La nouvelle guerre froide vue par des géopoliticiens nord-américains

  • stoprussophobie redaction
  • mardi juin 26, 2018
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La nouvelle guerre froide  vue par des géopoliticiens nord-américains

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A trois reprises, Baker répéta la formule « Pas un seul pouce vers l’Est » lors de sa rencontre avec Gorbatchev, le 9 Février 1990. Il approuva la position de Gorbatchev sur le fait qu’une éventuelle expansion orientale de l’OTAN serait inacceptable. Baker assura Gorbatchev que ni lui, ni le président américain, ne comptaient tirer profit du processus en cours, et que les américains comprenaient que pour l’URSS et les pays européens, il était important que les Etats-Unis limitent leur présence aux frontières actuelles de l’OTAN, et que pas un seul pouce de la juridiction militaire de l’OTAN ne s’étendra vers l’Est.

Qui est responsable de la nouvelle Guerre Froide États-Unis/Russie ?

Voici une traduction due aux lecteurs du site Les Crises d’un article de the Nation sur un débat entre deux géopoliticiens américains sur l’origine de la nouvelle guerre froide contre la Russie. In english at the end of story

https://www.les-crises.fr/qui-est-responsable-de-la-nouvelle-guerre-froide-etats-unis-russie-par-stephen-f-cohen/

https://www.thenation.com/article/who-is-responsible-for-the-new-us-russian-cold-war/

 Par Stephen F. Cohen
 Russie, USA Source : The Nation, Stephen F. Cohen, 16-05-2018

Stephen F. Cohen, professeur émérite d’études et de politique russes à NYU et à Princeton, et John Batchelor poursuivent leurs discussions (généralement) hebdomadaires sur la nouvelle guerre froide entre les États-Unis et la Russie. (les comptes rendus précédents de ces conversations, qui en sont maintenant à leur cinquième année, peuvent être consultés sur TheNation.com.

Le 9 mai, lors d’un événement public parrainé conjointement par le Harriman Institute de l’Université Columbia et le Jordan Center for Advanced Russian Studies de l’Université de New York, Cohen et McFaul, un professeur de l’Université Stanford et ancien conseiller principal du président Obama pour la Russie à la Maison-Blanche, puis son ambassadeur à Moscou, ont débattu d’un sujet historique crucial mais aussi terriblement d’actualité : « La nouvelle guerre froide américano-russe : qui est responsable ? » Cohen soutient que des politiques américaines malavisées menées depuis les années 1990 sont largement responsables. McFaul, s’inspirant des thèmes de son nouveau livre, From Cold War to Hot Peace, soutient que c’est le leader de la Russie depuis 2000, Vladimir Poutine,qui est à blâmer. (Une vidéo du débat entier est disponible ici).

Batchelor rapporte plusieurs déclarations de Cohen et McFaul lors de l’événement, dont Cohen et lui discutent. Parmi les principaux points soulevés par Cohen, on peut citer les suivants :

— La nouvelle guerre froide se déroule depuis plus de vingt ans sans véritable débat public – que ce soit lors d’élections, au Congrès, dans les médias, dans des think tanks ou des universités. Dans une démocratie, de tels débats sont le seul moyen de remettre en question et de changer la politique officielle. Par conséquent, les politiques malavisées de Washington à l’égard de Moscou ont été guidées par les mêmes hypothèses et principes sous-jacents depuis les années 1990. Cette situation diffère radicalement de celle de la guerre froide, longue de 40 ans, et durant laquelle la politique américaine était régulièrement débattue aussi bien à la base qu’au plus haut niveau, entre les années 1960 et les années 1980. Et ce manque de débat public est l’une des raisons pour lesquelles cette nouvelle guerre froide est plus dangereuse que la précédente. Par conséquent, souligne Cohen, si cette discussion parvient à créer un précédent et inspire plus de débats de ce genre entre les représentants de points de vue radicalement opposés, comme c’est le cas pour lui et McFaul, il n’y aura pas de perdants mais seulement des gagnants dans l’élaboration de la politique américaine envers la Russie.

