Le suspense du mondial : occasion d’une nouvelle provocation anti-russe ?

  • stoprussophobie redaction
  • mercredi juin 20, 2018
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Le suspense du mondial : occasion d’une nouvelle provocation anti-russe ?

photo RIA Novosty

L’après-visite de Macron : mi-temps du Mondial et possible détente malgré les médias hostiles

 

Après la visite d’Emmanuel Macron à Saint-Pétersbourg, au moment du lancement du Mondial de football, un relâchement semble se produire dans l’offensive politico-médiatique anti-russe en France.

Pas d’illusion toutefois : ni le championnat de football, ni le voyage du président Macron, ni même les mesures américaines contre l’acier et l’aluminium européen ou celles contre les entreprises européennes commerçant avec l’Iran, n’ont mis fin à la propagande anti-russe dans la presse française, y compris dans les médias d’État. Charlie hebdo se distingue par sa haine et il faut bien le dire sa co……e ! Mais France culture ou d’autres radios ne sont pas en reste avec une petite dose de venin quotidien… On revient sur le “racisme anti-noirs euh  blacks” des Russes au moment où les joueurs sénégalais vainquers des Polonais disent eux mêmes être bien accueillis ! 

Il semble que tous ces facteurs mis bout à bout ont contraint les journalistes et leurs commanditaires les moins acharnés à la tempérer. Les russophobes patentés continuent leur activité mais semblent moins abondamment repris et cités qu’à l’accoutumé. Les autres observent un silence parfois assourdissant sur la Russie, évitant même de la citer, par exemple en matière spatiale. Et dans l’opinion, sans qu’on puisse se référer à des sondages ou des recherches, il n’est pas rare d’entendre des réflexions sur «plus de calme» dans les accusations contre la Russie.

Ce n’est pourtant pas faute d’avoir déployé au niveau des acteurs politiques et médiatiques occidentaux tous les artifices et méthodes de provocation anti-russe et de procédés de propagande de presse. En répétant toujours les mêmes mensonges pour qu’ils deviennent vérité et qu’ils se mémorisent bien dans les têtes et les systèmes d’archivage informatique, afin de revenir à chaque rappel et servir pour ce qu’on appelle les «back-grounds» journalistiques et du web.

Tout semblait se mettre en place pour préparer l’opinion à toute sorte d’interventions contre la Russie, à l’occasion du championnat du monde de football de juin-juillet. Comme ce fut le cas lors des Jeux olympiques de Pekin en 2008, avec l’attaque de l’Ossétie par les troupes géorgiennes du président Mihail Saakachvili, ou lors de ceux de Sotchi, avec le coup d’État à Kiev, largement sponsorisé, en février 2014.

Les observateurs attentifs et, semble-t-il, les services russes attendent (attendaient?) une offensive dans le Donbass, à l’est de l’Ukraine, ou/et une nouvelle provocation en Syrie, sur le thème d’armes chimiques. L’Etat-major russe a du reste annoncé une telle préparation du coté de Deir ez Zhor, carrefour stratégique où de nombreux combats ont eu lieu et où des forces encore conséquentes de Daesh, parfois déguisées sous d’autres appellations, ont trouvé refuge auprès de conseillers nord-américains. Ces derniers sont aussi présents en nombre en Ukraine de l’est, aux cotés de milices ultra-nationalistes et de mercenaires de divers pays, qui ont été pourvus d’armes modernes et entraînés par les états-uniens. Des “conseillers” US doivent justement venir sur le front avec le président ukrainien Parachenko pendant le Mondial. 

Mais le président Poutine a annoncé que la Russie ne laisserait pas les habitants du Donbass se faire massacrer et comme il a aussi parlé de nouvelles armes russes au début mars, il est possible que des plans ont été revus. De plus, à en juger par certaines déclarations du président Trump, il n’est pas évident que toute l’administration américaine soit d’accord avec les va-t-en guerre.

Mais il est loin d’être sûr que la menace de guerre soit écartée. Car quelque soit le sort d’une offensive kievienne contre le Donbass, pour les partisans américains d’une détérioration encore plus profonde avec la Russie, c’est gagnant-gagnant. Au mieux, c’est une opération Krajina à la croate (200.000 Serbes ont été chassés de leurs terres et certains massacrés dans une opération de nettoyage ethnique en 1995, qui a suscité peu de protestations de l’OTAN). Moins bien, si l’on veut pour les mêmes cercles, c’est une défaite des milices et de l’armée ukrainienne qui pourra alimenter une campagne anti-russe à grande échelle.

