Manifs d’opposants : couverture presse biaisée et fantaisiste
Manifs et meeting d’opposition ont lieu, c’est la tactique de com. qui créé les problèmes
Les manifestations de l’opposition extra-parlementaires russe le 12 juin 2017, à l’occasion d’une fête nationale en l’honneur de la Constitution post-soviétique, ont donné lieu à des couvertures presse chez nous, pour le moinsincomplètes, malveillantes pour le pouvoir et la plupart du temps très biaisées, voire fantaisistes. En voici quelques exemples, après vérifications auprès de témoins de l’action à Moscou.
Soyons clairs :Stoprussophobie ne prend pas partie sur le bien-fondéou non des manifestations sur le fond. Mais sur la façon dont elles sont présentées chez nous. Celà pose problème quant à la fiabilité de l’information et donc la possibilité de se faire un jugement équilibré sur les faits et les gens. Sur le fond, tout le monde se dit opposé à la corruption, y compris le pouvoir, et tout le monde reconnait le mal endémique qu’elle représente en Russie.
Contrairement à ce qu’ont écrit l’ensemble des médias occidentaux et en tout cas français, les manifestations del’opposition n’étaient PAS interdites. Beaucoup ont eu lieudans plus de cent villes de province, dans toute la Fédération. Et des centaines, voire des milliers de personnes y ont participé sans problème. Il est vrai assez peu relativement, par rapport à ce que souhaitaient les organisateurs et ce qu’ont pu écrire nos journaux et diffuser nos télévisions et radios. Les médias russes ont mentionné ces manifestations.
C’est à Moscou et à Saint-Petersbourg qu’ont eu lieu les faits les plus “spectaculaires” – justement spectaculaires – car on a pu assister à une opération de relations publiques de la part de l’opposant Alexis Navalny, un peu rapidement baptisé N° 1 par notre presse, alors que le dirigeant communiste Guennadi Ziouganov, qui incontestablement présente moins bien, a beaucoup plus d’électeurs.
Une manifestation meeting de l’opposition devait se dérouler sur l’avenue Sakharov, au centre ville mais un peu excentré vers le nord-est. Une tribune y avait été dressée avec sonorisation et cordons de sécurité, compte-tenu des risques d’attentats, comme chez nous. La veille au soir du défilé prévu, Navalny a ordonné de déplacer la manifestation vers la grande avenue Tverskaya, menant au Kremlin. Cette dernière était fermée ce jour là à la circulation pour accueillir des stands et des théâtres de rue, à l’occasion de la journée nationale, sur des thèmes historiques.L’idée était évidemment de mêler ses partisans aux gens venus pour les distractions, afin de diluer le nombre de participants en présentant des pseudo-bataillons plus nombreux et de provoquer des incidents avec le public et la police.Ce qui n’a pas manqué de se produire. Et selon des scénarios bien rodés maintenant, en matière de “révolutions de couleur”, tous les médias occidentaux étaient conviés à l’avance.
Le prétexte invoqué par Navalny a été la défaillance de sonorisation sur l’avenue Sakharov où tout était autorisé et préparé. C’était faux mais ça n’a pas empêché ses partisans d’accueillir ceux qui arrivaient au meeting prévu, en leur disant de se rendre à la Tverskaya, où rien n’était autorisé et où des familles se trouvaient pour tout autre chose.Quelque 1.800 personnes ont du reste participé au meeting prévu. Sans incident.Mais ça aucun de nos média ne l’a mentionné, préférant parler uniquement des manifestants sur la Tverskaya.
Quelque 4.000, selon les organisateurs et la presse russe – la notre parle de milliers, de foules considérables ce qui est faux – se sont mêlés aux fêtards de la Tverskaya et se sont heurtés aux cordons de police. Quelque 150 enfants mineurs ont été interpellés. Et non 1.500, comme l’écrit notre presse, peut-être en raison d’une erreur de zéro par une des agences d’information. Et environ 500 autres personnes ont aussi été interpellées. Interpellées et non arrêtées et emmenées au “Goulag” (qui n’existe plus depuis trente ans), comme le disent certains de nos “journalistes”, notamment à la télévision que nous payons avec nos impôts. C’est à dire que la plupart sont relâchés le soir même. C’est mal mais ce n’est pas qu’en Russie. Et il s’agit bien d’une manifestation interdite, au milieu d’une foule plus nombreuse non manifestante, avec des enfants et un risque terrorirste qui n’est pas à négliger.
Navalny de son coté a été arrêté pour de bon. Et a écopé d’une peine d’un mois. Et c’est sans doute ce qu’il cherchait. Et ce dont il a besoin pour sa promotion personnelle, en vue d’une éventuelle candidature aux élections présidentielles de l’an prochain ou/et pour plaire aux soutiens de l’extérieur. Un meeting sans histoire sur l’avenue Sakharov ne pouvait suffire…. Sa candidature aux élections présidentielles n’est pas acquise car il a été condamné pour des affaires de trafic de bois dans la région de Viatka-Kirov notamment. Son frère purge d’ailleurs une peine de prison pour cette affaire. Il y a aussi une affaire avec Yves Rocher. Il sera intéressant de voir comment les autorités judiciaires et politiques se sortiront de cette situation pour lui permettre de se présenter quand même, afin de ne pas subir de nouvelles accusations d’atteinte à la démocratie. Les tensions internationales contre le Russie joueront peut-être un rôle. Mais l’aspect politique essentiel est que le président Poutine verrait sans doute d’un assez bon oeil une candidature Navalny pour mieux légitimer sa victoire.
Le coup qu’a fait Navalny avec cette manif-provocation a beaucoup plu à notre presse. Au point que l’éxagération ne s’est pas limitée aux chiffres et à la déformation des faits mais aussi carrèment à de gros mensonges. Ainsi, l’un des stands historiques sur l’avenue, montrait des herses anti-chars en décors de théâtre pour commémorer la défense de Moscou contre les nazis ! Eh bien un commentateur radio d’opposition a jugé bon de raconter que les autorités avaient érigé des herses anti-chars contre la “masse” des manifestants. Fake immédiatement repris par des sites américains afiirmant que “le pouvoir se sert de herses contre son propre peuple”… Goebbels n’est jamais loin !
Mais sur place, à Moscou, parmi les gens qui étaient venus pour participer à la fête de la Constitution, Navalny s’est plutôt déconsidéré. Et le fait d’y avoir envoyé de très jeunes gens avec quelques militants aguerris et entraînés (des flics ont été gazés aux bombes lacrymogènes et au poivre) n’a pas beaucoup plu. Le coté com. de la manipulation a été trop évident en Russie. Mais bien sûr pas chez nous !