— Cohen situe les origines de cette nouvelle guerre froide au moment où on annonçait la fin de la précédente. Les trois dirigeants qui ont déclaré que la guerre froide avait pris fin en 1989-1990 – les présidents Gorbatchev, Reagan et George H.W. Bush – ont publiquement convenu qu’il y avait été mis fin par la négociation et sans qu’il y ait eu « le moindre perdant ». Mais en 1992, Bush a changé à la fois le timing et les termes de cet événement historique, en le datant de la fin de l’Union soviétique en décembre 1991, soit deux ans plus tard, et en déclarant : « L’Amérique a gagné la guerre froide ». C’est ainsi qu’est né le triomphalisme américain et le sentiment d’avoir des droits qui, depuis, ont guidé la politique de Washington à l’égard de la Russie post-soviétique.

— Au même moment, en 1990, un autre accord majeur a été négocié avec succès, puis violé par Washington. En échange de l’accord de Gorbatchev pour qu’une Allemagne réunifiée (pays qui avait été l’épicentre politique de cette guerre froide) soit membre de l’OTAN, les puissances occidentales, dirigées par le président Bush, se sont engagées à ce que l’OTAN ne s’étende pas de « deux pouces vers l’Est ». La violation de cette promesse quelques années plus tard a conduit aux deux causes principales de la nouvelle guerre froide : aujourd’hui, l’OTAN, l’alliance militaire la plus puissante du monde, campe aux frontières de la Russie ; et au sein de l’élite politique russe, pas seulement Poutine, s’est installée la croyance durable que Washington a rompu à maintes reprises ses promesses, et même « trompé » Moscou.

— Dans les années 1990, le « partenariat stratégique et l’amitié » déclarés de l’administration Clinton avec la Russie étaient en fait guidés par un triomphalisme rampant. Avec une Russie gravement affaiblie et en crise profonde suite à la disparition de l’Union soviétique, Clinton a poursuivi une approche que Cohen appelle « le gagnant rafle tout » envers Moscou et, en coulisse, à l’égard du président russe lui-même, Boris Eltsine. Alors qu’Eltsine, physiquement malade et psychologiquement faible, était cajolé par Clinton sur les questions de politique intérieure et étrangère de la Russie, des légions de « conseillers » américains s’installaient partout dans le pays pour « s’immiscer » de la même manière dans la politique du pays, rédigeant des lois et des manuels, soutenant les politiciens et les partis qui avaient la préférence de Washington, et participant directement au truquage de la réélection d’Eltsine en 1996. Beaucoup d’Américains ont applaudi comme un progrès le pillage par une oligarchie des meilleurs actifs de la Russie, et certains ont même permis le transfert et le blanchiment de cette richesse mal acquise en Occident. On a ensuite assisté au début de l’expansion de l’OTAN vers l’est et, en 1999, au bombardement par les États-Unis de l’allié traditionnel de la Russie, la Serbie, avec l’annexion par l’Alliance de sa province du Kosovo, que le futur Président Poutine citera plus tard comme précédent pour justifier son action en Crimée. Pendant ce temps, alors que la Russie endurait sa pire dépression économique en temps de paix, durant laquelle quelque 75 pour cent de sa population sombrait dans la pauvreté et la misère sociale, Washington saluait le processus comme une « transition vers la démocratie et le capitalisme ». Elle s’est terminée en 1999, avec l’effondrement financier de la Russie et la démission d’Eltsine. Le contrecoup qui en a résulté aurait pu être bien pire pour les États-Unis que ne l’a été l’avènement de Vladimir Poutine, souligne M. Cohen.

— Malgré les désastreuses politiques américaines des années 1990, cette approche du gagnant-rafle-tout a continué sous le présidence de George W. Bush. Ainsi, suite à l’attaque du 11 septembre 2001 contre l’Amérique, le nouveau président russe Vladimir Poutine, dont l’autorité n’était pas encore incontestable, a apporté plus de soutien à la guerre des États-Unis contre les talibans en Afghanistan que tout autre pays, y compris des membres de l’OTAN. Poutine recherchait avec Washington le véritable partenariat stratégique qu’Eltsine n’avait pas réussi à établir. Au lieu de cela, il a obtenu en retour de Bush davantage d’expansion de l’OTAN, en direction maintenant des frontières baltes de la Russie ; une plus grande « promotion de la démocratie » – une « ingérence », pour reprendre le jargon du Russiagate, dans les affaires intérieures de la Russie ; et, ce qui est le plus préjudiciable à la sécurité russe (et internationale), le retrait unilatéral des États-Unis du Traité antimissiles balistiques, qui a abouti aujourd’hui à l’installation tout près de la Russie de défenses antimissile sur terre et en mer et, comme on pouvait s’y attendre, à une nouvelle course aux armements nucléaires.

