été connue, les ralliements des révoltés ou des planqués du clan Nazarbaïev au pouvoir du président Tokaev se sont multipliés. Ce dernier s’est débarrassé de l’ancien président Nazarbaïev, qui présidait encore le Conseil de Sécurité du pays, et du chef des services secrets, qui servait la famille oligarchique au pouvoir. La fille de Nursultan s’est enfuie en avion dès que l’échec du coup d’état était évident.

Le résultat de cette affaire kazakhe, qui s’est produite juste au moment des négociations stratégiques sur la sécurité en Europe à Genève, Bruxelles et Vienne entre la Russie et les occidentaux a abouti, en tout cas dans un premier temps, à une renforcement de la position russe dans cette région. Elle reste volatile et fragile et les services en tout genre de nombreux intervenants (nous n’avons pas eu l’occasion de parler des Pakistanais via les Afghans) vont être très actifs. A nous de définir nos intérêts et nos priorités ainsi que nos partenariats en réfléchissant enfin au niveau de notre continent eurasiatique.

Pour une analyse plus complète, voici celle du Saker

Qui a perdu le Kazakhstan et au profit de qui ?

Publié le janvier 10, 2022 par Wayan https://lesakerfrancophone.fr/
Par The Saker – Le 9 janvier 2022 – Source The Saker’s Blog

L’ampleur de la crise au Kazakhstan en a surpris plus d’un, moi y compris. Certains l’ont comparé à l’Euromaïdan de Kiev, mais c’est une très mauvaise comparaison, ne serait-ce que parce que l’Euromaïdan s’est déroulé sur la place d’une ville alors que la violente insurrection (car c’est bien de cela qu’il s’agit !) au Kazakhstan a commencé dans les régions occidentales mais s’est rapidement étendue à l’ensemble du pays (qui est immense). Rien que par l’ampleur de l’insurrection (environ 20 000 combattants bien organisés et entraînés dans tout le pays) et son extrême violence (des policiers ont été décapités !), il est évident qu’il ne s’agissait pas de quelque chose de spontané, mais de quelque chose de soigneusement préparé, organisé et exécuté. La façon dont certains insurgés ont immédiatement attaqué toutes les stations de télévision et les aéroports, tandis que le reste de la foule saccageaient les rues et pillaient les magasins, montre un degré de sophistication qu’Ed Luttwak aurait approuvé !

Pour moi, cela ressemble beaucoup plus à ce qui s’est passé en Syrie dans les villes de Daraa, Homs, Hama, Alep, Damas, et bien d’autres.

 

Je dois admettre que ma première réaction a également été « wow, comment les services de renseignement kazakhs et russes ont-ils pu manquer tous les indicateurs et avertissements qu’une insurrection d’une telle ampleur était soigneusement préparée et sur le point d’exploser ? ». Puis, on a appris que le président Tokaev avait fait appel à l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), qui était jusqu’à présent une organisation plutôt molle, et le soir même, la Russie lançait un pont aérien pour acheminer des forces vers le Kazakhstan, notamment des sous-unités de la 45e brigade des forces spéciales, de la 98e division aéroportée de la Garde et de la 31e brigade d’assaut aéroportée de la Garde. Les transporteurs militaires russes ont également acheminé de petits contingents de forces spéciales arméniennes, kirghizes et tadjikes. Plus intéressant encore, les Biélorusses ont également envoyé une compagnie renforcée de leur 103e brigade aéroportée d’élite (il s’agit de la célèbre division aéroportée de Vitebsk, l’une des meilleures divisions aéroportées soviétiques). Compte tenu des tensions actuelles avec l’Occident au sujet de l’Ukraine, la rapidité avec laquelle ces forces ont été envoyées au Kazakhstan m’a indiqué qu’il s’agissait clairement d’un mouvement préparé.

En d’autres termes, les Russes ont au moins été avertis à l’avance et étaient parfaitement préparés. Si tel est le cas, je doute qu’ils aient dit quoi que ce soit à leurs collègues de l’OTSC, à l’exception peut-être (probablement ?) des Biélorusses.

Ok, alors explorons les implications de ce qui précède.

