Les nuisances russophobes des médias occidentaux
LES RISQUES DE GUERRE ET LE JEU DANGEREUX DES MEDIAS
Nos journaux télévisés nous ont abreuvés des turpitudes de Donald Trump, des vertus de Joseph Biden et des vilenies de Vladimir Poutine. L’urgence parfois brouillonne des rédactions les dispense de s’attarder sur les démentis ou correctifs. Ainsi, le Russiagate s’est dégonflé après avoir fourni son lot de nuisances, mais les invectives contre la Russie permettent de passer sous silence la brutale continuité de la politique étrangère étasunienne. Le président Biden maintient les embargos criminels de son prédécesseur, notamment contre l’Iran, la Syrie, Cuba, le Venezuela et la Biélorussie.
Quant aux médias occidentaux, ils semblent avoir renoncé depuis longtemps à appliquer la grille d’analyse des faits qui consiste à se demander « à qui profite le crime », se contentant en général de répercuter sans autre forme d‘examen les éléments de langage de la propagande de l’OTAN et de ses vassaux.
Plus grave encore, les dirigeants étasuniens nourrissent la tension occidentale contre la Chine et la Russie, directement ou par l’intermédiaire de leurs pions européens. En Allemagne, la coalition conduite par Olaf Scholz fait la part belle aux anti-Russes, influents chez les Verts et les Libéraux.
Annalena Berbock, la nouvelle ministre verte des affaires étrangères, endosse la tenue de camouflage des droits de l’homme pour invectiver la Chine et la Russie et s’aligner sur l’outrance étasunienne.
L’Union européenne persiste pour sa part à reconduire tous les six mois les « sanctions » contre la Russie qui pénalisent aussi sa propre économie. Ces « sanctions », sollicitées par les Etats-Unis d’Amérique, prennent comme prétexte des procès en sorcellerie pour des faits, dont l’empoisonnement des Skripal, imputés aux Russes sans la moindre preuve. Jacques Baud a démontré le caractère fantaisiste de plusieurs accusations dans son livre intitulé Gouverner par les Fake News.
Quant à « l’annexion de la Crimée », ceux qui la dénoncent passent sous silence le référendum du 12 janvier 1991. Une première fois, en effet, la population de Crimée avait massivement choisi l’indépendance et l’association à l’Union proposée par Gorbatchev. Sous la pression occidentale, les autorités de Kiev avaient purement et simplement annulé le résultat du référendum dont elles avaient pourtant accepté la tenue. Le nouveau référendum du 16 mars 2014, organisé à la suite du coup d’État de Kiev, n’a fait que confirmer celui de 1991. Hormis Guy Mettan, très peu de journalistes ont rappelé le référendum de 1991.
Plus globalement, la crise ukrainienne résulte de la volonté occidentale de faire basculer l’Ukraine dans sa zone d’influence au lieu de la laisser avoir de bonnes relations avec l’Est comme avec l’Ouest.
D’aucuns rêvent manifestement d’en faire autant avec la Biélorussie…
A propos de l’hostilité croissante de l’OTAN et des médias occidentaux à l’égard de la Chine, et en particulier de l’avis récent du « Tribunal ouïghour », notre collègue Alfred de Zayas donne un éclairage pertinent qui devrait retenir l’attention de ceux qui ont à coeur de donner des informations plus équilibrées.
https://news.cgtn.com/news/2021-12-12/The-pseudo-Uygur-tribunal-15VQrif6JRS/index.html
En tant qu’institut genevois de recherches sur la paix, le GIPRI est dans son rôle quand il attire l’attention des médias sur la gravité de la situation géopolitique et sur le fait que le risque de guerre mondiale n’a jamais été aussi grand depuis la crise de Cuba en 1962. Il invite tous ceux qui formatent l’opinion publique à se garder de jeter encore davantage d’huile sur le feu.
Le Conseil de Fondation
22 décembre 2021
1 Guy Mettan, Russie-Occident – Une guerre de mille ans, Editions des Syrtes, 2015, p. 99.