Quand la haine russophobe d’un journaliste qui se veut d’information s’étale en public

  • stoprussophobie redaction
  • mardi décembre 19, 2017
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Quand la haine russophobe d’un journaliste qui se veut d’information s’étale en public

“Merkell : Nous devons trouver des énergies alternatives Hitler : J’ai une petite idée”

Confusion des genres : information ou désinformation russophobe

Le 8 décembre dernier (2017), Benoît Vitkine, rédacteur en chef adjoint du Monde, déjà connu pour sa russophobie maladive et sa conception très particulière de l’information et de la déontologie journalistique (cf les exemples cités ci-dessous), donnait une conférence à Nantes sur le thème « voisiner avec la Russie ».

 Comme nous le signalent des lecteurs de stoprussophobie.info, loin des faits, Vitkine s’est “lâché” pour exprimer ses opinions et ses ressentiments qui ont peu à voir avec de l’information et les faits encore moins… Le Monde est vraiment peu crédible avec de tels représentants… 

Selon Vitkine, Poutine est bien populaire auprès de 80% (tiens il est sûr ? C’est pas un coup des hypothètiques “réseaux poutiniens ?) de la population, mais cela s’explique par « l’apathie des Russes » (Ce ne serait pas de la russophobie à l’état le plus pur ça ? ) et la difficulté à s’exprimer pour l’opposition. Vitkine ne doit pas souvent regarder les médias et notamment la télévision russe en période prélectorale : des opposant(e)s y sont souvent. Dans tous les débats, il y a des représentants des pro-kiéviens et des otaniens… Chez nous aussi mais il n’y a qu’eux chez nous ! 

 Peut-on supposer que le président russe actuel, qui brigue un nouveau mandat, est populaire car il a redressé le pays après la catastrophique décennie des années 1990 ? Depuis les années 2000, tous les secteurs d’activités sont repartis à la hausse. L’indépendance acquise en matière économique après les sanctions contre la Russie ont-elles permis de le rendre plus populaire ? Quant à l’opposition, ne s’exprime-t-elle pas en plus des médias, aujourd’hui également dans la rue, notamment à travers les appels d’un Navalny, accusé de délits financiers, mais qui a organisé dans plusieurs villes des manifestations d’autant plus spectaculaires pour la com. , que le parcours des manifestants était changé au dernier moment pour provoquer les policiers qui ne manquaient pas, il est vrai, de tomber dans le piège. Parfois sans pouvoir faire autrement, lorsque la sécurité du public non manifestant était en jeu. Et surout il n’est pas juste de réduire l’opposition à celle soutenue pas l’outre-atlantique et nos médias. Il y a une opposition parlementaire inégale mais existante. 

Enfin, que représente Benoît Vitkine pour juger le peuple russe « apathique » ?

Quelques florilèges de Nantes : Contrairement à ce qu’affirment les russophobes comme le conférencier, le taux de natalité russe augmente sensiblement grâce à une politique active du gouvernement qui conscient du problème dans le passé, s’évertue à redresser la croissance démographique. Les chiffres fournies par l’OCDE en témoignent. cf. aussi les articles d’Alexandre Latsa. 

RT ne diffuserait qu’une “propagande favorable au Kremlin”… Qu’est-ce qui gêne donc tant dans l’éxistence de RT, objectivement bien modeste par rapport à la masse des médias monocolores ? Une information légèrement différente des médias mainstream et surtout un agenda non soumis à la ligne générale otanienne. Doit-on rejeter France24, la BBC, la DW… car ils sont tous subventionnés par leurs états respectifs ? Des sources d’information variées et diverses ne sont-elles pas une garantie de démocratie et de choix citoyen ? 

On lui doit tout de même de reconnaître une victoire militaire et diplomatique en Syrie, ce qui ne fera pas de la Russie “un acteur important de la région”, selon son avis. Nous rappellerons à ce sujet qu’au moment où une bataille de l’information a lieu entre occidentaux et Russes sur la Syrie, voici quelques faits vérifiables par tous :

Le gouvernement syrien a demandé l’aide militaire de la Russie. La coalition internationale menée par les Etats-Unis était présente sur le territoire syrien, sans l’accord du pays hôte. Elle y mène de plus depuis 6 ans une politique pour le moins ambigüe en matière d’armement, d’entrainement et de soutien à des groupes islmaistes ou qui le deviennent. Même en fin 2017, des djihadistes de l’EI ont semble-t-il trouvé refuge auprès de forces de la coalition américaine, selon des sources militaires russes qui ne se sont pas avérées plus mauvaises que d’autres.   

La coalition veut faire croire que c’est elle qui aurait empêché les islamistes de s’emparer de la Syrie ! Mais pourquoi, ces derniers étaient-ils en train de triompher avec des armes occidentales, au moment où la Russie est intervenue ? Nous épargnant sans doute un sanctuaire islamiste qui nous aurait fait subir de nombreux bataclans et promenades des Anglais…pourquoi ont-ils échoué en 10 ans, en Afghanistan, Irak, en Libye avec un budget 10 fois supérieur au budget militaire russe ?

Les seules conférences d’Astana menées sans pays de la coalition ont eu des résultats rééls, après les multiples échecs de conférences à Genève.

Stoprussophobie ne remet pas en question les problèmes existants en Russie. Mais aux vues des faits, son président est populaire, il a su empêcher la création d’un sanctuaire d’entrainement et d’envoi de mercenaires et fanatiques djihadistes en Russie, en Asie centrale et sans doute chez nous, en maintenant une influence régionale au Moyen-Orient. Malgré les sanctions économiques, encore prolongées contre notre intérêt aujourd’hui, le pays relève son économie. Les élections, les résultats en Syrie et les chiffres fournies par l’OCDE en témoignent. Malheureusement, les faits ne peuvent rien contre la haine et le souci de la semer de propagandistes professionnels qui nuisent au métier de journaliste. 