Si les Russes savaient, pourquoi n’ont-ils rien fait du tout pour empêcher ce qui vient de se passer ?

Ici, nous devons d’abord revenir sur ce qui s’est récemment passé au Belarus.

Le président Loukachenko avait à peu près la même politique étrangère que le président Tokaev : quelque chose qu’ils appellent une politique étrangère « multi-vecteurs » que je résumerais comme suit : pomper toute l’aide et l’argent de la Russie, tout en supprimant les forces pro-russes à l’intérieur de votre propre pays et en essayant de montrer à l’Empire anglo-sioniste que vous pouvez être achetés, pour le bon prix bien sûr (c’est aussi ce que Vucic fait en Serbie en ce moment). Rappelons maintenant ce qui s’est passé au Belarus.

L’Empire et ses États vassaux de l’UE ont tenté de renverser Loukachenko, qui n’a eu d’autre choix que de se tourner vers la Russie pour obtenir de l’aide et survivre. La Russie, bien sûr, s’est exécutée, mais seulement en échange du « bon comportement » de Loukachenko et de l’abandon complet de sa politique étrangère « multi-vectorielle ». Loukachenko l’a emporté, l’opposition a été écrasée, et la Russie et le Belarus ont déjà franchi d’importantes étapes vers leur intégration.

Maintenant, je sais qu’il y en a certains qui aiment accuser Poutine (lui personnellement) d’avoir « fait preuve de faiblesse », d’avoir « laissé les États-Unis et l’OTAN faire exploser les pays de la périphérie russe », etc. etc. etc. À ceux qui pensent ainsi, je pose une question simple : comparez le Belarus avant et après l’insurrection. Plus précisément, du point de vue russe, la Biélorussie multi-vectorielle était-elle ou non préférable à la Biélorussie totalement alignée d’aujourd’hui ? La réponse, à mon avis, est absolument évidente.

 

kazakstancarte

 

Examinons maintenant le cas du Kazakhstan. Il s’agit potentiellement d’un pays beaucoup plus dangereux pour la Russie que le Belarus : il possède une énorme frontière (7 600 km, ouverte et non défendue, le Kazakhstan étant membre de la Communauté économique eurasienne !), un puissant réseau clandestin pan-turc (soutenu par la Turquie), un réseau clandestin takfiri tout aussi puissant (soutenu par divers acteurs non étatiques et même étatiques de la région), des tensions ethniques entre les Kazakhs et la minorité russe et des liens sécuritaires très importants avec la Russie. La prise de contrôle du Belarus par l’Empire aurait été très mauvaise, mais la prise de contrôle du Kazakhstan par l’Empire aurait été encore bien pire.

Pourtant, comme conséquence directe (et, à mon avis, prévisible) de l’insurrection, Tokaev sait maintenant que son sort dépend de la Russie, tout comme celui de Loukachenko. Est-ce un mauvais ou un bon résultat pour le Kremlin ?

Je vais ajouter un autre nom à la liste : L’Arménien Pashinian, qui était un russophobe notoire jusqu’à l’attaque des Azéris, et qui n’a eu d’autre choix que de se tourner vers la Russie pour obtenir de l’aide et, franchement, pour survivre. C’est également le cas d’Erdogan, mais c’est un salaud ingrat à qui on ne peut jamais faire confiance, même pour des questions mineures.

Vous vous souvenez de tous ces imbéciles qui criaient urbi et orbi que l’OTSC ne servait à rien, que les Russes laissaient les Azéris tabasser l’Arménie sans pouvoir rien y faire ? Dès que la Russie s’est impliquée, la guerre s’est arrêtée et les « invincibles » Bayraktars ont cessé de voler. Est-ce un bon ou un mauvais résultat pour la Russie ?

Et maintenant, oh douce ironie, le même Pashinian se trouve être le chef officiel de l’OTSC (du genre Stoltenberg en réalité, un porte-parole officiel sans réelle autorité) et il a dû « ordonner » (annoncer, en réalité) l’opération de l’OTSC au Kazakhstan.

Nous avons donc Lukashenko, Pashinian et maintenant Tokaev, tous d’anciens politiciens multi-vecteurs qui supplient la Russie de les aider et obtiennent cette aide, mais au prix politique évident de l’abandon de leurs anciennes politiques multi-vecteurs.