— En 2008, à la suite d’une déclaration officielle de l’OTAN selon laquelle les anciennes républiques soviétiques de Géorgie et d’Ukraine deviendraient certainement membres de l’alliance, une courte guerre a éclaté entre la Russie et la Géorgie. Une enquête européenne officielle a conclu que le président géorgien était à l’origine de cette guerre. Ce que l’on ne sait pas, c’est si ce sont ses patrons américains de l’administration Bush qui lui ont conseillé de le faire. Quoi qu’il en soit, la Géorgie a été la première guerre américano-russe par procuration de la nouvelle guerre froide. D’autres, en effet, allaient bientôt suivre – en Ukraine, puis en Syrie. Plus, ou même pire, est peut-être aujourd’hui en préparation.

— McFaul soutient que la thèse de Cohen d’une approche triomphaliste sans fin envers la Russie post-soviétique est erronée, comme en témoigne le « reset » (la réinitialisation) des rapports avec Moscou initiés par Obama sous la présidence de Dmitri Medvedev. Selon McFaul (lui-même un acteur majeur du processus), il s’agissait d’une politique « gagnant-gagnant ». Cohen n’est pas d’accord, rappelant en détail qu’on a très peu offert et que Moscou a très peu reçu Moscou a été offert, alors que l’administration Obama a, elle, obtenu ce qu’elle voulait le plus : des sanctions russes contre l’Iran et l’élargissement russe des voies d’approvisionnement pour les forces des États-Unis et de l’OTAN en Afghanistan. Qui plus est, les choses se sont terminées par une autre promesse non tenue par les Américains. En échange de la non-utilisation par son « partenaire » Medvedev de son veto au Conseil de sécurité de l’ONU à l’attaque menée par les États-Unis contre la Libye en 2011, M. Obama et ses représentants, dont la secrétaire d’État Hillary Clinton, avaient promis de ne pas demander l’expulsion du dirigeant libyen. Mouammar Kadhafi fut finalement traqué et tué. Poutine, alors premier ministre, avait relevé « encore une autre duperie américaine ». Et les chances pour Medvedev d’effectuer un second mandat de président, comme l’espérait l’administration Obama qui avait œuvré en ce sens, ont été réduites à néant par son propre partenaire de « reset » à Washington.

— Ceci étant, McFaul et beaucoup d’autres continuent d’insister sur le fait que la nouvelle guerre froide et ses causes ont commencé avec le retour de Poutine à la présidence russe en 2012. Mais comme le montre la présentation historique de Cohen, ça n’est pas une clé de compréhension empirique ou analytique viable des développements passés ou actuels.

— Le résultat a-t-il vraiment été une nouvelle guerre froide ? Lorsque Cohen a mis pour la première fois en garde contre ce danger au début des années 2000, exprimant même ses premières inquiétudes pendant les années 1990 Clinton-Eltsine, on s’accordait assez largement à dire qu’une réédition de la guerre froide était impossible pour plusieurs raisons, principalement parce qu’il n’y avait plus de conflit idéologique fondamental entre les États-Unis et la Russie, comme cela avait été le cas entre le capitalisme démocratique et le communisme soviétique. A tout le moins, Cohen et McFaul s’accordent à dire qu’il y a maintenant un affrontement idéologique entre les valeurs démocratiques libérales de l’Occident dirigé par les États-Unis et les valeurs conservatrices, voire réactionnaires de Poutine. Cohen remet en question cette caractérisation simpliste des valeurs ou de l’idéologie de Poutine, mais la question n’a pas été directement traitée ici et le débat reste ouvert.

— Une série d’autres questions controversées sont discutées avant le débat, et la discussion Cohen-Batchelor se termine par la question des allégations de « Russiagate » concernant la « collusion » entre le président Trump et Poutine. McFaul considère apparemment que les allégations sont prouvées ou presque. Cohen ne le pense pas et craint que si Trump se retrouve face à une confrontation nucléaire existentielle avec la Russie, comme l’a été le président John F. Kennedy pendant la crise des missiles cubains de 1962, ces allégations empêcheront Trump d’éviter la guerre nucléaire en négociant avec le Kremlin, comme l’a fait Kennedy. M. McFaul n’a pas fait de commentaires à ce sujet, peut-être parce que le format du débat ne lui en a pas donné l’occasion. Ce qu’il en pense n’est pas clair. Mais nous tous, finit Cohen, nous devrions certainement, et de toute urgence, réfléchir très attentivement à cette possibilité qui n’est pas improbable.