Pour rappeler quel genre de “journaliste” est M. Vitkine, voici un rappel d’un article des Crises de 2016 : 

Suite de ce premier billet.

I. L’article du Monde du 6 mai 2016

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Deux ans de prison pour un internaute russe qui avait écrit « la Crimée, c’est l’Ukraine »

Source : Le Monde, 6 mai 2016 |Par Benoît Vitkine

Le procureur avait requis trois ans et demi de prison, mais les juges d’un tribunal de Tver, à une centaine de kilomètres au nord de Moscou, ont fait preuve de « clémence »… Pour la simple republication d’un message sur le réseau social Vkontakte, un internaute russe a été condamné, jeudi 5 mai, à une peine de deux ans et demi de prison.

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Le sujet du message d’Andreï Boubeïev était particulièrement sensible : « La Crimée, c’est l’Ukraine », avait été posté à l’origine par un utilisateur du très populaire réseau social russe, Boris Stomakhine, un militant de gauche radicale lui-même en prison.

Le tribunal du district de Zavoljskiï a estimé que la republication de ce message constituait un appel public à l’extrémisme et une activité visant à la violation de l’intégrité territoriale de la Russie. M. Boubeïev, ingénieur de son état, a refusé de plaider coupable, se disant persécuté pour ses opinions.

La répression des opinions divergentes s’est accrue ces derniers mois en Russie, singulièrement depuis l’annexion de la Crimée, territoire ukrainien, en mars 2014. Elle touche aussi bien la sphère « réelle », avec par exemple la condamnation récente à trois ans de camp d’un homme accusé d’avoir violé les règles de manifestation, que les réseaux sociaux.

Depuis le mois de février, un internaute est ainsi poursuivi par la justice, après avoir passé un mois en hôpital psychiatrique, pour avoir nié l’existence de Dieu, une affirmation pouvant relever de « l’insulte aux sentiments des croyants ».

Benoît Vitkine – le Monde 6 mai 2016

II. Les réactions

Fichtre, c’est sûr que quand on lit ça, on comprend les réactions des lecteurs :

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Mais sont-elles réellement justifiées ? – attention, il s’agit du Monde

III. L’analyse du cas Boubeïev

Nous avons précédemment vu que Viktor Krasnov, dont l’affaire est évoquée dans le dernier paragraphe, n’est pas poursuivi, contrairement à ce qu’affirme Benoît Vitkine, simplement « pour avoir nié l’existence de Dieu » – l’athéisme est évidemment constitutionnellement protégé en Russie.

Passons à Andreï Boubeïev, que Le Monde présente ici comme une nouvelle victime de la répression de « l’infâme Poutine ».

Pour en savoir plus, nous allons jeter un œil du côté de l’ONG russe OVD Info – plébiscitée par Deutsche Welle même Mikhail Khodorkovsy – ONG que l’on ne pourra ainsi pas soupçonner de soutenir Vladimir Poutine.

Selon cette ONG, Andreï Boubeïev était déjà condamné à 10 mois en colonie pénitentiaire à sécurité réduite avoir reposté certains messages dans les réseaux sociaux et pour possession de munitions de guerre. Il est donc en état de récidive, et a été condamné cette fois à deux ans et trois mois de colonie toujours à sécurité réduite (Source).

Premier point, en comparaison, rappelons qu’en France la possession de munitions de guerre (catégorie A2) par des personnes non-autorisées est punissable d’une peine d’emprisonnement de 5 ans et de 75 000 euros d’amende. (Source : Code pénal français, articles L311-2 et L317-8).

Deuxième point, il convient de définir qu’une colonie est un centre d’enfermement beaucoup moins sévère qu’une prison. Il s’agit d’une sorte de hameau fermé avec des baraquements, sans gardiens armés, avec des déplacements libres au sein de la colonie en dehors du couvre-feu, avec des établissements mixtes (hommes et femmes), sans uniforme pour les détenus, et où la famille peut visiter à n’importe quel moment (voire même parfois s’installer avec le détenu…), avec possibilité de garder de l’argent liquide… C’est dans ce genre d’établissements que l’on envoie les automobilistes récidivistes qui roulent sans permis, ou sous le coup de l’alcool, ou ceux qui n’ont pas payé leurs PV… Il faut en revanche beaucoup travailler. (Source)

Voici un exemple :

Après, ce n’est évidemment pas un club de vacances, mais ce n’est pas la prison de la Santé non plus… Et il faut le préciser, quand on a le souci d’une information honnête…

Mais, et troisième point, ce que l’article de Monsieur Vitkine ne dit pas, c’est que « la Crimée, c’est l’Ukraine » n’était pas simplement un message reposté de Boris Stomakhine, mais le titre d’un pamphlet, et un lien direct vers ce pamphlet. C’est celui-ci : http://stomahin.info/articl/krym.htm

Ce pamphlet appelle au démantèlement de la Russie. Il souhaite par exemple que la Sibérie devienne indépendante puis adhère aux États-Unis d’Amérique, que Sakhaline rejoigne le Japon, que l’Extrême-Orient rejoigne la Chine… Et il souhaite la reconnaissance de l’Émirat du Caucase.

L’Émirat du Caucase est une organisation terroriste fondée en 2007 qui aurait tué 1800 personnes et blessés 2700 policiers dans les 5 premières années de son existence. Son bilan exact est difficile à préciser, mais il va très au-delà du triste bilan des attentats du 13 novembre 2015. Le terrorisme islamique a causé en Russie la mort de 986 personnes en 2013 et de 525 personnes en 2014. Le 24 juin 2015, une partie du groupe a annoncé prêter allégeance à l’État islamique et celui-ci l’a acceptée.

Selon le texte diffusé par Andreï Boubeïev :

« outre la lutte pour la reconnaissance de l’Emirat du Caucase, qu’il est du devoir de toute personne honnête possédant la nationalité russe de soutenir»

Toute personne parlant du cas d’Andreï Boubeïev devrait mentionner ce soutien à une organisation terroriste, tombant en France sous le coup de l’apologie publique du terrorisme, condamné par l’article L421-2-5 du Code pénal à sept ans d’emprisonnement et à 100 000 € d’amende…

Plus loin, le texte ultra-violent auquel Le Monde ne trouve apparement rien à redire parle des Tatars de Crimée :

« Il était clair que la prise de Crimée par la Russie serait une catastrophe pour les Tatars de Crimée, le prologue de leur nouveau génocide. »

Rappelons que, sans être dans une situation idéale, les Tatars de Crimée ont reçu en 2 ans de Russie plus qu’ils n’avaient reçu en 23 ans d’Ukraine indépendante, période pendant laquelle leur spécificité était largement niée. La langue Tatar de Crimée est la langue d’enseignement de 15 écoles de Crimée, de 23 classes d’autres écoles, et est une matière optionnelle ailleurs. Les Tatars de Crimée ont le droit de demander une réduction de 50 % sur l’eau, le gaz et l’électricité, ainsi qu’un complément de retraite, et un séjour annuel gratuit au sanatorium. La construction d’une mosquée attendue pendant 15 ans a commencée, et d’autres travaux ont commencé à améliorer la vie des Tatars de Crimée. Toutes ces mesures font que les Tatars de Crimée sont désormais très largement favorables à la Russie, et démentent très clairement les affirmations concernant une répression contre eux.

2/ Un sondage de février 2015 demandait un an après ce que les habitants de Crimée voteraient à un nouveau référendum :

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Il y a bien moins de Tatars russophobes en un an (et en 2008, seuls 14 % voulaient quitter l’Ukraine). Un autre d’Open Democracy indiquait à la même époque :

Capture d’écran 2016-05-25 à 22.26.38

Le pamphlet continue :

«la menace faite au Medjlis par le Parquet moscovite d’une possible (et c’est sûr que cela va se produire bientôt) interdiction sur tout le territoire de la Fédération comme “organisation extrémiste” »

Cela s’est effectivement produit. Le Medjlis ou « Assemblée des Tatars de Crimée » n’a, contrairement à son titre ronflant, « aucun fondement juridique », comme l’a rappelé en septembre 2014 le chef de la République de Crimée, Sergueï Aksionov.

Ceux qui doutent du caractère criminel du Medjlis pourront notamment écouter l’interview d’un Tatar de Crimée qui a été tabassé par des hommes de Djemilev (suffisamment pour l’envoyer 2 mois à l’hôpital), qui ont ensuite brûlé sa maison. Ce témoin parle également de meurtre commis par les hommes de Djemilev :

https://www.youtube.com/watch?v=_4rlegQ9GwE&feature=youtu.be .

Ce témoignage est également intéressant parce qu’il explique que lorsque la Crimée est devenue russe, les habitants de Simféropol n’avaient pas peur des « Petits hommes Verts » armés, parce que ce qui les inquiétait étaient les nationalistes ukrainiens, et particulièrement ceux du « Secteur Droit ».

Revenons au grand projet promu par ce « militant de gauche radicale » :

« Il faut – idéalement – que la Russie vive vaincue par la guerre, détruite par le moyen de la guerre et rayée à jamais de la carte du monde

Nous y voilà. Ce que Le Monde fait passer pour la simple expression d’une opinion politique est en réalité un appel à la guerre et au massacre.

Cherchons à comprendre plus précisément de quelle façon M. Stomakhine « militant de gauche radicale » selon l’article de M. Vitkine, compte dépecer la Russie, et quelle est la guerre à laquelle il appelle.

Il est évident que les habitants de la Sibérie ne souhaitent pas rejoindre les États-Unis d’Amérique, ceux de Sakhaline ne souhaitent pas devenir sujets de l’Empereur du Japon etc., donc la proposition de M. Stomakhine ne saurait être démocratique.

Le moyen de l’anéantissement de la Russie est indiqué dans son texte « Apologie de la guerre civile », dans lequel il explique

« Il faut tuer les Russes, et seulement les tuer […] Ne pas tuer les Moskals ne serait possible que dans le cas où eux-mêmes se mettraient à tuer massivement et sans pitié tous leurs “soudards”, ces flics, agents du FSB, procureurs, “juges”, gardiens de prison du Service fédéral d’exécution des peines, etc…etc…»

Ce texte est d’une violence inouïe.

A chacun de voir si un auteur appelant au massacre de dizaines de millions de personnes peut être qualifié de simple « militant de gauche radicale», un Besancenot à la russe.

Boris Stomakhine a publié 289 textes critiquant la Russie avec force, et appelant au meurtre.

Notons que beaucoup d’entre eux ont été écrits depuis la colonie où il est enfermé (à régime de sécurité strict pour son cas).

Il a notamment été condamné pour ses textes célébrant les attentats de Volgograd, qui ont fait 34 morts et une centaine de blessés.

« De tout cœur je salue l’explosion de la gare de chemin de fer de Volgograd le 29 décembre 2013 et je félicite les organisateurs pour ce succès»

Boris Stomakhine a écrit plusieurs textes encourageant le chef terroriste Chamil Boubaïev. Boris Stomakhine appelle même les Juifs de Russie à commettre les mêmes actes terroristes que Chamil Boubaïev.

IV. La liberté d’opinion sur le Crimée en Russie

Revenons à l’idée que la Crimée serait ukrainienne, et que le journaliste indique qu’elle serait suffisante pour aller en prison.

Passons sur le fait abondamment expliqué dans ce blog qu’une écrasante majorité de la population (y compris désormais une très nette majorité de Tatar de Crimée, qui sont 5 fois moins nombreux que les Russes ethniques) préfèrent que la Crimée fasse partie de la Russie plutôt que de l’Ukraine.

De nombreux Russes ont exprimé l’opinion que la Crimée devrait appartenir à l’Ukraine. On peut par exemple citer le chanteur populaire Segueï Lazarev. Il n’a non seulement pas été arrêté, mais à même représenté la Russie à l’Eurovision ! (Source : Livejournal)

  1. Pour mémoire, il s’agit de l’ancienne Stalingrad. La ville se situe plus de 800 km au Nord de Grozny, largement en dehors du district fédéral du Nord Caucase.

Le chanteur russe Andreï Makarevich a écrit une chanson jugeant sévèrement les actions russes en Crimée. Il n’a pas été arrêté et cette chanson est même visible sur le site du plus gros journal de Moscou (À voir sur Mk.ru)

Une longue liste de célébrités russes s’affichant contre l’annexion de l’Ukraine est donnée par le site ukrainien DSNews

Parmi les 33 personnes citées, aucune n’a été emprisonnée ni inquiétée. Contrairement à ce qu’affirme Le Monde, on a bien évidemment le droit en Russie d’exprimer librement cette opinion politique sans être inquiété. Mais il y a une différence entre l’expression d’une opinion politique et l’appel public au génocide…

Certains médias, cependant, ne semblent pas faire cette différence. Par exemple le média de Guerre Froide Radio Free Europe « informe » sur l’une des condamnations de Boris Stomakhine (7 ans de colonie, que RFERL transforme en 7 ans de prison) en ces termes :

« Ces accusations ont été portées après que des articles qu’il a écrits, critiquant la politique de Moscou dans le Nord Caucase ont été publiés par le site kavkazcenter.com, qui est associé à la rébellion islamique. »

Effectivement, c’est vrai. Ils « oublient » simplement de mentionner cette « petite » histoire de glorification des terroristes et d’appels au meurtre…

Ils disent ça aussi :

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Boris Stomakhine, le héros de Radio Free Europe

Radio Free Europe, officine américaine financée par le Congrès, indique donc qu’il aurait été condamné « pour des articles Internet critiquant ce qu’il appelait les politiques impériales de Poutine. Il a été jugé coupable d’appels au terrorisme. » Présentation fallacieuse, dans un article intitulé « Les voix de la Russie Libre », qui laisse donc croire qu’il a été condamné pour avoir simplement réalisé une critique de la politique de Poutine…

Après, il est vrai que les États-Unis d’Amérique ont une vision extrêmement large de la liberté d’expression, du fait de leur Histoire. Pour rester dans les appels au génocide, rappelons que le Département d’État américain s’était opposé au brouillage de la Radio 1000 collines au nom de la liberté d’expression. Mais cette vision n’est pas celle de beaucoup de pays sur la planète…

Quoiqu’il en soit, on pourra en conclusion s’étonner, comme hélas souvent, du traitement partial des informations par le journal Le Monde, qui ne présente pas ici des faits importants, et titre « Deux ans de prison pour un internaute russe qui avait écrit « la Crimée, c’est l’Ukraine » » au lieu de « Deux ans de colonie pour un russe récidiviste qui a soutenu des propos faisant l’apologie du terrorisme ».

Cette présentation volontairement biaisée alimente donc une russophobie toujours dangereuse, comme l’était la germanophobie médiatique d’il y a un siècle…

P.S. Merci à Nicolas, Vladimir et aux traducteurs pour leur aide fondamentale pour cet article. OB

P.P.S. : le concours est ouvert pour le prochain article de Benoit Vitkine :

  • “Un Russe condamné à trois ans de prison pour ne pas avoir regardé Poutine à la télévision”
  • “Torturé par les sbires de Poutine pour avoir sauvé un enfant de la noyade”
  • “Enfermé dans un camp de concentration en Russie pour avoir ne pas être allé à la messe” ?
 

I. L’article du Monde du 2 mars 2016

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« Dieu n’existe pas », ou comment un internaute russe athée se retrouve au tribunal

Source : Le Monde, 2 mars 2016, par Benoît Vitkine

A l’automne 2014, sur le réseau social russe VKontakte, la page des habitants de la région de Stavropol, dans le sud du pays, est en ébullition. Pendant deux mois, en octobre et novembre 2015, s’y déroule une discussion passionnée comme le Web russe en a le secret : la religion, le sens de la vie, Dieu…

Derrière son écran, Viktor Krasnov, un internaute de 38 ans qui écrit sous le pseudonyme de Kolosov, défend des positions peu… orthodoxes. Pour lui, la Bible n’est qu’un « recueil de contes juifs ». A l’un de ses contradicteurs, il finit par lâcher : « Dieu n’existe pas ! »

Pour ces deux répliques, Krasnov est aujourd’hui poursuivi par un tribunal local de Stavropol. Son procès, qui s’est ouvert le 4 février en toute discrétion, fait suite à une plainte déposée par deux des participants au débat de l’automne 2014, tous deux étudiants en droit et qui se sont sentis« offensés en tant qu’orthodoxes ». […]

II. Les réactions

Fichtre, c’est sûr que quand on lit ça, on comprend les réactions des lecteurs :

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Mais sont-elles réellement justifiées ? – attention, il s’agit du Monde

III. L’analyse du cas Krasnov

Selon l’article de Benoît Vitkine, on peut se retrouver au tribunal simplement pour avoir affirmé que « Dieu n’existe pas » et que « la Bible n’est qu’un « recueil de contes juifs ».

Rappelons qu’il y avait en Russie en 2012 environ 18,6 millions de personnes se déclarant athées. En lisant Le Monde, on doit donc penser que 13% de la population russe a l’interdiction de donner leur opinion sur la religion. La réalité est un peu plus compliquée…

Commençons par clarifier un point en consultant la Constitution de la Fédération de Russie : la Russie est un état laïc (article 14) où la discrimination selon la religion (entre autres) est interdite (article 19) et qui garantit la liberté de croyance et de culte, ou d’incroyance (article 28). L’article 29 complète en garantissant que personne n’est forcé de rejeter ses convictions (29-2)… et en interdisant de propager la haine à caractère religieux (29-1). Cette limite à la liberté d’expression fait écho à l’article 13, qui interdit les organisations ayant pour but de semer la discorde religieuse (ou ethnique etc).

Ces limites à la liberté d’expression peuvent sembler intolérables, mais elles ressemblent beaucoup à celles que l’on trouve dans le droit français. La Russie est un pays d’une grande diversité culturelles, ethnique et religieuse, et les Russes ne considèrent pas que la liberté d’expression doive être plus importante que la nécessité de préserver la paix au sein du pays.

Dès ce petit rappel de la Constitution russe, une chose est certaine : En Russie il est impossible d’attaquer en justice une personne simplement parce qu’elle a exprimé son athéisme. Ce que laisse à penser le titre et l’article de Benoît Vitkine. Lorsqu’il écrit « À l’un de ses contradicteurs, il finit par lâcher : « Dieu n’existe pas ! », il laisse penser que cette phrase constituait le point culminant de la discussion.

L’article de Benoît Vitkine omet de mentionner que Viktor Krasnov (dont le pseudonyme sur le réseau VK est Viktor Kolosov) a beaucoup de temps libre (formation d’infirmier, il est forgeron, mais loin d’être à temps complet) et publie énormément sur VK : on peut trouver sur sa page plus de 7 000 images, dont une part importante exprime son athéisme, parfois avec un humour qui peut faire penser à Pierre Desproges ou George Carlin, parfois avec férocité, ou vulgarité. Écrire « Dieu n’existe pas ! » ne constitue donc pas pour Viktor Krasnov le point culminant d’une discussion isolée, mais une évidence martelée presque quotidiennement sur le réseau VK.

Petit florilège de ses publications concernant la religion, parmi au moins une centaine d’autres (vraisemblablement plutôt 300). D’autres publications font références au satanisme et à une misogynie certaine.

Par exemple :

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Une des très nombreuses références au satanisme :

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L’art du blasphème : c’est donc un art, l’objectif est bien de choquer

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Le procès ne l’a en tous cas pas découragé, ceci date du 5 mars 2016 – en moins trash :

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Ceci peut faire d’ailleurs faire penser à George Carlin (« Religion is bullshit »)

https://www.youtube.com/watch?v=8r-e2NDSTuE

Pour finir cet échantillon :

Capture d’écran 2016-05-25 à 21.55.17

Sans doute – tout comme un militantisme athée qui s’affranchit de toutes les limites du savoir-vivre ensemble et de la fraternité ?

Bon, on y trouve aussi d’autres trucs “sympas pour un journaliste du Monde”, genre :

hitler

“Merkell : Nous devons trouver des énergies alternatives
Hitler : J’ai une petite idée”

Bref, toutes ces publications n’aident probablement pas le cas de Viktor Krasnov, mais le procès est centré sur deux discussions sur un forum dédié aux habitants de Volgograd.

La première, le 11 octobre 2014, a commencé comme une discussion sur le rôle de l’homme et de la femme dans la famille. Un certain Dmitriy Bournyachev a écrit « Je veux cependant que vous sachiez ceci: Christ est le chef de tout homme, l’homme est le chef de la femme, et Dieu est le chef de Christ. »

Ce à quoi Viktor Krasnov a répondu “Dmitriy, d’où tu sors cette foutaise ? De Domostroï ?” (livre du XVIème siècle sur les règles de vie domestique)

Dmitriy a alors précisé qu’il s’agissait du premier épitre au Corinthien (précisément, il s’agit du chapitre 11, verset 3)

Ce à quoi Viktor a répondu “Ah OK d’accord…”

Toutes les réponses de Dmitriy sont effacées. Un certain Aleksandr Kravtsov s’est joint à la discussion, reprochant à Viktor Krasnov ses insultes. Au court de cette discussion, Viktor Krasnov a écrit entre autres « si t’es pas content, fais moi un procès ».

Dans cette discussion, Viktor Krasnov a aussi écrit, le 11 octobre 2014 :

« Si je dis que le recueil de contes juifs sous le nom de Bible, c’est de la foutaise complète, c’est que c’est comme ça ! Au moins pour moi ! »

Cette phrase a 104 “likes”, et c’est la plus violente qui n’a pas été effacée. Qui n’a certes pas de quoi fouetter un chat (enfin sauf en Arabie Saoudite…)

mais également :

Alexandre, je conchie sur les maculatures croyantes [signifie que la Bible est un tas de papier inutile] et sur les sentiments des croyants. Une erreur sur le mot « sentiments » rapproche le mot sentiment du mot russe obscène qui désigne le pénis.

Cette phrase a été effacée mais on peut la retrouver à travers le cache de Google.

Sur le même forum, a eu lieu le 31 octobre une discussion sur la fête de Halloween.

Viktor Krasnov laisse libre court, de façon assez crue, à l’expression de son athéisme, avec un soupçon d’antisémitisme :

« C’est pas le comble de la stupidité de vénérer un juif crevé, qu’on a crucifié parce qu’il ne croyait pas en dieu ? »

« Evgeniya, et quand tout le monde s’entasse dans les églises à Pâques et à Noël, c’est pas de l’instinct grégaire ? Les brebis du Christ, put… »

« Ouais, qu’est-ce qu’on en a à foutre de tes célébrations de youpins orthodoxes ? [jeu de mot orthodoxe / tordu] La fête de Pissah [déformation volontaire de « Pâques »]la naissance et la crucifixion d’un juif ! On a besoin de célébrer ces “fêtes” ? Sûrement pas ! »

« Et moi en réponse j’écrirai à propos de votre fête russe traditionnnelle Pissah et de l’anniv d’un youpin que vous fêtez dans tout le pays en mangeant sa chair et en buvant son sang! ))) »

Cela change un peu la vision des choses…

Une fois l’affaire du procès lancée, d’autres athées n’ont pas particulièrement senti l’oppression censée régner en Russie, et ont ajouté leur opinion à la discussion. Par exemple :

« Putain mais vous avez pété les plombs, abrutis de croyants ! Je soutiens Viktor Krasnov avec ses propres mots : Il n’y a pas de dieu! Ce dieu auquel croient les débiles, n’existe pas dans la nature! Ce en quoi ils croient, c’est leur propre obscurantisme ! Connards et vermines ! »

« Dieu n’existe pas, les croyants sont fous !!! »

On remarque deux différences entre Viktor Krasnov et les auteurs de ces deux messages. D’une part, il s’agit vraisemblablement pour eux de messages isolés, alors que Viktor Krasnov passe énormément de temps à se moquer des croyants. Et surtout, il a eu la malchance de tomber sur les mauvaises personnes.

Viktor Krasnov est attaqué au titre de l’article 148-1 du code pénal, qui punit l’expression du mépris des sentiments religieux avec l’intention d’insulter les sentiments religieux. Il n’est pas attaqué pour avoir simplement écrit que Dieu n’existe pas mais pour les quelques phrases indiquées ci-dessus, et peut-être d’autres qui nous auraient échappées, et qui contiennent des insultes.

Les soutiens de Viktor Krasnov parlent très peu de ces phrases (Benoît Vitkine les connaît pourtant puisqu’il mentionne en passant les « fêtes de youpins »). Il est donc clair que la loi ne punit pas l’expression d’une opinion mais vise à appliquer l’article 29-1 de la Constitution, c’est à dire empêcher la propagation de la haine religieuse. Tout le débat du procès, qui en est à sa douzième audience selon Viktor Krasnov (la treizième aura lieu le 30 mai), consiste donc à déterminer l’intention de Viktor Krasnov.

Il est donc parfaitement inexact de dire que Viktor Krasnov s’est retrouvé au tribunal simplement pour avoir dit que Dieu n’existe pas, ce qui est pourtant ce que de nombreux médias laissent entendre, à commencer par Le Monde.

La punition maximale que risque Viktor Krasnov est une privation de liberté d’un an (en colonie, pas en prison – nous y reviendrons). En pratique, la peine la plus sévère qui a été donnée au titre de cette loi est, selon le journal Argumenty i Fakty (qui a plus enquêté que Benoît Vitkine), 200 heures de travaux d’intérêt général.

Il est à noter que le député à l’origine de cette loi a apporté son soutien à Viktor Krasnov en expliquant que punir l’expression de l’athéisme ne correspondait pas du tout à l’esprit de la loi, ainsi qu’un groupe de communistes, qui ont réagi en contribuant à la création d’une organisation de défense des athées. En outre, il ne paie pas son avocat, grâce à l’association AGORA. Encore une fois, cette masse de soutiens semble contredire l’atmosphère répressive décrite.

On peut effectivement regretter que l’ordinateur et le smartphone de Viktor Krasnov aient été confisqués et pas encore rendus, cela semble très excessif.

Cela étant, Viktor Krasnov a passé un mois enfermé dans un institut psychiatrique pour être finalement évalué sain d’esprit (donc légalement responsable), et la police est venue le réveiller très tôt pour cette histoire qui n’avait pourtant rien d’urgent, tout cela au nom de la lutte contre l’extrémisme ; une critique honnête aurait donc pu porter sur l’usage judiciaire de la psychiatrie en Russie, et l’usage trop large du terme « extrémiste » fait par les autorités russes.

Revenons-en aux « victimes » de Viktor Krasnov. Il s’agit de 2 étudiants en droit de Volgograd. Viktor Krasnov affirme qu’ensuite Dmitriy l’a ensuite menacé. Nous l’avons contacté (eh oui, on enquête un peu, nous…), et il nous a envoyé cette capture d’écran qui corrobore son affirmation

Capture d’écran 2016-05-25 à 21.56.54

« écoute, connard »

Krasnov « Qui t’es ? »

« Je suis celui qui t’ouvrira ton petit crâne, athée de mes deux, t’as une semaine pour te barrer de la ville, si je te trouve je mets tes tripes à l’air tête de nœud »

On constate donc que Viktor Krasnov est tombé sur des personnes plus agressives que lui, qui se trouvent en plus, pour son malheur, être étudiants en droit. Ces deux personnes ne souhaitent en outre pas participer au procès, alors que l’un est à Volgograd (l’autre fait son service militaire).

Viktor Krasnov a donc eu la malchance de tomber sur des personnages peu recommandables, qui en dépit de leur jeune âge et de leur manque d’éducation affirment parler au nom de tous les orthodoxes.

Nous constatons ainsi que ce procès très inhabituel a aussi à voir avec la personnalité des plaignants, qui cherchent volontairement à pourrir la vie de quelqu’un, pour de mauvaises raisons.

La Russie n’a pas inventé les querelles de voisinages, ni les procès abusifs qui vont parfois avec.

Espérons en conclusion que cette histoire de clochemerle n’ira pas très loin pour Viktor Krasnov – ce qui est d’ailleurs fort probable.

En réalité, la jurisprudence indique qu’il est très improbable que Viktor Krasnov soit condamné à plus que des travaux d’intérêt général, s’il est condamné. Notons encore que Viktor Krasnov estime lui-même ne pas avoir violé la loi et semble assez confiant sur l’issue du procès. Il affirme avoir déjà reçu des offres de réfugié politique de la part de l’Allemagne et de la Norvège, qu’il a refusé. Il nous a précisé que s’il est condamné, et que cette condamnation soit le fruit de pression du pouvoir, il acceptera probablement une des ces offres de statut de réfugié politique. Pour l’instant ces pressions sont loin d’être avérées et Viktor Krasnov continue d’exprimer librement son athéisme.

Peut-être que la Russie n’est simplement pas la dictature répressive que les médias occidentaux ont tendance à décrire, mais cherche simplement le bon équilibre entre les libertés individuelles et la paix sociale.

IV. De la pénalisation du blasphème

Concernant plus spécifiquement les poursuites judiciaires à l’encontre des athées insultants des croyants, on peut noter (en remerciant Anatoliy Shariy qui a consacré une vidéo sous-titrée en anglais sur le cas Krasnov) :

-Il y a quelques années, un britannique risquait une peine de prison de 7 ans pour avoir pratiqué son athéisme militant dans la salle de prière de l’aéroport John Lennon de Liverpool. Les documents qu’il a apporté à la salle de prière contenaient un caractère pornographique, et l’accusé n’a exprimé aucun remord. Il a été condamné à 100 heures de travaux d’intérêt général et 250 livres d’amendes, proche de la peine maximale énoncée à ce jour en Russie.

-le cas d’un adolescent américain de 14 ans a risqué la prison pour avoir publié sur Facebook une photo dans laquelle il simule une fellation par une statue représentant Jésus. Il a écopé de 350 heures travaux d’intérêt généraux et d’une interdiction de 6 mois d’utiliser les réseaux sociaux. Sa période de probation lui impose en outre un couvre-feu à 22 heures et des tests anti-drogues. C’est à dire qu’au pays-de-la-liberté, un adolescent de 14 ans a été condamné pour insulte au croyants à une peine plus lourde que la plus lourde peine attribuée en Russie pour le même délit. Notre recherche ne nous a pas permis de trouver l’article dans lequel Le Monde exprimait son horreur face à la répression religieuse aux États-Unis d’Amérique. Un adolescent de 14 ans ne devrait-il pourtant pas être traité avec plus d’indulgence qu’un adulte ?

Et bien sûr, à l’époque où Monsieur Vitkine publiait son article sur le cas de Viktor Krasnov, un citoyen saoudien était condamné à 10 ans de prison et 2000 coups de fouet pour avoir exprimé son athéisme sur Twitter.

Pas pour avoir dit que le Coran était de la foutaise, ni qu’il le conchie, ni que les musulmans sont tous stupides, simplement pour avoir exprimé son athéisme. Répétons pour bien comprendre la différence qu’après avoir dit que la bible est de la foutaise, que les chrétiens sont tous stupides, qu’il conchie la bible… Viktor Krasnov risque dans le pire des cas un an de colonie. Une colonie pénitentiaire est un ensemble de régimes de privation de liberté moins sévère que la prison, qui est réservée aux criminels violents (cette séparation permet de ne pas transformer de petits délinquants en criminels endurcis).

Évidemment des exemples dans les pays musulmans, il y en a au kilomètre… (Source)

Mention spéciale à la Turquie, deux ans de prison pour avoir reproduit la caricature de Mahomet diffusée par Charlie Hebdo après l’attentat du 7 janvier 2015 (Source : France 24)

Affaire en cours : 64 jeunes Italiens de Plaisance (Picenza) risquent une amende (et, théoriquement, la prison) pour une affaire de blasphème (Source : Ouest-France). Rappelons quelques articles du Code pénal italien :

  • 402 : Quiconque vilipende publiquement la religion de l’État est punie d’une réclusion pouvant aller jusqu’à un an.
  • 403: 1000€ à 5000€ d’amende pour quiconque vilipende publiquement une confession religieuse en vilipendant ceux qui la pratiquent. C’est exactement le cas de Viktor Krasnov.
  • L’amende est de 2000€ à 6000€ si l’on vilipende un ministre du culte. Viktor Krasnov fait allègrement les deux…
  • 404: 1000€ à 5000€ si l’on vilipende les objets du culte, jusqu’à deux ans de prison si on les détruit
  • 405: jusqu’à 2 ans de prison pour ceux qui perturbent un service religieux, de 1 an à 3 ans s’il y a violence ou menace.

En Autriche, 480€ d’amendes pour avoir dit que Mahomet était un pédophile. (Source)

Le blasphème est aussi puni en Finlande, Pologne, Grèce, Irlande, Malte, Chypre, Allemagne. (Source)

Et en France ? N’est-il plus possible d’être poursuivi pour des insultes publiques envers divers groupes de personnes sont elles absolument devenues normales, au pays des donneurs de leçons ? Pas forcément. Souvenons nous que des supporters du PSG avaient écopés d’amendes de quelques centaines d’euros et d’interdictions de stades pour avoir déployés une banderole disant « pédophiles, chômeurs, consanguins : bienvenus chez les ch’tis ».

Photo pqr/Le Parisien/JB. Quentin - Paris 29/03/2008 - Stade de France, finale de la coupe de la Ligue PSG / Lens

Photo pqr/Le Parisien/JB. Quentin – Paris 29/03/2008 – Stade de France, finale de la coupe de la Ligue PSG / Lens

Pour ce qui fut considéré comme une provocation à la haine, ils risquaient jusqu’à 15 000 euros d’amende et un an de prison en vertu de la loi sur la presse de 1881 :

“Ceux qui, par l’un des moyens énoncés à l’article 23, auront provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, seront punis d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende ou de l’une de ces deux peines seulement.” (Légifrance)

3 000€ d’amende ont été requis contre une femme ayant dit que l’islam est une saloperie et un danger pour la France. (Source : Le Figaro)

10 000 € d’amende requis contre Zemmour pour provocation à la haine contre les musulmans. (Source : Midi Libre). Quand Krasnov crie sa haine des chrétiens, il ne fait pas un peu du Zemmour ?

Dans le département français de Mayotte, en 2014, 9 mois de prison dont 3 mois fermes pour avoir placé une tête de cochon devant une mosquée (Source : Libération), avant d’être relaxé en appel un an plus tard.

Il reste donc admis, en France, que des personnes offensées par une injure publique puissent porter plainte et obtenir une condamnation des responsables. C’est bien le cas dans « l’affaire Krasnov ».

En conclusion, il est donc intéressant de se demander pourquoi cette histoire 30au fin fond de la Russie, même pas jugée en première instance, a droit à un article du Monde, avec un titre pareil, alimentant la russophobie…

L’article suivant (de demain) permettra de mieux comprendre la logique à l’œuvre…

P.S. Merci à Nicolas, Vladimir et aux traducteurs pour leur aide fondamentale pour cet article. OB

Nous vous proposons cet article afin d’élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s’arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]

52 réponses à L’information vue par Benoit Vitkine, du Monde (1/2)

Commentaires recommandés

DUGUESCLINLe 30 mai 2016 à 05h53

Le monde est de plus en plus écœurant dans le domaine de la partialité et de son racisme christianophobe et russophobe dans un but purement politique au service de l’empire du “bien”. Il ne se risquerait pas à avoir la même partialité vis à vis d’autres religions, ethnies, états ou peuplades s’ils sont dans le camp des dominants et de leurs vassaux

…………………………

Ou encore cet article sur Agoravox en juin 2017 : 

Fin de la cécité collective et lent retour à la réalité pour les Ukrainiens et leurs soutiens occidentaux, alors que le pays sombre

https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/fin-de-la-cecite-collective-et-194490&source=gmail&ust=1513785260096000&usg=AFQjCNEpDQaU9ouf2nkaISGfN3BZFmRBeA” style=”color:rgb(51, 51, 51);margin:auto;padding:inherit;border:none;font-family:’Lucida Grande’, ‘Lucida Sans’, Lucida, sans-serif;font-size:12px;letter-spacing:0px;text-decoration-line:none;line-height:16px;display:inline;float:left”>Ecoutez

Les faits sont têtus et à l’épreuve de tous les mensonges. Car si ces derniers prennent l’ascenseur, la vérité prend les escaliers, mais elle finit toujours par arriver à destination, en tout cas pour ceux qui sont prêts à l’écouter et à la voir.

Dès le Maïdan, ceux que l’occident a surnommé les « agents du Kremlin », les « propagandistes pro-russes » et autres fumisteries du même acabit, avaient tiré la sonnette d’alarme sur l’utilisation qui était faite par les États-Unis et l’UE des groupuscules néo-nazis ukrainiens pour renverser Ianoukovytch et mettre en place un nouveau gouvernement post coup d’état. Ils avaient aussi mis en garde sur les conséquences pour l’Ukraine de la coupure des liens économiques et historiques avec la Russie.

Les médias et gouvernements occidentaux avaient hurlé à la propagande russe. Certains jurant la main sur le cœur qu’il n’y avait pas de nazis en Ukraine, juste des nationalistes, des gens un peu « à droite ».

Après le Washington Post qui nous a gratifié d’un article ressemblant à un mauvais réveil après une soirée trop arrosée (vous savez ce moment où vous vous réveillez encore la tête en vrac dans les vapeurs d’alcool et que vous vous demandez « Oh mon Dieu c’est quoi ce nazi dans mon lit ? »), les médias français en bons suiveurs semblent eux-aussi découvrir soudainement que oui il y a des néo-nazis en Ukraine, que oui ils sont dangereux, et que oui, ils ont un pouvoir énorme malgré le fait qu’ils sont une minorité.

C’est le journal Le Monde qui nous offre ce morceau d’anthologie du grand écart sauce française, avec Benoît Vitkine dans le rôle du funambule. Car il faut être un sacré acrobate pour arriver à mixer des mensonges (il ne faut pas totalement renier la propagande antérieure sinon on se décrédibilise tout de suite et pour toujours) comme le fait que le conflit du Donbass serait un conflit entre l’Ukraine et la Russie (ce qui est totalement faux), avec la vérité, à savoir que les néo-nazis deviennent de plus en plus dangereux pour le gouvernement et le peuple ukrainien.

Déjà il faut renommer pudiquement les néo-nazi en ultranationalistes. Ça fait mieux et ça évite de passer pour un crétin alors qu’on prétend depuis plus de trois ans que non les néo-nazis ne sont pas au pouvoir en Ukraine. Il faut faire des aveux pro-gre-ssifs. Il ne faut admettre qu’un bout de faute à la fois. Même si après l’auteur décrit leurs actes et qu’on y retrouve clairement la marque de fabrique des groupes néo-nazis : « Attaques d’expositions artistiques ou littéraires, mises à sac de conseils régionaux en province, manifestations contre la Gay Pride kiévienne ».

La suite est tout aussi acrobatique lorsque Vitkine dit que « les ultranationalistes, qui se contentaient pendant des années de conduire de bruyantes marches aux flambeaux, entendent peser en profondeur sur le destin d’une Ukraine déstabilisée par trois années de guerre  ». Comme s’ils n’avaient pas déjà pesé en profondeur sur le destin de l’Ukraine lors du Maïdan, lorsqu’ils ont aidé à commettre un coup d’état !!!

D’ailleurs lorsqu’il parle du fait que ces « ultranationalistes » avaient fini par faire céder le gouvernement ukrainien suite au blocus total du Donbass et aux attaques contre les banques russes, il ne peut s’empêcher (russophobie oblige) de dire que « cette victoire contre l’« oligarchie gouvernementale liée à la Russie », selon l’expression d’Oleksandr Alferov, l’un des cadres dirigeants du Corpus national, en rappelle une autre ».

Oh que oui cela en rappelle une autre. Cela rappelle les accusations qui avaient été portées contre Ianoukovytch pour justifier sa destitution, sous prétexte qu’il serait pro-russe (un crime atroce à en croire certains). Et cela montre bien que ces groupuscules n’ont pas soudainement acquis du pouvoir en Ukraine après trois ans de guerre comme le prétend Vitkine dans son article. Ils avaient déjà ce pouvoir en 2014, quand ils ont renversé Ianoukovytch.

L’article étant payant je ne peux accéder à la suite de ce dernier, mais le début est déjà édifiant et montre bien, que confronté aux faits qui sont diffusés en continu depuis trois ans par des diseurs de vérité, les médias occidentaux sont obligés de commencer à admettre, petit à petit, la réalité de l’Ukraine post-Maïdan.

Surtout quand cela leur permet de taper sur Donald Trump en lui conseillant de condamner l’antisémitisme en s’attaquant à l’Ukraine dont les autorités feraient la promotion du fascisme,