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais pour moi, c’est un triomphe pour la Russie : sans aucune intervention militaire ou « invasion » (avec laquelle les infantiles de l’Ouest qui regardent trop la télévision s’effraient la nuit), Poutine a « craqué » trois multi-vectoristes notoires et les a fait devenir des partenaires gentils, loyaux et très reconnaissants (!) envers la Russie. À propos, la Russie a également une « pénétration » très profonde dans tous les autres « stans » dont les dirigeants ne sont pas stupides et qui, contrairement aux journalistes et « experts » occidentaux, lisent tous ce qui est écrit sur le mur. L’impact de ce qui vient de se passer au Kazakhstan se répercutera dans toute l’Asie centrale.

 

Le drapeau de l’OTCS au premier plan puis ceux de tous les états membres

octsdrapeau

À propos de l’opération de l’OTSC elle-même. Tout d’abord, les forces russes et bélarusses (environ 3 000 Russes et 500 Bélarusses) : il s’agit de véritables forces d’élite, haut de gamme, aguerries, professionnelles, hautement entraînées et superbement équipées (les autres contingents, plus petits, servent davantage comme un « décor de relations publiques » qu’à autre chose). Officiellement, leur mission consiste uniquement à protéger les principales installations officielles (kazakhes et russes), mais ces forces seraient plus que suffisantes pour faire de la viande hachée de tout takfiris, nationaliste occidental ou turc entraîné, même si leur nombre est bien supérieur aux 20 000 hommes estimés. Et, dans le pire des cas, il se trouve que ces forces contrôlent des aéroports clés où les Russes (et les Biélorusses) pourraient envoyer encore plus de forces, dont au moins deux divisions aéroportées russes. Ce serait une force que rien en Asie centrale ne pourrait même rêver d’affronter. Je dois également mentionner que la Russie dispose d’une base militaire importante et stratégiquement cruciale au Tadjikistan, qui s’entraîne depuis des décennies à lutter contre les terroristes et les insurgés takfiris et qui pourrait également soutenir toute opération militaire russe en Asie centrale.

L’objectif de ces forces est donc le suivant :

Soulager les forces policières et militaires kazakhes pour qu’elles puissent réprimer le soulèvement (ce qu’elles font)

  • Envoyer un message politique aux forces de sécurité kazakhes : nous assurons vos arrières, ne vous inquiétez pas, faites votre travail.
  • Envoyer un message politique aux insurgés : vous allez soit déposer les armes, soit fuir à l’étranger, soit mourir (c’est ce que Poutine a déclaré en Tchétchénie et en Syrie, ce ne sont donc pas des menaces en l’air).
  • Envoyer un message politique aux États-Unis et à la Turquie : Tokaev est notre homme maintenant, vous l’avez perdu ainsi que ce pays !
  • Envoyer un message politique à toute l’Asie centrale et au Caucase : si la Russie vous soutient, vous resterez au pouvoir même si les idiots de la CIA/NED/etc. essaient de vous révolutionner.
  • Envoyer un autre message à des gens comme Erdogan ou Vucic : tout ce multi-vectorisme finira très mal pour vous, utilisez votre tête avant qu’il ne soit trop tard (pour vous, pas pour nous – nous, nous sommes bien de toute façon !).

L’université turco-kazakhe de Turkestan (sud du Kazakhstan)

turcokazakheuniversite

 

Certains ont suggéré que le moment choisi pour l’insurrection au Kazakhstan était une sorte de tentative des États-Unis et de l’OTAN pour « blesser » la Russie à son « point névralgique » et lui montrer qu’elle doit renoncer à son ultimatum posé à l’Occident (les négociations sont censées commencer demain, dans une atmosphère de pessimisme général). Je n’ai pas d’informations en provenance de Langley ou de Mons, mais si c’était le plan américain, alors tout ce projet non seulement s’est effondré, mais s’est retourné contre eux.

