Les gouvernants lettons veulent fermer les écoles de la minorité (40%) russophone

  • stoprussophobie redaction
  • jeudi juin 14, 2018
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Les gouvernants lettons veulent fermer les écoles de la minorité (40%) russophone

Russophones en Lettonie – Le double standard des préoccupations démocratiques de l’Europe

 

Les autorités actuelles de la Lettonie ont décidé une nouvelle fois de s’attaquer à leur minorité russophone, dont une bonne partie de souche depuis des siècles, en fermant les écoles bilingues qui ont un enseignement en russe. Les russophones, dont une partie ne sont toujours pas reconnus comme des citoyens de leur pays, ont évidemment protesté et ont été réprimés. Au lieu de s’intéresser à leur situation économique qui oblige leur population à quitter le pays, les gouvernants lettons se complaisent dans une russophobie systématique qui les mène, non seulement à agir contre leurs intérêts, mais en plus à violer de nombreuses lois européennes et parfois à glorifier les exploits des légions nazies de la dernière guerre ! Il est vrai que l’UE se montre bien silencieuse devant ces violations. 

De nombreux médias français ne manquent aucune occasion pour nous faire remarquer l’interpellation de manifestants en Russie s’étant frotté de trop près avec les forces de l’ordre ou étant sorti de l’itinéraire autorisé, l’affaire se terminant souvent par une nuit passée au poste de police. Toutefois, cette sollicitude envers les manifestations de russophones mécontents, et néanmoins pacifiques, semble ne pas s’appliquer en dehors de la Russie, et tout particulièrement dans certains pays membres de l’Union Européenne qui violent allègrement les principes et même des lois européennes, dont nous sommes si fiers. C’est le cas actuellement de la Lettonie. 

Parce-qu’il faut bien définir le cadre

Comme c’est le cas avec l’histoire de nombreux pays de l’Est, nombreux sont ceux qui pensent que la Lettonie a connu l’apparition d’une population russophone exclusivement du fait de son ancienne appartenance à l’Union Soviétique. En réalité c’est plus qu’exagéré et même très inexact. Sans remonter jusqu’à 1030 où la première présence slave se manifeste sur le territoire correspondant à la Lettonie d’aujourd’hui, on peut tout de même remarquer que l’ancienne Livonie faisait déjà partie de l’empire russe en 1772, après avoir été administrée successivement par diverses puissances européennes. Il n’est pas ici question de revendications territoriales mais de justification de l’existence d’une nation multilingue depuis plusieurs siècles, par exemple comme la Belgique. Il est par ailleurs intéressant de constater que la codification du Letton moderne écrit date de 1918 et que l’Allemand fut la langue administrative jusqu’en 1919. Il n’y a donc pas une langue unique pérenne ayant été parlée par toute une nation depuis des siècles, contrairement aux cas des pays d’Europe de l’Ouest.

Un climat délétère s’installant déjà étape par étape

Si certains pays bilingues comme la Belgique se sont arrangés du mieux possible pour faire cohabiter deux langues nationales en tant que langues officielles reconnues, un but radicalement différent a été ciblé en Lettonie dès l’indépendance en 1991. Dès le début il fut déjà question en premier lieu d’attribution sélective de la nationalité: Tous les citoyens issus de l’ex-URSS qui n’étaient pas nés avant le 17 juin 1940 (donc ayant moins de 51 ans) devinrent purement et simplement des non-citoyens. Cela jette déjà les bases pour un futur apaisé, n’est-ce pas? Veiko Spolitis, député Letton, n’hésite pas à déclarer: “Si vous regardez la situation démographique de la Lettonie en 1991, il y avait 54% de Lettons ethniques et 46% de colonialistes (sic) qui sont arrivés pendant l’occupation”. Notons que par “occupation”, l’intéressé ne fait pas allusion à l’occupation allemande pendant la seconde guerre mondiale car cette occupation là est jugée avec une grande indulgence [1], c’est le moins qu’on puisse dire. Il s’agit bien entendu du même style de propagande de haine que celle qui a sévi en Ukraine jusqu’à l’obtention du résultat attendu. (L’accusation du russe colonisateur est ici d’autant plus paradoxale que les Lettons ont joué un rôle très actif, et en grand nombre, dans la révolution russe de 1917 [2]).