Stephen F. Cohen est professeur émérite d’études et de politique russes à l’Université de New York et à l’Université de Princeton et rédacteur en chef de The Nation.

Source : The Nation, Stephen F. Cohen, 16-05-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr . Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Voici le texte source en anglais

Who Is Responsible for the New US-Russian Cold War?
A discussion of the Stephen F. Cohen–Michael McFaul debate.
By Stephen F. CohenMAY 16, 2018
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The John Batchelor Show, May 15

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Stephen F. Cohen, professor emeritus of Russian studies and politics at NYU and Princeton, and John Batchelor continue their (usually) weekly discussions of the new US-Russian Cold War. (You can find previous installments of these conversations, now in their fifth year, at TheNation.com.)

On May 9, at a public event jointly sponsored by Columbia University’s Harriman Institute and NYU’s Jordan Center for Advanced Russian Studies, Cohen and McFaul—a Stanford University professor and previously President Obama’s top Russia adviser in the White House and then his ambassador to Moscow—debated a crucial historical but also urgent contemporary subject: “The New US-Russian Cold War—Who Is to Blame?” Cohen argues that unwise American policies since the 1990s have been largely responsible. McFaul, drawing on themes in his new book, From Cold War to Hot Peace, argues that Russia’s leader since 2000, Vladimir Putin, is to blame. (A video of the full debate can be seen here.)

Batchelor plays several statements by Cohen and McFaul at the event, which he and Cohen discuss. Among the main points made by Cohen are the following:

— The new Cold War has unfolded for more than twenty years without any substantive mainstream debate—not in elections, Congress, the media, think tanks, or universities. In a democracy, such debates are the only way to challenge and change official policy. As a result, Washington’s unwise policies toward Moscow have been guided by the same underlying assumptions and principles since the 1990s. This situation is dramatically unlike the preceding 40-year Cold War, when US policy was regularly debated both at high and grassroots levels from the 1960s through the 1980s. And this lack of public debate is one reason why the new Cold War is more dangerous than was its predecessor. Therefore, Cohen emphasizes, if this event sets a precedent, inspires more such debates between representatives of fundamentally opposing American views, as he and McFaul are, there will be no loser only winners in the making of subsequent US policy toward Russia.

— Cohen locates the origins of the new Cold War at the time when the preceding one was said to have ended. The three leaders who declared that the ColdWar had ended in 1989­­­–1990—Presidents Gorbachev, Reagan, and George H.W. Bush—publicly agreed it had been terminated through negotiations and “without any losers.” But in 1992, Bush changed both the timing and terms of that epochal event, dating it from the end of the Soviet Union in December 1991, two years later, and declaring: “America won the Cold War.” Thus arose the US triumphalism and sense of entitlement that has informed Washington’s policies toward post-Soviet Russia ever since.

— At the same time, in 1990, another major agreement was successfully negotiated and then violated by Washington. In return for Gorbachev’s agreement that a reunited Germany (the political epicenter of that Cold War) would be a NATO member, the Western powers, led by President Bush, pledged that NATO would not expand “two inches to the East.” Violating that pledge a few years later led to two primary causes of the new Cold War: today, NATO, the world’s most powerful military alliance, is encamped on Russia’s borders; and the Russian policy elite’s abiding belief, expressed not only by Putin, that Washington has repeatedly broken its promises to, even “deceived,” Moscow.

— In the 1990s, the Clinton Administration’s professed “strategic partnership and friendship” with Russia was in fact driven by rampant triumphalism. With Russia gravely weakened and in profound crisis following the end of the Soviet Union, Clinton pursued what Cohen terms “a winner-take-all” approach to Moscow and, behind the scenes, toward Russian President Boris Yeltsin himself. While the physically ailing and psychologically needy Yeltsin was being cajoled by Clinton on matters of Russia’s domestic and foreign policies, legions of American “advisers” encamped across the country to similarly “meddle” in that nation’s politics—drafting laws and textbooks, abetting politicians and parties favored by Washington, and directly participating in the rigging of Yeltsin’s 1996 reelection. Many Americans applauded as progress the oligarchic plundering of Russia’s richest assets, and some even enabled the transfer and laundering of that ill-gained wealth in the West. Then followed the onset of NATO expansion eastward and, in 1999, the US-led bombing of Russia’s traditional ally, Serbia, and NATO’s annexation of its Kosovo province, which the Putin leadership would later cite as precedent for its action in Crimea. All along, as Russia was afflicted by the worst ever peacetime economic depression, with some 75 percent of its people sinking into poverty and attendant social misery, Washington cheered the process as a “transition to democracy and capitalism.” It ended in 1999, with Russia in financial collapse and with Yeltsin’s resignation. The resulting backlash could have been, Cohen points out, very much worse for the United States than Vladimir Putin has been.