Rappelez-vous, l’argument PSYOP était que Poutine est soit stupide, soit faible, soit vendu à l’Occident. Pourtant, si l’on regarde les choses « avant et après », on constate que si l’Occident a « presque » (ou du moins le pense-t-il) « obtenu » le Belarus, l’Arménie, l’Azerbaïdjan et, maintenant, le Kazakhstan, la réalité est que, dans chaque cas, il apparaît que les mégalomanes narcissiques qui dirigent l’Occident ont valsé avec confiance dans un piège russe soigneusement tendu qui, loin de donner à l’Empire le contrôle des pays qu’il a « presque » acquis, les a fait perdre pour un avenir prévisible.

Pouvez-vous imaginer le niveau de rage et de frustration impuissante à Langley et Mons lorsqu’ils regardent ce genre d’images : oy veh !!

Bien sûr, la machine de propagande anglo-sioniste et les trolls sans cervelle (payés ou non) qui répètent ces bêtises ne diront pas un mot de tout cela, mais faites preuve de bon sens, utilisez le principe « avant et après » et tirez vos propres conclusions.

 

Briefing conjoint du commandant des forces collectives de maintien de la paix de l’OTSC en République du Kazakhstan, le colonel général Andrei Serdyukov, commandant des forces aéroportées russes, et du vice-ministre de la défense de la République du Kazakhstan, le lieutenant général Sultan Gamaletdinov.

serdyukovgamaletdinov

 

En parlant de conclusions, que dire de tous ceux qui prétendaient que l’OTSC est une copie édentée de l’OTAN qui ne peut rien faire ? Vous la trouvez toujours aussi édentée aujourd’hui ?

Comment se compare-t-elle à l’OTAN, non, pas sur le papier, mais en termes de capacité d’opérations de combat ?

L’Occident voulait faire du Kazakhstan un « Afghanistan russe » (même plan pour l’Ukraine, d’ailleurs). La Turquie voulait transformer le Kazakhstan en un État vassal dirigé par la Turquie. Les Takfiris voulaient transformer le Kazakhstan en une sorte d’émirat.

À votre avis, comment évaluez-vous l’efficacité d’un traité de sécurité collective qui peut déjouer tous ces plans avec une force de la taille d’une brigade et en quelques jours seulement ?

Une dernière chose : il y a autre chose que le Kazakhstan et la Syrie ont en commun : il y avait BEAUCOUP d’agents de la CIA/MI6/Mossad/etc autour d’Assad, ce qui est devenu visible par le nombre de hauts fonctionnaires syriens qui ont soutenu l’insurrection, voire l’ont dirigée. La plupart ont ensuite fui vers l’Occident, certains ont été tués. Mais le fait est que la structure du pouvoir en Syrie était assez pourrie. On peut dire la même chose du Kazakhstan où une énorme purge est en cours, avec le très influent chef des services de sécurité (et ancien Premier ministre !) non seulement rétrogradé, mais arrêté pour trahison !

En clair, le SVR/FSB/GRU aura désormais les coudées franches pour « faire le ménage » de la même manière que les Russes ont « fait le ménage » autour de Loukachenko et d’Assad (dans ce cas avec l’aide de l’Iran) : discrètement et très efficacement,

Encore une fois, je peux entendre les gémissements hystériques et désespérés de Langley et Mons. Voilà ce qui arrive quand on croit à sa propre propagande stupide !

Quant à ceux qui ont cru à cette stupide histoire de PSYOP « Poutine perd des pays dans tout l’espace de l’ancienne Union soviétique », ils se sentent probablement très stupides en ce moment, mais ne l’admettront jamais. En parlant de stupidité,

Non, Poutine n’essaie PAS, je répète, n’essaie PAS de « recréer » l’Union soviétique.

Et tandis que cette médiocre non-entité qu’est Blinken met en garde contre le fait que les Russes sont « difficiles à faire sortir de chez vous une fois qu’ils sont entrés » (de la part d’un secrétaire d’État américain, c’est à la fois hilarant et un nouveau niveau, encore plus élevé, d’hypocrisie absolue), la vérité est que la plupart des forces de l’OTSC partiront très bientôt, ne serait-ce que parce qu’il ne sera plus nécessaire de les maintenir au Kazakhstan. Pourquoi ? C’est simple : les terroristes et les insurgés entraînés avec acharnement seront bientôt tous morts, les émeutiers pillards quitteront les rues en espérant ne pas recevoir la visite du NSC (Comité de sécurité nationale) ou des policiers kazakhs, les traîtres au pouvoir quitteront le pays pour l’UE ou seront emprisonnés et les forces militaires et de sécurité kazakhes reprendront le contrôle du pays et maintiendront l’ordre.