Mais ça ne s’arrête pas là

Alors que la population du pays en total déclin économique s’amoindrit de 2 à 3% chaque année, la préoccupation majeure des autorités semble être toujours la proportion de russophones jugée trop élevée. L’article 12 de la Loi sur la citoyenneté (1998) comportait déjà quelques exigences paradoxales, comme le fait d’exiger d’une part le renoncement à “l’ancienne citoyenneté” et d’autre part la présentation d’une “une autorisation d’expatriation de la part de l’État de l’ancienne citoyenneté”. En 1999 le Russe était complètement banni en tant qu’une des langues administratives, mettant définitivement fin à tout espoir sur une solution raisonnable d’une nation bilingue qui aurait pourtant été toute indiquée alors que certaines régions du pays demeurent encore complètement russophones.

Les tous derniers événements

C’est lorsque ce type de réformes visant au “tout-Letton” s’est mis à gagner petit à petit l’école, de 2004 jusqu’à 2014, que des mouvements populaires de protestation d’assez grande ampleur se sont fait entendre [3]. La toute dernière manifestation a eu lieu ce 2 juin, et 4000 participants y ont pris part sans provoquer de troubles particuliers. Aleksandre Gaponenko, Docteur en Sciences Économiques et Directeur de l’Institut d’Études Européennes, est une personne de premier plan, lui aussi “non-citoyen”, et est impliqué dans cette contestation. Il aura suffit de cela et de ses commentaires désapprobateurs sur les manœuvres de l’OTAN pour qu’il soit arrêté et incarcéré depuis le 16 mai pour “actions contre l’indépendance de l’Etat”. L’affaire étant jugée en huit clos, on ne sait ce qui l’attend. Quant à Tatiana Zdanok, députée européenne, qui prit l’initiative d’organiser une réunion de 900 parents d’élèves en meeting fermé, cela lui vaut désormais des poursuites, ainsi qu’à sept autres participants.

La Lettonie en marche vers la démocratie? Tout ce qui est anti-russe est-il donc bon à prendre? Les réactions sont en effet encore bien timides du côté de l’Europe de l’Ouest…

Annexes:

[1] Les 16 mars 1998, 1999 et 2000 furent officiellement jours de fête nationale pour célébrer la “légion lettone”, les auxiliaires de la SS pendant la Seconde Guerre mondiale. La dictature de Karlis Ulmanis, entre 1936 et 1940, qui n’a rien à envier à l’URSS des années dures, est souvent perçue par les promoteurs de cette manifestation comme un âge d’or. Le petit-neveu de Ulmanis, Guntis, fut président du pays de 1993 à 1999. Encore récemment des défilés non-officiels en l’honneur des légions SS ont eu lieu:

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2015/03/16/97001-20150316FILWWW00214-les-ex-ss-lettons-defilent-a-riga.php

[2] Les Lettons et la révolution russe :

En 1917, alors que l’influence des bolcheviks ne fait que grandir sous le gouvernement pré-révolutionnaire de Kerensky, ce sera à plusieurs reprises que les gardes lettons auront permis d’annihiler tous les types de contre-mouvements (non bolcheviks, bien entendu). Que ce soit pour protéger temporairement le gouvernement de Kerensky ou pour ensuite le renverser au profit des bolcheviks. On peut même dire sans exagérer que ce sont eux qui ont choisi de porter Lénine au pouvoir. En 1918, les cadres de la Tchéka comportaient 50,4 % de Lettons (les principaux ressortissants étrangers), alors qu’une part de 25,9 % restait à se partager entre Biélorusses et Russes (y compris ceux qui allaient devenir plus tard des Ukrainiens).

[3] Protestations contre la liquidation de la langue russe: https://www.cielfm.be/le-rallye-de-la-protection-des-ecoles-russes-en-lettonie-a-recueilli-de-lordre-de-3-milliers-de-participants/

https://www.youtube.com/watch?v=hWDZqJPJJXA

https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=JQDHRkRNegc

https://www.youtube.com/watch?v=z9ft-9IOLAs

Protestations devant le parlement européen:

https://www.youtube.com/watch?v=WUXupJLAB1g

Reportage avec un peu d’histoire sur les protestations des années 2003-2004

https://www.youtube.com/watch?v=OGfqtbcp1no

 

 


 

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