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— Despite the disastrous US policies of the 1990s, the winner-take-all approach continued under President George W. Bush. Thus, following the 9/11 attack on America in 2001, the new and not yet unchallengeable Russian President Putin gave more support to the US war against the Taliban in Afghanistan than did any other country, including NATO members. Putin sought the real strategic partnership with Washington that Yeltsin had failed to achieve. Instead, he got in return from Bush further NATO expansion, now headed to Russia’s Baltic borders; expanded “democracy promotion”—“meddling,” to use “Russiagate” jargon—in Russia’s internal affairs; and, most detrimental to Russian (and international) security, unilateral US withdrawal from the Anti-Ballistic Missile Treaty, which now has resulted in missile defense installments on land and sea very close to Russia and, predictably, a new nuclear arms race.

— In 2008, following an official NATO statement that one day the former Soviet republics of Georgia and Ukraine would certainly become members of the alliance, a brief war between Russia and Georgia erupted. An official European investigation concluded that Georgia’s president had initiated the war. What is not known is whether he was advised to do so by his American patrons in the Bush Administration. Whatever the case, Georgia was the first US-Russian proxy war of the new Cold War. Others, in effect, soon followed—in Ukraine, then in Syria. More, or even worse, may be in the making.

— McFaul argues that Cohen’s thesis of an unending triumphalist, “winner-take-all” approach to post-Soviet Russia is wrong, as evidenced by President Obama’s “re-set” with Moscow under then President Dmitry Medvedev. It was, according to McFaul (himself a major participant), a “win-win” policy. Cohen disagrees, pointing out in detail that Moscow was offered, and received, very little, while the Obama Administration got what it most wanted: Russian sanctions on Iran and an expanded Russian supply route to US and NATO forces in Afghanistan. Moreover, it ended with another American broken promise. In return for its “partner” Medvedev not vetoing at the UN Security Council the US-led attack on Libya in 2011, Obama and his representatives, including Secretary of State Hillary Clinton, promised not to seek the removal of Libya’s leader, Muammar Gaddafi. In the event, he was tracked down and killed. Putin, then prime minister, remarked on “yet another American deception.” And any chance Medvedev had for a second term as president, as the Obama administration hoped and even lobbied for, was crushed by his own “re-set” partner in Washington.

— That is, McFaul and many others continue to insist that the new Cold War and its causes began with Putin’s return to the Russian presidency in 2012. But as Cohen’s historical presentation shows, this is not a viable empirical or analytical understanding of past or current developments.

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— Has the outcome really been a new Cold War? When Cohen first warned of this danger in the early 2000s, adumbrating his concern even during the Clinton-Yelstein 1990s, it was widely said that a recapitulation of Cold War was impossible for several reasons, primarily because there was no longer any fundamental ideological conflict between the United States and Russia, as there had been between democratic capitalism and Soviet Communism. If nothing else, Cohen and McFaul agree there is now indeed an ideological clash between, it is said, the US-led West’s liberal democratic values and Putin’s conservative, even reactionary, ones. Cohen questions this simplistic characterization of Putin’s values, or ideology, but the issue was not directly joined and remains to be debated.

— A range of other disputed issues are discussed before the debate, and the Cohen-Batchelor discussion, ends with the issue of “Russiagate” allegations regarding “collusion” between President Trump and Putin. McFaul apparently regards the allegations as proven or nearly so. Cohen does not, and he worries that if Trump is faced with an existential nuclear confrontation with Russia, as President John F. Kennedy was during the 1962 Cuban Missile Crisis, these allegations will prevent Trump from avoiding nuclear war through negotiations with the Kremlin, as Kennedy did. McFaul did not comment on this, perhaps because the debate format did not provide him an opportunity to do so. What he thinks about it is unclear. But all of us, Cohen ends, should certainly, and urgently, think very carefully about this not improbable possibility.