Pourquoi les parachutistes et les forces spéciales russes auraient-ils besoin de rester ?

En outre, la Russie n’a ni besoin ni envie d’envahir ou, encore moins, d’administrer des pays pauvres, pour la plupart dysfonctionnels, avec des problèmes sociaux majeurs et très peu d’avantages réels à offrir à la Russie. Et maintenant que Lukashenko, Pashinian et Tokaev savent qu’ils dépendent du bon vouloir du Kremlin, vous pouvez être sûrs qu’ils se « comporteront » de manière raisonnable. Bien sûr, ils resteront pour la plupart des États corrompus, avec du népotisme, de l’affiliation tribale et de l’extrémisme religieux, mais tant qu’ils ne représenteront pas une menace pour a) la minorité russe dans ces États et 2) les intérêts de la sécurité nationale russe, le Kremlin ne les micro-gèrera pas. Mais au premier signe d’une résurgence de la « multi-vectorialité » (peut-être inspirée par les nombreuses sociétés occidentales qui travaillent au Kazakhstan), les chaises sur lesquelles ces dirigeants sont actuellement assis commenceront immédiatement à trembler assez fort et ils sauront qui appeler pour arrêter cela.

En parlant « d’idiots » faibles qui ont « perdu » des pays au profit de l’Empire, quelqu’un pourrait-il dresser une liste des pays que l’Empire a VRAIMENT arrachés à la Russie (ou à tout autre adversaire) et qu’il a réussi à conserver ? La Syrie ? La Libye ? L’Afghanistan ? L’Irak peut-être ? Le Yémen ? Et ce, malgré la déclaration « Mission accomplie » faite par un président américain « triomphant » ?

Bon, les trois États baltes. Bravo ! Captain America a encore gagné comme en Grenade !

Ah, je peux entendre les voix qui scandent « l’Ukraine ! Qu’en est-il de l’Ukraine ? ». Eh bien, qu’en est-il de l’Ukraine ?

Il y a un dicton russe (цыплят по осени считают) qui peut être traduit approximativement par « ne comptez pas vos poulets avant qu’ils ne soient éclos ». À l’heure actuelle, PERSONNE ne peut prédire avec certitude ce qui se passera avec l’Ukraine à l’avenir. Non seulement l’Ukraine est devenue un pays 404, merdique et désindustrialisé, mais il est maintenant dirigé par une classe entière (dans le sens marxiste) de nazis que, apparemment, personne n’a la volonté ou la capacité de dénazifier (la Russie pourrait, mais n’a absolument aucune motivation pour le faire, quant aux USA/OTAN, LOL !!). Même si la Russie et les États-Unis acceptent une sorte de statut de neutralité pour l’Ukraine, cela n’éliminera pas un seul nazi du pouvoir et, au contraire, cela créera les conditions d’un éclatement encore plus grand du pays (ce qui, à mon avis, finira par arriver de toute façon, mais très lentement et très très douloureusement).

Le seul point commun entre l’Ukraine et le Kazakhstan est qu’il s’agit de deux pays inventés par les enragés bolcheviks russophobes : non seulement leurs frontières actuelles n’ont aucun sens (et je veux dire qu’elles n’ont absolument aucun sens), mais ces frontières rassemblent sous un même « toit » politique totalement artificiel des régions et des groupes ethniques complètement différents. La grande différence est, bien sûr, que les dirigeants ukies, tous, étaient, et sont toujours, infiniment pires que Nazarbaev ou Tokaev ne l’ont jamais été. De plus, le nationalisme ukrainien est le plus haineux et le plus dément de la planète, on ne peut les comparer qu’aux Interahamwe hutus du Rwanda. Oui, il y a bien une tendance nationaliste dans la société kazakhe (amoureusement nourrie et alimentée par l’Occident pendant des décennies), mais en comparaison avec les Ukronazis, ce sont des humanitaires à la voix douce et mentalement sains. D’après mon expérience personnelle, et donc subjective, les Kazakhs et les Russes s’entendent beaucoup mieux que les Ukrainiens et les Russes.

