Manifestations pré-électorales à Moscou : complèment d’information

  • stoprussophobie redaction
  • lundi août 5, 2019
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Manifestations pré-électorales à Moscou : complèment d’information

Photo TASS

Manifestations à Moscou – clarifions

 

C’est l’événement qui fait en cet été 2019 les choux gras de France TV et d’autres médias français qui ont été souvent moins prompts à couvrir honnêtement les gilets jaunes : Les manifestations, voire la « révolution » à Moscou.

Ce n’est évidemment pas à stoprussophobie de juger du bien-fondé de la protestation politique et des manifestations en Russie. Le fait même qu’elles existent démontre qu’on est loin de la “dictature” décrite par nos médias et certains de nos politiques…. Et les interpellations de manifestants – qu’on est libre de déplorer si l’indignation n’est pas sélective – rappellent pour le moins ce que nous avons connu ces mois derniers.

Le thème officiel des manifestations en question est le rejet par la Commission électorale des candidatures de plusieurs candidats à l’élection municipale de septembre prochain. Les raisons invoquées par la Commission sont principalement la présence de très nombreuses personnes décédées dans les listes de soutien (les fameuses « signatures » comme en France) aux candidats refoulés. Le nombre de prétendants à la candidature est par ailleurs complètement farfelu, du jamais vu en France par exemple : Plus de soixante, puisque soixante ont été refoulés, alors qu’il est difficile de connaître le nombre total.

Ces refus – qui ne semblent pas concerner uniquement des opposants se présentant comme tels – furent alors jugées “motivés politiquement” pour ne pas faire d’ombre au Maire actuel, Sergey Sobyanine. En fait, le maire lui-même ne semble guère menacé par une éventuelle victoire d’opposants mais de nombreux membres de sa municipalité et des hauts fonctionnaires municipaux semblent beaucoup plus inquiets. Certains sont visés par des accusations sérieuses de corruption et d’abus de biens sociaux.

Il est indéniable que la nouvelle tactique choisie par l’avocat-businessman-blogueur, lanceur d’alertes anti-corruption, Alexey Navalny, de faire présenter quelques candidats refusés à coup sûr et d’organiser ensuite des manifestations sans demander d’autorisations préfectorale, en convoquant toute la presse occidentale, est très porteuse du point de vue com. Du point de vue politique, son choix de se battre sur le plan local plutôt que national, porte ses fruits. Navalny, que la presse occidentale présente comme le “principal opposant à Poutine”, alors qu’électoralement il est loin derrière les communistes par exemple, est peu populaire en dehors de Moscou et de quelques grandes villes de Russie. Il n’a aucune chance dans une élection nationale. En revanche à Moscou, où il avait déjà fait un score honorable, c’est une autre histoire. Son alliée Lioubov Sobol’ est aujourd’hui en vedette comme candidate et dans les manifestations. A noter que notre presse est beaucoup plus complaisante avec lui qu’avec Julien Assange en matière de liberté d’expression.

Tout changement à Moscou a des répercussions dans l’ensemble de la Fédération. Navalny l’a bien compris en s’attaquant à Sobyanine et à son équipe qui, il faut le reconnaitre, font de très nombreux mécontents à Moscou. En fait, pour beaucoup, pour les même raisons qu’on observe par ailleurs dans les capitales de l’Union Européenne : Coût du logement et des charges qui explose par rapport aux revenus, obligation d’habiter de plus en plus loin de son lieu de travail, transports et routes engorgés, travaux interminables, et tout ce qui va avec, magouilles diverses avec l’immobilier et différentes agences municipales, environnement dégradé…

La plupart des slogans des manifestations pré-électorales prétendaient réclamer assez malhonnêtement, mais de bonne guerre, “des élections libres” à Moscou. Alors qu’il s’agissait de soutenir des listes d’opposition et alors que c’était par ailleurs une manifestation “contre Poutine” parce-que “contre Poutine”, alors qu’il n’est pas directement concerné par des élections municipales qui mériteraient sans doute plus d’attention en elles-mêmes.

Car de fait, la confusion des genres est à l’avantage de l’équipe Sobyanine à Moscou. Même si des candidats ont effectivement été refusés indûment, la victoire de son opposition n’arrivera pas tant que celle-ci sera représentée par des gens comme Navalny, notoirement soutenus par les organisations de Soros et téléguidées par les organismes otaniens.

Si demain un autre candidat déclarant qu’il soutient Vladimir Poutine, qu’il refuse l’alignement de la Russie au “nouvel Ordre Mondial”, qu’il défend les intérêts géopolitiques de la Russie et ses valeurs “traditionnelles” en refusant le pseudo “modernisme” et le politiquement correct occidental, et qu’il est décidé à purger la ville des incapables, des corrompus et corrupteurs, alors il fait peu de doute qu’il sera élu à la tête de Moscou avec peut-être même le soutien du Président.

Faute d’un tel candidat, rien ne changera en bien et les manipulations de ce qu’on appelle souvent en Russie la cinquième colonne pourraient déclencher des événements dramatiques, sans aucune conséquence bénéfique. Nul doute que les pays occidentaux les encourageraient et sauraient en tirer parti, en cette période où eux-mêmes n’arrivent plus à maintenir une certaine stabilité sur leurs territoires. Ils n’attendent que ça, sous prétexte « d’aider le peuple russe », comme ils ont « aidé » les Irakiens, les Libyens, les Syriens, les Ukrainiens…