Les gouvernants français, et le président Macron lui-même, ont participé aux suites de provocation et ont voulu croire, et en tout cas faire croire, à une implication russe dans la tentative d’empoisonnement de l’agent double russo-britannique Serguei Skripal, en Grande-Bretagne. Pourtant, les circonstances et le poison supposé ne tenaient pas la route. Tout échange d’information avec les Russes et toute fourniture de preuve minimum ont été refusés. Malgré une violation manifeste des traités diplomatiques sur le droit consulaire pour une visite à la fille de Skripal, Yulia, les anglo-saxons ont obtenu des expulsions de diplomates russes, sans beaucoup de fondement. Y compris en France. Après avoir accusé sans hésiter la Russie, les médias mainstream sont maintenant plus discrets sur cette affaire.

La pseudo attaque chimique syrienne à Douma, au sud de Damas, continue de servir aux plus russophobes. Les «plus objectifs» ne disent évidemment pas un mot sur le fait que les enquêteurs de l’OIAC, attendus par les officiels syriens, ont été retenus à la frontière libano-syrienne par des tirs fort opportuns, au tout début de l’enquête. Ou que l’un des enfants, «héros-vidéo-preuve», passé au tuyau d’arrosage, a été présenté à la commission à La Haye par les Russes dans une indifférence générale forcée. Ce sont ces enfants filmés, sans qu’ils sachent pourquoi, qui ont servi de «preuve» aux «casques blancs», proches des Frères musulmans, vidéastes semi-professionnels des vidéos «accusatrices» complaisamment montrées partout dans nos médias, sans vérification,

L’accusation, pour le moins légère, a néanmoins servi de prétexte à un bombardement occidental contre la Syrie. Soit-disant pour détruire des usines d’armes chimiques. Heureusement, il n’y en avait pas, sinon une catastrophe humanitaire se serait produite. Bien peu de médias officiels ou de politiques ont relevé ce fait. On a même nié qu’un grand nombre de missiles ont été détruits en vol. Et les menaces russes de répliquer si un seul soldat russe était touché, ont permis de s’en prendre à nouveau aux Russes dans les médias mais ont quelque peu ramené à la raison les plus excités des atlantistes. D’autant que l’objectif réél de ces bombardements pour l’équipe Trump est loin d’être évident et a sans doute une dimension de politique intérieure.

Les médias français, y compris ceux dits du service public, ont abondamment repris les accusations saugrenues anti-russes de la «commission d’enquête» sur la catastrophe du Boeing malaisien du vol MH17, en juillet 2014. Il est vrai que cette fois, les politiques n’ont pas suivi. Le timing de la publication était trop évidemment orienté contre le voyage de M. Macron en Russie. Et le ministre malaisien des transports a très vite rejeté les accusations de la commission d’enquête, dont les spécialistes et les données russes sont exclus, contrairement aux Ukrainiens. Elle a fondé ces accusations sur les réseaux sociaux et notamment des affirmations, en partie déjà démenties précédemment, d’associations britanniques russophobes. Aucune des questions qui se posent sur cette affaire n’a trouvé de réponse, notamment pourquoi les USA ne fournissent-ils pas les photos satellites prises juste au-dessus du drame ? Comme disait le président Jacques Chirac, cette accusation là a fait «pschitt» au niveau français, même si les réseaux russophobes y reviennent parfois.

Le coup monté en Ukraine par les services secrets avec la complicité d’un ancien journaliste russe, Arkadi Babtchenko, passé au régime de Kiev, mort vivant, a carrément été contre-productif, malgré le déchaînement des russophobes les plus haineux le jour d’avant la résurrection !

Avec un tel barrage d’artillerie médiatique de préparation au pire, il est difficile de ne pas se retrouver en porte-à-faux par rapport aux changements de la situation géopolitique et à des ambitions diplomatiques à consonance gaulliennes que semble vouloir manifester le président français.

Bien sûr, le début du Mondial n’a pas complètement mis fin dans nos médias aux couplets habituels anti-russes. Mais il arrive que des reportages soient neutres, voire plaisants (le chat Achille plaît) et les thèmes hostiles habituels sont ressassés : les droits de l’Homme, l’homophobie, le racisme (l’antisémitisme a été délaissé), l’opposition maltraitée, en citant uniquement l’Ukrainien Oleg Sentsov, arrêté tout de même en possession d’explosifs en Crimée ! Bien sûr, jamais de mention de l’arrestation arbitraire à Kiev du journaliste Kirill Vychinski, correspondant de l’agence russe RIA-Novosti. Et puis le classique sur «l’annexion de la Crimée» et «l’occupation du Donbass». Les plumitifs peu habitués de la géopolitique et couvrant seulement le football, retardent un peu en réutilisant les pussy riot et la Tchétchénie, parfois visiblement sans trop savoir où elle se trouve…

Il n’empêche : le président Macron a parlé en Russie de retour du pays dans le giron européen. Il a évoqué la souveraineté de l’Europe et de la France et laissé Total signer un accord commercial d’exploitation gazière et de liquéfaction de gaz qui va à l’encontre du programme américain, ouvertement affirmé, de contraindre l’Europe occidentale à acheter le gaz des États-Unis, plus cher et qui exigerait des installations aux frais des Européens. Il a en plus parlé de venir assister à un éventuel match au niveau finaliste si les bleus se qualifient… Pas trop dans la ligne Teresa May !

Bien sûr, la presse française en a peu parlé. Bien sûr aussi, il y a loin des paroles aux actes et on ne sait ce que Macron, même s’il le veut, sera autorisé à faire par nos amis et partenaires d’outre-atlantique et leurs cousins d’outre Manche. Total par exemple a déjà été contraint de se retirer d’Iran par diktat américain. Les surprises à attendre pendant le championnat, si elles prennent forme, peuvent contraindre le président français à reculer.

En revanche, d’autres aspects peuvent au contraire aider Macron et l’Europe moins inféodée que la Pologne et les pays baltes à leur oncle Sam, à jouer une amélioration des relations avec la Russie et à tenter de la ramener vers l’Europe, dont elle est une partie intégrante. Ce sont évidemment les mesures protectionnistes du président Donald Trump, son attitude ferme au G7 canadien, au début juin, et sa politique à l’égard des entreprises européennes, après sa dénonciation unilatérale de l’accord sur le nucléaire iranien. Cette dernière est basée sur l’extraterritorialité judiciaire que se sont arrogée les États-Unis et que l’Europe soumise a accepté jusqu’à présent. Aujourd’hui cet état de fait accepté frappe de plein fouet les entreprises européennes encore un peu indépendantes des capitaux US. 

La fragilité de l’affaire est évidemment que la Russie n’est pas en état de «compenser» les pertes de marchés aux Etats-Unis et l’économie mondiale financiarisée et dollarisée – même si Vladimir Poutine a plaisanté sur la sécurité qu’il pouvait assurer, lors de la visite de Macron –. Mais si ces pertes se produisent de toutes les façons avec les Etats-Unis, à cause du protectionnisme ou des sanctions, peut-être verra-t-on les choses d’une manière plus équilibrée.

Le succès du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai, qui s’est tenu à Quingdao (Chine) au début juin, en même temps que le G7 pas très heureux à Quebec. L’existence de l’Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC), de l’Union Economique Eurasiatique, des BRICS et la reconstitution d’une route de la soie eurasiatique sont des manifestations d’un multilatéralisme en construction. La route de la soie marque un changement profond des transports de marchandise, jusqu’à présent aux mains de la domination maritime des anglo-saxons. Dans le contexte d’une guerre commerciale sino-américaine, elle prend encore plus d’importance. En parlant de multilatéralisme et de retour de la Russie vers l’Europe, le président Macron prend sans doute en compte ces changements qui s’ébauchent dans les rapports de force mondiaux.

Souhaitons que nos médias et nos politiques en prennent assez vite conscience, au lieu de servir la vision d’un état profond américano-mondialiste qui sert ses propres intérêts des ultra-riches du monde et ne veut voir en aucun cas remettre en cause son aspiration au gouvernement mondial à domination unique, ne supportant aucune contestation, désaccord ou intérêt divergent, surtout s’il est national.