 

Le « ménage » à la biélorusse au Kazakhstan a déjà commencé !

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Enfin, et ce n’est pas le moins important, il faudra des décennies pour dénazifier l’Ukraine, et Dieu seul sait qui voudra et pourra le faire (certainement PAS la Russie !) alors que les insurgés kazakhs sont déjà morts, en grand nombre (plusieurs milliers selon certains témoignages), par les forces de sécurité kazakhes. Quant aux oligarques kazakhs et aux fonctionnaires qui les ont aidés, ils sont soit morts, soit en prison, soit déjà à l’étranger.

N’oublions pas la Chine ? C’est un acteur très important au Kazakhstan. À un certain niveau, la Chine et la Russie sont des concurrents économiques et même politiques au Kazakhstan, mais la Chine ne peut absolument et catégoriquement pas permettre que le Kazakhstan soit pris en charge par les États-Unis et l’OTAN, les Takfiris ou les Pan-Turcs. Les Chinois n’ont pas (encore) fait jouer leurs muscles militaires, mais ils pourraient le faire, et vous pouvez être sûrs qu’ils feront jouer leurs (immenses) muscles économiques pour empêcher une telle issue. Ainsi, alors que la pauvre Ukraine a la Pologne pour voisine, le Kazakhstan a la Russie et la Chine qui sont absolument déterminées à ne permettre à aucune force hostile (anti-chinoise ou anti-russe, ce sont les mêmes forces) de révolutionner le Kazakhstan et d’en faire le genre de trou à rats cauchemardesque dans lequel l’Empire a transformé tant de pays, de l’UE occupée par les États-Unis à l’Ukraine occupée par les nazis (avant de les perdre quand même !).

La conclusion à propos de l’Ukraine est la suivante : attendons de voir quel genre de poulets les œufs Ukies vont faire éclore à terme et si le résultat final sera pire ou meilleur pour la Russie. Et par « résultat », je ne fais pas référence aux déclarations fracassantes des politiciens occidentaux et des têtes parlantes de la boîte à idiots, mais aux résultats réels, qui, dans ce genre de situation, peuvent prendre des mois, voire des années, avant de devenir pleinement apparents. (Je sais que ceux qui croient dur comme fer que « Poutine est faible » ignoreront mes conseils, les faits ou la logique, mais j’adresse surtout ces suggestions à ceux qui entendent ce récit et veulent découvrir par eux-mêmes s’il est vrai ou faux).

Conclusion


Ce qui vient de se passer au Kazakhstan était à la fois une insurrection à grande échelle déclenchée par les États-Unis ET une tentative de coup d’État. Il existe des preuves accablantes que les Russes étaient conscients de ce qui se préparait et qu’ils ont laissé le chaos s’aggraver au point de ne laisser qu’une seule option possible à Tokaev : faire appel à une intervention de l’OTSC. L’extrême rapidité de l’opération militaire russe a pris tout le monde par surprise et aucune des parties impliquées dans cette insurrection+coup d’État (les États-Unis, les Takfiris et les Turcs) n’a eu le temps de réagir pour empêcher le déploiement rapide de forces (extrêmement) aptes au combat qui ont ensuite permis aux forces militaires et policières kazakhes de se regrouper et de passer à l’offensive. Le fait que Pashinian ait « ordonné » cette opération de l’OTSC était une belle cerise sur le gâteau, karmique ?

Dans l’ensemble, ce n’est que le dernier d’une série d’échecs cataclysmiques des dirigeants de l’Empire (déjà mort) et des États-Unis (tout aussi morts) à faire réellement quelque chose, n’importe quoi. Dans la confrontation entre le discours occidental et l’action militaire russe, c’est cette dernière qui a prévalu, une fois de plus.

Demain, les États-Unis tenteront d’effrayer la Russie en parlant de « sanctions infernales ». Bonne chance à eux ! ?

Andrei

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone